Portraits d'ardéchois

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Delphin ENJOLRAS

 

1857 - 1945


Artiste peintre

Delphin Enjolras est né le 13 mai 1857 ; il est le premier enfant d'une vieille et honorable famille du plateau, installée au hameau de Freydemeysous, à Coucouron en Ardèche.

Sa mère, Delphine Laurent, n'était autre que la petite fille du capitaine Souteyran, ce soldat de Napoléon qui, après avoir pris part à nombre de campagnes de l'Empereur, était venu se retirer - et mourir - au Béage, après y avoir longtemps exercé les fonctions de maire.

Un malheur marqua son enfance. Sa mère mourut à l'âge de 32 ans, Casimir, le père de Delphin, se retrouve veuf avec dix enfants orphelins... Désorienté, il quitte alors Coucouron pour s'installer non loin de là, à Langogne, commune du département de la Lozère, située à la limite entre la Haute-Loire et l'Ardèche, où il pense que la présence d'excellentes écoles vont lui faciliter la vie.

Pendant quelques mois, Delphin sera pensionnaire avec ses deux frères chez les religieux de Pradelles, en Lozère, puis il fréquentera l'école communale de Langogne où il se révèlera être un élève très appliqué.

Très tôt, il manifeste de grandes aptitudes pour le dessin. Son père était lui même particulièrement doué ; les voisins disaient de lui "qu'il mettrait des yeux à une perdrix".

Vers 1882, il partira au pensionnat Notre-Dame-de-France, au Puy-en-Velay, pour y poursuivre ses études pendant trois ans. Là encore, le jeune Delphin s'adonne à l'étude du dessin sous toutes ses formes.

À la sortie du pensionnat, il revient à Langogne où M. Giral, un ami de son père, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, l'incite à préparer le concours d'entrée aux "Services vicinaux". Delphin y restera un an, donnant aussi des leçons de dessin au collège de Langogne.

Devant le peu de passion que le jeune homme manifeste pour les devis et les plans, M. Giral, homme fin et cultivé, conseille alors à son protégé de se présenter à l'École Nationale des Beaux-Arts, à Paris.

Dans cette institution, il aura pour maîtres le grand peintre et sculpteur Gérôme (auteur de «l'Aigle blessé» de Waterloo), puis de Courtois et de Dagnan-Bouveret, peintre délicat de scènes religieuses et champêtres.

De retour au pays pendant ses vacances d'été, le jeune artiste peint ses premiers paysages : un sous-bois plein de fraîcheur, situé avenue Malaval à Langogne ; il fait aussi quelques portraits de sa famille, dont celui de sa grand-mère, en 1885.

À sa sortie de l'École des Beaux-Arts, en 1889, Delphin Enjolras se voit proposer la chaire de professeur de dessin au lycée de Grenoble. Mais celui qui a gouté à la vie des ateliers de peinture préfèrera la carrière artistique et déclinera cette proposition.

 

Un  élégant Chasseur 1897, D. Enjolras
Un élégant chasseur, 1897

Bien que demeurant à Paris où, comme la plupart des jeunes peintres il connaîtra des débuts difficiles, Delphin Enjolras reviendra souvent en Province, et en particulier au Puy-en-Velay, où il a gardé de solides amitiés. Il réalisera des portraits et aussi des tableaux des vieux quartiers de la ville, et exposera souvent chez M. Farigoules, près de la tour de Pannessac.

Le portrait du préfet Bonnefoy Sibour qu'il fera en Corse, va lui ouvrir, en 1889, le Salon des Artistes Français où il exposera pendant de nombreuses années. C'est ainsi qu'il fut amené à peindre d'illustres figures : le Général de Sonis, l'Amiral de Fayolle, le Général Thomas commandant la place de Paris, M. de Tinguy, député de la Vendée.

En 1892, sur demande de M. Blachère député de l'Ardèche, l'artiste vient à Saint-Gilles-du-Gard. Il réalisera plusieurs tableaux, très largement inspirés de la vie en Camargue ; entre autres : "Le retour des Taureaux", "Moutons de Camargue", le "Marché de Saint-Gilles", la "Sortie de Messe"…

Delphin Enjolras s'attarda d'autant plus volontiers dans cette région très giboyeuse qu'il était grand chasseur et aussi parce qu'il avait épousé en 1893 Marie Daudet, qui restera sa fidèle épouse pendant 52 ans. Il va donc se fixer, pour un temps, dans le Midi. Utilisant le pastel, il se met à exécuter les portraits de nombreuses dames des milieux aristocratiques des deux rives du Rhône (Mesdames de Geoffre, de Montluisent, de Monteynard, de Sabrant, Lafarge) ; ce qui va contribuer, encore, à établir sa réputation.

Il songea alors que le pastel seyait mieux à la grâce féminine et son nouveau genre qu'il pratiquait avec une maîtrise indiscutable rappelant les œuvres de "DeLa Tour" au XVIIe siècle lui valut un réel succès. La maîtrise de ses pastels, riches en couleurs, lui vaudra le surnom de "peintre des reflets": lumière de la lampe, flamme du foyer, éclat des illuminations. Son succès fut rapide et se répercuta à l'étranger.

Enjolras a exposé ses œuvres au Salon de Paris ; avant de devenir, en 1901, Membre de la Société des Artistes Français, Delphin Enjolras exposait des toiles plus d'une fois récompensées. Le musée du Puy et le musée d'Avignon ont tous les deux une collection de ses œuvres.

L'achat de son tableau par l'État, «La mort de Dupleix», amènera le ministre des Beaux-Arts à lui remettre les palmes académiques.

Au hasard de ses vacances, dans le Vercors surtout et en Ardèche, il réalisa des aquarelles pleines de fraîcheur et de lumière rapidement enlevées.

Les deux conflits du début du XX° siècle l'amèneront à quitter son atelier parisien de l'avenue Henri Martin. Une première fois pour se réfugier à Valence en 1914, la seconde pour Vendôme en 1940, en attendant la délivrance de la patrie.

Delphin Enjolras a beaucoup produit, son œuvre est aussi importante que variée. Dans son atelier il travaillait sans relâche. Un journaliste parlant de son œuvre, en 1900 disait : "les compositions d'Enjolras, aussi bien par le charme du sujet que par le coloris, dégagent une impression de fraîcheur et de jeunesse qu'il est le seul à produire et qui sont la cause de la faveur dont elles sont accueillies par ceux qui aiment les formes impeccables et le beau".

Delphin Enjolras décèdera à l'âge de 81 ans, en décembre 1945 ; quelques mois après la fin de la seconde guerre mondiale.

Nu devant la cheminée D. Enjolras
Nu devant la cheminée par D. Enjolras
Lecture près de la fenêtre D. Enjolras
Jeune femme lisant près d'une fenêtre par D. Enjolras

Delphin Enjolras était un peintre français et universitaire. En début de carrière, Enjolras peint essentiellement des paysages ; devenu plus intimiste, il peignit des portraits, des intérieurs, des nus en utilisant surtout le pastel, l'huile et l'aquarelle.

Il est principalement connu pour ses portraits très intimes de jeunes femmes qui s'adonnent à des tâches quotidiennes classiques, comme la marche, la couture, l'écriture ou la lecture. Celles-ci sont éclairées par des lumières moins naturelles, sinon artificielles.

 

 

 

La Lettre D. Enjolras
La Lettre par D. Enjolras

 

Sources

 

- Article paru dans la revue « Volcan » éditée par l'association LAVE, n° 50, été 2010.

- Article de l'abbé Enjolras, frère de Delphin Enjolras, qui fut aumônier de la Province à Annonay (transmis par Henri Guyot de Vichy).

- Écho de Notre-Dame-de-France, n° 56, 1946.

- Delphin Enjolras Artworks, The Athenaeum