Portraits d'ardéchois

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Louis PIZE

1892 - 1976

Poète français d'Ardèche

Louis Pize est né le 18 mai 1892, sur les bords du Rhône, à Bourg-Saint-Andéol en Ardèche. Son père, Léon Pize exerçait la profession d’inspecteur de l’enregistrement à Montélimar ; sa mère est Marguerite Pradelle.

Le jeune Louis Pize n’avait que onze ans, en 1903, quand son père Léon Pize décède. Louis est élevé par sa mère, qui lui donne le goût de la poésie et de la musique.

Brillant élève au lycée Gabriel Faure de Tournon-sur-Rhône, en Ardèche, il s’installe en 1909 avec sa mère et sa sœur à Lyon, sans cesser d'être fidèle au Bas-Vivarais. Inscrit à la faculté de droit, il obtient une licence mais demeure plus attiré par les Lettres. Il publie en 1913 son premier recueil de poèmes, pour lequel il reçoit les félicitations de Francis Jammes. Il fut l'ami de Patrice de la Tour du Pin et de Francis Jammes.

Pendant la Première Guerre mondiale, il est blessé à Saint-Dié, dans les Vosges, et reçoit la Croix de guerre.

Louis Pize
Louis Pize

En 1922, il se marie avec G. Ricard et abandonne le droit pour se tourner vers l'enseignement. En 1924, il devient alors professeur de Lettres classiques au Collège de Jésuites (actuel Lycée Saint-Marc) de la rue Sainte-Hélène à Lyon. Louis Pize est auteur d’une pièce de théâtre, d’ouvrages historiques et touristiques, mais surtout de recueils de poèmes. Élu membre de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, il en devient le président en 1964.

Avec Charles Forot, il participe à la création des Éditions du Pigeonnier à Saint-Félicien. Il aimait à rappeler toute l'amitié qui avait entouré l'équipe du Pigeonnier où poètes et artistes se retrouvaient chaque été sous l'amicale autorité de Charles Forot, généreux mécène. "… C'était Charles Forot seul qui prit l'initiative de ces éditions et du théâtre de verdure… Le Pigeonnier restera dans l'histoire littéraire du Vivarais, mais aussi dans les lettres Françaises d'avant 1939…"

Sur la terrasse du Pigeonnier quatre représentations furent données de son "Mystère de Saint-François Régis" ; on donna un peu plus tard, l'églogue "Fenaisons", pièce de circonstance inédite, écrite en 1937 pour la collection "Le Théâtre du Pigeonnier". Michel Évieux qui nous a fait découvrir cette pièce délicieusement désuète, nous confie : "Louis Pize fut tout au long de sa vie un homme humble, discret, pudique, accessible à tous ceux dont l'idéal était comme pour lui "d'avoir à tous les biens préféré la beauté"."

À sa retraite, celui que ses amis appelaient le « Virgile du Vivarais » se retire dans sa maison de Saint-André-en-Vivarais.

Il fut honoré en tant que poète par le grand prix de la Société des poètes français en 1970.

Il s'éteint le 4 septembre 1976 à Lyon, sur cette colline de Fourvière non loin de la Vierge Noire qu'il avait chantée.

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Il aura collaboré à de nombreuses revues dont La Revue du Vivarais, La Revue des Deux-Mondes, Le Mercure de France.

M.F. Arlaud-Rigaud écrivait sur lui : "C'est un message d'espérance et d'amour qu'il nous a légué. Espérance et amour qu'il nous invite à chercher dans les chemins creux fleurant bon les bruyères, dans l'âcre odeur du chaume et le "goût d'amande fraîche du foin coupé", dans cette nature éternelle où les arbres du Plateau et de la Vallée se mêlent dans un même élan pour retrouver les racines d'une simple vie".

La poésie de Louis Pize est de facture classique qui fut celle des poètes du Pigeonnier. "Par la mélancolie que sa poésie exprime et par sa musicalité elle s'insère dans le grand courant qui va de Ronsard à Francis Jammes. C'est le chant profond d'une âme sensible, ouverte aux nostalgiques beautés de la nature éternelle."

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Le 23 mai 1983 était inaugurée la rue Louis Pize à la Croix-Rousse - quartier situé sur une colline de la ville de Lyon, - non loin des cimetières (ancien et nouveau).

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Parmi les recueils importants qu’il a écrits, on peut citer :

• La Couronne de Myrte, poèmes. Les Essaims nouveaux chez Émile Paul frères Paris(1919).
• Les Pins et les Cyprès. Garnier, Paris (1921). Prix Villard du Conseil Général de l'Ardèche.
• Les Feux de Septembre, poèmes. Garnier, Paris (1931). Prix Émile Blémont de la Maison de Poésie.
• Le Bois des Adieux (1949). Éditions I.A.C. Lyon-Paris. Prix Alfred Droin, de la société des Gens de Lettres.
• Compagnons du souvenir, poèmes. Éditions Subervie, 1963.

Chanson de montagne

Pas de maisons, pas de feuillages.
Le soleil cache le ciel bleu.
La route est longue où tu voyages.
Dans le désert des prés en feu
Approche ta jument légère
Où vas-tu, cavalière ?

Le vent qui tord les herbes grêles
Monte la garde autour du col.
Son souffle agite tes dentelles.
Il veut t'étendre sur le sol.
Mais tu bondis, joyeuse et fière,
Où vas-tu, cavalière ?

La ferme est loin, le vent s'irrite,
Casse les pierres en courant.
Ta jument saute bien plus vite,
Et, sur l'horizon transparent,
Monte un nuage de poussière.
Où vas-tu, cavalière ?

Louis Pize, Chansons de montagne (1929)

Dans son recueil "Les Muses champêtres" il nous fournit ce paysage désolé en hiver :

Montagne

À travers les grandes prairies,
Le vent caché dans le brouillard
Pourchasse les feuilles flétries
Du sycomore et du fayard.

Toutes les cimes familières
Ont disparu du ciel trop bas,
Et, pour éclairer les bruyères,
Le soleil ne se lève pas.

Seuls habitants du plateau morne,
Un pauvre chien, quelques brebis …
Le pâtre, assis sur une borne,
Souffle dans ses doigts engourdis.

Louis Pize ("Les Muses champêtres", 1925)

Falaise de Vogüé

Dépouillement, recueillement
Halte où le voyageur renonce à l'éphémère,
Devant le rocher droit, fermant
Le silence de la Rivière.

Tout près du ciel, mur de prison
Dévoré par le buis en touffes qui méprise
Le jour et l'heure et la saison
Verse dans l'eau ta clarté grise,

Et verse en moi-même l'oubli
De tant d'espoirs trompeurs, de toute fièvre ancienne,
Qu'à ma seule âme j'appartienne !

Louis Pize  ("Hautes Clairières", 1969)

Sources

- Louis Pize, dans Lyon, des rues et des légendes

- Louis Pize, par M.F. Arlaud-Rigaud dans Revue "Racines", n°5, été 1978, recueil l'expression libre, Petit Musée du bizare, Lavilledieu, Ardèche.

-"Promenades en Cévennes", par Louis Pize, avec les illustrations de E. Albary et frontispice gravé sur bois de Mme Rose Seguin-Béchetoile, Saint-Étienne, S.A. de l'imprimerie Théolier, 1934.