Arnauld Drapeau Occitande VILLENEUVE (Arnau de Vilanova ou Arnaldus de Villanova)

vers 1240 - vers 1311

Médecin, théologien, diplomate, astrologue et alchimiste Catalan

La chronologie des dates et la situation des lieux des "activités" d'Arnaud de Villeneuve que je présente ci-dessous a été faite par déduction des dates de règne des personnages les plus éminents qu'il a côtoyé, pour les lieux en essayant de tenir compte de l'intérêt, de l'attraction, de la durée des déplacements pour l'époque.

Par son enseignement, Arnaud de Villeneuvetout comme par ses livres, il fut certainement un des hommes les plus savants du XIIIème siècle. Trois rois et trois papes au moins furent ses patients, ses admirateurs, ses défenseurs. Arnaud avait naturellement besoin de protection du fait que les juges cléricaux, quoique prêts à admettre ses innovations médicales, n'appréciaient guère son originalité en matière de foi.

 

Naissance de Commune Clôture de Montpellier
Le 26 novembre 986, le comte Bernard de Melgueil (Mauguio) octroie au chevalier Guillem en échange de son dévouement, l'ancien territoire situé entre l'antique voie Domitienne, le Lez et la Mosson. Ses héritiers vont construire, sur leur nouveau fief, un véritable bourg fortifié doté d'un château et d'une chapelle.
Le Consulat (instauration d'une administration municipale quasi républicaine par des "consuls") marque la fin de la dynastie des Guilhem avec la mort de Guilhem VIII le 9 novembre 1202.
C'est Pierre II d'Aragon (1176-1213) - Roi d'Aragon et Comte de Barcelone - qui, en épousant Marie de Montpellier (1183-1213) le 15 juin 1204, leur accordera les libertés et franchises qu'ils réclament. Leur fils Jacques Ier (Jaime) le Conquérant (1208-1276) natif de cette ville, maintient une "belle cour de troubadours et de jongleurs" qui, à l'abri de l'Inquisition, continuent d'y chanter la civilisation du "joi d'amor."
Par le Traité de Corbeil avec l' Aragon du 11 mai 1258, Saint-Louis (1214-1270) renonce aux droits de la couronne sur la Catalogne (Roussillon, Cerdagne), Jacques Ier abandonne ses titres à intervenir en Languedoc (mais il garde Montpellier).
La commune prend alors un essor géographique ( les remparts donnent à la ville sa forme caractéristique en écusson); une monnaie est frappée; une université est créée (1289). La bonne santé économique de la ville, sa prospérité et sa renommée finissent par attirer la convoitise des souverains capétiens.
En 1293, le roi Philippe-le-Bel rachète la seigneurie de Montpelliéret à l'évêque de Maguelone et y installe plusieurs institutions provinciales.
En 1349, le roi Jacques III d'Aragon vend Montpellier au roi de France Philippe VI pour 120. 000 écus d'or.
Pour plus de détails:
Montpellier

Sa jeunesse

La date et le lieu de la naissance d'Arnaud de Villeneuve ne sont pas connus. Il serait né vers 1240, mais le lieu de sa naissance est incertain.
Dans un manuscrit non retrouvé que détenait les archives de la bibliothèque de Carpentras, Arnaud de Villeneuve se dit né en Catalogne Vilanova de Sau ?, Vilanova de la Muga ?
Ou peut-être en France, il pourrait s'agir d'un village nommé Villeneuve, mais il y en a plusieurs, en Provence Villeneuve-lès-Avignon, Villeneuve-Loubet (à l'époque en Italie), en Languedoc Villeneuve-les-Maguelone (à l'époque dépendant du royaume d'Aragon).

Nous sommes peu de temps après la guerre contre les Albigeois (1229) menée par le roi de France et en pleine Inquisition (1233).

Enfant il aurait été élevé en Espagne, près de Barcelone ou de Valence, par des frères prédicateurs dominicains qui lui apprirent la théologie, le latin, l'hébreu et l'arabe; ce grand érudit perfectionna sans doute ses notions du grec et du latin à Aix-en-Provence, car à cette époque ses différentes langues étaient indispensables à qui voulait connaître les traités médicaux.
Ces connaissances lui permirent quelques années plus tard de transmettre à la médecine occidentale certains savoirs des médecins arabes dont il avait pu traduire les œuvres, ou recopier les textes de l'école des Traducteurs de Tolède.

Les études d'Arnaud, l'ordre de ses pérégrinations, les lieux où il enseigna ne sont pas beaucoup mieux connus.

Très tôt (vers 1260) il étudie la philosophie à Montpellier. Il y rencontre sa future épouse Agnès Blasi, fille de riches commerçants de la ville occitano-catalane.

Ses Voyages

Esprit entreprenant et avisé, il effectua de nombreux voyages. Ainsi il se rendra en Espagne (Llerida, Barcelone, Valence), en Italie ( Pérouse, Padoue, Rome, Bologne, Palerme, Florence, Naples, Salerne, Gênes), en France (Paris, Nice, Marseille, Avignon) pour y défendre des thèses théologiques, pour y soigner les plus grands personnages (trois papes et trois rois), ou pour y accomplir des missions diplomatiques. Certains pensent qu'il serait allé jusqu'en Afrique.
Après Montpellier on pense qu'Arnaud a séjourné à Paris pendant 10 ans, entre 1265 et 1275 environ (la Sorbonne a été fondée en 1257), pour y améliorer son savoir et passer le diplôme de Maître ès arts (personne dotée d'un haut degré d'instruction et qui enseignait à l'université).
Le Paris du XIII e siècle est une pépinière de professeurs illustres, d'élèves qui vont dépasser leurs maîtres, en face des chaires de l'Université on trouve les ordres mendiants. On n'avait peut-être jamais assisté à un tel mélange d'opinions à autant de luttes et de violences. Roger Bacon (1248-1250), Albert le Grand (1245-1248), Thomas d'Aquin(1252-1259), Pierre d'Apono enseignaient, discutaient avec ardeur avec tous les étudiants.
Par contre au point de vue médical, l'enseignement à Paris était quasi inexistant. Il n'y avait pas d'école de médecine, chaque praticien est isolé et emprunte à la philosophie et aux sciences, quelques principes pour se former. Ainsi la maîtrise que prenait un médecin à Paris était plus philosophique que médicale.

Arnaud de Villeneuve retourne donc à Montpellier étudier et enseigner la médecine, vraisemblablement entre 1280 et 1308, avec l'aide des traductions de livres médicaux arabes, comme Régent ( étymologiquement et historiquement:"professeur d'université"). Mais il ne reste pas en permanence dans la ville.
De Montpellier il part avec sa jeune épouse exercer sa profession en milieu rural, à Valence; il y construit une demeure et se tient ainsi, proche de Maria, sa fille unique religieuse dominicaine au couvent des Dames de Sainte Marie-Madeleine.
En 1285 il est appelé auprès de Pierre III, roi d'Aragon (1276-1285), en qualité de premier médecin de la cour et d'ambassadeur de Pierre III d'Aragon auprès de Philippe-le-Bel. En 1286 on le trouve à Barcelone où il professe quelque temps l'alchimie et étudie la médecine.
Il remplit diverses missions à la cour de Jacques II d'Aragon (1291-1327), dont il fut chassé pour avoir critiqué les pouvoirs temporels, et fut excommunié par l'évêque de Tarragone en raisons de ses idées réformatrices.

Il continue de se déplacer d'une université à l'autre:
Vers 1292 Arnaud de Villeneuve est à Palerme sous la protection de l'empereur Frédéric Ier roi de Sicile (1295-1337), et de Robert d'Anjou roi de Naples (1309-1343). Peut-être a-t-il également fréquenté l'école de Salerne au sud de Naples. On le trouve également à Bologne et Florence.
Entre mai et octobre 1301 il est à la Cour de Rome. Il faut mentionner ici que le pape Boniface VIII (qui mourra en octobre 1303) avait besoin de lui comme médecin, il demanda à Arnaud d'essayer de le guérir d'une maladie douloureuse (lithiase rénale), ce qu'il fit, il reçut en récompense un château à Anagni (où la famille du pape possédait plusieurs petits palais), et la promesse que son prochain livre aurait une audience favorable. C'est aussi ce qui explique que le pape montra une extraordinaire indulgence envers l'homme accusé d'hérésie par les Dominicains et emprisonné, qui avait déclaré que ses idées de réforme de l'église lui venaient du Christ. Une telle communication avec le divin sans la médiation de l'église aurait normalement suffi à mener le coupable au bûcher.
Boniface VIII, disait de lui : "Cet homme est le plus grand clerc du monde!" et dut le protéger contre les rigueurs de l'Inquisition.

La crise de l'église au XIV e siècle
Le pape Boniface VIII (1294-1303) a été élu après un conclave de deux ans, c'est dire combien les cardinaux étaient divisés. Il emprisonne son prédécesseur, Célestin V, et annule tous ses actes. Il s'engage dans un conflit terrible avec le roi de France, Philippe IV le Bel, à qui il reproche d'avoir levé des impôts sur le clergé sans demander l'autorisation du Saint-Siège, et d'avoir arrêté un légat pontifical sous prétexte de trahison.
Il faut savoir, en effet, que l'homme du Moyen Âge allie à la plus grande piété un anti-cléricalisme vigilant.
Le 24 février 1296, le pape avait promulgué une bulle excommuniant ipso facto tous ceux qui exigeaient du clergé des subsides extraordinaires. Pour riposter, Philippe le Bel interdit toute sortie d'or et d'argent hors des frontières, privant ainsi la Cour de Rome de ses revenus francais. Boniface VIII promulgue alors la bulle "Ausculta Fili" le 5 décembre 1301, dont les termes soumettent le roi au suprême hiérarque de l'Eglise. "Nous sommes fatigué", disait Boniface, de t'avertir de te corriger, et de mieux gouverner ton royaume ; Comme l'aspic qui n'entend rien. Tu as fermé les oreilles." Le dimanche 11 février 1302, Philippe-le-Bel fit brûler publiquement et solennellement, la bulle "ausculta fili". Ce fut le comte d'Artois qui la jeta lui-même dans le feu. Cette exécution fut annoncée à son de trompe dans toutes les rues de Paris.
L'ambiance était "brûlante" à Paris. Le 10 avril 1302 le roi réunit à Notre Dame de Paris, pour la première fois, les députés du tiers-état à côté de ceux du clergé et de la noblesse. Les prétentions du pouvoir spirituel furent condamnées définitivement. La noblesse et les communes adressèrent au collège des cardinaux une lettre pleine de reproches contre la Cour de Rome, en déclarant qu'en France on ne reconnaissait d'autre chef temporel que le roi ; une lettre du clergé, à l'adresse du pape lui-même, était plus respectueuse dans la forme, mais réclamait également l'indépendance du prince quant au temporel.
Le 12 mars 1303, Guillaume de Nogaret (légiste et conseiller du roi) réclame le jugement du pape, pour hérésie, par un concile, et obtient l'accord royal pour signifier cette décision à Boniface. Le pape répond par l'excommunication du roi en avril 1303.
Dès avril 1303, Guillaume de Nogaret fut envoyé en Toscane ou il constitua une milice de 2000 hommes. Boniface, retiré dans la ville d'Anagni, son lieu de naissance, mit la France en interdit, et prépara une bulle de déposition du roi ("Super Petri solio"), qui devait paraître le 8 septembre 1303. La veille de ce jour le pape fut arrêté par Nogaret et par l'ancien cardinal Sciarra Colonna ; celui-ci, qui était son ennemi personnel, s'oublia dans sa haine jusqu'à le frapper. Délivré par les habitants d'Anagni, le pape mourut peu après, le 11 octobre 1303, âgé de plus de 80 ans.
Le 22 octobre 1303, soit onze jours après la mort de Boniface, l'un des deux cardinaux molestés par Nogaret à Agnani sera élu pape et prit le nom de Benoît XI (1303-1304). Il s'établit à Pérouse pour échapper à la guerilla des familles romaines. Il accorda l'absolution à Philippe le Bel, mais maintint l'excommunication de Guillaume de Nogaret. Puis celui-ci mourrut empoisonné en juillet 1304, moins d'un an après son élection.
Le conclave qui doit élire son sucesseur est partagé entre bonifaciens et antibonifaciens, et pendant de longs mois ne parvient pas à se mettre d'accord. Sous la pression de Philippe-le-Bel c'est un français, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux et canoniste réputé, qui est finalement élu en juin 1305, il prend le nom de Clément V (1305-1314). C'est un homme habile, qui préfère en toutes situations le compromis et les arrangements. Il est sacré à Lyon le 14 novembre 1305, en présence de Philippe le Bel. Il réside dans plusieurs ville de France entre 1305 et 1309. En août 1306 Clement V est à Bordeaux, il tombe malade et fut soigné par Arnaud de Villeneuve.
Le pape fait son entrée en Avignon le 9 mars 1309. Le comtat venaissin était la propriété du Vatican depuis 1271. Il résidera au couvent des Dominicains, mais surtout à Carpentras, puis au prieuré du Groseau près de Malaucène où il se fit construire une agréable résidence (le palais des Papes n'existait pas encore). Il est fréquemment malade: coliques, saignements de nez et fièvres. D'où son goût pour les médecins et son souci de développer les connaissances médicales. En outre, il organisa la faculté de Montpellier, conseillé par ses médecins Jean d'Alais et Anaud de Villeneuve.
Malade tout au long de son pontificat et sentant sa fin proche, (Il souffre vraissemblablement d'un cancer de l'estomac ou de l'intestin) il voulut retourner dans sa Guyenne natale. Il meurt au début de son voyage, le 20 avril 1314, à Roquemaure.

Il s'arrête à Nice vers 1302,
En juin 1305 Arnaud est à Montpellier puis à Barcellone où il rédige son testament le 20 juillet 1305 devant un notaire de Barcelone ( ce testament a été retrouvé dans les archives espagnoles de la cathédrale de Valence par M. Roque Chabás et M. de Bofarull). Ses exécuteurs testamentaires sont trois citoyens de Barcelone et Raimond Conessa prévôt de l'aumône épiscopale de Valence. Ce texte montre l'attachement d'Arnaud pour la ville de Montpellier:
Il lègue à sa femme Agnès des biens mobiliers et immobiliers qu'ils possèdent à Montpellier. La communauté des Nouvelles Repenties établie près du couvent des Dominicains de Montpellier devait conserver la jouissance des maisons qu'Arnaud lui avait louées.
Arnaud assure l'avenir de sa fille Marie qui était entrée dans le couvent des Dames de Sainte Marie-Madeleine, à Valence ; il lui donne l'usufruit des cens qu'il avait dans la cité ou le territoire de cette ville"
Concernant sa bibliothèque: "Je veux et ordonne, dit-il, que tous mes livres de théologie soient mis en dépôt à la Chartreuse de Scala Dei, en Catalogne, et que Bernard Olivier, André Fernand et Pierre de Villeneuve, mon neveu, en puissent jouir leur vie durant, sous la condition de résider honnêtement dans le monastère, d'y étudier l'écriture sainte et de prendre part à l'office divin, afin de mettre la maison en état de subvenir à leur dépense,Après leur mort ou leur départ, les dits livres demeureront définitivement acquis au monastère, pour la satisfaction des frères et pour le repos de mon âme."

Arnaud de Villeneuve soigne le pape Clément V en 1306 à Bordeaux. Il est appelé comme conseiller auprès du pontife en Avignon. Et c'est d'accord avec lui ("dilectus filius") que le 8 septembre 1309, le pape publie une bulle dans laquelle il établit le plus ancien programme d'études relatif aux écoles de Montpellier , il mentionne les auteurs à étudier et les formes à observer pour la collation des grades.
Lors d'une visite qu'il;fit au pape en Avignon, Arnaud alerta le pape sur la condirtion dans laquelle se trouvait l'ordre des Spirituels (Dante). Ceux-ci reprirent espoir, forts de leurs appuis politiques, lorsqu'ils apprirent que le pape fit ouvrir une enquête.

Vers 1309, Arnaud de Villeneuve se rend à Paris, aussitôt arrivé il fut arrêté et incarcéré. La réputation sulfureuse qu'avait acquis Arnaud en Catalogne le suivit. En effet son traité "De Fine mundi" fut fort mal accueilli et condamné, comme contenant ou sentant l'hérésie. On l'accuse de prédire la fin du monde, de ressusciter la vieille magie verbale du gnosticisme, de pratiquer la nécromancie, de commercer avec le diable et de pratiquer l'alchimie. Un ami influent réussi à le faire sortir le lendemain. Mais son procès eut lieu à la Faculté de Théologie, en présence de l'évêque.
Parmi les propositions qui lui attirèrent la censure ecclésiastique il avait écrit: "Les œuvres de charité et les services que rend à l'humanité un bon et sage médecin sont préférables à tout ce que les prêtres appellent œuvres pies, aux prières, et même au saint sacrifice de la messe."
Le verdict ordonna que ses écrits soient brûlés en public. C'est ainsi que la Sorbonne fit détruire la presque totalité de ses oeuvres philosophiques, et celles-ci ne nous sont donc pas parvenues.

Arnaud essaya de flatter le pape en lui donnant une version corrigée de son traité "Semita semitæ". Mais les juges parisiens avaient prévu le stratagème et avaient fait parvenir à Sa Sainteté la version originale qu'ils avaient condamnée. Arnaud fut mis en prison par le pape. Il dut abjurer ses erreurs devant un consistoire secret. Le pape lui donna cet avis amical :
"Occupe-toi de médecine et délaisse la théologie, et alors nous t'honorerons."

Arnaud protesta auprès du roi Philippe-le-Bel (1268-1314) et du pape Clement V(1305-1314) qui lui permirent de quitter le royaume de France.
Pour fuire l'Inquisition il se réfugia en Sicile, sous la protection de Frédéric II d'Aragon roi de Sicile (fils de Pierre III d'Aragon). ainsi que de Robert, roi de Naples (gendre de Pierre III d'Aragon).

De là il fut appelé en Avignon par le pape Clément V qui avait demandé les soins de ce médecin déjà si apprécié de lui et réputé le plus grand savant du monde. Il lui serait pardonné de toutes ses élucubrations intellectuelles.
Arnaud s'embarqua donc pour Avignon, mais, dans la traversée, le vaisseau qui le portait fit naufrage au large de Gênes et Arnaud périt vraisemblablement le 6 septembre 1311 ou 1312, et fut enterré à Gènes.
Au Concile de Vienne (1311-1312) le pape Clément V ordonnait dans une bulle spéciale du 15 mars 1312, de rechercher le "Traité de pratique de la Médecine" : "Practica summaria, seu Regimen magistri Arnoldi Villanova, ad instantiam pape Clementis" que le savant, ancien clerc du diocèse de Valence, et qui avait été son médecin, lui avait dédié. (Du Boulay, Histoire université. ; Paris, t. IV)
Cette encyclique datée est une indication concernant l'année de la mort d'Arnaud.

La condamnation qu'avaient portée contre Arnaud les théologiens de Paris, suspendue par la protection du pape Clément V, fut renouvelée, trois ans après la mort de ce pontife, par l'inquisiteur de Tarragone en 1317, et quinze des propositions d'Arnaud furent censurées. Les quatre principales avaient pour objet :
- l'égalité de l'humanité du Christ et de sa divinité
- la condamnation de la profession religieuse ou, du moins, des religieux et de la philosophie ;
- la presque inutilité de la messe ;
- la supériorité des œuvres de miséricorde et de justice sur le sacrifice de l'autel.

Arnaud de Villeneuve eut pour amis et disciples Ramon Lull (de Palma de Majorque) et Pierre d'Apono.

Son activité médicale

Instruit à l'école de Salerne, Arnaud de Villeneuve qui connaissait l'arabe et l'hébreu, profitera de son retour à Barcelone et de son séjour à la cour d'Aragon pour en rapporter des notions utiles dont il fera bénéficier la jeune école de médecine de Montpellier entre 1280 et 1308, dont il fut une des gloires.
Il enseigna la tradition des secrets naturels, des talismans planétaires, des préparations ou régimes pour conserver la santé et la vigueur quelquesoit l'âge.

Ecole de Médecine de l'Université de Montpellier: Dans son édit de 1181, Guilhem VIII, seigneur de Montpellier autorise toute personne, d'où qu'elle vienne, d'enseigner la médecine. Les statuts sont élargis quarante ans plus tard, en 1220, par le Légat du pape Honorius III (le Cardinal Conrad d'Urach) à l'Universitas medicorum. Le 26 octobre 1289, l'université de Montpellier est constituée par le pape Nicolas IV (1288-1292), avec une école de médecine, une école de droit, un corps professoral, des statuts, une délivrance de diplômes dont la validité est reconnue partout. Jusqu'au début du XIVème siècle, la faculté n'occupe aucun bâtiment propre. Les cours sont dispensés au domicile des Régents, seuls les actes sont réalisés dans l'église Saint Firmin. Des gravures de l'époque, conservées au Musée d'anatomie de la Faculté, montrent la réalité de cet enseignement à travers des scènes de dissection devant des étudiants.

Il fut médecin de Pierre III d'Aragon (1236-1285), de Jacques II d'Aragon (1267-1327), de Frédéric d'Aragon, roi de Sicile et de Robert d'Anjou (1277-1343), roi de naples.
Il sera aussi le médecin des papes Boniface VIII (1294-1303), Benoit XI (1303-1304) et Clément V (1305-1314).

Il rompit avec les habitudes médicales enseignées par les arabes dont la doctrine dominait alors tout le monde savant, et conseilla aux médecins débutant de se baser sur l'observation et l'expérience le tout en gardant raison. C'était très novateur à cette époque.

Conformément à la tendance de l'époque l'activité médicale mêle les problèmes de métaphysique et de philosophie à ceux des sciences de la nature animée et inanimée. Il fut le type des médecins arabistes pour lequel l'alchimie, l'astrologie et la magie occupent une grande place dans son œuvre.
Il définit l'idée qu'il se fait du médecin dans ce passage qui résume aussi bien la doctrine montpelliéraine:
"Je me souviens d'avoir vu un grand maître en tous arts, excellent théoricien, mais en médecine incapable de prescrire aucun traitement particulier, pas même un clystère, et guérissant à peine la fièvre éphémère. Les médecins de Montpellier, comme mon Maître et les autres, hommes de mérite, très appliqués d'ailleurs à savoir l'universel, n'omettaient pas la science du particulier, de façon qu'ils s'occupaient plutôt des guérisons particulières, d'enseignement, de véritables expériences, qu'ils ne se retranchaient toujours derrière les universaux."

Certains des aphorismes d'Arnaud s'inspirent d'un grand sens pratique et restent étonnamment d'actualité:
- "Celui qui s'instruit dans sa profession non pour l'amour de la science, mais par esprit de lucre, devient un avorteur"
-"la terminologie est indispensable à la science, mais on obtient jamais une guérison par les vertus d'une simple formule"
-"le meilleur traitement est celui qui procure le résultat escompté par les moyens les plus simples"
-"prescivez toujours quelque chose quand vous êtes en présence du malade, de crainte de paraître un incapable sans l'aide de vos livres"

Il a sut s'élever au niveau des grandes notions de physiopathologie générale, en particulier lorsqu'il entrevoit l'importance des prédispositions individuelles et du terrain morbide, au point de paraître un précurseur de la biotypologie moderne.

Son activité dans les "Sciences occultes"

Le grand médecin des rois et des papes s'occupait également d'astrologie et d'alchimie qu'il va doter d'un important contenu philosophique.
"L'opérateur humain peut découvrir de grandes choses en mettant à profit l'influence des étoiles."

Si ses recherches alchimiques ne l'ont pas conduit à la découverte de la pierre philosophale, il leur doit du moins un certain nombre de "découvertes", qui auraient suffi à le rendre célèbre: c'est ainsi qu'il introduisit l'emploi de l'alcool, de l'essence de térébenthine et des vins médicinaux en thérapeutique; il fit de la distillation une opération courante de la pharmacie.

L' "eau ardente de Maître Arnaud":

C'est aux Arabes que nous sommes redevables, vers l'an 1000 de l'invention de l'alambic et de la distillation. Curieusement, quand les Arabes commencèrent à distiller le vin, ils donnèrent le nom d' "al khôl", au produit obtenu, ce qui signifie, "la chose subtile". Arnaud de Villeneuve, rédigea au XIIIème siècle le premier traité sur l'alcool. L'alcool était la première étape vers la découverte de l'élixir de vie éternelle, d'où son nom d'eau-de-vie qui fut appelée plus tard "l'eau ardente de Maître Arnaud"
Son goût pour les plaisirs de la table l'amena, dit-on, à inventer les liqueurs spiritueuses (Ratafia). On lui attribue la découverte de l'esprit-du-vin ("quintessence").

En compagnie de Roger Bacon et de Raymond Lull, il découvrit les trois acides sulfurique, muriatique et nitrique. Il composa distilla de l'alcool, et s'aperçut même que cet alcool pouvait retenir quelques-uns des principes odorants et sapides des végétaux qui y macèrent. Il fit connaître l'essence de térébenthine, les diverses eaux spiritueuses employées en médecine et pour la cosmétique.
Mais M. Hoefer reprend à bon droit dans la Nouvelle Biographie générale :
"II y a là autant d'erreurs que de mots : toutes ces prétendues découvertes étaient connues longtemps avant Arnaud de Villeneuve, ainsi que je l'ai fait voir dans mon Histoire de la chimie..." (Art. Arnaud de Villeneuve).
Arnaud de Villeneuve était-il un hâbleur ou un faussaire exploitant la crédulité de ses contemporains?

Il étudia également les alliages. Il est à noter aussi qu'il entrepris la fabrication de "l'or" très en vogue à cette période.

Arnaud s'avisa de se croire prophète; il croyait à l'existence réelle des démons, à la venue de l'Antéchrist à la persécution de l'Eglise, et à la fin du mondequ'il avait entrevu entre 1300 et 1400 ou 1464, la date la plus probable étant 1335 ce qui lui valut des démêlées avec l'église.

Ses écrits

Arnaud a écrit une soixantaine de traités aussi bien de médecine, de théologie, que de magie, d'astrologie, d'alchimie et d'oniromancie (sciences des rêves). Cependant la majorité de ses ouvrages sont écrits en latin.

Les divers écrits d'Arnaud se ressentent généralement, pour le fond et pour le style, du temps où il écrivait : ils sont courts, et paraissent être plutôt des mémoires, des réflexions, que des traités dogmatiques.

Ces œuvres se basent comme toute la médecine médiévale, sur les théories des symboles, les humeurs, les propriétés et les éléments universels où se reflètent en plus les inquiétudes théologiques.

La première édition des œuvres complètes d'Arnaud parut à Lyon en 1504 chez François Fradin; elles ont été réunies en un volume in folio "Opera omnia Arnoldi de Villanova" qui contient:
- Rosarium philosophorum;
- de Lapide philosophorum;
- Novum lumen;
Flos florum;
- Semita semitæ Speculum alchimiæ;
- de Sublimatione Mercurii;
- Epistola ad Robertum regem;
- Testamentum novum;
les éditions suivantes ont paru, dans le même format, à Paris en 1509; à Venise en 1514; à Bâle en 1515 et 1585; à Lyon en 1520 et 1552.

Au plan médical, ses ouvrages visent à concilier les opinions d'Hippocrate, de Galien, des Arabes et des Salernitiens. Mais dans la défense de la vérité, il accorde une voix prépondérante à son expérience personnelle, quitte à paraître en désaccord avec Galien et Avicenne.
Parmi ses ouvrages, citons:

- Commentaires sur l'école de Salerne: "ScholÆ SalernitanÆ Opusculum", qu'il écrivit pendant sa retraite en Sicile

- Commentaires sur le régime de l'école de Salerne: "Regimen sanitatis Salernitacum" , ouvrage de conseils diététiques et de matière médicale, dans lequel il s'efforce de réunir les doctrines médicales ayant cours et rassemble toute la flore médicale connue.
Cet ouvrage eut 28 éditions en France (dès 1489 à Lyon, puis en 1514: En françoys : Souverain remède contre lepydemie traicté pour congnoistre les urines. Remède très utile pour la grosse verole. Lyon, impr. Claude Nourry, in-4to, 92 feuilles. 1514. ), 5 en Italie (en 1480 à Venise), 5 en Allemagne, et 5 à Louvain. écrit pour la santé du roi Jacques II d'Aragon.
Certaines éditions portent la mention: "nouvellement corrigée et amendée par les très excellents et très experts docteurs en médecine régents à Montpellier".
Sur la première page de l'ouvrage lyonnais d'Arnaud de Villeneuve (1514) se trouve un poème à la Vierge Marie, illustré de son image. A droite, on peut lire: "Cy commence la manière de vivre très excellente et profitable, pour conserver et garder la santé corporelle de toute humaine nature, jadis faite et compilée... en l'Université de Salerne... par le Vénérable docteur en médecine de la Catalogne nommé maître Arnoul de Villeneuve, comme pierre précieuse entre tous les médecins vivant alors en terre, nouvellement corrigée et amendé e par les très excellents Docteurs en médecine, regents à Montpellier. L'an mille quatre cent quatre vingt, avec lacunes additions a ce adjoustées l'an mille cinq cent.. (illisible)." Puis, on lit: "Ce petit livre a été fait et composé à l'instance ... du Roi d'Angleterre pour conserver et garder la santé corporelle par les docteurs de l'Université de Salerne".
Cet ouvrage a été publié sous le titre de "Retardement de la mort par un bon régime", à Paris, en 1567 et 1637.
A la fin du XVIIIème siècle cet ouvrage se transforme en Secrets pour conserver la Beauté des Dames et autres recettes utiles et agréables et de le Secret d'être toujours belle.

- un traité "De conservanda Juventute et de retardante Senectute", qu'il dédia au roi Robert de Naples.
il conseille pour conserver les dents de les laver deux fois par mois avec du vin dans lequel aurait bouilli une racine de thym.

- "Breviarium practicae medicinae", Milan, 1483; est certainement un des meilleurs traités médiévaux, il explique par exemple, que la douleur dentaire provient parfois du vice du cerveau à cause des humeurs froides qui descendent de la tête jusqu'aux nerfs dentaires et produisent une douleur sourde avec une lourdeur de la tête, inflammation et pâleur du visage. Quand les humeurs sont chaudes, la douleur est aiguë et pulsatile, avec une rougeur du visage.

- "Practica medicinae", Venise, 1494. 1497

- "Speculum medicinae"

- "De Arte cognuscendi venena"

- "De Virtutibus herbarum", Venise 1499;

- "Liber de vinis": La préparation de l'eau-de-vie, des huile essentielles, essence de térébenthine et des vins médicinaux.

- Arnaud de Villeneuve s'est aussi préoccupé de l'esthétique féminine. Dans "De Ornatu Mulierum" et "De decoratione", on trouve des prescriptions pour blanchir les dents, renforcer les gencives et les colorer.

Il a également publié des ouvrages de chimie, d'alchimie, d'astrologie et de théologie:
- "De Fine mundi": "C'est en 1335 de l'incarnation de Notre-Seigneur qu'arriverait complètement et totalement (tolaliter et ex toto) la fin du monde." Ce livre fut condamné à Paris en 1303, par la faculté de Théologie.

- "Epistola Arnoldi de Villanova super alkimia, ad regem Neapolitanum": La Lettre sur l'alchimie, adressée au roi de Naples, est une énigme apprenant au roi le mélange d'éléments.

- "Rosarius philosophorum": Le Rosaire des philosophes, est sans doute son traité d'alchimie le plus complet, il traite de la composition élémentaire des corps, il termine l'ouvrage en ces termes:"Cache ce livre dans ton sein ; ne le révèle à personne, et ne le mets point entre des mains impies ; car il renferme le secret des secrets de tous les philosophes. Il ne faut point jeter cette perle aux porcs, car c'est un don de Dieu."
Sommaire du Rosaire (traduction)

- "Flos florum" : La Fleur des fleurs, dans lequel il expose des recettes de jouvence et y décrit les 4 étapes du travail alchimique : la dissolution, le nettoyage, la réduction et la fixation.

- "De lapide philosophorum" : de la pierre philosophale : il enseigne que la pierre philosophale existe dans la nature.

- "Novum lumen", la Lumière Nouvelle: traite des différents degrés de calcination auxquels il faut soumettre l'oeuf philosophal.

- Le "Semita semitæ" le Chemin du Chemin, est à quelques passages près identique au "Flos florum", est dédicacé au pape Benoit XI : "Ici commence le Chemin du Chemin" traité court, bref, succinct, utile à qui le comprendra. "Les chercheurs habiles y trouveront une partie de la Pierre végétale que les autres Philosophes ont cachée avec soin"
Notice sur le Semita semitae: le Chemin du Chemin Page: 4 ici se termine le petit traité d'Arnauld de Villeneuve, donné au pape, Benoît XI, en l'an 1303.

- "De Sublimatione Mercurii"

- "Testamentum" contient des écrits médicaux et des écrits alchimiques et astrologiques.

- Son commentaire du "De semine scripturarum", ses prophéties sur l'Antéchrist, ses plaintes sur la corruption des ordres religieux et sur la nécessaire réforme de l'Eglise le firent accuser d'hérésie par l'église.

- Dans son "Capitula", il précisait les correspondances entre planètes et viscères: Soleil et coeur, Lune et cerveau, Mercure et organes génitaux, Jupiter et poumons, Saturne et rate, Vénus et reins, Mars et foie.
Dieu, selon Arnaud de Villeneuve, a délégué aux planètes le gouvernement de la nature ...
Cette division septenaire trouvait sa conséquence dans les prescriptions thérapeutiques, chaque astre commandant l'usage d'un métal déterminé. On ne saurait dénier au système quelque cohérence, même s'il doit cette cohérence à un abus des ressources du ciel et de la terre.

- L'expérience clinique d'Arnaud n'omettait pas, au surplus, d'interroger la face nocturne de la vie. Dans le "Tractatus expositionum visionumque quae fiunt in somniis", il étudie longuement les indications que peuvent procurer les songes sur l'équilibre des humeurs: des images de lampes ou de tueurs doivent faire incriminer la bile, celles d'apparitions terrifiques, l'atrabile... A ses yeux, "on ne connaît pas l'homme, si l'on ne connaît pas son univers onirique."

L'occitan appartient avec le catalan à la famille de langues occitano-romanes, l'une des plus vieilles familles romanes dont les premières attestations (IXe siècle) précèdent celles du gallo-roman, d'où est issu le français et le franco-provençal (ou roman).
Il faut remarquer qu'à l'apogée de la civilisation occitane, du XIe siècle au XIIIe siècle, l'occitan était une langue bien plus unifiée qu'aujourd'hui.
C'est aussi un fait de civilisation, comme tel connu et enseigné dans toutes les grandes universités du Monde. C'est la langue d'Oc en effet, qui fut à travers la poésie des Troubadours et l'usage public, du XI e au XIV e siècles la première grande langue littéraire et de relations du monde occidental. Au Moyen Âge, on parlait de provençal ou de limousin, et plus tard de gascon, termes régionaux qui désignaient cependant la langue littéraire commune aux auteurs occitans et à ceux qui, bien que catalans ou italiens, l'utilisaient dans leurs écrits.
La communauté de souche d'expressions et de culture (absolue jusqu'au XIV e siècle) étant incontestable avec les pays catalans.
C'est en France un élément important de géographie humaine. Une ligne partant du nord de Bordeaux jusqu'au pays Niçois, remontant plus haut que Limoges et Clermont-Ferrand, limite en gros quelques 30 départements.
Il est entendu que cette langue n'est pas un "patois". L'occitan s'est aussi mille ans de littérature. Héritage qui a fortement marqué la pensée moderne et rejoint à notre époque une culture originale, actuelle, inséparable de la vie de ce Pays.
Jusqu'au Moyen Âge, le catalan et l'occitan ne faisaient qu'une seule et même langue: ce sont des destins politiques différents et deux rattachement à des blocs dominants opposés qui les ont fait évoluer chacune de leur côté. Pour certains linguistes, le catalan serait à classer dans les langues gallo-romanes septentrionales, à l'instar de l'occitan.
C'est cette langue qu'utilisait sans doute Arnaud de Villeneuve.

Selon le professeur Paul Diepgen de Berlin, Arnaud de Villeneuve fut "La plus grande personnalité médicale du Moyen Âge"

 

Sources

- Biographie universelle ancienne et moderne : histoire publique et privée de tous les hommes, Tome II (2ème édition) - 1843 - Publié sous la direction de Louis-Gabriel Michaud - pp. 243-244)

- La Vie d'Arnaud de Villeneuve, par Pierre Joseph de Haitze, Aix, 1719, in-12.p. 14.

- Histoire universitaire par Du Boulay, Paris, t. IV

- Journal des Savants de juin 1896

- Noticias médicas n° 3.795 Junio de 2001, Miguel Angel Arribas.

- Histoire des hommes illustres de la Provence, Achard, tom. II, p. 318,

- Cinq traités d'Alchimie, traduit du latin en français par Albert Poisson, Bibliothèque Chacornac Paris 1899.

- Le testament d'Arnaud de Villeneuve

- Le Chemin du Chemin: traduction

- Naudé, Gabriel (1600-1653). Apologie pour tous les grands hommes qui ont este accusez de magie [Document électronique]. 1995, (Paris Eschart 1669.).