Avenzoar est né à Séville (capitale du royaume de taifa) vers 1091. Issu d'une famille versée dans la médecine, son père, Abu al-Alaa, était un médecin habile dans le diagnostic et le traitement des maladies, de même que son grand-père. il s'initia à la médecine auprès de son père, après avoir étudié les lettres, la jurisprudence, et la loi islamique, et fut un ami du médecin et philosophe Ibn Roshd (Averroès).
Les nouveaux maîtres de Perse, d'Egypte, du Maghreb et d'Espagne rivalisaient dans le domaine du faste et de l'esprit. C'est en 929 que fut fondée Cordoue - le joyau du monde - dans laquelle fut constituée une bibliothèque comparable à celle qui jadis avait fait la réputation d'Alexandrie (plusieurs centaines de milliers de volumes).
La médecine arabe est représentée àcette époque par les grandes écoles de Médecine Arabe ou de langue Arabe:
- L'école de Bagdad avec les Bakhtishu et Yuhanna Ibn-Masawayh
- L'école d'Ispahan avec Ibn Sina,
- L'école de Shiraz avec Ibn Abbas Al Majusi,
- l'école de Damas avec Al Baghdadi et Ibn Al Mutran
- L'école au Caire illustrée par Ibn an Nafis et Ibn Abi Usaybia
- L'école de Kairouan: avec le célèbre Ishaq Ibn Imran et Ibn Al Jazza
- Les écoles de Cordoue, de Tolède, Séville, et de Saragosse connurent de grands médecins tels, les fameux Abulcassis, Avenzoar, Averroès.
Il a étudié à Cordoue à l'Université médicale (Arabic Qurtuba). Après un bref stage à Baghdad et au Caire il est revenu en Espagne, comme médecin, au service des Almoravides (Al-Murabatun); et, tout comme son père, connu le calvaire avec leur prince Ali Ibn Youssef Ibn Tachfin, qui l'emprisonna près de dix ans à Marrakech.
Après la chute des Almoravides et l'émergence des Almohades, Ibn Zuhr devint médecin et vizir auprès d'Abdel Mumen, fondateur de la dynastie, qui l'entoura de sa sollicitude, ce qui a permis à Avenzoar de rédiger ses meilleurs ouvrages. Il a fait toute sa carrière à Séville.
Après avoir passé toute sa vie à Séville, il y meurt en 1162.
Contributions scientifiques d'Avenzoar
Avenzoar s'est surtout consacré à la médecine contrairement aux autres scientifiques qui abordaient plusieurs champs de la connaissance. Ainsi il a pu contribué à des travaux originaux et sur le long terme. Il se différencie des autres médecins par l'importance qu'il donne à à l'observation et à l'expérience dans son travail, qui d'après lui est la meilleure base et le véritable guide à la pratique médicale. Ainsi, on pense qu'Avenzoar était compétent en dissection de cadavres humains et qu'il connaissait parfaitement l'anatomie (Dr Neuberger in History of Medicine). Avenzoar a fait plusieurs découvertes capitale en tant que médecin. Il a été un des premiers à faire des expérimentations sur l'animal avant de les appliquer à l'homme.
Avenzoar représente un cas exceptionnel à son époque, car en dépit de l'étendue et de la diversité de son savoir, il s'est spécialisé en médecine, qu'il exerça toute sa vie durant. En plus de sa pratique de la chirurgie, il introduisit de nouveaux éléments, tels que sa description des différentes maladies internes et dermiques. Il s'est penché, par ailleurs, sur l'ulcère et les maladies de la tête, des oreilles, du nez, de la bouche, des lèvres, des dents, des yeux, du cou, des poumons, du cœur, ainsi que sur les types de fièvres, et les épidémies. Avenzoar traite de manière pertinente et décrit pour la première fois les épanchements péricardiques, les abcès du péricarde, les tumeurs médiastinales, il fit quelques observations intéressantes sur les médiastinites suppurées et les tumeurs du médiastin, ainsi que les inflammations de l'oreille moyenne. Il employait l'eau de rose comme collyre.
Avenzoar s'est appuyé, dans ses travaux, sur l'expérimentation et la rigueur scientifique, aboutissant ainsi à la découverte de maladies encore inconnues. Il étudia, ce faisant, les maladies pulmonaires et entreprit la chirurgie de la trachée, Avenzoar a été le premier à faire une description détaillée de la trachéotomie en observant les effets expérimentaux sur une chèvre. Il a eu l'idée de nourrir les malades présentant une paralysie du pharynx ou une dysphagie irréversible, par sonde trachéale ou rectale. Il fut, de même, le premier à injecter le sérum pour l’alimentation artificielle.
Avenzoar est parmi les premiers à s'intéresser aux maladies endémiques dans un milieu donné. C'est ainsi qu'il a parlé des maladies auxquelles les gens sont souvent exposés à Marrakech. Il est aussi des premiers à mettre en valeur le miel et ses avantages curatifs et alimentaires. Comme clinicien il a fait des descriptions cliniques de tuberculose intestinale.
Avenzoar est classé parmi les plus grands médecins andalous, ayant suscité l'admiration de ses contemporains, avec, à leur tête, son ami Averroes (Ibn Roshd) qui dans son ouvrage, «al-Kullyyat» (les généralités), a qualifié Avenzoar, de plus éminent médecin après Galien. L'influence d'Avenzoar sur la médecine européenne continua à se faire sentir jusqu'au XVIIe siècle, grâce à la traduction de ses ouvrages en latin et en hébreu
Précurseur, sans le savoir il a fait une des premières descriptions de la gale: il décrit le "souab" qui existe sous la peau et dont il sort un animal très petit que l'oeil a de la peine à découvrir. Mais Avenzoar ignore s'il s'agissait du sarcopte ou de poux et attribue la maladie à des altérations humorales. Ainsi il est également un précurseur en parasitologie.
Œuvres écrites
• Son œuvre principal est "Kitab al-Tayssir fil-Mudawat wal-Tadbir" (le livre de la simplification des traitements et régimes), écrit à la demande d'Averroes. Il contient des descriptions de cas cliniques, ainsi sa description de "tumeur (tha'âlîl ) qui apparaît dans l'estomac (sic)" qui survient chez un patient amaigri qui évacue une tumeur de la taille d'une pomme dans ses selles, représente la première observation détaillée d'un cancer du colon.
Il a concentré ses efforts sur la prophylaxie et la thérapeutique et s'est intéressé aux affections cérébrales. Il représente l'un des meilleurs traités de médecine clinique arabe jamais écrits, il renferme des études pertinentes sur les maladies du cerveau et du névraxe, en particulier sur les comas, l'apoplexie, les convulsions, les épilepsies, les tremblements, la migraine, l'hémiplégie, l'hydrocéphalie voire les états démentiels et la catatonie.
Il décrit également le traitement des luxations de vertèbres cervicales.
L'ouvrage fut traduit en hébreu par Giovanni da Padova en 1280, et de là en latin par Paravicini, cette dernière version fut imprimée à Venise en 1490, laissant un profond impact sur la médecine européenne jusqu'au XVIIe siècle. Il existe plusieurs exemplaires de cet ouvrage dans un certain nombre de bibliothèques, notamment la Bibliothèque générale de Rabat, et les bibliothèques de Paris, d'Oxford en Angleterre, de Florence en Italie. En 1991, l'Académie du Maroc procéda à son impression dans le cadre de la série "Le patrimoine", après son authentification et sa mise au point aux fins d'impression par le professeur Mohamed Ben Abdallah Roudani.
• Le deuxième livre "Kitab al-Iqtissad fi Islah Al-Anfus wal-Adjsad" ( Livre sur le réforme des âmes et des corps) fait le bilan sur différentes maladies, thérapeutiques et sur l'hygiène. Il y aborde le rôle de de la prévention sanitaire et de la psychologie dans le traitement, il est abordable par le profane.
• Le troisième livre "Kitab al-Aghdhia" ( Le livre des denrées alimentaires) traite de plusieurs médicaments et de l'importance des denrées alimentaires et de la nutrition et de leurs effets sur la santé.
• Avenzoar est l'auteur d'un excellent "Traité d'Enseignement de la Médecine, de Thérapeutique et de Diététique":
-
Legs d'Avenzoar de Séville
L'influence d'Avenzoar pour l'évolution d la médecine s'est fait sentir pendant plusieurs siècles dans le monde entier. Sa plus grande gloire personnelle est d'avoir été le maître du médecin, juriste et philosophe Averroes