Gaspard-Laurent BAYLE

1774 - 1816

Médecin français

Gaspard Laurent Bayle, venu de Provence à Paris en 1795, suit les cours de Corvisart où il se lie avec Bretonneau et Louis Benoît Guersant. Il a puissamment contribué au progrès de l’anatomie pathologie : il a donné la meilleure description de son temps à des variétés d'infection tuberculeuse.

Gaspard Laurent Bayle est né le 18 août 1774 au Vernet, village des montagnes de la Haute-Provence, dans le département des Basses Alpes. C'est un lieu peu fertile, mais très pittoresque, et remarquable par la variété de ses sites, le nombre et la hauteur de ses montagnes. Sa famille, originaire de la vallée d'Ours, dans le haut Dauphiné, s'était fixée dans ce lieu vers le milieu du XVIe siècle (certains pensent qu'il s'agit du village actuel des Orres dans les Hautes-Alpes). L'épée et la robe étaient les professions suivies par la plupart de ses membres ; elle jouissait d'une assez grande aisance, acquise par les travaux de plusieurs d'entre eux, en particulier de Jessé Bayle, capitaine de cuirassiers dans l'armée d'Henri IV.

Ses parents l'envoyèrent , à l'âge de douze ans au collège d'Embrun où il étudia les mathématiques.

Bayle Gaspard-Laurent
Gaspard-Laurent Bayle

 

Ecclésiastique

Les principes de dévotion dans lesquels ses parents l’avaient élevé lui inspirèrent d’abord le désir de se consacrer à l’état ecclésiastique. En 1790, il entra au séminaire où il fit sa philosophie et sa première année de théologie. Mais au moment où les ordres allaient lui être conférés, il craignit de ne point être assez parfait pour remplir les devoirs imposés aux prêtres, et se décida pour la profession d’avocat, il rentra chez un procureur.

Avocat

Quoiqu’il n’eût encore que dix-neuf ans, ses concitoyens, dont il avait su se concilier l’estime, le nommèrent secrétaire de l’administration du district de Digne. Ce fut en cette qualité que, quand Barras et Fréron parurent dans le Midi, envoyés par la convention nationale, Bayle, chargé de les haranguer au nom de la ville de Digne, eut la noble hardiesse de leur dire qu’ils venaient sans doute pour rétablir l’ordre et la justice dans les campagnes, et que les éloges, les félicitations et les remerciements devant être le prix des services rendus, on attendrait, pour leur en décerner, qu’ils eussent accompli ce dont on les supposait chargés. Le soir il ne montra pas moins de patriotisme et de hardiesse dans la société populaire.

Médecin

Le lendemain, ses parents alarmés le firent partir pour Montpellier, et c’est ainsi qu’il se trouva conduit par hasard à étudier la médecine. Doué d'un talent véritable pour l'observation, il possédait en outre des connaissances littéraires variées, il savait très bien le latin, un peu le grec et l'italien. Mais il avait un goût excessif pour la poésie; il eut le courage d'y renoncer et ne composa plus un seul vers.

La méditation assidue des écrits philosophiques l'avait rendu complétement incrédule, mais la diversité des opinions des philosophes l'embarrassant, il recommença ses études sur la religion, et relut les ouvrages écrits par les antagonistes de la philosophie ; la lecture de Jean-Jacques Rousseau le persuada de l'existence d'un Dieu et de l'immortalité de l'âme ; il crut trouver les preuves du reste dans l'histoire du christianisme, dans les ouvrages des Pères de l'église et dans la Bible. Après deux ans d'examen, il revint à la religion catholique, et en remplit tous les devoirs avecune exactitude rigoureuse, rangeant parmi euxx l'exercice de la médecine. Mais son zèle pour la religion ne le rendit pas intolérent, ce qui fait l'éloge de son caractère.

Ses études terminées à Montpellier, il alla aux armées, revint à Paris en 1798, suivit les cours de l'École de santé de Paris, eut un prix, fut nommé aide d'anatomie, et fut reçu docteur en médecine en 1801. Il répondit avec un rare talent aux objections que lui firent les professeurs, et dès lors on distingua chez lui un homme  d'un mérite peu commun.

On y voit sa son goût impérieux pour la poésie; mais pas seulement, il l'était aussi par des idées religieuses, d'autant plus extraordinaires chez lui qu'elles semblent avoir ét é le résultat d'études et de recherches longues et consciensieuses.

On a droit de s'étonner de voir une crédulité presque puérile chez un homme qui était positif, observateur et qui dans la plupart de ses travaux, se payait si peu par les apparences.

Gaspard Laurent Bayle est reçu au premier concours de l'internat des hôpitaux de Paris du 26 fructidor an X (13 septembre 1802), médaille dor en 1804.

En 1807 il obtint la place de médecin-adjoint de l'hospice de la Charité ; puis en 1808 celle de médecin par quartier de l’empereur Napoléon, et partit en cette qualité pour l’Espagne. De retour en France, il se livra assidûment à la pratique, préférant souvent le pauvre au riche, disant de celui-ci qu'il trouverait facilement un autre médecin, et que le premier ne savait peut-être pas  à qui oser s'adresser. L'augmentation progressive et rapide de sa fortune ne le rendit pas fastueux ; mais il put consacrer une plus grande somme à des actes de bienfaisance, qu'il cachait avec un soin extrême, et que la reconnaissance seuls à révélés.

Il aimait s'entretenir avec des hommes instruits, sur l'histoire, la philosophie, et les évènements politiques, et il était très érudit.

Il conservait toujours une tournure simple, qui contrastait avec sa pénétration extraordinaire et sa profonde connaissance des hommes. Personne ne savait mieux écouter avec attention, et n'était plus capable de donner un conseil dans les circonstances difficiles ; il était recherché de la société, mais on l'y croyait peu, parce qu'il donnait ses journées à la pratique, et la plus grande partie des nuits à ses travaux de cabinet et à sa correspondabnce qui était très étendue.

Son caractère était calme, son jugement droit ; Il paraissait peu sensible, parce que de bonne heure il avait pris l’habitude de réprimer en lui l’élan de toutes les passions.

Sa santé déclina peu à peu : un voyage qu'il fit dans son pays natal, lui fit d'abord éprouver du soulagement ; mais il fut très affecté des évènements de 1815, et mourut avec résignation, consolant sa famille et lui présentant l'espoir d'un avenir éternel, le 11 mai 1816 à l'âge de 42 ans. Il fut inhumé dans la 28eme division du père Lachaise.

 

Il était membre de la Société royale de médecine de Paris, et associé de celle de Montpellier. Observateur excellent, Bayle fut un de ceux qui apprécièrent le mieux l’importance de l’anatomie pathologique, aux progrès de laquelle il a puissamment contribué, en marchant avec éclat sur les traces de Morgagni. On peut lui reprocher de n’avoir pas mis assez d’attention à observer les causes des maladies et la dépendance mutuelle qui lie les affections morbides les unes avec les autres ; mais, à part ce défaut, il n’est aucune de ses productions qui ne mérite d’être lue et méditée avec attention. Les observations qu’on y trouve consignées sont surtout remarquables par l’extrême exactitude qu’il a mise dans la description des maladies. On y rencontre presque à chaque pas des vues profondes, dont plusieurs sont devenues depuis en quelque sorte vulgaires, mais qu’il a émises le premier. Outre divers articles remarquables insérés dans un des journaux de médecine de Paris et dans le Dictionnaire des sciences médicales, il a publié deux ouvrages :

- Considérations sur la nosologie, la médecine d’observation et la médecine pratique, suivies de l’histoire d’une maladie gangreneuse non décrite jusqu’à ce jour, Paris, 1802, in-8°. Cette maladie est la pustule maligne, qui n’avait point encore été décrite avec soin, et dont Bayle a tracé une excellente monographie.

- Recherches sur la phthisie pulmonaire, Paris, 1810, in-8°. Cet ouvrage, riche de faits, est une production du premier ordre, qui a établi la réputation de l’auteur sur des fondements solides. Il y décrit six types de lésions pulmonaires et établit une classification fondée sur les lésions et non plus sur les symptômes. Une critique sévère peut y relever des imperfections, des erreurs, même quelques fautes graves, elle peut surtout se plaindre du laconisme avec lequel est traité tout ce qui concerne les indications curatives ; mais elle doit convenir aussi que nulle part on n’a mieux décrit les traces cadavériques des maladies, ni mieux fait connaître leurs connexions avec les symptômes capables d’en révéler l’existence pendant la vie des malades.

Il rédigea également un Traité des maladies cancéreuses, publié, revu et corrigé par son neveu Antoine Laurent Jessé Bayle (1799-1859) à Paris en 1833.

 

Son neveu Antoine Laurent Jessé Bayle (1799-1859) est médecin et aliéniste. Professeur agrégé et sous-bibliothécaire de la Faculté de médecine de Paris, il fonde en 1824 la Revue médicale et dirige L'Encyclopédie des Sciences médicales.

Sources

- Archives générales de Médecine (Journal complémentaire des sciences médicales par une société de médecins IIe série Tome VI A Paris 1834.