Jean-Baptiste CHARCOT

1867-1936

Médecin et explorateur et océanographe français

Le commandant Jean-Baptiste Charcot, médecin, explorateur des zones polaires, océanographe, est le fils de Jean-Martin Charcot universellement connu pour ses Leçons à la Salpêtrière et initiateur de la neuro-pathologie.

Jean-Baptiste Charcot est né à Neuilly-sur-Seine, le 15 juillet 1867. Fils du professeur Jean-Martin Charcot qui a épousé en 1864 une veuve fortunée, née Laurent-Richard. Il est le deuxième enfant du couple, l'aînée est une fille Jeanne née en 1865. Après une scolarité à l'école alsacienne, il entreprend des études médicales en 1881 et devient lui aussi médecin. Adolescent il passe ses vacances à Ouistreham où il commence son initiation à la voile.

On a parfois reprocher à son père d'avoir contraint son fils à s'orienter vers la médecine alors que sa vocation était la Mer. Bien que n’ayant aucun ancêtre marin, il ne songe, en effet, dès sa prime jeunesse, qu’aux bateaux.

En 1888 il effectue son service militaire dans les chasseurs alpins en qualité de médecin auxiliaire.

Jean-Baptiste fut donc médecin, puis chef de clinique à la Salpêtrière. Après de nombreux voyages avec son père Jean-Martin Charcot (Pays de Galles, îles Shetland, îles Hébrides, îles Féroé, en Islande, Jan Mayen, Hollande, Espagne et Maroc), Jean-Baptiste achète son premier yacht en 1892, le "Courlis" avec lequel il apprend à régater.

Ce n'est qu'à la mort de son père, en 1893, qu'il s'engagea progressivement dans cette vie qu'il avait rêvée étant enfant, l'exploration maritime et l'océanographie, en utilisant la fortune laissée par son père, il se fait construire son premier Pourquoi-Pas?, un cotre de 19,50 m avec lequel, l'année suivante, il effectue une croisière de deux semaines. Il devint rapidement un spécialiste célèbre des mers polaires.

En 1896, il épouse la petite-fille de Victor Hugo, Jeanne Hugo, elle-même divorcée de Léon Daudet.

La même année il revend son bateau qu'il remplace par une belle goélette en bois de 26 m de long qui devient le "Pourquoi-Pas? II" . L'année suivante en 1897, il change à nouveau de bateau, pour une goélette en fer de 31 m, avec moteur à vapeur, le "Pourquoi-Pas? III" avec lequel en 1898, en compagnie du milliardaire Vanderblit, il remonte le Nil jusqu'à Assouan.

En 1899, séduit par les modifications et les améliorations apportées par le propriétaire intermédiaire, il rachète son ancienne goélette, le "Pourquoi-Pas ? II", et va croiser dans les eaux britanniques.

En 1902, il voyage vers l'Islande et franchit pour la première fois le cercle polaire arctique et approche les glaces. Il devient officier de marine.

Première mission en Antarctique (1903-1905)

En 1903, Charcot lance la construction à Saint-Malo d'un trois-mâts goélette de 32 m, 245 tonneaux à vide, baptisé le "Français" et part le 31 août, pour la première expédition française en Antarctique qui hiverne en 1904 sous le vent de l'île Wandel. Le commandant avait tenu à fêter dignement au Champagne, avec une bouteille barrée de son cordon rouge, le 14 juillet près de son bateau pris par les glaces.

En 1905, il cartographie la péninsule antarctique, au sud du Chili (1000 km de côtes nouvelles reconnues et relevées, 3 cartes marines détaillées, 75 caisses d'observations, de notes, de mesures et de collections destinées au Muséum  d'Histoire Naturelle de Paris).

C'est ainsi qu'après avoir parcouru des milliers de kilomètres le long des côtes australes ses travaux océanographiques permirent d'établir de nouvelles cartes marines (il dresse la carte des côtes de la Terre de Graham et effectue une reconnaissance plus au sud). Il doit malheureusement abandonner son navire, hors d'état de naviguer après un "talonnage sur un récif à fleur d'eau . Il le revend à Buenos Aires et rentre en France à bord d'un paquebot. Là, il apprend que sa femme a demandé et obtenu le divorce... pour abandon du domicile conjugal ! Mais l'explorateur qui s'était installé chez sa sœur avec sa fille Marion, se remarie en janvier 1907 avec Marguerite Cléry, une artiste peintre, qui l'accompagnera souvent dans ses voyages. Il obtient assez de subventions pour armer un nouveau navire le "Pourquoi pas ? IV" bateau d'exploration polaire de 40 mètres, 445 tonnes, 825 tonneaux, un moteur auxilliaire de 550 chevaux. Sa nouvelle femme en est la marraine et le président Paul Doumer le parrain.

«Pourquoi pas ?»
Le curieux nom de ce navire d'explorations polaires vient de ce que, dans son enfance, le commandant Jean-Baptiste Charcot répondait "pourquoi pas ?" à ceux qui doutaient de sa volonté de devenir marin et explorateur des terres polaires.

Deuxième expédition Antarctique française (1908-1910)

Charcot JB

A bord du "Pourquoi pas ? IV" il quitte le Havre le 15 août 1908, hiverne à l'île Petermann il complète ses documents cartographiques, atteint la terre Alexandra et découvre l’île qui portera son nom (la Terre de Charcot). De retour en France en juin 1910, JB Charcot a été affaibli par le scorbut. Il revient avec uyne moisson considérable [des mesures océanographiques (salinité, sondage), des relevés de météorologie, une étude des marées, une étude du magnétisme, des collections de zoologie et de botanique confiées au Muséum et à l'Institut Océanographique de Monaco et le relevé cartographique de 2 000 km de côtes].

En 1912, le "Pourquoi pas ? IV" devient navire école de la marine.

Missions en tant que militaire

Avec la première guerre mondiale, de 1914 à 1918, Jean-Baptiste Charcot est d'abord mobilisé comme médecin de marine de première classe et affecté à l'hôpital de Cherbourg.

En juillet 1915, il obtient de l'Amirauté anglaise, le commandement d'un navire spécialement étudié et construit par les Anglais pour la chasse aux sous-marins.

En 1916, il réussit à convaincre la Marine militaire française de construire à Nantes trois cargos-pièges pour la lutte anti-sous-marine, avec des équipages déguisés en marins de commerce. Affecté au commandement du premier construit "La Meg", il bourlingue pendant deux ans le long des côtes bretonnes et normandes. Charcot termine la guerre avec les Croix de Guerre anglaise puis française et une citation à l'ordre de l'Armée pour ses actes de courage.

De 1918 à 1925, Charcot, monte dans la hiérarchie des grades : enseigne de réserve, lieutenant de vaisseau, capitaine de corvette, il est finalement nommé capitaine de frégate en 1923. Durant cette période, il effectue avec son navire le "Pourquoi-Pas? IV" des missions scientifiques dans le golfe de Gascogne, en Manche, dans l'Atlantique nord, en Méditerranée et aux îles Féroé, principalement pour des études de lithologie et de géologie sous-marine au moyen de dragages, dont Charcot a mis au point le matériel et les méthodes.

Chef des missions polaires françaises

La paix lui permit de reprendre ses explorations. De 1920 à 1936, il effectue un grand nombre de croisières scientifiques qui le mèneront aussi bien vers les îles Hébrides que vers les côtes orientales du Groenland (1925-1936).

À partir de 1925, atteint par la limite d'âge, il perd le commandement du navire, mais demeure à bord en qualité de chef des missions. Mais en 1926, se voit reconnu par son élection à l'Académie des Sciences, Charcot reçoit le prix Albert de Monaco, avant d’être reçu en 1929 au Bureau des Longitudes et à l'Académie de Marine .

En 1928, il participe aux recherches de l'hydravion perdu en mer à bord duquel se trouvait le norvégien Roald Amundsen (le premier homme à atteindre le pôle sud).

En 1934, 1935, 1936, le Pourquoi pas? transporte les missions polaires de Paul-Emile Victor au Groenland.

Le Pourquoi Pas ? au Hâvre
Le Pourquoi pas ? IV sortant du Havre


En 1936, A 69 ans, Charcot prépare ce qu'il pensait devoir être son dernier voyage: "Le Pourquoi pas? IV est vieux, moi aussi, et puis surtout, tout le monde s'en fout." Le but de la mission était d'aller chercher les membres de l'expédition Paul-Emile Victor au Groenland.

Sombrage du "Pourquoi pas ? IV "

De retour du Groenland, le bateau fait escale en Islande. Le 16 septembre 1936 au matin, le navire océanographique du Docteur Jean-Baptiste Charcot sombre près des côtes islandaises, après une tempête qui aura duré douze heures, le Pourquoi pas ? se brise sur des récifs au large de l'Islande, non loin de Reikjavik. Jean-Baptiste Charcot et ses 39 équipiers disparaissent dans le naufrage auquel un seul matelot réchappera, le Maître Timonier Gonidec. Une cérémonie funèbre se déroulera d'abord à Reykjavik, puis à Saint Malo (port d'attache du Pourquoi pas? ) après l'arrivée des 23 cercueils, enfin les naufragés auront des funérailles nationales à Notre-Dame de Paris, le 12 octobre 1936, en présence du Président Lebrun. Jean-Baptiste Charcot est enterré au cimetière Montmartre à Paris.

C’est à Saint-Malo, où les corps furent rapatriés, que s’exprima une véritable ferveur populaire pour cet homme juste, infatigable serviteur de la science. Un homme qui, durant toute sa vie, jusqu’à une mort légendaire, est resté fidèle à son principe de jeunesse : "faire œuvre utile".
Le grand explorateur anglais Scott sut décrire ce caractère par une épithète lapidaire et élogieuse :
"Charcot : the Polar gentleman".

Publications:
- Le "Français" au pôle Sud (1906),
- Le "Pourquoi-Pas?" dans l’Antarctique (1911),
- Autour du pôle Sud (1912, 2 vol.),
- Christophe Colomb vu par un marin (1928),
- La Mer du Groenland (1929).