Gabriel Fallope est né à Modène vers 1523. A la suite de quelques déboires professionnels initiaux sur lesquels nous manquons de précisions, il quitta sa ville natale pour se rendre à Ferrare, à Pise puis il suivit les cours de Vésale à l'Université de Padoue, avant de lui succéder à sa chaire. Gabriel Fallope enseigna l'anatomie et la chirurgie à Pise, puis à l'université de Padoue de 1548 jusqu' à sa mort. Fallope est également célèbre en tant que botaniste et sera nommé, en 1551, surintendant du jardin botanique de Padoue. Son activité de recherche et d'enseignement fut entrecoupée de plusieurs voyages, notamment à Rome où l'appela Jules II, en France où il eut à soigner François II, et en Grèce. Ce "grand inventeur infatigable" comme devait l'appeler deux siècles plus tard le célèbre médecin et anatomiste suisse von Haller, n'a publié qu'un seul ouvrage : "Observationes anatomicae" paru à Venise en 1561, un an seulement avant sa mort. Plusieurs opuscules posthumes furent imprimés par la suite, grâce aux soins de ses élèves.
Anatomiste
Ses travaux approfondis sur l'anatomie de la tête ont été particulèrement féconds:
- description de la vascularisation cérébrale et méningée, des os sphénoïde et ethmoïde, des nerfs moteurs d l'œil;
- découverte du nerf pathétique, identification des branches du nerf trijumeau, étude complète du nerf auditif et de la structure de l'oreille interne;
- découverte du labyrinthe, des canaux semi-circulaires, du limaçon, de la corde du tympan, de "l'aqueduc" destiné au trajet intrapétreux du nerf facial;
- observation minutieuse des muscles auriculaires, oculaires, occipitaux, faciaux et pharyngo-palatins, des canaux lacrymaux, des arches dentaires, de leurs vaisseaux et de leurs nerfs…
- Fallope a en outre signalé ou précisé de nombreux détails concernant les artères carotides et les veines jugulaires, les muscles du larynx et de l'abdomen, le ligament ilio-pubien, les épiphyses osseuses et les cartilages de conjugaison, les voies biliaires, urinaires et spermatiques, le sphincter vésical, la vascularisation du pénis, les ligaments ronds, les trompes, qu'il appela "meatus seminares… vel tubae", et le clitoris dont il fait la première description en 1562, (omission induite jusque là par les tabous religieux), l’audace est cependant mesurée, car les fonctions érogènes de l’organe sont passées sous silence.
- Fallope est surtout connu en anatomie et physiologie humaines pour ses découvertes puisqu'il a donné son nom à certaines parties du corps humain.
- l'appareil sexuel féminin et, notamment, sa description des oviductes ou trompes utérines, structures qui, chez les mammifères, portent aujourd'hui son nom : les trompes de Fallope.
- le ligament de Fallope qui est l'arcade crurale
- l'aqueduc de Fallope, canal permettant le passage du nerf facial, situé dans l'oreille interne. Il est en outre un des premiers a diagnostiqué des maladies des oreilles à l'aide d'un spéculum auriculaire.
Gabriel Fallope est, après Vésale, le plus illustre artisan de la nouvelle anatomie.
Chirurgien
Loin de se limiter à la seule anatomie, il a apporté sa contribution à la technique chirurgicale dans le traitement des ulcères et des tumeurs, dans celui des luxations, dans les ligatures vasculaires. Son activité dans le domaine de la médecine dite "interne" n'a pas été moins remarquable, puisqu'il eut le mérite de mettre en évidence l'unité anatomo-pathologique des différentes manifestations de la syphilis qui sévissait à son époque et dont il a abordé avec succès la thérapeuthique et la prophylaxie.
Première publication du préservatif
C'est Gabriel Fallope qui est l'inventeur du "fourreau d'étoffe légère, fait sur mesure, pour protéger des maladies vénériennes". Il a aussi conduit des essais sur 1.100 hommes utilisant le préservatif, aucun de ces hommes de Naples n'ayant été infecté par la "carie française" ou syphilis.
En 1564, la première publication connue concernant la description d'essais d'utilisation de préservatifs prophylactique est publiée sous le nom de "De morbo gallico". Gabriel Fallopius, meurt deux ans avant la publication de son texte.
"De morbo gallico", dans le chapitre consacré à la "préservation contre la carie française" (la syphilis), mentionne à propos de cette invention: "Demum cum coiverit ponat supra glandem et recurrat praeputium", phrase que l'on traduit souvent par "Seulement lorsqu'il aura des rapports, qu'il le place sur le gland et fasse revenir le prépuce".
Mais de nombreux latinistes ont fait remarquer que "coiverit", futur antérieur, ne saurait se traduire que par "aura eu des rapports", et voilà donc notre premier préservatif devenu une simple compresse hygiénique, à utiliser "après coup", comme le futur pro-kit américain. Quoi qu'il en soit, cette invention baptisée "gant de Vénus" par Shakespeare, peu fiable tant dans son étanchéité que dans son maintien, fut, semble-t-il, rapidement abandonnée et un certain Ranchin, au début du XVIIe siècle, préfère donner ces conseils pleins de bon sens :
"Mieux vaut que l'on ne séjourne pas trop longtemps avec une femme gastée et que l'on soit diligent à laver et sécher le membre, car si l'on s'y endort longuement, il n'y a plus de remèdes. Enfin, le membre doit être droit et non pas mol et flasque, pour ce que, autrement, il boit l'infection comme une éponge et tout devient inutile".
Gabriel Fallope est mort à Padoue en 1562.
Ce médecin complet, surnommé l'Esculape de son siècle, s'est intéressé à toutes les branches de la médecine nouvelle et a su conjuguer admirablment les remarquables dons d'observation et d'intuition dont il était doué.
Œuvres:
- Observationes anatomicae, Venise, 1561, et divers opuscules réunis sous le titre de Opera tam practica quam theorica, Venise, 1584, et Francfort, 1600, 3 vol. in-fol.