Joseph Lister est né le 5 avril 1827 à Upton dans le comté d'Essex en Angleterre, dans une famille Quaker. Il est le fils de Joseph Jackson Lister, distillateur et co-inventeur de lentilles achromatiques pour microscopes. Il fut écarté des universités d'Oxford et de Cambridge ainsi que de King's College en raison de ses croyances religieuses non-conformistes (Quaker). L'Université de Londres était la seule grande institution qui ouvrait ses portes aux Quakers. Il fait donc ses études de médecine. En 1852 il est diplômé par "University College" de Londres, avec le grade de "Bachelier en Médecine". Il reçut l'influence de l'ophtalmologiste Wharton Jones et du physiologiste William Sharpley.
En 1853, il se rend à Edimbourg, et commençe sa carrière en étudiant la coagulation du sang, les inflammations post-traumatiques, les problèmes liés à la gangrène ainsi que les soins à donner aux plaies chirurgicales. Lister était naturaliste et micrographe avant d'être chirurgien, mais ayant épousé en 1854 la fille du chirurgien James Syme d'Edimbourg il se lance dans la chirurgie. En 1860, il est nommé Professeur de chirurgie de l'Université de Glasgow. Là, il est à la tête du service des amputations de l'hôpital, il constate avec effroi les ravages de la gangrène sur les fractures ouvertes et ne manque pas d'être impressionné par les désastres opératoires qu'il observe autour de lui : le taux de survivants ne dépasse pas 60%. C'est à Glasgow qu'il développa le concept d'antisepsie chirurgicale.
En 1865, Lister découvre la "théorie des germes" formulée par le bactériologiste français Louis Pasteur, dont les expériences révélèrent que la fermentation et la putréfaction étaient provoquées par des micro-organismes vivants en contact avec des matières organiques. Joseph Lister fut l'admirateur et l'ami de Pasteur qui n'a cessé de lui rendre hommage: "Quand les recherches de Pasteur eurent montré que l'atmosphère était septique, non à cause de l'oxygène ou autre constituant gazeux, mais du fait d'organismes minuscules qui s'y trouvent en suspension, j'eus l'idée qu'on pouvait éviter la décomposition des régions blessées sans supprimer l'air, en leur appliquant comme pansement une substance capable de détruire la vie des particules flottantes." Il en conclut que l'apparition du pus dans une plaie n'est pas un facteur de cicatrisation, comme on le croyait alors, mais une preuve de la mortification des tissus (gangrène). Mais à la différence de Pasteur, Lister ne pouvait pas "faire bouillir" ses patients pour éliminer les germes.
En 1867, il devint professeur au King's College à Londres durant 15 années.
Mais convaincu par les travaux de Pasteur que les accidents des plaies sont dus aux germes déposés par l'air, il a l'idée de recourir à l'acide phénique pour détruire ces germes. En effet il avait pris connaissance d'un article d'hygiène publique, publié dans un journal, qui informait de l'utilisation d'une nouvelle invention allemande - à base d'acide phénique - pour traiter les champs d'épandage municipaux. Quand le produit était répandu, les odeurs d'égouts disparaissaient et le bétail qui paissait alentour n'était pas affecté. Lister décida donc d'essayer de traiter ses patients avec le même produit sous forme de créosote (phénol). En 1865 Lister reçut à l'hôpital tour à tour deux patients:
- d'abord, Charles Cobb qui présentait une fracture ouverte de cuisse pour lequel Lister décida de ne pas opérer mais de couvrir la plaie de compresse imbibée d'une solution phéniquée. Au grand étonnement de ses collègues, il n'y eut pas de complications et le patient a été sur pied, fracture consolidée en trois mois.
- puis, quelques mois plus tard le jeune James Greenless, âgé de 11 ans, présentait une fracture complexe à la suite d'un accident de circulation. Sa blessure fut nettoyée à l'aide de compresses imbibées également d'une solution phéniquée. L'adolescent fut sur pied au bout de six semaines.
Avant les expériences de Lister, les patients atteints de fractures ouvertes des membres développaient une sévère infection avec constitution d'un pus abondant et mourraient fréquemment. Si le chirurgirn dédidait d'opérer (c'est à dire d'amputer), le taux de mortalité était autour de 40%.
Lister publia les résultats de ses premiers essais réussis en 1867 dans le "Lancet" sous le titre: "Le principe de l'asepsie dans la pratique de la chirurgie". Les couches de gaze trempées dans la solution phéniquée - appelé traitement de Lister - devint bientôt la référence pour le monde entier.
Lister en fait aussitôt l'application à la chirurgie opératoire et il voit ses malades guérir également sans suppuration à la suite d'opérations de hernies et d'amputations de jambes, ce qui ne se voyait jamais à cette époque; de plus, rien que pour les amputations, en traitant les blessures mais aussi les instruments et les blouses au phénol, Lister parvint en 1869 à réduire le taux de mortalité opératoire de 60 à 15%. C'était le pansement phéniqué, dont les résultats étaient déjà merveilleux. En 1870 il y ajoute, pendant l'opération, des pulvérisations phéniquées dans la salle d'opération et sur le personnel, ce qu'il appelle le "spray", ainsi que l'emploi de gaze phéniquée pour les pansements, de catgut phéniqué pour les ligatures vasculaires et de drains de caoutchouc phéniqués pour le drainage des plaies et voilà que dorénavant il voit disparaître de son service la pyohémie, l'érysipèle et la pourriture d'hôpital, autrement dit tous les grands fléaux de la chirurgie.
Les quelques chirurgiens qui tentèrent d'appliquer sa méthode n'ayant pas une idée assez claire de la façon de procéder, continuèrent d'avoir de mauvais résultats, en particulier de la gangrène.
En 1871 il fut appelé au château de Balmoral par l'entourage de la reine Victoria pour soigner un abcès de l'aisselle de la reine. Il obtint la guérison après incision et drainage par un tube caoutchouté imbibé de solution phéniquée. La même année, il annonce ces résultats sensationnels et publie la technique de sa méthode lors de la séance annuelle de la British Medical Association. En France cette méthode sera reprise par Just Lucas-Championnière qui s'était rendu auprès de Lister dès 1869. A son retour il raconta ce qu'il avait vu, mais ne su pas convaincre les chirurgiens parisiens, ce qui aurait permis d'éviter les désastres chirurgicaux entraînés par la guerre de 1870. Et poutant Lister avait publié une brochure de quatre pages intitulée "A Method of Antiseptic Treatment Applicable to Wounded Soldiers in the Present War." Mais cet article ne reçut pas la publicité suffisante permettant d'agir, sur le terrain, sur les plaies de guerre. Les pertes de guerre furent horribles. Les taux de mortalité obtenus par les chirurgiens militaires français étaient autour de 75% et plus. Officiellement il y eut 10.006 morts sur 13.173 soldats blessés qui subirent des amputations, qu'il s'agisse de fracture des membres, des doigts ou des orteils. C'est en 1874 qu'il mît en pratique cette méthode qui donna d'excellent résultats, il fut suivi par les accoucheurs Stéphane Tarnier et Paul Bar. La première application de l'antisepsie sur une grande échelle a été l'oeuvre du chirurgien germano-esthonien Ernst von Bergmann, au cours de la campagne russo-turque de 1877-1878. Les découvertes de Lister sur l'antisepsie (anti-infection) furent d'abord accueillies avec scepticisme, mais, dans les années 1880, elles étaient acceptées par tous.
En 1883 Lister fut fait baron Lister of Lyme Regis par la reine Victoria et fut le premier médecin à accéder à la pairie en 1897.Nous devons mentionner ici que l'antisepsie avait été entrevue dès 1847 par Ignace-Philippe Semmelweis alors assistant à la maternité de Vienne, à l'occasion de ses observations sur l'origine de la fièvre puerpérale. Elle avait également retenu l'attention de Holmes, gynécologue à Boston. En 1891 il fut l'un des fondateur de l'Institut Anglais de Médecine Préventive, copié sur le modèle de l'Institut Pasteur de Paris.
En 1892, Lister était présent à Paris dans le grand amphithéâtre de la nouvelle Sorbonne pour fêter les 70 ans de Pasteur, à l'initiative des Professeurs Bouchard et Guyon, pour lui apporter l'hommage de l'humanité reconnaissante. Lister apparaît être un héros malheureux. Affectueusement appelé "the Chief" par son staff et ses étudiants, il était timide, de petite taille, réservé, bègue, sans aptitudes oratoires, mais proches et affectueux avec ses patients et scrupuleusement honnête.
Lister meurt le 10 février 1912 à Walmer dans le Kent. Il eut la chance de constater le résultat de son travail de son vivant. Il était sans doute une "légende vivante".
Les opérés, de la chirurgie humaine ou vétérinaire, ont une dette envers Lister pour sa contribution à l'asepsie chirurgicale afin de combattre l'infection post-chirurgicale et la mortalité post-opératoire.
"I am a believer in the fundamental doctrines of Christianity"
Honneurs et qualifications:
• 1852: Awarded Batchelor of Medicine (MB), University of London
• 1852: Awarded Fellowship of the Royal College of Surgeons (FRCS)
• 1860: Elected Fellow of the Royal Society
• 1860-1869: Appointed Professor of Surgery, University of Glasgow
• 1869-1877: Appointed Chair of Clinical Surgery, University of Edinburgh
• 1877-1892: Appointed Chair of Clinical Surgery, King's College, London
• 1878: Appointed Surgeon in Ordinary to Queen Victoria
• 1880: Awarded Honorary Doctorate, University of Cambridge
• 1880: Awarded Honorary Doctorate, University of Oxford
• 1881: Awarded Boudet Prize
• 1883: Awarded Baronetcy of Lyme Regis
• 1885: Awarded Prussian Honour "pour le mérite"
• 1893: Elected Foreign Secretary, Royal Society
• 1894-1900: Elected President of the Royal Society
• 1896: President, British Association for the Advancement of Science
• 1902: Awarded Order of Merit