Sa vie
Charles Gabriel Pravaz, est né à Pont-de-Beauvoisin (Isère), petite ville située aux confins de la Savoie et du Dauphiné, le 24 mars 1791. D'abord élève de l'Ecole polytechnique, il quitta cette école en 1815 à la suite du décès de sa mère de tuberculose et se consacra à la médecine. Reçu docteur en 1824, il observe des déviations vertébrales chez des jeunes filles en Institution, c'est sans doute ce qui a décidé de son orientation vers l'orthopédie médicale en même temps qu'il transforme l'institution en Clinique Orthopédique renommée. En 1829, il fonde avec J. Guerin l'Institiut Orthopédique du Château de la Muette à Passy. Il ouvre en même temps une succursale à Lyon, au pied de la colline Sainte Foy, et après sa séparation avec Guerin, dès 1835 il résidera exclusivement à Lyon pour s'occuper de l'Institut Orthopédique et Pneumatique Bellevue.
Charles-Gabriel Pravaz était modeste, dévoué à ses patients et généreux envers les malheureux. Son travail acharné, son ingénuosité, pour concevoir et développer des appareils et la rigueur de ses expérimentations cliniques, expliquent ses succès ainsi que la jalousie de ses collègues, en particulier parisiens, qui témoigneront en permanence de suspicion et d'incrédulité à son égard.
Son œuvre
Son œuvre fut abondante et consacrée à deux thèmes principaux ( en dehors de la seringue).
1- La scoliose, pour laquelle il fit plusieurs publications. en 1827 : "Méthode nouvelle sur le traitement des déviations de la colonne vertébrale" suivi de "La gymnastique appliquée aux traitements de quelques maladies constitutionnelles". On trouve dans ses écrits les principes de rééducation encore d'actualité et leur mise en application dans son Institut à Lyon : la "Balançoire orthopédique", un système d'extension vertébrale, une piscine et un système de bains d'air comprimé.
2- La luxation de hanche, après un échec, il renouvelle son expérience en s'entourant du contrôle de sommmités médicales reconnues. Après réduction, une traction fut maintenue pendant deux ans, sur un patient âgé de 7 ans; et le malade fut considéré comme guéri. Pravaz en fit communication à l'Académie Royale de médecine. Après avoir traité une vingtaine de patients entre 1834 et 1846, Pravaz publie un "Traité théorique et pratique des Luxations congénitales du fémur". Les principes de ces guérisons étaient bons, mais il n'y avait pas de preuve radiologique. Aussi les orthopédistes "modernes " pensent que Pravaz n'avait pas obtenu de véritable réduction mais qu'il avait plutôt transformé une luxation postérieure haute en luxation postérieure appuyée, ou au mieux en subluxation. (Dr Laurent Nové-Josserand).
Pravaz n'ayant pas d'élève, sa méthode fut abandonnée et son Institut fermera. Il faudra attendre 50 ans pour que de nouvelle méthodes soient tentées (réduction extemporanée et traction continue).
La seringue hypodermique
En 1841, Pravaz conçut et fit fabriquer par les Établissements Charrière une seringue en argent de 3 cm de longueur et 5 mm de diamètre, destinée à injecter dans un anévrysme du perchlorure de fer coagulant. Le piston avançait en se vissant, permettant ainsi le contrôle de la quantité de substance injectée. Pravaz n’expérimenta que peu ou pas, sa seringue chez l'homme. C’est le chirurgien L. J. Béhier qui la dénomma "appareil ou seringue de Pravaz" et en popularisa l’utilisation en Europe.
L'ancêtre de cette seringue est l'instrument mis au point par le chirurgien français Dominique Anel (1679-1730) au début du XVIIIème siècle, sur le modèle des seringues à lavement (de l'italien Marco Gatenaria, puis de Reinier de Graaf). Cet instrument, beaucoup plus petit, était un tube en argent à piston coulissant, dont le corps se terminait par un embout sur lequel pouvaient être vissées différentes canules, sondes ou aiguilles.
Pravaz est mort à Lyon le 24 juin 1853, à 62 ans, il est enterré à Sainte-Foy-lès-Lyon. Dans son éloge funèbre un contemporain disait de lui : "Il joignait le corps d'un athlète à l'âme d'un sage…Il a décharlatanisé l'orthopédie en l'arrachant aux rebouteux…"