Né en 1693 à Lombez dans le département du Gers, en Gascogne, de parents protestants, son père Jean-Bernard Sénac est avocat au parlement et juge seigneurial d'Aux, sa mère, Marie Corrégé, est fille et petite-fille de notaires.
Nous savons peu de choses sur la première moitié de la vie de Sénac. Il a passé son enfance à Aries, près de Castelnau-Magnoac, le village de sa mère, il semble d'après Grimm, s'être consacré à des études théologiques au collège des Jésuites d'Auch en 1707 et 1708, avant de s'orienter vers la médecine.
Il se peut qu'il ait fait l'apprentissage du métier de chirurgien avant d'apprendre la médecine. Ce qui paraît certain, c'est que toutes ses études médicales se sont déroulées à l'étranger, à l'Université de Leyde en Hollande d'abord, puis à Londres où il a été l'élève (c'est le seul point qui soit tout à fait sûr) du médecin John Freind (1675-1728), l'un des plus connus parmi les disciples du grand Newton (1642-1727).
En 1721, il épouse à Blaye, sur les bords de la Gironde, Marie-Thérèse Tanet, fille d'un commerçant, dont il eut deux fils et une fille. Son fils aîné, Jean de Sénac fut fermier général pendant dix-huit ans. Sa fille Thérèse a épousé en 1752 François Imbert, professeur à l'Université de médecine de Montpellier. Son fils cadet, Gabriel Sénac de Meilhan a suivi une carrière administrative, publiciste, est considéré comme l'un des trois meilleurs romanciers et historiens de la fin du XVIIIe siècle.
Médecin provincial probablement de Montpellier, mais certains de ses biographes disent qu'il était docteur de Rheims, un autre dit qu'il dut se faire recevoir docteur de Paris quand il voulut exercer en cette ville.
Il vient à Paris à l'âge de trente ans (1723) avec la ferme intention d'y réussir. Pour ce faire deux moyens s'offrent à lui: les travaux personnels et la participation aux polémiques médicales.
En s'attaquant ainsi aux médecins en vue, Sénac récolte à la fois la célébrité mais aussi nombre d'ennemis. Grimm et d'Argenson étaient de ceux-là, aussi leurs témoignages sur Sénac, nombreux et durs, doivent être nuancés.
En décembre 1723, il est nommé sur la recommandation de deux savants médecins, Duverney (1648-1730) et Winslow (1669-1760), adjoint anatomiste à l'Académie royale des sciences.
En 1723 et 1724 il publie coup sur coup deux ouvrages
- un "Nouveau Cours de chymie, suivant les Principes de Newton et de Stahl (cet ouvrage selon certains serait un recueil des conférences de C.J. Geoffroy et de G.F. Boulduc.)
- une traduction annotée de l' "Anatomie de Heister avec des essais de physique sur l'usage des parties du corps humain et sur le mEcanisme de leurs mouvements.
Malgré les intrigues Sénac sut cependant gagner l'estime et l'amitié des Grands du royaume puis celle de Louis XV qui en fit son premier médecin, reportant sur lui, semble-t-il, les sentiments qu'il avait eu pour Maurice de Saxe dont Sénac avait été le médecin. En effet, Sénac est nommé successivement:
• Médecin de la Maison Royale des Dames de Saint-Cyr et de l'hôpital Royal de la Charité de Versailles en 1733;
• Médecin consultant du Roi en 1738 en considération des services que le Sieur Sénac, médecin de Sa Majesté pour les ville et charité de Versailles et médecin de ses armées en Flandres, a rendus et continue de rendre avec autant de zèle et de désintéressement, premier médecin du duc d'Orléans enfin.;
• Censeur royal pour la lecture des livres de sciences naturelles, de chimie et de médecine en 1741;
• Capitoul de Toulouse en 1744 (charge qui vaut anoblissement puisqu'elle donne la noblesse héréditaire).
En même temps, il poursuit ses communications à l'Académie des Sciences ainsi que ses publications:
- un "Discours sur la méthode de Franco et sur celle de Raw", touchant l'opération de la taille, en 1727,
- une préface à la traduction française de "l'Histoire de la médecine de Freind", son ancien maître, en 1728,
- des "Lettres sur le choix des saignées" en 1730,
- un "Traité des causes des accidents et de la cure de la peste" en 1744,
Puis, en 1745 il devient le médecin du maréchal Maurice de Saxe, commandant de l'armée royale en Flandres, sur lequel il pratique une double paracentèse du péricarde, qu'il suit dans ses campagnes et assiste au moment de son agonie, à Chambord, en 1750.
Mais la gloire de Sénac ne se limite heureusement pas à celle d'avoir porté le titre de médecin du roi. Elle est née de son œuvre même. Les temps étaient mûrs pour une synthèse générale des notions acquises. En effet Sénac étudia les lésions du cœur aussi bien qu'on pouvait le faire avant l'auscultation. Le pouls est alors le seul moyen d'investigation et des compilations sans intérêt à son sujet encombrent la médecine. Malgré cela, Sénac tire la cardiologie du chaos et bien que dans cette voie il ait eu d'illustres précurseurs tels Richard Lower à Londres et Vieussens à Montpellier, il est souvent cité comme fondateur de cette discipline.
En 1750, son "Traité de la structure du coeur, de son action et de ses maladies" est considéré comme une somme d'observations pertinentes qui, alliée à la clarté, la prudence et la modestie lui permet de faire le point sur la cardiologie et de faire oeuvre de novateur et d'homme de science. Il contient notamment une bonne étude des arythmies, de la dyspnée, des hémoptysies et des oedémes d'origine cardiaque.
Jacques Poulet dit de lui qu'"il faut retenir à son actif le fait d'avoir montré que les affections cardiaques possédaient en commun un cortège fonctionnel et d'avoir insisté sur la latence clinique de nombre de ces affections." Ainsi il fut le premier à reconnaître la gêne respiratoire et l'œdème des jambes comme des symptômes significatifs.
Avec beaucoup de clairvoyance, Sénac subordonne le développement futur de cette spécialité à la découverte de nouveaux moyens d'investigations.
- Premier Médecin du Duc d'Orléans en 1751, il devient premier médecin de Louis XV le 15 avril 1752, à la mort de Chicoyneau.
- il guérit le dauphin de la variole, soigne Mme de Pompadour et lors de l'attentat de Damien, proclame la bénignité de la blessure.
- Conseiller ordinaire du roi et Surintendant des Eaux et Fontaines Minérales et Médicinales du Royaume, il est aussi ministre de la Santé
- Membre de la Société Royale de Nancy
Jean Sénac meurt à Versailles le 20 décembre 1770.