TROTULA de Salerne (Trotula di Ruggerio)

? - 1097

Obstétricienne du XIe siècle

Trotula était une femme médecin de l'école de Salerne ; on lui attribue plusieurs ouvrages traitant de la santé des femmes regroupé sous le nom de "Trotula".

"Sapiens matrona, mulier sapientissima"
(Sage-femme expérimentée, femme très savante).

Ecole de Salerne

Au XIe siècle, un des plus grands centres médicaux au monde se trouvait à Salerne en Italie méridionale, au sud-est de Naples qui attirait les médecins de toute l'Europe. C'était une station climatique dans un golfe aux eaux tranquilles, pourvue d'un hôpital où affluaient les malades originaires de Rome. C'était aussi un port pour les bateaux venus de Sicile et d'Orient, où les Croisés venaient soignés leurs maladies et leurs blessures. De nombreux étudiants issus de tute l'Europe accoururent vers cette ville, appelée "civitos hippocratica" . La pratique de la chirurgie y était libre et laïque. Trotula

Vers la fin du XIe siècle, Constantin l'Africain apporta à Salerne les traductions des auteurs arabes en latin et y introduisit les doctrines galèniques. C'était la première Université non religieuse dans laquelle on pouvait étudier librement des textes grecs, arabes et juifs.

Beaucoup de femmes furent autorisées à venir y étudier et y enseigner à côté des hommes, et l'une d'entre elles devint célèbre non seulement de son vivant mais pendant des siècles après sa mort. Cette femme est connue sous le nom de "Trotula di Ruggerio" ou simplement "Trotula".

Certains (en particulier Carl Sudhoff) contestent son existence. Pour d'autres il ne s'agirait pas d'un personnage légendaire mais bien d'une sage-femme experte, sans doute l'épouse du célébre médecin Platearius l'Ainé, médecin salernitain qui vécut après l'an mil, auquel elle aurait donné deux fils, eux aussi connus comme maîtres de l'école de Salerne. On dit d'elle qu'elle fut l'une des plus belles femmes de son temps et qu'en 1097 son cortège funèbre atteignit une longueur de plus de trois kilomètres.

De son vivant elle aurait exerçé la médecine et enseigné à l'Ecole de Salerne. Elle était connue comme "sapiens mulier de magistra" la sage femme professeur. Trotula dirigea pendant un certain temps l'école de Salerne, qui fait exceptionnel pour une femme occupa la chaire de médecine.

Constantin l'Africain l'a décrite lors de l'exécution d'une césarienne pour sauver la vie d'un enfant et elle-même a fait la description d'une intervention de réparation d'un périnée endommagé après un accouchement.

Elle s'intéresse plus particulièrement aux problèmes de son sexe et préconise une majorité de remèdes à base de plantes médicinales, d'épices et d'onguents.

Notoriété de Trotula

Du XIIIe au XVI e siècle, Trotula jouit de la plus grande notoriété. On lui attribuait la paternité de deux ouvrages :

- De ornato mulierum (Comment rendre les femmes belles) ou Trotula minor.

- De passionibus mulierum ante, in et post partum (Les maladies des femmes avant, pendant et après l'accouchement) ou Tortula major; un célèbre traité de gynécologie et d'obstétrique : concernant tous les aspects de la féminité, y compris les préoccupations psychologiques et esthétiques. En affirmant que les femmes ne doivent pas accoucher dans la douleur, ou bien que la stérilité d'un couple pouvait provenir de l'homme, Trotula, féministe avant l'heure dérangeait sans doute un peu les esprits de son époque...

Dans le prologue de l'une des versions , on peut lire : " Puisque donc les femmes sont par nature plus faibles que les hommes, par conséquent sont plus fréquentes chez elles les maladies, surtout dans les parties vouées à l'œuvre de la nature; et comme ces parties se trouvent en des endroits secrets, les femmes par pudeur et fragilité de condition, n'osent pas révéler à un médecin les angoisses causées par ces maladies. C'est pourquoi émue de leurs malheurs et à l'instigation d'une certaine matrone, j'ai commencé à examiner  avec attention ces maladies qui frappent très souvent le sexe féminin."

Les traités de Trotula furent plagiés, copiés, traduits et attribués à d'autres scientifiques. Certains pensaient qu'une femme ne pouvait pas se servir d'instruments chirurgicaux compliqués et qu'une femme ne pouvait pas écrire sur les questions sexuelles.

Sources

- Histoire de naître : de l'enfantement à l'accouchement médicalisé par Fernand Leroy.