Le Nouveau Monde : les grands personnages

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Steven Paul Jobs, dit Steve Jobs

1955 - 2011

Innovateur, cofondateur d'Apple.

Walter Isaacson, a eu un accès privilégié à Jobs durant une quarantaine d'entretiens, avec lui ou ses proches, de 2009 jusqu'à quelques semaines avant sa mort. Voici un aperçu de ce que nous apprend cette biographie rigoureuse sur l'homme qu'il était ; inspiré des articles de Sylvio Boudreau et Yves Stalloni :

 

 

La vie d'un génie

Le bandeau de l’édition de poche est sans ambiguité : «La vie d’un génie». Pourquoi pas, puisque ce surdoué de l’informatique peut tout à fait être comparé à Tim Berners-Lee ou Steven Hawking . Abandonné à sa naissance en 1955, Steve Jobs fut adopté par Clara et Paul Jobs un couple américain moyen installé à San Francisco. Cette adoption marquera à jamais le caractère de Steve Jobs. Il possédait le sens de la démesure et le goût de l’innovation qui caractérisent les êtres destinés à laisser une trace. Savoir que j'ai été adopté m'a peut-être rendu plus indépendant, mais je ne me suis jamais senti abandonné - juste différent, confie-t-il à son biographe.

Steve Jobs, le rebelle

Cette idée d'être différent sera présente durant toute la vie de Steve Jobs. Une idéologie que cristallise par la suite le célèbre slogan d'Apple : Think different. Il appliquait ce principe de la pensée délinquante unique en son genre dans le développement des produits Apple, mais aussi dans son quotidien : il n'a jamais terminé son cursus au collège (ni à l'université), il se promenait pieds nus, n'avait presque pas de meubles dans sa maison, n'avait pas de plaque d'immatriculation sur sa voiture.

Le rêve américain

Dans son livre, Walter Isaacson décrit Steve Jobs comme la parfaite incarnation du rêve américain : d'origine modeste, il crée avec son ami Steve Wozniak la société Apple dans un garage, pour parvenir à une des plus grandes compagnies technologiques. Trahi et évincé en 1985 par sa propre compagnie, il fera preuve de résilience et saura puiser dans ses passions, ses rêves et son génie pour se relever.

Steve Jobs hors norme

À la fin des années 60 et au début des années 70, c'était Dylan, les Beatles, l'époque hippie, la recherche spirituelle et les drogues.

Le jeune Steve était le reflet de cette époque. Au collège, Steve Jobs découvre la spiritualité orientale et commence la méditation, parfois couplée à des produits psychédéliques. Le patron d'Apple n'a jamais caché son attrait pour les drogues dans sa jeunesse. «Je suis né à une époque magique. Notre conscience était éveillée par le zen et par le LSD...» déclare-t-il à sonbiographe. C'est aussi à cette période que Steve Jobs commence ses régimes végétariens drastiques, ne mangeant que des fruits et des légumes sans amidon. « C'est à cette époque que j'ai tiré un trait sur la viande », raconte-t-il.

À 19 ans, après avoir abandonné ses études et commencé à travailler dans le jeu vidéo chez Atari, Steve Jobs entreprend un voyage de sept mois en Inde à la recherche d'illumination et d'un gourou. À son retour aux États-Unis, c'est là que le choc culturel le frappe. L'occident est d'abord cartésien, c'est l'intellect qui domine nos agissements. En Inde, l'intuition et la sagesse issue de l'expérience prédominent. C'est cette philosophie qu'il appliquera dans son travail et dans sa vie personnelle. Il est désormais convaincu que les gens avec un large éventail d'expériences de vie peuvent souvent voir des choses que d'autres ne perçoivent pas.

Steve Jobs personnage singulier

Il avait un immense mépris pour tous ceux qui ne partagent ni son exigence ni sa créativité ; une vision du monde binaire, ou les nuls s’opposent aux génies, les créations minables (ce que font les autres) aux inventions retentissantes (les siennes) ; un talent pour tirer le meilleur de ses partenaires de travail ou de ses amis ; une tendance forte à la mythomanie (ce que l’auteur nomme joliment son « champ de distorsion de la réalité ») ; une volonté permanente de se situer au carrefour de l’art et de la technologie ; une capacité de vivre de la même manière, frugale et sans ostentation, qu’il soit dans l’indigence ou qu’il se trouve à la tête de millions (sinon de milliards) de dollars.

En plus d'une grande intelligence, il avait surtout une intuition extraordinaire. Le New York Times avait salué Jobs comme l’un «des plus grands innovateurs de l’histoire moderne du capitalisme». «Un personnage dôté d’une intuition phénomènale», relevait le journal.

Il avait également un art consommé de la communication et de la mise en scène qui lui permit de transformer chaque présentation de nouveau produit en show spectaculaire suivi par des milliers d’inconditionnels ; un magnétisme particulier qui lui permettait de séduire les plus froids des businessmen ; une boulimie d’action, une impatience d’entreprendre, un mouvement perpétuel – tendances peu conformes à l’attitude zen qu’il revendiquait depuis son voyage de jeunesse en Inde ; un flair professionnel infaillible (malgré quelques échecs retentissants) assorti d’une intuition de visionnaire, et encore quelques spécificités jouant toutes sur le registre de l’excès.

Steve Jobs a changé notre quotidien

Steve Jobs n'était pas un inventeur, mais un innovateur. Inventé, c'est construire un nouveau produit, un dispositif inédit. Innover c'est mettre ensemble des idées et en tirer une vision inspirante. «L’histoire, écrit Isaacson dans un élan de lyrisme, le placera au panthéon, juste à côté d’Edison ou de Ford». Nous en reparlerons dans quelques dizaines d'années …

L'ordinateur existait avant le Mac, les lecteurs de musique portables existaient avant l'iPod et le téléphone mobile existait avant l'iPhone. Cependant, la vision de Jobs allait plus loin que ce que pouvait imaginer les inventeurs de ces dispositifs. Alors que les ordinateurs étaient destinés aux grandes entreprises, il a imaginé l'ordinateur destiné au plus grand nombre. Il a eu la vision de ce que les gens voulaient et a su recruter les personnes incroyablement talentueuses pour livrer cette vision.

Par exemple, le premier Macintosh à offrir une interface graphique (avec des fenêtres) et une souris, a été largement inspiré de l'Alto de Xerox. Il a imaginé le iPhone en fusionnant, un téléphone, un lecteur Mp3, un agenda électronique, un appareil photo, une plateforme de jeux, des outils de productivité et tout cela connecter à Internet. Un appareil simple à utiliser qui contribue à la qualité de vie et où les gens prédominent la technologie.

Après trente-six ans d'existence, Apple a su, notamment sous l'inspiration de Steve Jobs, révolutionner six industries : les ordinateurs, les films d'animation, la musique, les téléphones, les tablettes tactiles et l'édition numérique.

Steve Jobs patron difficile

Steve Jobs était considéré comme quelqu'un de brillant, mais aussi pour être un gestionnaire autoritaire, impatient et exigeant. Ses colères légendaires lui valent de tenaces inimités. Il avait un besoin obsessionnel de contrôler toute la chaîne de fabrication. Il pouvait être très dur, avec ses employés. Il n'avait aucun filtre entre la pensée et la parole. «Il hurlait aux réunions : bandes de nuls, vous faites de la merde ! C'était comme ça tout le temps», se souvient Deborah Coleman, l'une des premières gestionnaires de l'équipe Mac.

Toutefois, des dizaines d'employés victimes des foudres de Jobs terminent leurs histoires d'horreur en déclarant qu'il les avait poussés à accomplir des prouesses qui défiaient leur propre imagination. «Mon boulot est de dire quand quelque chose est nul, au lieu de minimiser le problème [...] J'exige des gens la perfection, je suis comme ça», résume Jobs à son biographe.

Steve Jobs homme de contradiction

Inspiré, pouvant intégrer facilement différentes sphères de la vie, Steve Jobs est aussi un homme de contradiction.

Imprégné de la philosophie orientale qui laisse de la place aux nuances et aux liens relationnels entre les choses, il est confronté aussi à la philosophie binaire de l'Occident : d'un côté «les éclairés», de l'autre «les demeurés». Une dichotomie qu'il applique aux personnes, aux produits, aux idées, à la nourriture... Il avait le talent pour tirer le meilleur de ses partenaires de travail ou de ses amis ; une tendance forte à la mythomanie (ce que l’auteur nomme joliment son « champ de distorsion de la réalité ») ; une volonté permanente de se situer au carrefour de l’art et de la technologie.

L'aspect méditatif et zen de Jobs est en contradiction constante avec sa personnalité autoritaire et colérique.

D'autre part, il véhicule le message de « penser différemment », cependant une idée contradictoire lui vient lors d'un voyage au Japon, alors qu'il constate que les employés dans les usines de Sony portent tous les mêmes uniformes. Il suggère donc que tous les employés d'Apple porte un même uniforme afin de créer un sentiment d'appartenance. « Tout le monde a détesté l'idée.» se souvient-il. Devant l'absence d'enthousiasme des employés d'Apple face à cette idée, il décide de l'appliquer à lui-même. Cela explique son col roulé noir, son jean et ses baskets qui caractériseront son costume de travail et de son quotidien.

Steve Jobs, fin de vie

Apprenant qu'il a un cancer en octobre 2003, Jobs refuse pendant neuf mois d'être opéré, ne voulant pas qu'on lui «ouvre le corps». «J'ai d'abord essayé d'autres choses : un régime végétarien strict, avec beaucoup de carottes et de jus de fruits. Des séances d'acupuncture, et d'autres traitements trouvés sur internet». Quand il accepte enfin d'être opéré, le cancer s'est étendu. Steve Jobs succombe à sa maladie dans la nuit du mercredi 5 octobre 2011. Avant de mourir, les derniers mots de Steve Jobs ont été «Oh Wow. Oh Wow. Oh Wow.»

Steve Jobs, figure remarquable de la Silicon Valley, placée par le biographe au niveau du génie, continue à ressembler simplement à un homme. Pour ses fans, et ils sont nombreux, il pourrait déjà se rapprocher du mythe.

Steve Jobs l'innovateur

En apprenant la mort de Steve Jobs, Barack Obama a rendu hommage à « l'un des plus grands innovateurs (innovator) américains – assez courageux pour penser autrement, assez audacieux pour croire qu'il pouvait changer le monde, et assez talentueux pour le faire […] Le monde a perdu un visionnaire »

Steve Jobs n'était pas un inventeur, mais un innovateur (du latin novator « celui qui renouvelle »), ce qui est plus difficile : on peut vivre toute sa vie sur une invention, alors que l'innovation impose de se remettre en permanence en question.

 

Innover c’est aussi rendre les choses simples et Steve Jobs l’avait compris. Ses 7 grands principes pour penser autrement pourraient être source d’inspiration… Ils sont le secret de sa réussite !

1. Faites ce que vous aimez d’abord, et avec passion !


Comment aller au bout d’une idée sans être passionné ? Les recherches, les tâtonnements, les expériences, les déceptions… ne sont constructifs que si l’on est passionné !

2. Ouvrez une brèche dans l’univers


Soyez ambitieux pour motiver et fédérer ; la volonté de réaliser une grande chose est une valeur commune à partager.

3. Stimulez votre cerveau


Pensez différemment de votre vision. La grande capacité de Steve Jobs à trouver des liens entre des choses qui n’ont a priori rien à voir fût sa plus grande qualité. En quoi Steve Jobs était–il différent ? Il avait compris que pour penser différemment, il faut percevoir différemment, avec la vision d’un pionnier ! Grâce à ses multiples expériences et rencontres, il avait découvert qu’en rencontrant quelque chose qu’il ne savait pas interpréter, son système perceptif, contraint de rejeter ses perceptions habituelles, allait en créer de nouvelles…

4. Vendez des rêves, pas des produits !


Pour Jobs, il n’y avait pas des consommateurs mais des personnes avec des rêves, des espoirs et des ambitions.

5. Dites « non » 1 000 fois s’il le faut


Selon Steve Jobs la simplicité est la finalité de la sophistication. L’innovation rime avec « aller à l’essentiel », éliminer le superflu et mettre en valeur ce qui est nécessaire.

6. Créer des expériences nouvelles et inoubliables


En introduisant des innovations simples et facilitatrices pour mieux se connecter émotionnellement avec sa cible.

7. Faîtes passer votre message


Pensez votre histoire autrement. Vous pouvez avoir l’idée la plus innovatrice du monde, mais si vous ne savez pas séduire vos interlocuteurs en leur racontant l’histoire, ça ne marchera pas !

 

Les dates clés de l'histoire d'Apple :
1976 : à 21 et 26 ans, Steve Jobs et Steve Wozniak fondent Apple et lancent l'Apple I.
1977 : Apple lance l'Apple II
1980 : Apple entre en Bourse.
1983 : Apple lance Lisa, le premier ordinnateur avec une souris pour la navigation.
1984 : lancement du Macintosh.
1985 : John Sculley prend le pouvoir chez Apple, Jobs est limogé et part créer NeXT Computers (NeXT achète Pixar), qui sera racheté en 1996 par... Apple.
1997 : Steve Jobs est nommé PDG d'Apple.
1999 : Commercialisation de l'iBook.
2001 : lancement de l'iPod.
2003 : Lancement de iTunes.
2007 : Apple lance son téléphone multifonctions, l'iPhone.
2009 : Steve Jobs revient aux commandes après de sérieux problèmes de santé.
2010 : sortie de l'iPad.
2011 : le 24 août, Steve Jobs démissionne de son poste de directeur général et est remplacé par Tim Cook. Steve Jobs devient président du conseil d'administration.
le 5 octobre, Apple annonce la mort de Steve Jobs à l'âge de 56 ans.


Reste que selon certains, les lauriers d’Apple reviennent effectivement à Steve Wozniak, comme l’affirme un article du Huffington Post. Celui-ci laisse à Steve Jobs le génie des affaires et du marketing, mais attribue le génie créatif et technique à Wozniak.

 

Le cofondateur d'Apple, de même que John Lennon, Jimi Hendrix, Snoopy ou Harvey Milk, sera représenté sur un des nouveaux timbres de la Poste américaine.


Steve Jobs, le génie rebelle
Visionnaire d'une rare créativité, perfectionniste et hyperactif, il a révolutionné six industries : les ordinateurs, les films d’animation, la musique, les téléphones, les tablettes tactiles et l’édition numérique.

Les produits Apple à travers le temps
Chronologie de l'évolution des produits Apple de 1976 à 2011.

En souvenir de Steve
Plus d’un million de personnes à travers le monde ont fait part de leurs émotions.