Le Nouveau Monde : les grands personnages

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Samuel de CHAMPLAIN

1567-1635

Dessinateur, géographe, exploratur Français

Samuel de Champlain "Le père de la Nouvelle France" est connu pour avoir fondé la ville de Québec et effectué de nombreuses explorations en Amérique.

Samuel de Champlain est né à Brouage, province du Saintonge en France, vers 1567 dans une famille protestante, il est le fils de Marguerite Le Roy et d'Antoine Champlain qui est capitaine de navire. Il a probablement suivi une formation de dessinateur et de géographe. Très jeune, il accompagne son père à la pêche en haute mer. Ce dernier l'initie à l'art de la navigation et lui transmet l'amour de l'océan.

Voyage aux Antilles

Avant ses voyages au Canada, il participa à une expédition aux Antilles et en Nouvelle-Espagne (Amérique Espagnole), au côté de son oncle géographe. En 1600, on le retrouve à l'île de St-Domingue qu'il décrit de la façon suivante:

" [...] fort bonne et marchande en cuirs, gingembre et café, tabac, que l'on nomme autrement petung, ou Herbe à la Reine, que l'on fait sécher, puis l'on en fait des petits tourteaux. Les mariniers, mêmes les Anglais, et autres personnes en usent et prennent la fumée d'icelui à l'imitation des sauvages [...]." C'est la première fois que Champlain fait mention du tabac.

Premier voyage au Canada en 1603

Champlain a 32 ans, il entreprend son premier voyage vers le Canada en s'embarquant, à titre de simple passager, à Honfleur à bord de la "Bonne-Renommée" le 15 mars 1603. Champlain est recruté par le commandeur catholique Aymar de Chaste pour ce voyage d'exploration en Amérique. Henri IV, roi de France, le nomme géographe royal. De cette date jusqu'en 1633, il effectuera 21 traversées de l'Atlantique et 12 séjours au Canada (Nouvelle-France). Il accompagne le marchand de fourrure, citoyen de Saint-Malo, Francis Gravé, Sieur du Pont (Pontgravé), qui projette de se rendre au poste de Tadoussac. Il débarque donc à Tadoussac le 26 mai où il est accueilli chaleureusement par le grand chef Anadabijou qui l'invite alors à "faire tabagie" avec une centaine de ses compagnons. Après quelques discours, ce fut le temps de fumer le calumet de la paix, comme le voulait la coutume:

" Or, après qu'il eut achevé sa harangue, ledit grand Sagamo Anadabijou l'ayant attentivement ouÏ, il commença à prendre du petun, et en donner audit Sieur du Pont-Gravé de Saint-Malo et à moi, et à quelques autres Sagamos qui étaient auprès de lui. Ayant bien pétunné, il commença à faire sa harangue à tous, parlant posément, [...] Après qu'il eut achevé sa harangue, nous sortimes de sa cabane, et eux commencèrent à faire leur tabagie ou festin [...].

• Le 10 juin 1603 se noue le premier traité franco-amérindien.

Ce premier voyage lui permet de se familiariser avec des contrées connues, et d'entrevoir par les récits des indigènes la configuration des Grands Lacs et de la baie d'Hudson. Il visite le Saguenay et les futurs emplacements des villes de Québec, Montréal (Hochelaga)et Boucherville.

Il repasse par Tadoussac et embarque avec Pontgravé. De retour en France, Champlain publie son premier ouvrage: "Des Sauvages".

1604-1607 : Séjour à Terre-Neuve et en Acadie

L'année suivante, il explore sous les ordres de Pierre Du Gua de Monts, un autre marchand, la côte acadienne, où, paraît-il, se trouveraient des gisements miniers extraordinaires qui intéressent fortement le roi de France. La compagnie hiverne sur l' île Sainte-Croix près de la côte et connaît un hiver désastreux. Champlain semble n'avoir jamais souffert du scorbut, du moins ne le mentionne-t-il pas dans ses nombreux récits.. La colonie sera abandonnée l'hiver suivant. Samuel Champlain

Puis arrive "dans un port dont l'entrée est large de 800 pas, qui a deux lieues de long et une lieue de large, que j'ai nommé le Port-Royal" c'est l'ensemble du bassin de la rivière Dauphin (Annapolis River) proche de la baie française (en Nouvelle-Ecosse). "Port-Royal" peut être considéré comme le premier véritable établissement permanent en Amérique du Nord, précédant de trois ans la fondation de Jamestown. Cette colonie est, pour plusieurs, la première capitale de l'Acadie, territoire qui couvre aujourd'hui les provinces Maritimes et la côte Est du Maine (États-Unis). En 1710, sous l'occupation anglaise, Port-Royal est définitivement devenue Annapolis Royal.

Au printemps 1605, les explorations reprennent pour trouver des mines et aussi un site idéal pour une colonie. Les explorateurs descendent jusqu'au Cape Cod sans trouver ce qu'ils cherchent, mais Champlain dresse des cartes si précises qu'il est considéré comme le premier cartographe de la Nouvelle-Angleterre. Jusqu'à son retour en France en septembre 1607, ses nouvelles recherches resteront vaines. La chimère de l'Acadie comme terre idéale est enterrée,

1608-1609, Création de la ville de Québec

En 1608, Champlain obtient pour un an le privilège du commerce en Amérique et décide alors d'implanter une colonie sur le Saint-Laurent où le contrôle de la traite des fourrures serait plus facile. Il quitte de nouveau Honfleur le 13 avril 1608, arrive à Tadoussac le 3 juin et recherche de nouveaux endroits pour s'installer. Le 3 juillet il s'arrête à Stadaconé (Kébec) pour y établir sa colonie et s'y installera pour l'hivernage. Le site était reconnu par les Amérindiens bien avant l'arrivée des Européens. Lorsque Jacques Cartier remonte le fleuve Saint-Laurent en 1535, il trouva Stadaconé, un village Iroquoien établi sur un large promontoire de terre dominé par une montagne, le Cap-Diamant ("ainsi nommé parce qu'on y trouve des veines d'un assez beau cristal de roche" du quartz!) Les hauteurs du cap sont pour lui d'un intérêt stratégique certain pour la défense de son poste de traite des fourrures et le contrôle de la navigation sur le fleuve en provenance de l'Asie (croit-on).

Champlain y fait construire "l'Abitation de Kébec", Champlain Habitation de Québecune maison spacieuse, à deux étages, qui allait servir à la fois de fort, de demeure et de magasin général. «Je cherchai lieu propre pour notre Abitation, mais je n'en pus trouver de plus commode, ni mieux situé que la pointe de Québec, ainsi appelé des Sauvages, laquelle était remplie de noyers et de vignes. Aussitôt, j'employai une partie de nos ouvriers à les abattre pour y faire notre Abitation. Le première chose que nous fîmes fut le magasin.» C'est la naissance de Québec.

Des contrebandiers basques qui occupaient déjà les lieux sont très mécontents de l'arrivée de Champlain et complotent son assassinat. Plusieurs colons, Jean Duval à leur tête conspirent aussi contre Champlain. Toutefois, un des conspirateurs, Antoine Natel, décide d'avertir Champlain du danger qui le guette en échange de son pardon. Champlain fait arrêter les mutins. S'organise alors le premier procès connu de l'histoire de l'Amérique du Nord. Jean Duval est pendu et sa tête est placée au bout d'une pique sur la palissade du fort. Trois autres conspirateurs sont condamnés à mort et retournés en France.

Le premier hiver 1608-1609 fut difficile pour les colons. Des 28 pionniers qui étaient restés, seulement huit on survécu, la plupart étant décédés du scorbut.

En 1609, Champlain signe une alliance avec les Algonquins et les Hurons contre les Iroquois. La même année il part avec des Montagnais et des Hurons pour explorer et découvrir de nouvelles sources de fourrures et découvre en même temps le lac qui portera son nom.

Ils sont attaqués par des Iroquois. Grâce à sa supériorité technique, Champlain assure une victoire rapide à ses alliés en tuant l'un de leurs chefs de son arquebuse et augmente de ce fait son prestige auprès d'eux, prestige dont il se couronnera encore deux ans plus tard en franchissant les rapides de Lachine, ce qu'un seul Blanc, Étienne Brûlé, avait réussi avant lui. Mais à partir de ce moment. les Iroquois deviennent les ennemis mortels des Français.

Sa réputation auprès des Indiens bien assise, l'"Abitation" construite et rénovée, il commence sa campagne visant à attirer les Indiens vers les établissements français pour venir y cultiver la terre.

1610-1611

Champlain retourne passer l'hiver 1610-1611 en France où il épouse Hélène Boullé alors âgée de 12 ans dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris. Les deux parties conviennent que la consommation du mariage ne pourra se faire avant au moins 2 ans et peut-être plus, «selon l'avis des parents et amis.» Ce qui intéresse Champlain, c'est la dot de la mariée qui est de 6000 livres, une somme considérable pour l'époque. Champlain signera plus tard une quittance de 1500 livres à sa belle-famille.

1612

Le 15 octobre 1612 Champlain revient avec le titre prestigieux de lieutenant du vice-roi en Nouvelle-France. Il baptise l'île Sainte-Hélène en l'honneur de sa jeune épouse. Il baptise le futur emplacement de Montréal "Place Royale". Un jeune serviteur du nom de Louis se noya, d'où les noms Sault-Saint-Louis et de Lac Saint-Louis. Il continue vers l'Ouest jusqu'à l'emplacement actuel d'Ottawa.

1615-1616, Voyage en Huronie

Il entreprend en 1615 son dernier grand voyage d'exploration, au pays des Hurons. Ses guides lui font contourner le Saint-Laurent, contrôlé par les Iroquois, et il atteint la "mer Douce" (lac Huron) par le Nord. Après une campagne désastreuse au pays des Iroquois, Champlain hiverne chez les Hurons, est blessé dans une escarmouche contre les Iroquois, séjour dont il tirera des descriptions précieuses.

Le 2 juin 1615, les Récollets de Rouen arrivent pour évangéliser, suivis des Jésuites en 1625. En 1617, Louis Hébert devient le premier agriculteur de la Nouvelle-France à s'établir à Québec avec sa famille qui sera la seule à pouvoir subsister grâce à sa propre production.

Louis Hébert, premier agriculteur de la colonie arrive en 1617 avec son épouse et ses trois enfants. Celui que l'on appelle "le véritable père du peuple québécois" deviendra procureur du roi

1618

Québec n'est toujours qu'un poste de traite de fourrures, mais Champlain rêve maintenant d'un royaume où les peuples français et amérindiens se fondraient en un nouveau peuple. Il voit Québec comme le centre d'un Nouveau Monde français, comme un port inévitable et un poste de douane sur la route de l'Asie. Il envoie une lettre en France, dans laquelle il partage ce rêve et demande qu'on envoie des colons. De plus, Champlain demeure convaincu que le passage pour la Chine se cache quelque part, au bout des Grands Lacs.

En métropole, les partisans de la colonisation de la Nouvelle-France sont en mauvaise posture. Champlain écrit des mémoires où il expose tous les avantages du pays, toutes ses richesses (pas seulement la fourrure). Il finit par recevoir en 1619 la charge de l'administration de la nouvelle colonie, et obtient la promesse des commerçants de soutenir les colons.

Malgré ses déboires avec ses associés, il fait progresser tranquillement l'établissement français, qui s'enrichit d'un fort et d'habitations au cap Tourmente.

En 1619, Le duc de Charles Huault de Montmorency devient vice-roi (il confirme Champlain dans ses fonctions).

Champlain fait venir son épouse en Nouvelle-France en 1620 et elle devra rentrer définitivement en France en 1624 pour des raisons de santé. Champlain organise les fortifications de Québec qui n'abrite alors que 60 personnes, pour la plupart des hommes de métier et des religieux.

1627, Compagnie des Cent Associés

Champlain a réussi à convaincre le nouveau premier Ministre que la jeune colonie de Québec a besoin de renfort.

En 1627, le cardinal Richelieu fait passer la Nouvelle-France sous sa coupe, et désigne Champlain pour le représenter: c'est le sommet de sa carrière. Le cardinal Armand de Richelieu fonde la Compagnie de la Nouvelle-France ou des Cent-Associés, regroupement de cent marchands et aristocrates déterminés à développer (coloniser) la Nouvelle-France. C'est une compagnie privée visant à contribuer aux efforts de colonisation (et qui détenait le monopole de la traite des fourrures). La compagnie avait le devoir d'amener 300 colons par année, et ce jusqu'en 1643. Début du régime seigneurial en Nouvelle-France.

On ne comptait encore qu'une centaine d'habitant dispersés en deux groupes, l'un à Québec, l'autre à Port-Royal (en Acadie aujourd'hui la Nouvelle-Écosse). Durant ce premier siècle, le peuplement de la Nouvelle-France s'est vraiment révélé un échec.

Prise et restitution de Québec

Quelques centaines de colons partent pour le Nouveau-Monde. Les premiers bateaux seront interceptés par les frères Kirke qui assiègent Québec menacé par la famine le 16 juillet 1629. Les Kirke n'auront pas plus de chance : l'épidémie et la disette leur prennent 14 soldats lors de leur premier hivernement". Tandis que Québec est prise par les frères Kirke, la France et l'Angleterre avaient déjà signé la paix. Le 29 mars 1632, le Traité de Saint-Germain-en-Laye restitue à la France le Canada et l'Acadie.

Mais le père Paul Le Jeune constate le piètre état de la colonie. La Compagnie de la Nouvelle-France reprend ses activités d'exploitation des pelleteries en Nouvelle-France. Débarquement à Québec d'un premier contingent de 40 personnes qui viennent réclamer le poste à l'Angleterre. Les Jésuites (dont les Relations seront un instrument pour promouvoir la colonie auprès des Français bien nantis et cultivés remplacent les Récollets.

Investi d'une nouvelle énergie, Champlain revient en 1633.

1634-1635

Les premiers seigneurs-recruteurs arrivent avec leurs colons et fondent les premières seigneuries. C'est là que naissent les premières familles québécoises. Il sera témoin de l'arrivée de nouvelles familles et de la bonne volonté de la Compagnie des Cent-Associés, et pourra donc s'éteindre à Québec le 25 décembre 1635 où il est inhumé solennellement à l'église Notre-Dame de Recouvrance, avec l'espoir que toutes ses luttes n'étaient pas vaines.

Auteur d'une politique coloniale qui rejetait l'exploitation de la population locale mais favorisait la collaboration et le commerce, Champlain est de ces rares personnages dont l'absence aurait pu changer le cours de l'histoire, puisque sans son obstination à vanter les merveilles du Canada naissant, l'espace inoccupé eut promptement été comblé par d'autres puissances.

* Toutes les gravures reproduites sont de pures créations de l'imagination de l'artiste Pierre-Louis Morin (1811-1886) et n'ont que peu ou prou à voir avec la véracité historique, bien qu'inspirées de documents originaux ! Elles ont cependant eu une influence considérable et durable...

Sources:

- Dictionnaire biographique du Canada, article «Champlain», p. 192-204.

- Samuel de Champlain, Journal très fidèle des observations faites lors des découvertes de la Nouvelle-France, 1613 ; édité et commenté par Éric Thierry, Voyages en Nouvelle-France (1604-1611), éd. Cosmopole, Paris, 2004

- Champlain a écrit une oeuvre abondante et riche en détails (4 volumes publiés dans le premier tiers du 17ème siècle) dans laquelle on retrouve quelques descriptions des moeurs des Indigènes.