Joseph Babinski (Józef Franciszek Feliks Babiński) est né à Paris le 17 novembre 1857. Fils d'un ingénieur polonais installé à Paris en 1848 pour échapper à la répression russe des velléités d'indépendance de la Pologne, Joseph Babinski grandit à Montparnasse. Durant ses études de médecine il se rapproche de Charcot dont il va devenir l'élève préféré. Babinski est nommé Médecin des hôpitaux en 1890. On dit qu'il était peu loquace durant ses consultations mais ce fut un observateur exceptionnel. Il devient chef de clinique à l'hôpital de la Pitié, en 1895, où il exercera jusqu'à sa retraite en 1922. Atteint de la maladie de Parkinson, il meurt en décembre 1932. Babinski partageait son existence avec son frère Henri, ingénieur des mines et gastronome célèbre à l'époque.
Son nom reste attaché à de nombreuses découvertes intéressant la pathologie du système nerveux. Il a, en particulier, établi des correspondances entre la réponse à certaines épreuves cliniques et l'existence de lésions médullaires et cérébrales; cela permet de situer rapidement l'origine d'une atteinte neurologique et surtout, dans certains cas, de poser le diagnostic différentiel entre une affection de la moelle ou du cerveau, authentiquement organique, et certaines manifestations névrotiques.
Babinski fut le premier, en 1896, a reconnaître la signification et l'importance de l'inversion du réflexe cutané plantaire qui traduit une atteinte du système pyramidal contrôlant la motricité fine.
Le réflexe ou signe de Babinski
Le réflexe ou "signe de Babinski" consiste en une extension des orteils (surtout du gros orteil) en réponse à une stimulation cutanée plantaire, au lieu du réflexe de flexion habituel (défense, retrait). C'est une preuve irréfutable d'une lésion de la voie pyramidale. Parfois, les autres orteils se disposent en éventail.
Il sert essentiellement à dépister une lésion du système nerveux central (cerveau et moelle épinière). À la suite d’accidents vasculaires cérébraux, le signe de Babinski apparaît du côté qui a été paralysé par l’arrêt de la circulation sanguine au niveau du cerveau. Quand survient une hémorragie méningée (hémorragie au niveau des méninges, qui sont les membranes de protection du système nerveux), le signe de Babinski s’observe des deux côtés. Il en est de même en cas de cas de paraplégie.
L'article par lequel il a fait connaître cette observation capitale pour l'avenir de la clinique neurologique comportait en tout et pour tout vingt-six lignes.
Syndrôme adiposo-génital (Babinski-Fröhlich)
Babinski est également l'auteur, en 1900, de la première description du syndrome adiposo-génital. Il s'agit d'un trouble de la croissance avec arrêt du développement des organes sexuels et accumulation de graisse, auquel s'ajoutent des symptômes cérébraux (céphalées), voire un diabète insipide (trouble de la régulation hydrique), l'ensemble étant associé à une atteinte de l'hypophyse (de l'axe hypothamo-hypophysaire).
Babinski contribua également au développement de la neurochirurgie (notamment dans le domaine des tumeurs de la moelle épinière). Il a, par ailleurs, montré le caractère artificiel des troubles observés dans l'hystérie dite "de conversion" à laquelle il donna le nom de pithiatisme, troubles qu'il pensait guérissables par la persuasion.
Babinski est l'un des fondateurs de la Société de neurologie de Paris. Parmi ses élèves, le plus célèbre est certainement Egas Moniz qui est à l'origine de la lobotomie préfrontale. En dehors de sa contribution majeure au développement de la neurologie en France, Babinski a également marqué l'évolution de la psychiatrie et de la neuropsychologie.
Il est mort à Paris le 29 octobre 1932.
Babinski apparaît, sans doute, comme le plus grand des neuro-sémiologistes en montrant l'importance de manœuvres permettant de distinguer les paralysies organiques de celles qui relèvent de l'hystérie ou de la simulation.