Constantin l'Africain est né sans doute à Carthage (d'où il tire son nom) aux environs de 1015, il appartenait vraisemblablement à une famille chrétienne, Constantin l'Africain y fut d'abord marchand, avant dit-on, de voyager dans de nombreux pays d'influence musulmane, pendant près de 40 ans, pays desquels il aurait rapporté une moisson exceptionnelle de livres arabes, traductions d'ouvrages scientifiques grecs. C'est en particulier à Bagdad qu'il étudie la médecine et est ainsi mis au contact des écrits arabes
Ses biographes médiévaux (en particulier Pierre le Diacre, vers 1150) lui prêtent, en effet, abusivement peut-être, des voyages qu'il aurait faits en Inde, Perse, Syrie, Arabie, Egypte, d'où il aurait été expulsé pour son enseignement hétérodoxe, marqué par les différentes cultures qu'il avait visitées : tous ces conditionnels sont là pour dire que ceci n'est pas du domaine de la certitude.
Suite à des contacts avec des Normands de Sicile (en particulier à la Cour de Robert II Guiscard) et d'Aversa, en Italie du Sud, il partit enseigner la médecine à la fameuse école de Salerne, vers 1070, où il reste peu de temps. Il intégra vers 1076 l'abbaye du Mont-Cassin en tant que moine, où il travailla à plus de trente traductions d'ouvrages, dans une ambiance favorable à la culture, entretenue par l'abbé Desiderius (le futur Pape Victor III), qui désirait alors ouvrir l'abbaye Bénédictine à de larges horizons. C'est là qu'il a écrit sa Chirurgie, compilation des travaux de Celse, Paul d'Egine et Abulcasis de Cordoue, jusqu'en 1087, date de sa mort.
Grâce à lui, la médecine arabe va également influencer la médecine occidentale. Il est également l'auteur de "l'Antidotaire des médicaments simples" et de "Remarques sur les plantes". Ces traductions et leur diffusion développeront l'intérêt pour la doctrine aristotélicienne dont ils sont porteurs, contribuant ainsi à la naissance de la philosophie scholastique.
Malheureusement, Constantin ne précise quasiment jamais l'auteur qu'il traduit, et le comble, c'est qu'il fait passer ses traductions pour des œuvres originales... les siennes. Par ailleurs, sa traduction est souvent tronquée, tordant sans cesse le cou à la langue originale. On l'a souvent accusé de plagiat, bien sûr, mais la chose n'est pas aussi simple. Il semble que Constantin ait calculé de manière fine l'adaptation des textes originaux qu'il traduisait aux mentalités occidentales de l'époque, pour que celles-ci puissent s'en imprégner.
Les premières traductions de Constantin concerneraient des travaux médicaux élaborés à Kairouan au IXe et Xe siècles. En Ifriqya, Kairouan est alors une ville d'une grande richesse culturelle, dynamisée par un creuset de communautés judéo-arabes très actives. Partant des textes arabes, Constantin a traduit avec zèle, sans discrimination et sans prendre soin d'indiquer ses sources de nombreux auteurs anciens ou orientaux : Hippocrate, Galien, Haly, Abbas. Son travail a cependant bénéficié d'un grand prestige au cours du Moyen Age.
Avec Constantin commence la deuxième époque de l'École Salernitaine de Médecine, particulièrement notable pour sa traduction de tous les grands écrits médicaux, grecs aussi bien qu'arabes et pour des travaux originaux importants.
Œuvres de Constantin l'Africain :
Publiées à Bâle en 2 vol.
- De Morborum cognitione (1536) et
- Opera reliqua (1539).