Girolamo Fabrizi D'ACQUAPENDENTE (Jérôme Fabrice d'Acquapendente)

1537-1619

Médecin, anatomiste italien

Jérôme Fabrice d'Acquapendente, a continué la grande lignée des anatomistes de l'université de Padoue. On reconnait en lui le premier grand maître de l'anatomie physiologique et de l'embryologie comparées.

Jérôme Fabrice est né en 1537 à Acquapendente. Il est moins connu sous son nom latin, Hieronymus Fabricius.

Elève puis successeur de Fallope en 1562, à l'université de Padoue il remplaça son maître comme démonstrateur d'anatomie où il fit aménager à ses frais, en 1594, le célèbre amphithéâtre de dissection destiné à recevoir ses nombreux élèves venus de tous les pays d'Europe. Entre temps il obtint, en 1565, à Venise, la chaire de chirurgie.

Son élève le plus célèbre est certainement William Harvey, qui restera en Italie de 1600 à 1603. Une grande amitié lie bientôt les deux hommes malgré leur différence d’âge de près de quarante ans et Fabrizi aide considérablement Harvey dans ses travaux sur la circulation sanguine.Fabrizzio d'Acquapendente

Mettant largement à profit les travaux de ses prédécesseurs, confrontant ses propres recherches sur le cadavre humain et sur le corps d'animaux de différentes espèces (ruminants, poissons, reptiles, oiseaux), il s'est particulièrement attaché à l'étude des fonctions musculaires dans la phonation, la respiration, la digestion, la motilité pupillaire, l'accomodation et surtout la locomotion sous toutes ses formes. Ses études sur l'appareil génital, le placenta et le cordon ombilical l'incitent à aborder le mécanisme de la gravidité et de la parturition chez la femme et chez les mammifères. Il traite, chemin faisant, des dystocies par malformation du bassin. Son Traité de la formation du fœtus, publié en 1604, fait également état du développement de l'œuf de poulet, déjà étudié avant lui par Aldobrandi et par Coiter, de Bologne. Fabrice d'Acquapendente retrace en outre les étapes de la reproduction chez les ovipares. Encore trop attaché aux conceptions théoriques de Galien et d'Aristote, il aboutit toutefois à certaines interprétations incomplètes ou erronées : c'est ainsi qu'il n'attribue à la semence mâle qu'un rôle immatériel d'imprégnation générale, celui d'une "aura seminalis". Il se prononce ainsi en faveur de la théorie "oviste" qui se heurtera, dès le siècle suivant, à la théorie "spermatique".

Dans son De Venarum Ostiolis paru en 1603, Fabrice d'Acquapendente achève la description des valvules veineuses.

" j'ai appelé petites portes ( ostiolae ), valvules des veines, certaines membranes très ténues, situées dans la cavité interne des veines et particulièrement dans la cavité de celles qui se distribuent aux membres . Elles sont disposées par intervalles, tantôt isolées, tantôt jumelées . Leur orifice est tourné vers les racines des membres ... Elles se manifestent au dehors sous l'aspect des noeuds que l'on voit aux rameaux et à la tige des plantes . Je pense que la nature les a crées pour retarder jusqu'à un certain point le cours du sang, pour empêcher de couler à flot ou en totalité, à l'instar d'un fleuve, soit vers les mains, soit vers les pieds etc .. ".

Malgré cette description anatomique précise, dans laquelle il entrevoit clairement leur rôle, dans la mesure où elles évitent le reflux du sang et s'opposent au développement des varices; il ne parvient cependant pas à franchir le pas décisif qui consiste à en déduire l'existence de la grande circulation.

Il se révèle aussi bon chirurgien et habile thérapeuthe, notamment lorsqu'il traite des ligatures artérielles, lorsqu'il propose de recourir à la trachéotomie dans certaines formes de cette redoutable maladie qui s'appellera la diphtérie, ou encore lorsqu'il invente d'ingénieux appareils de prothèse ou d'orthopédie.

La noblesse de son caractère, à laquelle tous les auteurs se plaisent à rendre hommage, est d'autant plus louable qu'elle se manifestait en un temps où les motifs humains n'étaient pas toujours exempts de taches. Sa simplicité et son désintéressement font contraste avec les honneurs et les richesses dont ses contemporains - particuliers et gouvernements - tinrent à le combler, au point de lui ériger une statue de son vivant.

Sa vieillesse glorieuse et prolongée n'eut d'autre adversaire parmi les hommes que la cupidité impatiente de ses héritiers, dont il fut vraisemblablement la victime par empoisonnement. Jérôme Fabrice d'Acquapendente est mort le 21 mai 1619, à Padoue.

Principaux ouvrages


- De visione, voce, auditu, tract. (Venise, 1600, in-fol., etc.);
- De Formato foetu (Padoue, 1600, in-fol., etc.);
- De Venarum ostiolis (Padoue, 1603, in-fol., etc.);
- De Locutione, etc. (Venise, 1603, in-4);
- Opera chirurgica (Padoue, 1617, in-fol., etc.; trad. fr., Lyon, 1649, etc.);
- De Respiratione (Padoue, 1645, in-4); -
- De Formation ovi et pulli (Padoue, 1624, in-fol.);
- Opera omnia (Leipzig 1687 in-fol. Leyde 1737 in-fol.), etc.

 

Sources

- Histoire de la Médecine par Maurice Bariéty et Charles Coury