François Gigot de Lapeyronie est né à Montpellier le 15 janvier 1678. Il a d'abord été élève des Jésuites chez lesquels il s'intéresse aux mathématiques puis il termine sa scolarité dans une classe de philosophie.
Son père, originaire de Guyenne avait été reçu barbier à Montpellier, voulait faire de son fils un médecin, mais le jeune François préféra opter pour la chirurgie. Il arriva à ses fins grâce à Pierre Chirac, docteur de Montpellier et ami de la famille, qui obtint qu'on le laisse suivre sa voie. Il suivit les cours de Nissolle et Barancy, qu'il accompagne parfois dans leurs visites, ou remplace son père dans sa boutique. Le 17 février 1695, à l'âge de 17 ans, François Gigot de Lapeyronie obtient son diplôme de "maistre-chirurgien et barbier" de Montpellier.
Souhaitant compléter son instruction il se rend à Paris où il se retrouve pensionnaire de Mareschal, chirurgien major de la Charité avant de devenir, plus tard, premier chirurgien du roi.
Il revient à Montpellier où de 1697 à 1715. A Montpellier, il habitait dans la grand Rue à l'angle de la rue En Gondeau.
Il est nommé chirurgien-major à l'Hôtel-Dieu Saint-Eloi, professeur à l'Ecole de Médecine il enseigne et dissèque devant les étudiants. Puis Associé anatomiste à la Société Royale des Sciences en 1706, il en démissionnera en 1717 quand il se fixe à nouveau à Paris.
Par la suite, il rédigea quelques études: sur "Les organes de la digestion chez l'esturgeon" (1707), sur "Les petits œufs sans jaune" (1710)...
A Paris Lapeyronie engage une nouvelle carrière professionnelle de premier plan. Pierre Chirac (qui sera premier médecin du roi en 1731) l'ayant appelé pour opérer le duc de Chaulnes. L'opération est couronnée de succès et il est fait chirurgien major de la Compagnies de Chevaux-Légers d'Ordonnance des Princes du Sang et bientôt premier chirurgien de la Charité. Il y enseigna brillamment l'anatomie dans l'amphithéâtre Saint-Côme et au Jardin Royal. Il voit ses clients venir à lui de très loin. Parmi ses augustes patients: le duc Léopold de Lorraine qui le gratifia d'honoraires conséquents, le roi de Pologne, le Tsar Pierre-le-Grand... Il soigne le marquis de Vitzani de la maison du pape Clément XI qui en reconnaissance, le décore Chevalier de l'Ordre de l'Eperon et vante ses mérites.
Un piqure anatomique contractée en 1720, faillit interrompre sa carrière; mais une amélioration salvatrice se produisit alors qu'il allait être amputé de la jambe gauche.
Favorisé par l'amitié de LouisXIV et de LouisXV, il fut anobli en 1721.
L'Académie Royale de Chirurgie
L'Académie Royale de Chirurgie a été inaugurée le 18 décembre 1731 par Georges MARESCHAL, premier chirurgien de Louis XV et par François de LAPEYRONIE que MARESCHAL avait choisi pour lui succéder. Les deux hommes s'entendront parfaitement pour exercer leur influence en faveur de la chirurgie, aussi obtiendont-ils du roi, en 1731, la création d'une Académie royale de chirurgie qui va constituer un des évènements les plus importants du XVIII e siècle. Pour Lapeyronie la chirurgie devait rompre "l'association déshonorante qui existait pour elle avec le corps des barbiers" Elle aura pour but en effet de réglementer la chirurgie et de constituer une corporation puissante capable de lutter efficacement contre la "malveillance " des médecins.
L'Académie Royale de Chirurgie rayonna d'un éclat qui fit l'admiration de l'Europe savante tout entière. Ses réunions se tenaient dans 1'Amphithéâtre de Saint Côme. Les jetons qui avaient été frappés dès 1723 portaient l'effigie royale et au revers on pouvait lire autour d'une main ouverte entre deux serpents surmontés de la couronne de France "Consilioque manuque" "par l'habileté et la main ".
Dorénavant les chirurgiens auront une tribune pour faire connaître leurs idées et pour défendre les privilèges de la profession.
Dénonçant les "risques d'une chirurgie sans règles ni contrôles" l'Académie "aura attention de s'associer les chirurgiens du Royaume et des pays étrangers qui se distinguent le plus dans l'art de la chirurgie"
L'Académie Royale demeurera sur le site même de la communauté de Saint Côme.
A la mort de Mareschal en 1736, Lapeyronie devint le Premier Chirurgien et confident du Roi Louis XV, Chef de la Chirurgie du Royaume. Le grade de docteur en médecine qu'il a pris à Reims lui permet en outre de faire partie du service médical; médecin par quartier, puis médecin du roi; En 1738, une intervention sur la mâchoire inférieur du dauphin, lui procure une nouvelle pension.
Il préside l'Académie Royale de Chirurgie de 1736 à 1747.
Il est sans doute à l'origine de l'ordonnance royale du 23 avril 1743, qui scella définitivement la séparation entre chirurgiens et barbiers. Les chirurgiens devaient dorénavant avoir une culture littéraire, constatée par le grade de Maîtr es arts, ils étaient tenus d'exercer la chirurgie sans mélange d'aucun art non libéral et devenaient ainsi les égaux des médecins.
Après quelques disputes et signes de mauvaise humeur, médecins et chirurgiens ne font aujourd'hui qu'un seul et même corps symbolisé par les statues de bronze de François Lapeyronie et celle de Paul-Joseph Bartez qui ornent depuis 1864 le seuil de la Faculté de Médecine de Montpellier.
François Gigot de Lapeyronie est mort à Versailles le 25 avril 1747, il avait 69 ans.
Hôtel Saint-Côme à Montpellier
C'est avec les fonds légués par François de Lapeyronie, que fût édifié l'hôtel Saint-Côme à Montpellier. Lapeyronie avait légué 100.000 livres aux chirurgiens montpelliérains pour l'édification d'un amphithéâtre d'anatomie semblable à celui du Collège Saint-Côme de Paris, (édifié entre 1691 et 1711 par Charles et Louis Joubert). C'est le projet dessiné par l'architecte Jean-Antoine Giral qui fut retenu.
Les travaux commencés en 1752 s'achevèrent en 1757. La leçon inaugurale d'anatomie fut donnée le 25 avril 1757.
L'édifice présente deux parties distinctes séparées par une cour: un bâtiment sur rue, abritant à l'origine la salle d'assemblée des chirurgiens, et l'amphithéâtre proprement dit (aujourd'hui salle Lapeyronie) destiné aux démonstrations d'anatomie,.
L'hôtel Saint-Côme fut désaffecté en 1794. Ainsi, par décret du 3 Floral an III, l'école de chirurgie fut intégrée avec l'école de Santé dans l'Université de Médecine.
Le 2 janvier 1801, s'installa dans les locaux, affectés à la Bourse et le Tribunal de Commerce de la commune de Montpellier. La chambre de commerce et d'industrie de Montpellier l'occupe maintenant depuis 1920.
Maladie de Lapeyronie
Définition:
La maladie de LA PEYRONIE ou "induration plastique des corps caverneux" a été décrite en 1743 par François Gigot de Lapeyronie. Peu fréquente, elle se caractérise par l'apparition d'une ou plusieurs plaques fibreuses au niveau de l'enveloppe des corps caverneux de la verge : l'albuginée. Souvent responsable de douleurs et d'une courbure de la verge en érection, cette maladie retentit sur la fonction sexuelle avec un impact psychologique non négligeable. D'évolution imprévisible elle régresse parfois après quelques années. Actuellement aucun traitement médical n'est vraiment efficace et seule la chirurgie peut corriger une courbure de verge empéchant ou gènant les relations sexuelles.
L'origine précise de la maladie de Lapeyronie est inconnue mais des recherches récentes avancent une hypothèse immunologique.
Certaines maladies sont volontiers associées à la maladie de Lapeyronie : la maladie de Dupuytren (fibrose palmaire entraînant une flexion des doigts), la maladie de Ledderhose (fibrose plantaire entraînant une flexion des orteils), le diabète, l'hypertension artérielle, les arthrites.
De très nombreux traitements non chirurgicaux ont été proposés pour traiter la maladie de Lapeyronie avec pour point commun une efficacité souvent partielle et pour certains des effets secondaires.
Prix fondé par Lapeyronie
"...d'une médaille d'or de 500 livres sur la face de laquelle le buste de Louis XV sera toujours représenté, délivrée à l'auteur du mémoire qui aura été jugé le meilleur..."
Revers : Apollon, dieu de la Médecine et Hygie, déesse de la santé. Sous un palmier, un écusson aux armes de Lapeyronie.