La médecine chinoise se caractérise par le goût du nombre. Elle classifie, répertorie, dénombre chaque élément de l'univers dans des catégories fixées et définitives à jamais.
L'homme ne représente qu'un élément du monde, qu'une infime particule au sein d'un cosmos infini, régit par deux principes le Yin et le Yang.
• le Yin positif, mâle, sombre, évolutif;
• le Yang négatif, femelle, lumineux.
Ils ne sont pas contradictoires mais leur complémentarité est nécessaire à l'évolution des astres, du climat, du rythme des saisons et à la vie.
Puisque toute chose participe au couple Yin-Yang, la dualité concret-abstrait n'existe pas et l'homme ne se compose pas d'un corps et d'une âme comme dans la conception occidentale. L'important n'est pas de savoir de quoi le corps humain est constitué au sens anatomique, mais d'observer son fonctionnement au sein de l'univers. C'est pourquoi jusqu'à la fin du XIX ème siècle la médecine chinoise ne s'intéresse pas à la dissection pour connaître l'anatomie.
La perception du corps humain est basée sur une physiologie imaginaire dont les composants communiquent entre eux par des canaux invisibles. Comme tout s'associe dans l'univers, chaque constituant du corps est lié à un territoire cutané déterminé, la peau n'étant qu'un reflet du monde vivant sous-jacent.
De cette conception résulte l'acuponcture. L'ensemble du système corporel fonctionne sous l'effet de l'énergie mise en mouvement par le souffle vital et il n'atteint sa meilleure performance que si l'équilibre règne entre les différentes forces en présence.
Tout élément qui perturbe l'équilibre Yin-Yang entraîne la maladie.
Le médecin chinois qui examine un malade doit savoir bien utiliser ses connaissances théoriques sur le fonctionnement du corps humain, car la coutume lui interdit de demander aux patients de se dévêtir. L'examen visuel du corps et de ses sécrétions, constitue avec l'interrogatoire la partie exclusive de l'examen. L'étude du pouls radial est le seul geste technique susceptible d'apporter un grand nombre de renseignements.
La phase thérapeutique comporte des conseils diététiques, de pratique d'exercices physiques (les mouvements corporels se propagèrent dès la dynastie des Ming. Ces méthodes, douces, simples et faciles à apprendre, conviennent particulièrement aux personnes âgées), de maîtrise de l'énergie vitale, auxquels s'ajoute une abondante pharmacopée composée de plantes, d'animaux, de minéraux, l'or, le fer ou le mercure.
Le traitement peut parfois être complété par la moxibustion. Un moxa est un petit cône d'armoise séchée, appliqué sur la peau du malade que l'on enflamme. La combustion lente provoque une plaie servant d'exutoire au mal. Afin d'éviter cette brûlure on interpose parfois une rondelle d'oignon entre la peau et le moxa.
Les chinois pensent que les grands médecins de l'histoire chinoise, comme Li Shizhen, Sun Simiao, Bien Que et Hua Tuo, tous étaient en réalité grands maîtres de Qigong et dotés de pouvoirs paranormaux.
Li Shizhen est considéré comme le plus exceptionnel naturaliste, pharmacologue et médecin chinois qui vécut pendant la Dynastie Ming qui régna de 1368 à 1644.
Li Shizhen est né en Chine en 1518, à Qichun dans la Province de Hubei. Il est issu d'une famille de médecins et marchands de médicaments depuis plusieurs générations.
En 1532, Li Shizhen fréquente l'école du district, mais il échoue à son examen, et décide alors de revenir dans sa famille dans laquelle il se familiarise et étudie les traditions ancestrales de la médecine auprès de son père lui-même médecin et Universitaire.
Li Shizhen veut faire progresser la médecine chinoise en tenant compte des ouvrages existants avant lui et à partir de sa propre expérience. Il consacre près de quarante ans de sa vie à faire une classification fiable des composants de la nature et à écrire de nombreux traités sur des sujets médicaux.
C'est ainsi qu'il examine les grandes traditions herboristes traditionnelles et transcrit ce qui était, de son point de vue, un reflet convenable de la réalité. Il complète ce qui est connu en corrigeant les erreurs, il ajoute ce qui ne l'était pas encore, il décrit minutieusement les propriétés pharmacologiques et botaniques, et indique l'utilisation de chacun des produits dans son fameux livre le
Pen T'sao Kang Mu: BEN CAO GANG MU:
"Les données générales sur les plantes médicinales"
véritable encyclopédie de 52 volumes, dans lesquels sont répertoriés 1892 remèdes comportant 1094 plantes, 444 animaux 275 minéraux et 79 autres produits divers, et comportant près de 10.000 prescriptions.
La rédaction du livre l'amène à consulter quelques 800 documents ( sans doute à l'Académie impériale de médecine à Pékin,), elle s' achève en 1578. Ce travail est utilisé comme référence de la pharmacopée chinoise, mais il est également un traité de botanique, de zoologie, de minéralogie et de métallurgie. Cet ouvrage dont il existe encore 5 exemplaires de l'édition originale, a souvent été réimprimé. Une traduction approximative de la description des plantes a été publiée en anglais par deux médecins anglais Porter et Smith qui sont allés travailler en Chine à la fin du 19e siècle, bien que d'autres extraits avaient été publiés en Europe dès 1656. Un chercheur anglais B.E. Reid, passa 20 ans pour traduire une version abrégée qu'il publia en 1932.
Ce travail de pharmacologie Chinoise conserve sa valeur dans la médecine chinoise contemporaine. En Chine, si l'on est malade, on va d'abord à l'hôpital de médecine traditionnelle chinoise. Après tout, il y a moins de 200 ans que la médecine occidentale y a été introduite!
Li Shizhen fut également un expert en acuponcture et écrivit un traité sur les "Huit Canaux Invisibles"; décrivant le trajet des méridiens et les indications d'utilisation. Gao Wu rassembla les principes essentiels de nombreux parmi les plus anciens textes d'acuponcture en éditant son travail dans "Somme des écrits sur l'Acupuncture et la Moxibustion".
Il eut rapidement une forte demande pour ce texte et en 1537 il fit davantage en écrivant un texte plus détaillé intitulé "Lectures essentielles en Acuponcture et Moxibustion."
Quelques observations dans Gao Wu donne un aperçu amusant des habitudes et du comportement de la Société Chinoise. Les chinois semblent peu disposé à permettre à un médecin d'enlever leurs vêtements et cette habitude est encore répandu aujourd'hui, tel que cela se pratiquait pendant la dynastie Ming.
Il est possible que la technique d'examen à travers les vêtements ait favorisé la méthode Chinoise de diagnostic par le pouls.
L'étude des Pouls de Bin Hu) Bin Hu Mai Xue écrit par Li Shi Zhen (1518-1595 après J.C.), reste de nos jours l'ouvrage de référence des acupuncteurs sur les vingt-huit variétés de pouls chinois.
Li Shizhen meurt, en 1593, à l'âge de 75 ans, peu après l'édition de son oeuvre.
BEN CAO GANG MU est rapidement connu dans le monde entier.
Dès 1607, il est publié au Japon.
Au XVIIIe siècle, il est traduit en russe, en allemand, en français et en anglais.