Jean-Baptiste Pussin était tanneur. Il avait été admis à Bicêtre en 1771, "infirme atteint des humeurs froides," c'est à dire une lésion scrofuleuse ou adénite tuberculeuse, qui avait guérie. Comme il arrivait souvent avec les anciens patients, il trouva un emploi à l'hôpital, d'abord comme garçon de salle, puis en 1784 comme surveillant de salle des malades mentaux incurables (loges des "aliénés agités.") Ces agités, Pussin les suit, on n'ose pas dire les soigne, avec une certaine humanité que remarquera Pinel.
Pinel en effet, rencontra Pussin à Bicêtre en 1793, lors de sa prise de fonction de médecin-chef.
En fait Jean-Baptiste Pussin et sa femme ont déjà commencé les réformes humanitaires ayant pour objectif de supprimer cette "coutume barbare de l'usage des chaînes" pour les aliénés.
Jean-Baptiste Pussin, "chef de la police intérieure des loges, gouverneur des sous employés" osa le premier "le geste inaugurateur". Il commença par choisir le personnel parmi les malades guéris ou les convalescents. Puis il s'agit, et cela durera jusqu'à la découverte des neuroleptiques, de conditionner les malades par un système de punitions / récompenses, de bons malades / mauvais malades.
Pinel considère ce personnel composé d'anciens malades comme étant le plus apte à comprendre les besoins des internés, en raison du résultat dont ils ont eux-même eu l'expérience. Il tient donc un "rôle d'observateur prudent laissant à son surveillant les initiatives thérapeutiques et administratives les plus nombreuses "
Le médecin-chef abandonne son ton dogmatique du moment qu'il réalise que Pussin avait beaucoup à lui apprendre. "Les visites fréquentes parfois pendant plusieurs heures par jour, m'aidèrent à me familiariser avec les déviations, les vociférations et extravagances des plus violents parmi les maniaques. Sur ce point, j'ai renouveler les entretiens avec l'homme le plus qualifié à comprendre leur condition antérieure et idées délirantes; lorsqu'il le fallait il n'y avait pas d'objections de ma part lorsque-il me disait quelque chose dont je doutais à renouveler mon examen afin d'éclairer ou de rectifier mon opinion."
Pinel nommé à la Salpétrière appela Pussin où il continua jusqu'à sa mort le travail "humain", tellement apprécié par le fondateur de la psychiatrie en France, qui, soit dit en passant a bénéficié, malgré lui, du mythe de l'enlèvement des chaînes aux aliénés de Bicêtre. Il y apporta les mêmes réformes, établissant un régime d'étude et de soins pour remplacer les châtiments et éliminant ainsi ce qui avait été utilisé précédemment.
Le 3 août 1887, Monsieur Poubelle, préfet de la Seine, dévoilait sur un mur de Bicêtre une plaque à la mémoire de Jean-Baptiste Pussin, ancien surveillant à Bicêtre et à La Salpétrière.