Maurice Raynaud est né le 10 août 1834 à Paris, il était le fils de Jacques-Auguste Raynaud professeur au Collège Royal Bourbon (aujourd'hui Lycée Condorcet) et de Félicité-Marie Vernois. Il a débuté ses études médicales à l'Université de Paris avec l'aide de son oncle, le médecin parisien bien connu Ange-Gabriel-Maxime Vernois (1809-1877), et a obtenu son doctorat en médecine en 1862, avec sa thèse: "De l’asphyxie locale et de la gangrène symétrique des extrémités". Il est devenu ainsi un des rares à parvenir à la renommée éponyme avec son sujet de thèse. Il a également obtenu la même année un doctorat ès lettres, avec sa thèse: "Les Médecins au temps de Molière".
En 1865, il est médecin du bureau central et le cours de clinique médicale lui est confié à l'Hôtel-Dieu en remplacement de Piorry (1865-1866). En 1866, il est chargé de cours sur les maladies mentales et nerveuses. L'année suivante il est professeur suppléant de pathologie interne en remplacement de Monneret. En 1868, il est Médecin des Hôpitaux à Sainte Périne, Saint-Antoine (1872), Lariboisière (1872) et La Charité (1880). En 1870, on lui confie un cours sur les maladies de l'armée.
En 1866, sa thèse d'agrégation porte sur ses travaux : "Des hyperhémies non phlegmasiques" et "De la revulsion". Il est dès lors professeur de pathologie médicale.
Pendant la guerre de 1870 il est chargé du service des ambulances de la Société de Secours. Il se présente trois fois à la chaire d'Histoire de la Médecine et de Chirurgie, sans l'obtenir. Il est membre de la Société d'Anatomie et de la Société Médicale des Hôpitaux.
Il est l'auteur de nombreux articles qui seront publiés dans les "Archives générales de médecine", le "Bulletin de la Société anatomique", et la "Gazette hedomadaire de médecine et de chirurgie"; les thèmes en furent : les maladies de l'appareil respiratoire, maladies diverses et pathologie générale.
Il est fait officier de la Légion d'Honneur en 1871, élu à l'Académie de médecine en 1879, il reçoit la médaille d'or du choléra en 1866 pour son travail pendant cette épidémie.
Il est mort prématurément le 29 juin 1881, peu avant le congrès médical international à Londres de la même année. Il avait souffert pendant plusieurs années de maladie cardiaque. Son discours, "Scepticisme dans la médecine, Passé et Présent", a été lu par un de ses collègues.
Raynaud était un excellent professeur et un bon clinicien. Il était également un auteur occupé. Son livre : "Sur la salive d'un enfant mort de la rage" fut le résultat de recherche faite avec Louis Pasteur (1822-1895) et Odilon-Marc Lannelongue (1840-1911).
Phénomène (ou syndrôme) de Raynaud
Dans sa thèse, "De l’asphyxie locale et de la gangrène symétrique des extrémités", soutenue le 25 février 1862, Maurice Raynaud, décrit une maladie que l’on appelle aujourd’hui le phénomène de Raynaud ou syndrôme de Raynaud et qui se manifeste par le blanchissement de l’extrémité des doigts par suite d’une exposition au froid.
Puis, en 1911, pour la première fois en Amérique du Nord, une maladie qui présente des symptômes similaires attribuables à l’exposition aux vibrations d’outils mécaniques est étudiée par un médecin du nom d’Alice Hamilton. Cette maladie est connue sous plusieurs noms : syndrome des vibrations du système main-bras, phénomène de Raynaud d’origine professionnelle, syndrome du doigt mort, trouble vasospastique d’origine traumatique et maladie des mains blanches. Le SR est un syndrome complexe caractérisé par la constriction des vaisseaux sanguins des doigts qui entraîne des troubles circulatoires, sensoriels, moteurs et musculosquelettiques. Lorsqu’il y a exposition prolongée aux vibrations, les accès de blanchissement des extrémités des doigts augmentent en fréquence et en gravité; une exposition continue peut étendre le phénomène sur toute la longueur des doigts.
Sans sa thèse on peut lire son objectif :
"Décrire une maladie nouvelle, et surtout donner un nom nouveau a un groupe de symptômes depuis longtemps observés et décrits, est chose assurément moins difficile que de rattacher plusieurs affections en apparence diverses à une loi commune qui les domine. Dans l’infinie variété des phénomenes morbides qui se présentent journellement à notre observation, avec une physionomie toujours nouvelle, il est aisé de choisir ça et là quelques faits exceptionnels et d' ériger en règle, en omettants les différences qui les séparent, pour ne voir que les points de contact… Mon ambition serait bien plutôt de démontrer que certains faits de grangrène des estrémités, que l’on rencontre de loin en loin dans la pratique, et dont l’aspect étrange est fait pour déconcerter les plus habiles, sont en réalité bien moins singuliers qu’on ne serait tenté de le croire, et peuvent se relier, par des intermédiaires, à d’autres faits beaucoup plus fréquents, et qui n’échappent à l’attention que par leur vulgarité même… " .