Amand Mark Ruffer est né à Lyon d'un père franço-suisse et d'une mère allemade. Il fut éduqué à Oxford et diplômé de Médecine à Londres. Il fut le disciple de deux grandes figures de la médecine: le français Louis Pasteur et le russe Mestshnikov à Paris.
En 1881 il fut nommé directeur général de l'Institut Britanique pour la médecine préventive. Peu après, alors qu'il essayait un sérum antidiphttérique il contracta la maladie et resta partiellement paralysé. Vers 1896 il se rendit au Caire en tant que professeur de bactériologie de la "Medical School" dans cette ville. En 1901 il fut nommé président du Conseil de Santé Egyptien et membre de la Commision Indienne pour la lutte contre la peste. A partir de 1914 il est nommé Directeur de la Croix Rouge Egyptienne. Il est mort en 1917 au cours du naufrage de son bateau lors de la traversée en bateau de Grèce en Egypte.
Homme du monde, notable, violonceliste et joueur de billard et expert linguiste, il est connu pour sa capacité notable d'organisation de l'administration sanitaire. Sans doute, son meilleur mérite consiste à initier une nouvelle science la paléopathologie dont il est considéré le père. Ruffer créa la paléopathologie en la définissant comme "une doctrine sur les maladies dissimulées dans les vestiges humains et animaux des époques anciennes."
Ses travaux se centrèrent sur les momies retrouvées datant des XVIII à XXVII dynasties. Il inventa une technique consistant à extraire de fines lamelles de tisus momifiés pour ses études microcopiques, mettant ainsi au point pour cette méthode, des diagnostiques de grande précision. Il procéda à des autopsies rétrospectives Ses travaux furent publiés peu après sa mort sous le titre "Etudes sur la paléopathologie de l'Egypte".
Momie de Ramsès II
C'est ainsi que l'existence d'un grand nombre de maladies a pu être démontré grâce à l'examen des squelettes et des momies, ainsi que par l'étude critique des représentations humaines peintes ou sculptées sous des traits fidèles et réalistes.
L’étude microbiologique des momies a commencé en 1910 lorsque Sir M.A. Ruffer a utilisé pour la première fois les techniques histologiques pour l’examen des tissus momifiés et a découvert des œufs de Schistosoma haematobium dans les reins de momies égyptiennes de la XXe dynastie.
Echantillons étudiés
- Depuis les premières études en 1910, les momies, artificielles ou naturelles, sont un matériel d’exception pour les études parasitologiques. En effet, la mise en évidence de formes parasitaires au niveau de coupes histologiques (Ruffer, 1910) a conduit les premiers paléoparasitologues à privilégier ce type de matériel (Cockburn et al., 1975 ; Horne, Lewin, 1977 ; Aspöck et al., 1995 ; Cockburn et al., 1998). Il est ainsi devenu possible de prendre en compte de nombreux contextes archéologiques et d’ouvrir le champ d’étude en paléoparasitologie.
- La tuberculose n’était pas très fréquente dans l’Égypte pharaonique. L’égyptologue Ruffer a néanmoins étudié une forme vertébrale de tuberculose sur une momie de la XXIe dynastie (vers l’an 1000 av. J.-C.). En ce qui concerne les formes pulmonaires, les documents anatomiques sont moins convaincants, car le rituel de la momification exigeait que les viscères fussent extirpés du cadavre pour être placés dans des vases canopes où ils se sont mal conservés. Cette rareté de la tuberculose en Égypte s’explique sans doute par le fait que ce pays chaud et sec jouit d’un climat qui était déjà, dans l’Antiquité, réputé favorable aux phtisiques
Résultats
La confrontation de ce diagnostic "ex arte" et de la momiologie a permis des déductions solides dont Grapow, Jonckheere et plusieurs autres médecins égyptologues se sont fait l'écho. On a aini retrouvé des indices formels relatifs à l'artério-sclérose, aux lithiases, à la bilharziose, aux ophtalmies trachomateuses et aux leucomes de la cornée, à la poliomyélite et à diverses affections dystrophiquesou ostéo-articulaires comme le nanisme cahondroplasique, le syndrôme adiposo-génital avec gynécomastie, l'obésitéstéatopyge, le pied-bot, le rachitisme carentiel, le mal de Pott, les caries dentaires, la pyorrhée alvéolaire, l'ostéomyélite, la goutte, les rhumatismes infectieux ou déformants. La momie de Ramsès II porte les traces de variole. Le célèbre buste peint du Musée de Berlin a fixé pour l'éternité les traits de la gracieuse reine Nefertiti atteinte d'une cataracte de l'Oil droit.