Franz de le Boë, dit Franciscus Sylvius est né à Hanau le 15 mars 1614, dans une famille aisée de marchands originaires de Cambrai. Son père a quitté la France à cause de la persécution religieuse et s'installe à Hanau, en Allemagne, puis a a trouvé asile aux Pays-Bas où la pratique de la religion protestante était admise et tolérée.
Franciscus Sylvus a étudié la médecine à l'Académie protestante de Sedan, puis de 1632-1634 à Leiden sous l'autorité de Conrad Vorstius et Otto Heurnius.
En 1634, il prend part à un débat intitulé "Positiones Variæ medicae" sous la présidence de Vorstius, dans lequel il défendait la thèse qu'il devrait y avoir une circulation pulmonaire . Après que Sylvius ait fait un voyage d'étude à Iéena et Wittenberg ; le 16 Mars 1637, à l'âge de 23 ans, il a soutenu une thèse intitulée "De animali motu ejusque laesionibus" à l'Université de Bâle, sous la présidence de Emmanuel Stupanus .
C'est au moment de sa thèse qu'il adopte un nouveau nom latinisé : "Sylvius" est une traduction latinisée de "de le Boë" (de le Boë ressemble à Dubois et Dubois latinisé devient Sylvius) ; celui-ci ne doit cependant pas être confondu avec l'anatomiste parisien Jacobus Sylvius (Jacques Dubois) qui avait pratiqué l'anatomie au XVIe siècle avec un tel succès "qu'il ne pouvait trouver peronne en Europe qui pût l'égaler"
Après avoir pratiqué la médecine dans sa ville natale Hanau il est retourné à Leyde en 1639 pour donner des conférences. C'est à cette période, qu'il commence à devenir célèbre pour ses démonstrations sur la circulation . À partir 1641 il avait une pratique médicale lucrative à Amsterdam où il rencontre Glauber, qui l'initie à la chimie. En 1658, il est nommé professeur de médecine à l'Université de Leiden avant d'en devenir le vice-doyen de 1669 à 1670. Il réunit autour de lui une équipe de chercheurs, parmi lesquels Reinier de Graaf et Jan Swammerdam.
Il était chimiste de profession. Il a publié sur de nombreux sujets touchant la chimie et il a montré que les sels sont des dérivés des acides et des bases. Sylvius s'est de plus en plus tourné, dans le cadre de ses recherches à Leiden (où il est resté jusqu'à sa mort en1672), vers des questions d'ordre physiologique.
Franciscus Sylvius était médecin et adepte des théories de Descartes et de Van Helmont.
Chimiste
On peut considérer que Sylvius est l'un des pionniers de la chimie clinique moderne. Il trouvait que les processus chimiques jouaient un rôle important dans le corps humain et il en déduisait que l'étude de ces processus pouvaient contribuer à la qualité du diagnostic et du traitement. À cette époque, il s'agissait d'un point de vue très sujet à controverse, et ses idées étaient critiquées par bien des collègues scientifiques. En 1669, il fonda à l'Université de Leiden le premier laboratoire universitaire de chimie en Europe. Il rendit l'université de Leiden mondialement connue par son enseignement de la iatrochimie (littéralement : "chimie du docteur" ou "chimiatrie"), et par son enthousiasme il attira de nombreux étudiants de nombreux pays.
L'Université de Leyde lui a confié la la direction d'une pièce équipée en vue des recherches chimiques, un "laboratorium", l'un des premiers au monde.
On affirme que Sylvius a été le premier à distiller du genièvre, sans que cela puisse être établi avec certitude. De toutes manières, il était expert dans la composition de potions médicinales et en aurait baptisé l'une d'entre elles vers 1650"genièvre" (en français dans le texte !) comme précurseur de la boisson actuelle.
Anatomiste
Franciscus Sylvius était, à l'instar de son prédécesseur Pauw, un grand admirateur de Vésale; il a effectué des recherches anatomiques sur le cerveau; l'aqueduc de Sylvius (aquaductus Sylvii) : "Profonde scissure de la face latérale de l'hémisphère cérébral, qui sépare les lobes frontal et pariétal en haut, du lobe temporal en bas" correspond à la communication qui existe entre les troisième et quatrième ventricules - dont Vésale avait signalé l'existence - rappelle son nom.
Physiologiste
La physiologie l'a accaparé plus que l'anatomie. Il a rédigé une physiologie animale complètedans laquelle il a "amélioré "dans le chapitre digestion le modèle de la fermentationselon Van Helmont et introduit le terme "effervescentia" qui signifie faire de l'écume et qui a fait rapidement fureur. Descartes l'a repris dans sa description de la circulation du sang.
Dans son esquisse de la digestion; les principaux traits que l'on peut retenir sont l'élaboration dans l'estomac du liquide extrait de la nourriture, de l'air avalé, des sels apportés par la salive - (la glande salivairede la mâchoire inférieure avait été découverte en Angleterre en 1656, les glandes salivaires proches de l'oreille (parotides) l'avaient été à Amsterdam en 1653) - en présence de la chaleur vitale (venue du cœur par l'artère) qui solubilisait la nourriture dès que la fermentation et la transmutation étaient en mesure de se produire. Le contenu de l'estomacpassait ensuite dans l'intestin; le sur pancréatique (qui d'après Sylvius était acide) et la bile ("alcaline") entraient alors en action. La rencontre de ces deux sucs produisait une efervescence …
Sylvius fut le premier à établir un lien direct entre les nodules pulmonaires chez les patients tuberculeux et la maladie elle-même. Il étudia également l'influence des sels sur la digestion. Il décrivit le mince tube entre le troisième et le quatrième lobe du cerveau, que l'on appelle maintanant 'Aquaduct van Sylvius'.
Au milieu du XVIIe siècle (1658) François de le Boë concevait déjà parfaitement le rôle du chef de service hospitalier chargé des soins et de l'enseignement :
"Jai conduit mes étudiants par la main, les initiant à la pratique médicale, me servant d'une méthode inconnueà Leyde, et même ailleurs sans doute, qui consiste à les conduire tous les jours à visiter les hôpitaux. Je leur ai exposé sur place les symptômes de la maladie; je leur ai fait entendre les plaintes des malades; je leur ai demandé de me donner leur avis à propos des causes et des traitements rationnels de chaque cas particulier, et leurs raisons pour avoir cet avis. Ils ont pu voir les heureux résultats du traitement quand Dieu a confié à nos soins la guérison d'un malade. En outre, ils ont assisté à l'autopsie du corps, lorsque le patient a payé l'inévitable tribut à la mort". (Cité par K. Walker)
Franz de le Boë est mort à Leyden, le 16 novembre 1672 à l'âge de 58 ans.