Louis-Xavier-Edouard-Léopold OLLIER

1830-1900

Chirurgien, créateur de l'orthopédie et de la chirurgie réparatrice

Ollier mérite le nom de "Père Fondateur de la Chirurgie Osseuse et Articulaire" car il consacra sa vie professionnelle uniquement à la chirurgie de l'appareil locomoteur, des articulations, des membres et à la chirurgie réparatrice des parties molles de la face.

Louis-Xavier-Edouard-Léopold Ollier est né le 2 décembre 1830 aux Vans en Ardèche, sa famille est originaire de Malzieu en Lozère, il est fils, petit-fils et arrière-petit-fils de médecins. Il fréquenta l'école locale des Frères puis le collège à Privas. En 1848, il s'inscrivit à la faculté de médecine de Montpellier, étudie d'abord les sciences naturelles et en 1849, il est chargé d'une partie du cours de botanique dans le célèbre jardin de la Faculté de Montpellier.

En 1851, il est nommé premier au concours de l'internat des Hôpitaux de Lyon. Il revient à Montpellier en 1856 pour sa thèse - "Recherches anatomo-pathologiques sur la structure intime des tumeurs cancéreuses aux diverses périodes de leur développement" - et reçut pendant son internat lyonnais l'influence d'Amédée Bonnet (lui-même spécialisé en chirurgie osseuse).

Il prouva de 1850 à 1868 le rôle du périoste et de sa couche sous-périostée osseuse ostéogène permettant des résections sous-périostées ou sous-capsulo-périostées dans un but vital dans des arthrites articulaires graves.

Suivant son élève Eugène Vincent, la vie scientifique de Ollier peut être divisée en trois périodes.

Du Doctorat au "Traité de la régénération des os" de 1856 à 1867

Dès 1856, à l'hôpital de la Charité, puis nommé lui-même au concours en 1860 Chirurgien Major de l'Hôtel-Dieu de Lyon, Ollier succéda au point de vue scientifique dans la discipline osseuse à Amédée Bonnet qui venait de décéder brutalement le 1er décembre 1858, à 56 ans et commença des études sur le rôle du périoste dans l'ossification. Amédée Bonnet s'était passionné pour les affections articulaires, les plaies opératoires ou accidentelles suivies de complications redoutables : septicémie, érésipèle, gangrène gazeuse, etc...

Léopold Louis Ollier
Léopold Ollier

En 1863,, à la tête d'un service de 200 lits à l'Hôtel Dieu de Lyon, Ollier appliqua sa méthode de chirurgie conservatrice. Cette année là il publie "des sutures métalliques, de leur utilité et de leur supériorité sur les sutures ordinaires" ainsi que "de la rhinoplastie : procédés divers pour restaurer le nez".

Il restera en fonctions jusqu'en 1878.

Se souvenant de l'aphorisme de Claude Bernard, à savoir que la médecine scientifique ne peut se constituer que par voie expérimentale; dans sa spécialité, Ollier eut recours à l'expérimentation qui dirigea toute sa vie. Dans ses premières expériences à la ferme de ses parents aux Vans, en Ardèche, il disséqua un lambeau de périoste sur un os long de lapin ou de coq, et l'enroula autour des muscles de la région; il prit un lambeau de périoste du tibia d'un lapin et le transplanta sur la peau du front. Il refit ces deux expériences de nombreuses fois dans le laboratoire de Chauveau (Ecole Vétérinaire de Lyon) et observa une ossification.

Pour Ollier, la chance fut la transformation de l'Ecole de médecine de Lyon en Faculté de médecine et il devint alors professeur de Clinique de chirurgie, ce qui explique qu'il continua son activité dans son service de chirurgie osseuse à l'Hôtel-Dieu jusqu'à sa mort en 1900 puisque les professeurs, à l'époque, allaient précisément au moins jusqu'à 70 ans.

Dans le cadre des greffes cutanées il faut surtout retenir le nom d'Ollier dans les greffes autoplastiques avec transplantation de lambeau comprenant toute l'épaisseur du derme et destiné à recouvrir de larges surfaces granulées ou cruentées "ces greffes que j'ai fait connaître dès 1872 dans 2 communications à l'Académie des Sciences et à l'Académie de Médecine diffèrent complètement des greffes épidermiques de Reverdin".

Si Ollier eut immédiatement des détracteurs (en particulier des concurrents comme Sédillot, Desgranges...), il eut des soutiens dans les personnes de Velpeau et surtout de Verneuil dont il resta toujours l'ami et qui le premier, à Beaujon, pratiqua en 1860 une résection sous capsulo-périostée du coude d'après les données expérimentales de Ollier.

Du "Traité de la régénération des os" au "Traité des résections" de 1867 à 1891

Il avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur dans des conditions dignes de remarque. En 1860, l'étude de la vie et de la régénération du tissu osseux était considérée comme la question à l'ordre du jour. L'Académie des Sciences, au lendemain de la guerre d'Italie, qui avait particulièrement mis en lumière l'importance de cette chirurgie et l'insuffisance des connaissances acquises, consacra un prix exceptionnel de 10 000 francs à l'étude de ce sujet. Napoléon III doubla immédiatement la valeur de ce prix. Sédillot pour son "Traité de l'évidement des os", et Ollier pour son "Traité de la régénération des os et de la production artificielle du tissu osseux"" furent les deux lauréats, ex-æquo. L'importance des succès d'Ollier fut doublée par l'attribution de la croix de chevalier.

Celle d'Ollier lui fut décernée en récompense des services qu'il avait rendus pendant la guerre de 1870, comme chef de la première ambulance lyonnaise envoyée par la Crox-Rouge aux armées de campagne. Pendant la guerre de 1870, il a beaucoup travaillé sur les techniques d'amputation des membres et sur la régénération du tissu osseux par le périoste. En 1877 Ollier a été nommé professeur de chirurgie clinique de la nouvelle faculté de médecine de Lyon.

Il était également chevalier, officier ou commandeur de très nombreux ordres étrangers.

Puis, de 1864 à 1875, Ollier se consacre à appliquer strictement les résections osseuses sous-périostées à la rugine spéciale et les résections articulaires sous capsulo-périostées chez l'homme. Il devint un personnage de premier rang non seulement à Lyon, mais aussi à Paris, et en Europe, en particulier à Berlin et Edinbourg avec son "Traité des Résections" (en 3 volumes de 1867 à 1891).

En 1872, au congrès de Médecine de France, il exposa ses résultats obtenus sur des blessés et commença ses recherches pour traiter la tuberculose osseuse. Il est nommé en 1878 assesseur du Doyen Lortet à la faculté de Médecine de Lyon.

Il appartenait à l'Institut depuis 1874, au titre de membre correspondant de l'Académie des Sciences, à l'Académie de Médecine au titre d'associé national, à la Société de chirurgie de Paris comme correspondant depuis 1862, membre honoraire depuis 1887. Il avait été Président du XIe Congrès français de Chirurgie et, en 1894, ce congrès eu lieu en son honneur, à Lyon, sous la présidence de Tillaux.

Du "Traité des résections" à sa mort, de 1891 à1900.

Pendant cette période Ollier s'appliqua à bien définir ses indications de résections. La méthode antiseptique de Lister était née véritablement à partir de 1875, appuyée sur les idées de Pasteur. Appliquant les nouvelles méthodes d'aseptie (locaus propres, aérés, chambres individuelles), Ollier devint beaucoup plus économe d'indications de résections articulaires, estimant que les résections devaient être réservées aux cas extrêmes menaçant la vie.

Il multiplie les travaux sur la chirurgie du pied ( valeur comparée de l'amputation et de diverses opérations conservatrices dans la tuberculose du tarse, les traitements consécutifs à l'ablation de l'astragale, résultats éloignés de l'astragalectomie chez les enfants, Préface pour le manuel des amputations du pied du Docteur Roux).

Il avait été président de toutes les Sociétés médicales lyonnaises. Il fut l'un des fondateurs et le premier président de la Société de Chirurgie de Lyon. Deux fois il fut président de l'Académie de Lyon.

Il appartenait à un grand nombre de Sociétés étrangères : Académie des Sciences de Suède, de Belgique, de Turin, aux Sociétés ou Académies de Chirurgie de Vienne, Moscou, Saint-Petersbourg, Copenhague, Edimbourg, Washington, Bucarest, Rome, au Collège royal des chirurgiens d'Angleterre, à la Société de chirurgie de Berlin qui, en 1894, avait placé dans la salle de ses séances, son portrait à côté de ceux de Lord Lister et de deux chirurgiens allemands.

Tous ses travaux lui valurent le titre de "Père de la chirurgie osseuse".

Le 24 juin 1894, Ollier a été fait commandant de la Légion d'Honneur par le président Carnot, venu inaugurer l'exposition de Lyon, voyage que devait terminer tragiquement le poignard de Caserio. On peu noter que Tillaux et Ollier étaient alors en France les deux seuls chirurgiens titulaires de cette dignité. Lors de l'assassinat de Sadi Carnot, c'est lui qui dirige l'équipe chirurgicale qui tente de sauver le président.

Il poursuivit son œuvre qui révolutionna la chirurgie jusqu'à son décès. Il mourut subitement, à Lyon, le 26 novembre 1900. Ses funérailles furent célébrées le 29 novembre, avec uns solennité vraiment exceptionnelle et au milieu d'une affluence énorme de personnalités officielles, administratives, scientifiques, médicales, d'admirateurs, d'amis, de malades reconnaissants. La famille possède un tombeau au cimetière de Lyon-Loyasse.

Il laissa quatre filles, et un fils, qui tomba , mort au Champ d'Honneur, dans la plaine d'Alsace, aux premiers jours de la guerre 1914-1918.

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Peu après son décès uns souscription permit à l'artiste A. Boucher de sculpter une statue de 945 kg de bronze qui fut fut dressée, le 23 novembre 1904, en son hommage sur la Place de la Grave, devenue depuis Place Ollier à Lyon (qui fut déboulonnée et fondue par les allemands en 1941), une réplique de cette statue est érigée aux Vans, sur la place qui porte son nom.

Eugène Vincent écrit "il était intéressant et magnifique lorsqu'il opérait ! il n'était, comme tout chirurgien de race, jamais plus beau qu'en face du danger".

Sources

- Le journal français de l'orthopédie: Ollier.

- Musée Ollier, les Vans (Ardèche) : Tél. : 04.75.37.32.90

- Musée Testut-Latarjet, Ollier .

- Ollier 1830-1890 Cérémonies du Centenaire 1930, Association Typographique Lyonnaise, 12 rue de la Barre Lyon