Samuel-Jean POZZI

1846 - 1918

Rénovateur de l'hôpital Lourcine-Broca

Titulaire de la première chaire française de gynécologie à la Faculté de médecine de Paris en 1911

 

Samuel-Jean Pozzi est né à Bergerac en Dordogne le 03 octobre 1846.
Il est le fils d'un pasteur immigré, il commenca ses études à Pau puis à Bordeaux. Samuel Pozzi s'inscrit, dès 1866, à la Faculté de médecine de Paris où il est l'élève de Broca. Interne des hôpitaux en 1869, ses études un temps interrompues par une participation volontaire à la guerre franco-allemande de 1870, il obtient en 1872 la médaille d'or de la faculté. Reçu Docteur en Médecine en 1873, puis agrégé en 1875, enfin il est nommé chirurgien des hôpitaux de Paris et professeur à la faculté en 1877.
Il se rend à Edimbourg pour s'initier à la méthode antiseptique auprès de J. Lister (1876), à la méthode des pansements ouatés auprès d'Alphonse Guerin, et finalement au procédé Carrel-Dakin pour le lavage des plaies en continu.

Samuel Pozzi par Nadar

Praticien audacieux, il est l'un des premiers à aborder avec succès la chirurgie de l'abdomen. Cependant il est hors de doute que son nom restera attaché à son oeuvre gynécologique.


Chef du Service de chirurgie à l'hôpital Lourcine (01 janvier 1883), il réorganise très profondément sa structure en 1897. Auteur du premier cours “non officiel” de gynécologie dans une petite salle sombre et humide de Lourcine ... il devient titulaire de la première Chaire française de gynécologie à la Faculté de médecine (1911).

Son Traité de gynécologie opératoire, paru en 1890, devient un classique traduit en plusieurs langues, la création de son service gynécologique à Broca, tant par la qualité de son équipement qui fait appel à toutes les ressources de la chirurgie moderne que par l'attention donnée au décor qui reçoit le concours des meilleurs artistes du moment, marque une date dans l'histoire hospitalière parisienne.

Auteur prolixe et conférencier écouté, artisan de la création du « congrès de chirurgie » dont il est le secrétaire général, il apporte à la vulgarisation de la pensée médicale française un précieux renfort. Il est élu membre à l'Académie de médecine en 1896 (il en sera le président désigné pour 1919).

Lorsque, le 9 janvier 1898, par 575 voix contre 546 au député radical Theulier, le collège électoral de la Dordogne, appelé à pourvoir au remplacement du docteur Antoine Gadaud décédé, élit le professeur Samuel Pozzi pour le représenter au Sénat, celui-ci est loin d'être un inconnu. Car, si sa notoriété politique ne dépasse guère alors le cercle de ses amis périgourdins qui en ont fait un conseiller général, sa réputation de chirurgien va très loin au-delà de nos frontières.

Son activité politique peut paraître quasi insignifiante comparée à l'éclat de sa réussite professionnelle, d'autant que son passage au Palais du Luxembourg allait être de courte durée puisque, au renouvellement triennal de 1903 il se voit préférer le docteur Peyrot, lui-même chirurgien des hôpitaux et professeur à la Faculté, ne recueillant, au troisième tour de scrutin, que 348 voix contre 562 à son heureux rival. il siège au groupe de l'Union Républicaine.

Samuel Pozzi en 1918

 

Au début de la guerre 1914-1918, en dépit de son âge (68 ans), Samuel Pozzi reprend du service. En qualité de médecin principal, il assume les soins aux blessés notamment à l'hôpital de l'Hôtel Astoria où lui-même, le 12 juin 1918, après l'attentat dont il a été victime, dans son propre cabinet, de la part d'un ancien opéré atteint du délire de la persécution, sera opéré par son élève Thierry de Martel qui tentera, en vain, la suture des perforations intestinales causées par les balles de son assassin.

Grand officier de la Légion d'honneur, titulaire de nombreux ordres étrangers, membre de nombreuses académies hors de France, chirurgien consultant couru, opérateur réputé, artiste et grand amateur d'art - il possède une collection de Tanagra unique (statuettes de terre cuite antiques).

Samuel Pozzi décède à Paris le 13 juin 1918. Ses obsèques sont célébrées en l'église réformée de l'avenue de la Grande-Armée, le mardi 18 juin 1918.

Conformément à sa volonté, il est inhumé dans son uniforme militaire en sa ville natale de Bergerac.

 

Sources

- Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977.

- Historique de l'hôpital Broca par Alain Bugnicourt juin 2006 / décembre 2011