Michel de Nostre-Dame est né le 21 Décembre 1503 (du calendrier julien), ce qui correspond précisément au 62 ans, 6 mois et 10 jours, que l'on peut lire sur son épitaphe, à Saint-Rémy-de-Provence, vieille citée gallo-romaine. Sa maison natale est visible dans la rue Hoche, ex rue des Barri. Selon Lucien de Luca "Nostradamus, médecin dyslexique, souffrait d’une forme psychique d’épilepsie, vécue comme un passage à l'état de mort apparente, une éclipse mentale réversible et récurrente, à l'image d’un phénix prêt à ressusciter".
Origines
Il était l'aîné de six enfants. Son père, Jaume {équivalent provençal de Jacques (1470-1536)}, y est titulaire d'une charge de notaire, sa mère est Reynière (ou Renée) de Saint-Rémy. Issu de la tribu juive d’Issakhar, il descendait d’une lignée d’Israélites considérés comme très savants. Ses deux grands-pères avaient vécu à la cour du roi René (1409-1480), duc d'Anjou et comte de Provence.
Ascendance paternelle
En 1501, sa famille s’était pliée à l’édit de Louis XII qui fit expulser les juifs de Provence (la Provence a été rattachée à la couronne de France en 1499), ou les obligeait à se convertir au christianisme, sous peine de confiscation de leurs biens.
Son arrière grand-père paternel Davin de Carcassonne (1410-1473), de caractère assez vif, devint chrétien sous le nom d'Arnauton de Velorgues. Il hérite de son père en 1451, d'une vigne sur le territoir d'Avignon et d'une loge dans la partie supérieure de la Synagogue.
Son grand-père paternel, Crescas de Carcassonne (1430-1485), juif, tenait, sans doute pour son père, une des nombreuses boutiques où se vendent chausses, pourpoints et autres hardes masculines ou féminines d’occasion en Avignon. Il choisit le nom de Pierre de Nostredame lors de sa conversion au catholicisme (autorisé par le cardinal Pierre de Foix en 1459), il réside alors à Malaucène dans le diocèse d'Orange. On ne connaît pas les véritables raisons qui le poussèrent à embrasser la foi chrétienne. En décembre 1464, il épouse en troisième noces Blanche de Sainte Marie. Pierre de Nostredame, était vraisemblablement marchand de céréales avoine et blé, ainsi que dans le commerce de l’argent en Avignon, il disparait vers 1485.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, les Nostredame sont devenus plus riches et se sont davantage insérés dans la société chétienne.
Ascendance maternelle
Son arrière grand-père maternel (branche paternelle) Jehan de Saint-Rémy (1428-1504), lui aussi juif converti, était médecin, astrologue et clavaire (Officier municipal chargé de la garde et de la gestion de la caisse publique) de la ville dont il porte le nom.
Son grand-père maternel (branche maternelle) René de Saint Rémy, est le père de sa mère Renée.
Education, études
à Saint-Rémy et en Avignon
Il passe son enfance à Saint-Rémy-de-Provence à apprendre à lire, à écrire et à étudier auprès de ses aïeux (l'école élémentaire n'existe pas à cette époque); il apprend par cœur des textes en latin qui est indispensable pour dire correctement l’office de la liturgie chrétienne et le chanter. Il suit quelques temps les cours du maître d'école de la communauté de Saint-Rémy, puis débute des études classiques de rhétorique et grammaire, en Avignon, la cité Papale située à cinq lieues de sa ville natale. Une fois qu'il ait obtenu son titre de Maitre ès arts (un peu le baccalauréat actuel), il s'inscrit à la faculté de médecine de Montpellier en 1521, passe probablement une épreuve de baccalauréat en médecine vers 1524.
la peste, huit ans d'errance
Lorsque la peste arriva d'Italie en 1525, les hommes crurent qu’était venu le temps de l’apocalypse. Elle s’étendra rapidement depuis Avignon jusqu'à Narbonne, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux. La Faculté suspend ses cours, puis ferme ses portes.
Les jeunes étudiants en médecine se dispersent, tous apprennent à combattre la terrible épidémie, contre laquelle seul le courage des médecins, quelques mesures d'hygiène, et surtout la ferveur des prières pouvaient lutter. Michel de Nostredame quitte Avignon pour Narbonne puis Toulouse et Bordeaux, pour tenter de soigner les habitants. En 1528, tout le Midi est la proie d’une épidémie encore plus sévère que les précédentes, la famine et la guerre ajoutant à la désolation. Il décide à cette occasion d'approfondir l'étude des plantes et de la "pharmacaitrie". Ce qui lui permet de se faire connaître grâce aux remèdes qu’il a mis au point, dont les fameuses boules de senteur. Plus tard, Michel de Nostredame écrira un Traité sur la peste, lequel aura énormément de succès tant en France qu’en Angleterre.
inscription à Montpellier
En octbore 1529, il reprend à Montpellier ses études de médecine. Sa seconde inscription est retrouvée dans le "livre du procurateur" de l'époque, Guillaume Rondelet, et Antoine Romier où son passage est mentionné en latin (sous le nom de Micheletus de Nodta Domina). Sur les bancs de la faculté, il rencontre un certain Rabelais, attiré lui aussi par la renommée de cette université. Ses maîtres à penser sont Galien et Paracelse. Il y apprend également l'astrologie, en raison de l'influence supposée des planètes sur l'évolution des maladies. Brillamment reçu, et nanti de sa licence puis de son doctorat, le jeune médecin voyage à la rencontre des plantes et des maladies.
C'est de cette période que date la traduction française par Michel de Nostredame d’un opuscule de Galien qu'ils publiera plus tard, en 1557, "la Paraphrase de C. Galen, sus l’exortation de Menodote, aux estudes de bonnes Arts, mesmement Medicine" : il devait s'agir de son sujet de thèse principale pour l’obtention de son doctorat.
Mariage et installation à Agen
En 1531, Michel de Nostre-Dame se marie avec la fille d'un notable d'Agen qui lui donnera deux enfants : un garçon et une fille. En 1533, il s'établit à Agen où il pratique la médecine de soins à domicile.
A Agen, Michel de Nostre-Dame se lie d'amitié avec un certain Jules-César Scaliger. Celui-ci est installé à Toulouse, érudit de la Renaissance, c'est "un personnage incomparable, sinon à un Plutarque" selon Michel de Nostre-Dame, il écrit sur tout, impertinent il s'attaque à tout le monde, s'intéresse à la botanique et fabrique des pommades et des onguents. Mais cet grand imposteur, inquiète les autorités religieuses par ses idées un peu trop progressistes pour l'époque.
La population loue les talents des deux médecins lors de l'épidémie de peste de 1534.
Plus tard, vers 1537 ou 1538, un drame marquera sa vie à jamais : sa femme et ses deux enfants périrent, d'une cause non élucidée, vraisemblablement de la peste.
Mais, en 1538 le Tribunal de l'Inquisition de Toulouse mène une enquête sur l' enseignement et les mœurs de Scaliger, Michel de Nostredame est soupçonné d'avoir des fréquentations douteuses, et lui demande de s'expliquer pour avoir fréquenté "un mécréant qui sentait le fagot". Trois religieux déposèrent contre lui, le jeune médecin ayant montré ouvertement son attachement aux valeurs naissantes du protestantisme de Luther. Michel de Nostredame jugea plus prudent de se faire oublier en entreprenant un voyage. Il se rendit successivement à Bordeaux et à la Rochelle.
Six ans de pérégrinations en France
Pendant six ans, de 1538 à 1544, il échappe à ses poursuivants, dès lors Michel de Nostredame quitte Agen, on retrouve sa trace dans plusieurs villes de France et d'Europe. Il entreprend un Tour de France, qui l'amènera à rencontrer de nombreuses personnalités, savants et médecins. Sa première étape est à Bordeaux, il se rend ensuite à Toulouse et Carcassonne, poursuit dans la vallée du Rhône On le voit aussi à Marseille, Aix-en-Provence, Valence, Vienne et Lyon. On dit qu'il séjourna un temps à l'abbaye d'Orval qui dépendait de l'Ordre de Citeaux, au Luxembourg et même en Bretagne, mais ces faits ne sont pas avérés. .
la peste de 1544-1546 et 1547
A l'automne 1544, à la suite de pluies abondantes et d'inondations considérables en Provence se répandit une nouvelle épidémie de peste. M. de Nostredame se trouvait à Marseille à ce moment là.
En 1546, nous le retrouvons donc à Aix-en-Provence, où il va combattre le terrible fléau pendant neuf mois. La ville d’Aix était réputée pour son manque d’hygiène, ce qui était favorable à l'extension de la maladie. Dès l'annonce de la maladie, le Parlement se retira sagement à Pertuis.
Là, il précomise et expérimente son remède : "une poudre de senteur souveraine pour chasser les odeurs pestilentielles", qui ne peut se fabriquer qu’une fois par an, au temps des roses et qui semble efficace… Devant ce succès apparent et sa réputation, Michel de Nostredame est appelé sur les lieux où des épidémies sont signalées.
Ainsi, il est appelé à Lyon, en 1547, à l'occasion d'une autre épidémie de peste.
Salon de Provence 1547-1548
En 1547, M. de Nostredame réapparaît à Salon de Provence (alors appelé Salon-de-Crau).
Secondes noces de Nostradamus
En 1544, son frère Bertrand lui avait présenté une jeune veuve de Salon-de-Provence; le 11 Novembre 1547, il signe le contrat de mariage devant notaire et se remarie en secondes noces Anne Ponsard. Le couple occupe la maison où peut se visiter aujourd'hui le musée Nostradamus. Michel de Nostredame s'installe comme médecin et "astrophile", comme il aimait à se définir lui-même. En fait, il donnait des consultations de médecine et d'astrologie, et recommandait la phytothérapie composée par ses soins (fards et onguents, poudres de beauté et philtres d’amour). Michel de Nostredame comme il est fréquent à l'époque, fait latiniser son nom et devient Nostradamus. Ce nom n’est pas la transcription latine de Nostredame qui serait plutôt Dominanostra ou Nostradomina. Nostradamus signifie "nous donnons (damus) les choses qui sont nôtres".
Entre 1547 et 1557, Anne Ponsard lui donnera trois filles et trois garçons; l'aîné, César (1553-1630), deviendra Maire de Salon, historien, biographe de son père, peintre et poète.
En 1556, Nostradamus avait manifesté son intérêt pour la construction du canal dit de Craponne, qui permet d'amener les eaux de la Durance à Salon de Crau. Il finance une partie du percement de l'ouvrage de son ami Adam de Craponne.
Voyages en Italie 1548-1549
Il prend le temps de voyager en Italie de 1548 à 1549. Il est à Venise en 1548. En 1549, Nostradamus rencontre à Milan un spécialiste en Alchimie végétale qui lui fit découvrir les vertus des confitures qui guérissent. Il expérimente des traitements à base de ces confitures végétales, après son passage à Gênes, de retour en France, il rentre pour se fixer à Salon-de-Provence.
Retour à Salon. Publications.
Almanachs et "pronostications"
De retour d'Italie, dès 1549, il commence à publier des almanachs et "pronostications" (calendrier de prédictions basées sur les astres), ouvrages mêlant des prévisions météo pour les cultures, des conseils médicaux et de beauté par les plantes. Il étudie également les astres. Nostradamus s’amuse à façonner ses premières prévisions, dans un style énigmatique. Ces almanachs étaient très populaires. Les colporteurs les vendaient sur les marchés et dans les foires et se répandaient auprès d’un public important. L'almanach de 1556 est dédié à Catherine de Médicis; celui de 1557 au roi de Navarre, Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, père du futur Henri IV; celui de 1558 est dédicacé au roi Henri II. C’est à cette époque qu’il aurait commencé à manifester des dons de prophétie.
Il en fut ainsi pendant 17 ans, jusqu'à sa mort. Nostradamus innovera dans ce domaine, car à partir de 1555, pour chaque mois de son almanach, on trouvera un quatrain décasyllabique devant annoncer un événement marquant (rassemblés dans Les Présages).
Des Fards et des confitures
Il publie en 1552 son "Traité sur les fardements et confitures ", traité sur "Les fardements et senteurs pour illustrer et embellir la face", ainsi que sur l'hygiène alimentaire. Ce texte contient des précisions authentiques sur la vie de Nostradamus, notamment quelques notations chronologiques et plusieurs confidences de l’auteur.
Dès les premières années de son installation à Salon-de-Provence, au moins jusqu’en 1552, Nostradamus se plaint de vivre "entre bestes brutes et gens barbares... ennemys mortelz de bonnes lettres et de memorable érudition". Mais après son voyage à la Cour en 1555 et la visite de la reine Catherine de Médicis en 1564, il estima différemment le comportement de ses contemporains.
Les Prophéties ou Centuries
Le 4 Mai 1555, il fait imprimer à Lyon, chez Macé Bonhomme, la première édition des "Centuries", au style sibyllin, sombre et inquiétant. Ce sont des prophéties dont nous savons qu’elles ont été rédigées sous une forme versifiée, les fameux quatrains, groupés par cent, ils forment une "centurie" courante en cette première moitié du XVIe siècle . La première édition compte 353 quatrains, la dernière (posthume), 942.
Le succès est immédiat dans tout le royaume. Convoqué à Dijon devant le Parlement, il devra s'expliquer : il ne sera pas inquiété.
En 1557, une nouvelle édition des "Centuries" est publiée incluant de nouveaux quatrains, sixtains et présages. Il y eut ensuite de très nombreuses éditions.
Les Centuries ont donné lieu à la publication de près de dix mille ouvrages. Aujourd'hui encore, malgré des travaux sérieux, nul ne peut dire exactement ce qu'elles signifient. Le style obscur et le vocabulaire, mélange de vieux français, de latin et de provençal, permettent aux exégètes une grande liberté d'interprétation. Les Centuries ne sont nullement explicites, et tout évènement cadrant a posteriori avec l'une des multiples interprétations d'un paragraphe est présenté comme l'interprétation juste - plusieurs interprétations "justes" d'une même prophétie pouvant parfois se retrouver chez les mêmes spécialistes.
exemple : le quatrain I - 35
C'est le plus réputé des quatrains prophétiques :
"Le lyon jeune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or les yeux lui crèvera,
Deux classes une puis mourir mort cruelle."
Selon certains, ce quatrain fait référence à la mort du roi Henri II. En effet, le 30 Juin 1559, des cérémonies célèbrent le traité de Cateau-Cambrésis, qui mettait fin aux guerres pour le contrîole de l'Italie entre Henri II roi de France et Philippe II d'Espagne. Le traité prévoyait également les mariages "politiques" de la sœur d'Henri II, Marguerite de Valois, avec le duc de Savoie et celui de sa fille aînée Élisabeth avec le roi d'Espagne, veuf depuis la mort de Marie Tudor.
Lors d'un tournoi de chevalerie organisé à cette occasion, le jeune comte Gabriel de Montgomery affrontera le roi. Au second assaut, les lances se brisent, et un éclat de celle de Montgomery soulève la visière d'Henri II et pénètre dans l'œil du roi qui meurt 10 jours plus tard, malgré les soins prodigués par Ambroise Paré et André Vésale. L'émoi à la Cour fut considérable. Pourtant personne à l'époque ne fit le rapprochement avec le quatrain. L'épisode contribuera, beaucoup plus tard, à la longue renommée de Nostradamus, qui avait publié, dans ses Centuries, quatre ans auparavant, le quatrain I - 35, prédisant la mort du roi Henri II dans des circonstances identiques à celles d'un prodige céleste tel que celui qu'on aperçut en Suisse en 1547, montrant un combat entre deux lions.
- Les amateurs d'occultisme veulent y voir l'annonce du tournoi qui opposa Henri II et le comte de Montgomery, le 30 juin 1559, et voient la preuve que Nostradamus avait un don de clairvoyance.
- Les sceptiques, sont frappés d'admiration par la coïncidence.
Un examen minutieux fait apparaître que beaucoup des quatrains rédigés par le voyant de Provence sont en fait des commentaires politiques, et des critiques justifiables des activités de l'Eglise Catholique, occupée à l'époque à jeter les hérétiques au bûcher, là où l'Inquisition avait le pouvoir de le faire.
Avec ses "Centuries", son œuvre dont la poésie puise à la source de Pétrarque, s'inscrit dans une littérature eschatologico-astrologique (prévision de la fin des temps par l'astrologie) l'autorisant à se nommer prophète à une époque où les astrologues s'abritent derrière leur science, face à une église en crise.
Visite à la Cour du roi de France
La même année 1555, au mois d'août, sans doute après les publications des almanachs, les Centuries étant trop incompréhensibles, Catherine de Médicis, qui est célèbre pour son goût des sciences occultes convie le prophète de Salon à la Cour, dans la ville de Saint-Germain, pour établir l'horoscope des enfants royaux. C’est ainsi qu’il fit sa célèbre prédiction relative à la mort de Henri II
Plusieurs auteurs, dont certains anonymes attaquèrent Nostradamus, estimant que le mage provençal est trop favorable aux catholiques. Nostradamus leur répond encore dans une strophe en latin qu'on trouve à la fin de la sixième centurie de l'édition de 1568. Voir son interprétation ICI.
Legis cantio contra ineptos criticos.
Quos legent hosce versus maturè censunto
Profanum vulgus, & inscium ne attrestato :
Omnesq; Astrologi Blenni, Barbari procul sunto :
Qui aliter facit, is ritè, sacer esto.
qui pourrait se traduire ainsi :
Le charme d'une loi contre les critiques ineptes.
Pour élire ces lais par bonne heure qu'ils soient trahis,
Que la foule profane & ignare n'en soit pas étourdie :
Astrologues Bavasseux, Idiots, arrière-toute tutti quanti !
Qui se consacre autrement, rituellement, soit maudit.
C'est également en 1557 qu'il publie une oeuvre d’érudition chez le même éditeur lyonnais de ses Prophéties, Antoine du Rosne, la Paraphrase de C. Galen, sus l’exortation de Menodote, aux estudes des bonnes Artz, mesmement Médicine… L’ouvrage comporte une assez longue épître en prose de Nostradamus, datée de Salon, le 17 février 1557, et adressée au Baron de la Garde.
Les premières guerres de religion : 1561, 1567, 1568…
Nostradamus fut traité d'hérétique et de sorcier par des Salonnais fanatiques attachés à la foi catholique. Les troubles du printemps 1561 à Salon - une nouvelle révolte des Cabans - et la fuite de Nostradamus à Avignon expliquent sans doute que l'almanach de l'an 1562 comportait des espaces blancs, tendant à démontrer que Nostradamus n’avait pas entièrement revu son texte.
On trouve confirmation de l'appartenance de Michel de Nostredame à la religion réformée, dans une lettre datée du 15 juillet 1561, et adressée à son ami intime Laurent Tubbe Pomeran. Mais déjà lors de son séjour à Agen il avait prononcé des paroles en faveur des luthériens devant des Franciscains qui témoignèrent contre lui devant l'Inquisiteur de Toulouse.
Sur ordre du roi, le comte de Tende, gouverneur de Provence, de passage à Salon, le 16 décembre 1561, fit arrêter Nostradamus, et l’amena avec lui dans son château de Marignane. Il ne semble pas qu’il y ait eu de suites fâcheuses à cette curieuse arrestation. Nostradamus sera relâché et continuera à composer ses almanachs, sans être inquiété par les autorités.
Visite de Catherine de Médicis à Nostradamus
Après la paix d'Amboise, le 19 mars 1562, qui promulgua un édit permettant aux protestants le libre exercice de leur culte, la reine-mère, Catherine de Médicis, organisa un véritable "tour de France", à la fin du mois de février 1564, accompagnée du jeune roi Charles IX, alors âgé de quatorze ans, du duc d'Anjou (le futur Henri III), du duc d'Alençon, et également du petit cousin Henri de Navarre (le futur Henri IV). Après les troubles des années précédentes entre Papistes et Huguenots, Catherine de Médicis voulait réconcilier les Français autour de la royauté, afin de désamorcer la crise provoquée par les guerres de religion. Le "train royal" s'arrêta à Salon le 17 octobre 1564
C'est donc Catherine de Médicis et sa Cour qui viennent rencontrer Nostradamus à Salon-de-Provence. Il est confirmé dans ses titres de médecin ordinaire et de conseiller du Roi. Le prophète prédit que le neveu de la reine, un certain Henri de Navarre, montera sur le trône de France; Nostradamus a ainsi correctement prévu les règnes de Henri IV, mais aussi ceux des trois fils de Catherine de Médicis : François II, Charles IX et Henri III…
Fin de vie, testament de Nostradamus
Il rédige son testament le 17 juin 1566. Le 2 Juillet 1566, la goutte a raison de la santé de Nostradamus, a 62 ans, 6 mois et 10 jours : il est retrouvé mort près de son lit et de son banc ... tel qu'il l'avait prédit dans un de ses quatrains.
Ses ossements sont d'abord ensevelis à Salon, dans l'église du couvent des Frères Mineurs dit Couvent des Cordeliers, comme il le souhaitait, où était gravé l'épitaphe: "Dieu très grand. Ici les os du très illustre Michel de Notre-Dame, estimé digne entre tous les mortels de décrire suivant le cours des astres et de l'univers tout entier, d'une plume presque divine, les événements de l'avenir. Il a vécu 62 ans, 6 mois, 10 jours, et mourut à Salon en 1566."
Puis en 1791, le tombeau fut violé par les gardes nationaux qui espéraient y trouver un trésor. Le cercueil brisé à coups de hache ils y découvrirent, dit-on, la date où le tombeau sera profané, et les ossements du prophète furent éparpillés par les soldats de la Révolution. Aujourd'hui, une épitaphe perpétue son souvenir dans la chapelle de la Vierge de la Collégiale Saint-Laurent, à Salon-de-Provence.
Son œuvre s'agrémente d'un manuscrit découvert au XXe siècle et intitulé "Les hiéroglyphes de Horapollo" (interprétation des hiéroglyphes égyptiens), dédié à la princesse de Navarre.
Cet homme est avant tout un savant, un érudit. Il est le creuset dans lequel se subliment toutes les tendances venues de l'Antiquité pour exploser dans ce fabuleux XVIe siècle.
Contemporains célèbres de Nostradamus
- François Ier, Roi de France de 1515 à 1547,a fait rayonner en France la Renaissance italienne. François Ier fit construire les châteaux de la Loire, invita en France Léonard de Vinci. Protecteur des arts et des lettres, il créa le Collège des Lecteurs Royaux qui deviendra le Collège de France.
- Henri II, Roi de France de 1547 à 1559. Roi sportif et guerrier, Henri II attacha à la Cour une stricte étiquette. Blessé à l'oeil le roi mourra après d'horribles souffrances; cet événement avait été annoncé par Nostradamus.
- Catherine de Médicis, née en 1519 dans une famille qui régnait sur Florence, proche des souverains pontifes, elle épousa le prince Henri, fils de François Ier qui régna après son père sous le nom d'Henri II. Elle donna naissance à de nombreux enfants. Fait exceptionnel, trois deviendront rois: sous les noms de François II, Charles IX, et Henri III. Trois fois régente, elle occupa une place politique exceptionnelle de longévité et d'influence. Parmi ses enfants on compte également Marguerite, "la reine Margot", qui, par calcul politique, fut forcée d'épouser le futur Henri IV.
Catherine de Médicis hérita des Florentins le goût pour les intrigues de Cour. On la rend responsable du massacre de la Saint-Barthélemy, mais elle a tout tenté pour se débarrasser des Guise, à l'influence trop prononcée.
- Gaspard de Coligny (1519-1572) est un héros guerrier. Comme chef huguenot, il fut mêlé aux premières Guerres de Religion. Sans être nommé, il est logiquement au centre de nombreux quatrains et Présages, notamment les présages 125 à 135, qui évoquent son action politique et sa tentative d'installation des protestants français en Floride . Il fut assassiné lors de la Saint-Barthélemy, en 1572.
- Les ducs de Guise, descendants par les femmes de la maison d'Anjou-Provence, c'est-à-dire du Roi René. Ils sont également surtout les grands héros guerriers de cette époque.
- François (1519-1563) surnommé, pour ses faits d'armes, "le conservateur de la patrie." Il fut abattu au cours du siège d'Orléans par un huguenot
- Henri (1550-1588) surnommé "le balafré" champion du catholicisme, rival de Coligny, il devint le chef de la Ligue, et sera assassiné dans le château de Blois sur ordre d'Henri III.
- Charles (1554-1611), duc de Mayenne qui se soumit à Henri IV.
- Louis (1556-88), cardinal de Guise, assassiné deux jours après son frère
- Michel de l'Hospital, fils de médecin, chancelier du Berry en 1547, et chancelier de France en 1560. Auprès de Catherine de Médicis, il tenta d'éviter les guerres civiles Mais il fut écarté de la Cour en 1568, et les Guerres de Religion battront leur plein.
- Rabelais, écrivain et humaniste de la Renaissance. Bénédictin il fut aussi médecin. épicurien, bon vivant, il publie "Pantagruel" en 1532 et "Gargantua" en 1534.
- Ronsard, (1524-1585) est le célèbre poète français à l'origine de la Pléiade, avec Du Bellay. Il écrivit des "Odes" en 1550, inspirées de Pindare, les "Amours" (1552-1555), et les célèbres "Hymnes" (1555-1556), on doit également à Ronsard ses "Discours des misères de ce temps" (1562-1563). Il laissa inachevé son épopée, la "Franciade", commencée en 1572, avant de disparaître en 1585.
- Du Bellay, (1522-1560) Ami et collaborateur de Ronsard, il rédigea le manifeste de la Pléiade. On lui doit la "Défense et Illustration de la Langue Française" en 1549, ainsi que' une oeuvre poétique célèbre illustrée par "Les Antiquités de Rome" et "Les Regrets", en 1558.