Colette Bonzo était un peintre autodidacte. Sa brève carrière recouvre une quinzaine d'années dans l'après-guerre.
Primauté et violence de la couleur, hardiesse du trait, rapidité d'exécution, compositions monumentales : proches de l'Expressionnisme, ses peintures, ses dessins et ses gravures empoignent les grands thèmes sociaux, philosophiques et religieux du XXe siècle. Bernard Dorival, l'un des fondateurs du Musée national d'art moderne, la rattache à "cette famille sprirituelle qui compte un Goya, un Daumier, un Soutine". Une œuvre conçue "sans aucun souci des modes éphémères et des poncifs du jour, en accord, en revanche, avec la sensibilité et l'évolution générale de l'art". L'œuvre de Colette Bonzo a été présentée dans de grandes expositions à Paris, en province, en Europe et au Japon.
En 1957, Colette Bonzo acquiert avec son mari Elie Bontzolakis le château du Pin, à Fabras, dans la Cévenne ardéchoise. Le château du Pin est une demeure du XVIème siècle (1591) dans lequel on peut suivre un parcours mystérieux et chaleureux, la présentation permanente des œuvres du peintre Colette Bonzo. Elle eut un coup de foudre pour le Vivarais et ses habitants. Les toiles qu'elle peint à Fabras marquent un tournant dans son œuvre. Le soleil, une extrême lumière, la fragmentation des coloris et des formes entrent dans la danse. Le Bal au bois de PaÏolive (1964) est pleinement représentatif de cette évolution. Une visite dans une clairière de Païolive, près des Vans, dans ce paysage solaire et torturé sert de déclencheur. "Le Bal" naît, puis "L'Ours et le Lion", également inspiré des rochers de PaÏolive, ainsi qu'une série de fusains et de croquis autour de ce thème. Les œuvres présentées au château du Pin retracent cette vision de paysages qui intègrent jusqu'à la fusion l'homme et l'animal. Présentés dans le cadre même où ils furent peints, les huiles sur toile et les dessins participent de la mémoire d'un lieu ; ils mettent également en évidence la manière dont le peintre transforme cette mémoire en matière picturale, comment les émotions se métamorphosent en formes et en couleurs - et avec quelle intensité, quelle joie de créer !
Les visiteurs n'entrent pas dans un musée, mais dans une demeure habitée, en cours de restauration aux salles voûtées ou plafonnées à la française. Ils voient comment un site donne naissance à une architecture, la vie d'une bastide à travers l'évocation de ses habitants : des seigneurs, des paysans, puis des artistes. Tous ont marqué et marquent ce lieu de leur empreinte.
Chaque année, une exposition thématique de ses toiles, présentée dans le décor et le mobilier qu'elle avait choisis, permet de mieux comprendre une œuvre créée en partie, dans cet espace. Vie et travail de Colette Bonzo, analyse de certains tableaux, projection d'un court-métrage sont intégrés à la visite.
D'après la biographie de Colette BONZO publiée sur le site qui lui est consacré.
Filmographie:
Une femme en bataille (court mètrage) de Camille Brottes, 1993, 22min : une évocation du parcours du peintre Colette Bonzo. Un film d'une grande sobriété, composé à la manière d'un tableau.