Louis-Charles-Albert DANET
Louis-Charles-Albert Danet est né le 7 août 1846 à Privas, place Saint-Louis. Fils d'un officier supérieur, il étudie pendant dix ans au lycée de Tournon-sur-Rhône. Il est bachelier en 1864.
Ses études classiques terminées au lycée de Tournon, il s'inscrit à la Faculté de Droit de Paris, où il fut reçu licencié et avocat près la Cour d'appel le 7 novembre 1868.
De petite taille, l'air franc, décidé, avec la moustache et les cheveux ras commençant à grisonner, rien d'un avocat, au contraire, il a l'apparence toute militaire d'un chef de bataillon de chasseurs à pied.
Maître Danet s'initia aux affaires de sa profession sous la direction d'Oscar de Vallée ; il fut secrétaire de la Conférence des avocats entre 1871-1874. Membre du Conseil de l'Ordre, parmi les plus jeunes, de 1889 à 1894, il déclina la candidature les années suivantes jusqu'en 1901. où il fut élu bâtonnier. Il est également avocat-conseil du ministère de la Guerre.
Membre de la Société de Médecine légale de France, Maître Albert Danet en a été le président pour 1890-1891.
Le talent oratoire, net et précis, de Maître Albert Danet est fort apprécié dans les milieux judiciaires, où ce maître est considéré comme l'un des plus éminents avocats criminologistes.
C'est surtout devant les Conseils de guerre qu'il a rencontré le plus de succès, la franchise de son attitude et la bonne foi de son argumentation impressionnent toujours les tribunaux militaires. Parmi les affaires les plus connues qu'il a défendues devant cette juridiction, il convient de citer celles du commandant Sabiani, directeur de la prison militaire du Cherche-Midi à Paris, du Saint-Cyrien Philippot, du maréchal-des-logis de gendarmerie Cabis, du major Breton, du capitaine Buisson à Constantine, etc… Comme avocat du ministère de la Guerre, il soutint les poursuites du général Mercier contre MM. Allez frères dans l'affaire des fournitures militaires (1894-95).
Nous remarquons parmi ses secrétaires: d'abord de Bruneau de Saint-Auban, déjà connu au Palais, ancien secrétaire de la Conférence 1884-85, auteur de plusieurs ouvrages, et collaborateur de divers recueils de droit.
Décoré de l'ordre de la légion d'honneur par le ministre de la guerre en personne, le général Zurlinden, le 13 juillet 1895.
En cour d'assises, l'éloquent avocat a plaidé aussi nombre de causes retentissantes de l'époque ; il a notamment défendu les assassins célèbres Barré, Lebiez, Abadie et Marchandon ; il fit acquitter Eugénie Forestier dans l'affaire Prado, Lucien Fenayrou dans le « crime du Pecq » et le député Sans-Leroy dans les procès de Panama. Dans l'affaire Eyraud / Gouffé, il soutint la cause de la partie civile (les jeunes filles de l'huissier Gouffé) avec une grande élévation de pensée et de langage. Citons encore ses plaidoiries dans le procès célèbre de Fouroux / Jonquières à Toulon (1891), et celui de la bande de Neuilly.
Danet s'est donc trouvé jouer un rôle dans la plupart des principales affaires de son temps. Son talent est d'un caractère net, précis, comme sa personne, avec une note particulière de franchise et de bonne foi qui s'impose à ses auditeurs.
1878 Affaire Barré - Lebiez et la malle sanglante
Le 6 avril 1878, une logeuse de la rue Poliveau annonçait au commissaire de police du quartier qu’elle venait de découvrir des membres humains dans le placard d’une de ses chambres meublées.
L’affaire fit immédiatement du bruit, et pendant plusieurs semaines les journaux entretinrent leurs lecteurs du mystère de la rue Poliveau, quoi que quelques-uns crussent à une simple plaisanterie d'étudiant : la rue Poliveau se trouve dans le voisinage de l’amphithéâtre de dissection appelé Clamart. La justice, au cours de ses recherches, apprit que Mme Berthe Liberre-Limouse, dite la "mère Gillet", qui vendait du lait sous une porte cochère, rue de Paradis-Poissonnière, avait disparu depuis une quinzaine de jours environ.
Un clerc de notaire, homme d’affaires en faillite établi rue d’Hauteville, un nommé Barré interrogé, ne se troubla nullement et expliqua ce qui l’avait amené chez la femme Gillet ; confronté avec la logeuse de la rue Poliveau, celle-ci ne le reconnut pas : l'étudiant portait toute sa barbe, et Barré n’avait que la moustache ; mais il laissa échapper qu’il s’était rasé quelques jours auparavant. Il fut gardé à la disposition de la justice et, deux jours après, devant les preuves apportées par la police, forcé de tout avouer. Il laissa de plus échapper le nom de Lebiez, comme étant son ami intime.
Lebiez, étudiant en médecine, devait être celui qui avait découpé le cadavre, dont les sections, très nettes, attestaient une main exercée. Sur les indications de Barré, le reste du corps fut retrouvé au Mans, dans une caisse expédiée le 23 mars, mais que personne n’était venu réclamer. Lebiez, arrêté affecta d’abord le même calme que son complice ; il entra dans une violente colère quand il apprit la dénonciation de Barré et protesta de son innocence ; mais, confronté avec le cadavre reconstitué de la femme Gillet, il fit à son tour des aveux complets.
Le 31 juillet 1878 Aimé Barré et Paul Lebiez sont condanés à mort; ils seront guillotinés le 7 septembre 1878
En 1878, le bourreau Nicolas Roch innove, lors de l'exécution de Barré et Lebiez. Ayant maintes fois remarqué la terreur fascinée des condamnés face au couteau, il fait visser sur le haut de la machine une plaque de bois qui cache le couperet.
1879 - 1880 - Affaire Abadie et sa bande
Émile Abadie et Pierre Gille,âgés l'un de vingt ans, l'autre de seize ans, membres de la "Bande de Montreuil", sont les auteurs de plusieurs vols. Le 17 avril 1879, ils cambriolent l'appartement d'Élisabeth Foy, épouse Bazengeaud, 44 ans, et la massacrent à coups de couteau, avant de voler une montre, un revolver, quelques francs et des cigares.
Le 31 août 1879, la Cour d'assisses de la Seine condamnait à mort, les deux jeunes misérables Émile Abadie et Pierre Gille qui avaient organisé une véritable bande de malfaiteurs, et sans doute auteurs d'autres crimes restés impunis. Leurs complices, Victor Claude, dix-neuf ans, est condamné à sept ans de prison pour vols, et Nicolas Farigoule, quinze ans, et Frédéric Charton, quatorze ans, à vingt-quatre mois de réclusion.
Gille et Abadie seront graciés le 10 novembre 1879 par le Président de la République, Jules Grévy. En apprenant sa grâce, Abadie avoue sa participation à un autre crime resté impuni
En août 1880, Abadie comparait à nouveau avec deux accolytes (Pierre-Marcel Knobbloch et Pierre Kirail) pour l'assassinat de Julien Lecercle, un garçon épicier de Saint-Mandé qui fut égorgé dans sa voiture en janvier 1879, pour lui voler 4.000 francs.
Maître Albert Danet défendra Abadie. Il pourra "jouer" sur un côté extrêmement bizarre de ce procès. Abadie ayant déjà été condamné à la peine suprême lors d'une condamnation précédente, en vertu d'une jurisprudence, tout individu frappé du maximum de la peine édictée par la loi ne peut être recherché pour des actes antérieurs à ceux qui ont motivé l'application de cette peine. Il peut donc arriver que la Cour d'assises soit forcée, ou de ne prononcer aucune peine, ou de le condamner à mort pour la forme, en spécifiant que cette nouvelle sentence se confondra avec celle dont le Président de la république a arrêté les effets. Aussi l'aimable jeune homme est-il tout à fait à l'aise.
À l'issue des plaidoiries, statuant sur les conclusions déposées en faveur d'Abadie, la Cour adopte complètement le système proposé par Maître Albert Danet, et déclare, dans un arrêt longuement motivé, qu'Émile Abadie, déjà condamné à mort, ne peut plus subir aucun châtiment pour les crimes qu'il a commis antérieurement à cette condamnation, et qu'il a expié tous les forfaits dont il s'est rendu coupable. Aussi Abadie est-il seulement condamné aux frais du procès.
Pierre-Marcel Knobbloch est condamné à mort le 30 août 1880 et gracié le 11 novembre 1880; le troisième complice, Pierre Kirail, est condamné à perpétuité.
1882 Le crime du Pecq (Affaire Fenayrou)
« Quand un criminel est intelligent, instruit, sans remords, et quand il a bien préparé son crime, neuf fois sur dix on l’acquitte », fait dire Guy de Maupassant à un procureur dans une de ses chroniques, « Comédie et drame », parue dans Le Gaulois du 4 avril 1882. Un mois plus tard, le 27 mai, un corps est retrouvé dans la Seine, près de Chatou. Il ne s’agit pas d’un banal repêchage d’un noyé ou d’un suicidé, car la victime, un certain Louis Aubert, avait été bâillonnée et son corps ligoté avant d’être jeté à l’eau. L’enquête révélera qu’on a affaire à un drame passionnel. Pendant les semaines qui suivent, l’opinion publique sera tenue en haleine par les détails de ce qu’on appellera dans les journaux " le crime du Pecq", ou – une fois connus les noms des principaux suspects – "l’affaire des Fenayrou".
Les auteurs présumés du crime – un dénommé Marin Fenayrou, pharmacien de son état, sa femme Gabrielle (ex-maîtresse de la victime) et le frère de Fenayrou, Lucien. Le mari avait hésité, entre plusieurs scénarios : ou construire une paire de jumelles de théâtre renfermant un ressort qui aurait fait jaillir un système de pointes d’acier qui aurait crevé les yeux du spectateur, ou plus simplement, le piéger avec un piège à sanglier et lui faire subir des tortures diverses. Son mari l’ayant menacé de mort si celle-ci ne les aidait pas, Gabrielle Fenayrou avait donné rendez-vous à son amant dans une maison de Chatou. Quand le pharmacien ouvrit la porte, ils lui sautèrent dessus, l’un le frappant sur la tête avec un marteau et l’autre lui lacérant les flancs avec la lame d’une canne-épée
Quand ils eurent achevé le pharmacien, ils le ligotèrent avec un tuyau de plomb, Lucien aurait participé au meurtre, puis aidé son frère à transporter le corps de la victime, Aubert, jusqu’au pont sur la Seine près de Chatou. Ils seraient repartis tous les trois pour Versailles le même soir dans le train de 23 heures ...
Le premier procès se déroule devant la Cour d'assises de Seine-et-Oise; Maître Albert Danet est le défenseur de Marin Fenayrou, de sa femme Gabrielle (ex-maîtresse de la victime) et du frère Lucien Fenayrou.
Le 13 août 1882, Marin Fenayrou, Gabrielle Fenayrou, Lucien Fenayrou sont reconnus coupables. La femme et le frère obtiennent seuls les circonstances atténuantes. Marin Fenayrou est condamné à la peine de mort. Gabrielle Fenayrou est condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Lucien Fenayrou est condamné à sept ans de travaux forcés.
Le 7 septembre 1882, la Cour de Cassation, à la suite d'un pourvoi, casse l'arrêt, pour défaut dans la déposition orale d'un témoin, et décide le renvoi des accusés devant la Cour d'assises de la Seine.
Les seconds débats se déroulent devant la Cour d'assises de la Seine; après les plaidoiries, selon Le Gaulois du 12 octobre, Maître Danet est confiant, qu'un jury de Paris, "ne commettra pas l’illogisme qu’a commis celui de Versailles"
Le 14 octobre 1882, Lucien le frère est acquitté, la Cour condamne les deux époux aux travaux forcés à perpétuité, mais obtiennent des circonstances atténuantes.
Ainsi, comme le disait Octave Mirbeau dans Le Figaro, à propos de cette affaire : "il y a plusieurs sortes de justice: la justice, édition de Paris, et la justice, édition de province. Il sera intéressant de savoir que tuer un pharmacien, par exemple, constitue ici un abominable crime, là un acte naturel et joyeux; que, dans les départements, pour ce faire, on vous envoie à la guillotine, et qu’à Paris on vous envoie faire un tour au Bois."
1885 - Affaire Marchandon
Dans la nuit du 15 au 16 avril 1885, Mme Cornet, femme d'un riche industriel de Pondichéry, avait été assassinée dans son appartement, 4, rue de Sèze à Paris. Le concierge faisant une ronde vers 2 h. du matin avait entendu piétiner dans le logement. Il avait réveillé la cuisinière de Mme Cornet et l'on avait trouvé la femme de l'industriel, la gorge tranchée, la tête presque détachée du tronc ; un couteau-poignard était planté dans la poitrine.
Ce crime avait causé partout une vive émotion et particulièrement à Compiègne où les époux Cornet n'étaient pas inconnus. M. Cornet avait été élève du Collège de Compiègne et Mme Cornet avait habité Choisy-au-Bac en 1882.
Marchandon manifesta véhémentement l'indignation que lui causait un tel forfait.
Le 17 avril à 19 h 30, MM. Kuehn, chef de la sûreté, Letheux, commissaire de police, le brigadier Martin et deux agents venaient arrêter Marchandon, en qui ils avaient découvert l'auteur du crime de la rue de Sèze.
La veille du crime, Marchandon, vingt-deux ans, était rentré, sous le nom d'Henri Martin comme valet de chambre chez Mme Cornet, où il avait été adressé par un bureau de placement. Dans la nuit, il tuait la malheureuse femme et la dévalisait puis revenait à Compiègne avec son butin.
Le 21 avril, à propos de l’assassin Marchandon, il est question, chez Brébant (restaurant), du besoin actuel d’une morale quelconque, et là-dessus Renan de s’écrier : « qu’un jour ou l’autre, on sera obligé d’arriver à un cours de morale laïque, à une espèce de succursale de la morale catholique. »
Me Albert Danet présenta la défense de Charles Marchandon qui fut condamné à mort, le 27 juin 1885, le criminel fut exécuté le 10 août 1885. Jeanne Blin , sa maîtresse obtint un non-lieu (elle était indicatrice de police d'après le préfet de police).
1888 L'affaire Prado
Le 14 janvier 1886, Marie Aguétant dite La Crevette est égorgée à son domicile parisien, son assassin lui dérobe ses bijoux.
Le 28 novembre 1887, des gardiens de la paix interpellent un voleur en fuite qui n'hésite pas à ouvrir le feu sur les policiers, blessant grièvement l'un d'eux. Il dit s'appeler Prado y Ribo. Il est incarcéré pour tentative de vol et tentative de meurtre sur agent de la force publique.
Quelques jours plus tard, deux jeunes femmes qui désirent vendre leurs bijoux se présentent chez un bijoutier. Sur une montre, le bijoutier remarque une étiquette d'un confrère, Monsieur Forgerit bijoutier à Royan. Contacté, ce dernier indique qu'il a été cambriolé et que la montre fait partie du butin. Les jeunes femmes sont interpellées, la perquisition à leur domicile conduit à l'arrestation de trois complices et d'une femme Eugénie Forestier. Tous sont transférés à Marennes, tribunal compétent pour Royan.
Le juge d'instruction chargé de l'affaire, apprend que les bijoux auraient été dérobés par un certain Linska de Castillon dit "Prado", chef d'une bande de la région bordelaise. Eugénie Forestier avoue qu'elle a été la maîtresse de Prado. Elle fait part d'une dispute avec Prado au cours de laquelle il aurait décrit le meurtre de Marie Aguétant pour la menacer du même sort si elle le quittait. Le juge d'instruction avise ses collègues parisiens.
L'affaire Prado viendra le 5 novembre devant la cour d'assises de la Seine, présidée par M. Horteloup. Les accusés sont Stanislas Prado dit Linska de CastiIIon dit Prado, défendu par Maître Comby, Eugénie Forestier. femme Varlay, qui a pour défenseur Maître Danet. Maître Davrillé des Éssarts se présentera pour José Garcia et Angèle Daull. Roberto Andrés et la femme Pablo seront défendus par M. Boulay; les autres accusés, Marie Couronneau et Ibanez n'ont pas choisi leur défenseur.
Le 14 novembre 1888, Luis-Fédérico Stanislas Prado Linska y Castillon est condamné à la peine de mort. Noter que Prado est condamné deux fois à mort, une fois pour crime d'assassinat sur Marie Aguétant et une fois pour tentative de meurtre sur un gardien de la paix dans l'exercice de ses fonctions.
Garcia est condamné à cinq ans de réclusion, Ibanez et Roberto chacun à quatre ans de prison et la fille Daull à deux ans de la même peine
Maître Danet obtient l'acquittement d'Eugènie Forestier, la maîtresse de Prado.
C'est sous un faux état-civil que Prado fut éxécuté le 28 décembre 1888, devant la prison de la Roquette. Sa dernière volonté fut que son corps n'aille pas finir sur une table de la Faculté de Médecine :" qu'on laisse mon pauvre corps au repos, et qu'on l'inhume immédiatement."
1890 L'affaire du meurtre de l'huissier Gouffé
Un dimanche d’août 1889, un cantonnier longeant la route départementale reliant Vernaison à Millery fait une sinistre découverte dans un buisson en contrebas : un colis volumineux exhalant une odeur atroce et renfermant un corps humain décomposé. Quelques jours plus tard, un chercheur d’escargots découvre vers Saint-Genis-Laval les débris d’une malle tout aussi nauséabonde... Ainsi commence la fameuse affaire Gouffé, qui est peut-être celle qui passionna le plus l’opinion publique, il y a un peu plus d'un siècle.
Toussaint Gouffé est un huissier parisien très coureur de jupons, qu’un couple d’escrocs, Michel Eyraud et sa maîtresse Gabrielle Bompart, ont décidé de dévaliser.
Attiré dans un rez-de-chaussée discret par la belle, le libidineux huissier est promptement étranglé par Eyraud. Mais le couple ne réussit pas à ouvrir le coffre de Gouffé et doit se débarrasser du cadavre qui est mis dans une malle, convoyé en train jusqu’à Lyon, puis jeté au lieu-dit la Tour-de-Millery, avant que le couple ne parte pour l’Amérique.
Sur la foi d’une première expertise, nul ne fait la relation entre la disparition de Gouffé et l’inconnu de Millery. C’est le professeur Lacassagne qui, faisant exhumer le corps putréfié et réalisant une nouvelle et brillante expertise sur les restes subsistants, permet d’identifier le corps dont les caractères physiques sont ceux de l’huissier disparu.
Gabrielle Bompart, rentrée en France pour nier effrontément toute participation au meurtre, est cependant arrêtée. Elle accable son complice, lequel est appréhendé à Cuba où il se cache.
Le public se passionne pour l’enquête, ses rebondissements et un procès à sensation aux détails croustillants, où la perverse Gabrielle affirme que son compère l’avait hypnotisée avant le crime, ce qui provoque une vigoureuse bataille d’experts.
Le 20 décembre 1890, Michel Eyraud est condamné à la peine de mort, Gabrielle Bompart sa maîtresse à seulement vingt ans de travaux forcés. Huit ans plus tard, elle est libre; lui sera guillotiné le 3 février 1891
Albert Danet soutient la partie civile
1891 - Affaire Fouroux / Jonquières
Le scandale de Toulon
L'épouse de Marie-Joseph -Jules Fauques de Jonquières lieutenant de vaisseau était la maîtresse de Monsieur Fouroux maire de Toulon, ancien officier de marine et ami de Jonquières.
Fouroux avait deux maîtresses, l'une Mademoiselle Lucie Lequerré dont il eut trois enfants et qui ne joua qu'un rôle effacé dans le drame intime qui amenait M. Fouroux devant la Cour d'assises du Var. L'autre Madame Marie-Cécile Audibert, née Tiant, femme séparée d'un ancien avoué de Toulon, avait été la maîtresse de Fouroux avant Madame de Jonquières. Malintentionnée ou maladroite, c'est elle qui a perdu Fouroux.
"Je me suis trouvé pris entre deux femmes" disait mélancoliquement le maire de Toulon quand on l'arrêta !…
Madame de Jonquières étant enceinte, c'est Madame Audibert, à la demande de Fourroux qui se met en quête d'une sage-femme de bonne volonté qui répare le mal et rassure les deux amants. Mais à quel mobile Madame Audibert obéit-elle en présentant à la sage-femme une rivale ?
Après de multiples échecs et rebondissements et après trois tentatives l'avortement se produisit; Madame de Jonquières emporta avec elle dans un grand bocal à anchois rempli d'alcool et enveloppé d'un linge, le témoignage de sa maternité interrompue. Le lendemain Monsieur Fouroux et Madame de Jonquières louaient une barque et la preuve de l'avortement disparaissait en mer.
Ensuite, Madame Audibert et M. Fouroux sont les instigateurs d'une invraisemblable lettre anonyme, émanant des deux personnes qui semblaient avoir le plus d'intérêt au mystère. Le but était de faire éloigner Madame de Jonquières (ou de la faire quitter Toulon), Fouroux étant plus préoccupé par son avenir politique compromis par cette intrigue.
La jeune Madame de Jonquières avoua à son mari ses relations avec Fouroux, sa grossesse et l'avortement auquel il l'avait associée malgré elle.
Au procès Fouroux s'enferme dans une défense vague et toute de nuances, il se dit "victime de deux femmes alliées contre lui dans une haine commune."
Maître Albert Danet présente la défense de Madame Audibert pou laquelle le Président dans son réquisitoire vient de demander une peine atténuée et très atténuée contre Mme de Jonquières.
Dans sa plaidoirie, selon Maître Danet, elle est l'amie des mauvais jours de Fouroux, qui s'est dévouée à lui avec une affection désintéressée et sans bornes. Elle a tout sacrifié à M. Fouroux. Il l'adjure de confesser que c'est lui qui a mis Madame Audibert en avant et de racheter, par cet aveu tardif, l'inqualifiable délation de deux femmes ! Maitre Danet lui rapelle qu'il a déshonoré l'épaulette en s'abritant derrière des jupons et en dénonçant, par une ruse infernale, celle qui l'avait aimé.
Après délibération, les quatre accusés sont condamnés, Madame Laure, Madame de Jonquières et Madame Audibert obtiennent des circonstances atténuantes. La Cour condame M. Fouroux à cinq ans de réclusion, Madame Laure à trois ans de prison, Madame de Jonquières à deux ans de prison, et Madame Audibert à dix-huit mois de prison.
1892 - Affaire de la bande de Neuilly
Un assassinat, celui du père Ollivier, plusieurs faux et un nombre considérable de vols qualifiés, tel est le bilan de cette association de malfaiteurs parfaitements organisée et qui comptait parmi ses membres plusieurs personnes d'une instruction et d'une origine sociale supérieures au commun des récidivistes.
Le véritable chef de la bande est Paul André né à Neuilly même, dans une famille de braves gens.
Dans un premier temps Paul André est associé à un nommé Garrus dans la direction d'une banque dont les seules négociations consistaient dans l'achat et la vente de titres volés.
Dans un deuxième temps, la police ayant eu l'indiscrétion de mettre le nez dans ses affaires, Paul André entreprit une activité n'exigeant aucune mise de fonds : la constitution d'une bande de voleurs, dont il fut le chef, qui avait pour objectif les logements des rentiers âgés ou des usuriers vivant seuls et conservant à leur domicile des valeurs, bijoux ou de l'argent. Paul André avait recruté des indicateurs, des recéleurs et des hommes d'action (Ivorel et Gaudissart tous deux malfaiteurs récidivistes prêts à tout). Michot, un entrepreneur de pompes funèbres avait été choisi pour principal indicateur. La première victime qu'il désigna fut son ami intime, le père Ollivier.
Ivorel et Gaudissart se présentèrent chez le père Ollivier; une voisine, Mme Laforest entendit des bruits de lutte, des coups répétés, des gémissements, puis quelque chose comme un râle qui allait en s'affaiblissant.
C'était le père Ollivier qu'Ivorel et Gaudissart venaient d'étrangler. Les deux complices ont donné les détails les plus circonstanciés sur cette scène horrible, et fait l'un et l'autre des aveux complets.
D'autres méfaits furent rapportés au cours des débats. Ce sont au total 14 accusés, une des bandes les plus nombreuses et les plus dangereusement organisées qui aient comparu devant le jury de la Seine.
Le 12 juin 1892 Auguste Gaudissart et Frédéric Ivorel seront condamnés à la peine de mort. Mais la sentence ne fut pas exécutée. Ils ont été grâciés le 2 août 1892.
Maître Albert Danet assiste Michot l'entrepreneur de pompes funèbres et indicateur pour l'assassinat du Père Ollivier. Maître Albert Danet prononça une remarquable plaidoirie qui permit à Michot de sauver sa tête et de n'être condamné qu'à vingt ans de travaux forcés
1893 Procès de Panama
L'affaire de la Compagnie de Panama fait l'objet d'un compte-rendu de 300 pages par Albert Bataille. Il est impossible à résumer. Disons qu'il s'agit d'une vaste affaire de corruptions impliquant les anciens administrateurs de la Compagnie de Panama ainsi que le baron Reinach, ancien agent financier de la Société. La Compagnie est accusée d'avoir fait corrompre, par ses agents secrets, un nombre considérable de députés (104), pour arracher à la Chambre, en 1888, l'autorisation d'émettre des valeurs à lots. Le procès se déroule en plusieurs étapes.
- En janvier 1893, les administrateurs de la Compagnie de Panama, comparraissent pour escroquerie et abus de confiance.
- En mars1893, M. Sans-Leroy, avocat à Toulouse, ancien député de l'Ariège, comparait avec d'autres comme corrompu.
Me Albert Danet aborde la défense singulièrement de M. Sans-Leroy. "Si M. Sans-Leroy est poursuivi, dit-il, c'est qu'il ne fait plus partie de la Chambre, c'est qu'il n'est pas à redouter. Lui non plus n'a pas voulu fuir; rien cependant ne lui eut été plus facile, car au lendemain du Conseil qui avait décidé les poursuites, il avait été prévenu par un des ministres."
"Jamais, comme on l'a dit, M. Sans-Leroy n'a été regardé au Parlement comme un malhonnête homme. Il a été l'ami de M. Cavaignac, de M. Casimir-Périer; de telles amitiés empêchent de faillir !"
S'en suit une bataille de chiffres sans intérêt pour le lecteur. Me Albert Danet termine en exprimant l'espoir que les jurés rendront M. Sans-Leroy à sa vieille mère, à sa femme affolée de douleur, et aux cinq enfants qui l'attendent. M. Sans-Leroy est acquitté et remis en liberté immédiatement.
1893 - Affaire du peintre Luna
L'artiste peintre Luna de San Pedro, ancien élève de l'école des Beaux-Arts de Madrid et de l'école de Rome, arrive à Paris en 1884. Là, il se marie avec Mademoiselle Pardo de Tavera, comme lui originaire de Manille. La belle-mère, Madame Pardo de Tavera, vint habiter avec le jeune couple dans un pavillon de la rue Pergolèse.
En 1892, Luna perd coup sur coup, sa petite fille de deux ans et son père, mort à Manille. La santé de Madame Luna est chancellante, les médecins lui conseillent une cure au Mont-Dore, où elle se rend seule par soucis d'économie. C'est là, dans le salon d'attente du médecin traitant, que Madame Luna va rencontrer Monsieur Dussacq, âgé de quarante-cinq ans, négociant à la Havane et de passage en France. La corresponadance échangée entre Madame Luna et son mari est étonnament suggestive. Il s'exprime avec tendresse et lui parle avec orgueil de leur enfant de cinq ans; les lettres de Madame Luna sont plus froides, elle revient avec insistance sur "l'homme charmant" qu'elle a rencontrée au Mont-Dore. Luna redoute une mésaventure. À son retour à Paris, Madame Luna avait quitté le deuil de sa petite fille. Une visite inattendue de Monsieur Dussacq acheva d'éveiller ses inquiètudes. Pendant six demaines, il ne se passa pas de jour sans qu'un nouvel incident ne ravive ses inquiétudes.
Le 11 septembre1892, les deux époux sortent ensemble au Bois de Boulogne. Madame Luna se souvient qu'elle a une course urgente à faire chez sa couturière. Luna la laisse aller mais parvient à la suivre à travers Paris jusqu'au 25 rue Mont-Thabor, et se retrouve face à Monsieur Dussacq qui prétexta la visite à un ami. Luna rentra chez lui, rue Pergolèse et attendit en compagnie de son beau-frère Trinidad le retour de Madame Luna. À son retour, son mari et son frère l'interrogèrent. Naturellement, elle nia, s'indigna, sanglota. Le lendemain matin, Luna pénétra dans la chambre de sa femme et reprit son interrogatoire. Il promit à sa femme de lui pardonner si elle avouait. Madame Luna céda et fit une confession complète. L'enquête achevée, restait à fixer la peine ! Luna consentait à garder l'épouse adultère; mais le couple quiterait Paris pour s'enterrer à Vigo en Espagne "dans une retraite qui faciliterait chez Madame Luna le réveil des sentiments du foyer."
Ce projet mit la belle-mère au désespoir. Une sorte de conseil de famille fut rassemblé : il se composait de Madame de Travera et ses deux fils Trinidad et Félix et d'un avocat espagnol Maître Regidor. Les trois hommes furent chargés d'amener Luna à accepter la séparation de corps.
Le 22 septembre 1892, Trinidad, Félix et Regidor firent une visite solennelle à Luna qui ne voulait pas entendre parler de séparation, et qui se disait trahi et victime d'une machination. Devant cet accès de fureur, sa femme et sa belle-mère se réfugient dans la chambre, les trois hommes vont se concerter dans un café voisin. Cependant très inquiets tous trois reviennent au domicile des époux. Luna les aperçoit, voit rouge, persuadé que tout a été fomenté par sa femme et sa belle-mère afin de mettre les torts de son côté et faire prononcer la séparation à son détriment, et tire un coup de revolver atteignant Felix à la poitrine. Luna se dirige vers la chambre où se sont réfugiées sa femme et sa belle-mère, les somme d'ouvrir et fait voler la porte en éclats. Le peintre marche droit vers sa belle-mère et lui tire à bout portant un coup de revolver dans la tête; une secnde balle abat Madame Luna, sa femme, au milieu de la chambre. Madame Luna décèdera deux jours plus tard. Quant à Félix de Tavera, il survécut.
Le 8 février 1893, la Cour d'assises de la Seine commence les débats.Le peintre Luna sera défendu par une des voix les plus éloquentes et les plus généreuses du barreau parisien, Maître Albert Danet
Après le réquisitoire de l'avocat général, Maître Albert Danet présente la défense de Luna. Dans une plaidoirie pleine d'émotion, l'éloquent avocat dépeint son client comme un cœur simple, aimant et dévoué, comme un mari indignement trompé dans sa confiance et emporté jusqu'au crime, dans un de ces accès de "fureur malaise" déterminés par une maladie bien connue de tous les médecins qui ont habité l'Océanie.
Après une demie heure de délibération, le jury rapporte en faveur de Luna un verdict d'acquittement accueilli par une telle explosion de joie dans le public que le président Pillet-Desjardins fait évacuer la salle avant de prononcer l'ordonnance de mise en liberté.
La famille de Tavera obtient un franc de dommages et intérêts et la condamnation de Luna en tous les dépens du procès à titre de réparation civile.
1895 - L'affaire du marquis de Nayve
Le 11 novembre 1885, des pêcheurs de Vico-Equense découvraient sur le massif de rochers de la Fusarella, au pied de la route de Sorrente à Castellamare, le corps d'un enfant de quinze ans.
La première enquête établit que l'enfant était un écolier d'origine française. L'enfant portait au cou deux scapulaires avec des inscriptions en français. Les premiers témoins sont deux cochers qui se souviennent d'avoir aperçu la veille, vers quatre heures, un enfant accompagné d'un homme de trente-cinq à quarante ans, blond, portant un lorgnon. Deux autres cochers avait remarqué l'homme et l'enfant paraissant fatigué et une demi-heure plus tard, l'homme seul. La justice napolitaine restait impuissante à retrouver l'homme et à établir l'identité de l'enfant.
Le dossier dormait depuis neuf ans dans les archives quand, le 24 juin 1894, neuf ans après la découverte du cadavre sur les récifs de la Fusarella, le procureur de la République de Saint-Amand dans le Cher reçut de la marquise de Nayve une longue lettre, datée de son château de Presle, et qui lui révélait que M. de Nayve, son mari, était un assassin.
La marquise implorait la protection de la justice et se plaind de mauvais traitements que son mari lui inflige ainsi qu'à ses enfants. Enfin la marquise révèle au parquetde Saint-Amand qu'elle avait eu un fils naturel en 1871, dont son mari connaissait l'existence au moment où il l'avait épousée et qu'il avait assassiné en le précipitant dans la mer entre Castellamare et Sorrente, en novembre 1885.
Monsieur de Nayve ne possédait guère que son nom. Il était sans fortune après la mort de son père et qui plus est, d'instruction médiocre et de caractère emporté. Monsieur de Nayve s'adressa à une agence matrimoniale pour lui trouver une héritière. Les Massé de Beaudreuille possédaient une fille unique, un château et une dot de 600.000 francs à la disposition d'un gendre titré. Mademoiselle de Beaudreuille avait été séduite à l'âge de seize ans par un jardinier, dont elle avait eu un enfant que la famille faisait élevé secrètement à Orléans sous le nom d'Hippolyte Menaldo. Le marquis de Nayve accepta la situation, donna sa démission, épousa l'héritière et s'installa au château de Presle près de Cuffy dans le Cher où il vécut en oisif. En septembre 1883, après huit années de mariage, le marquis de Nayve arracha l'enfant à sa nourrice (Maria Chaix) et le consduisit au petit séminaire de Pont-de-Beauvoisin en Savoie. Effrayé par l'état d'agitation et d'angoisse dans lequel se trouve son élève qui souhaite connaître sa mère qu'on lui a caché, le supérieur du séminaire écrit à Monsieur de Nayve qu'il ne lui est plus possible de garder le jeune Menaldo. Quelques jours plus tard, le 29 octobre 1885, le corps du fils de la marquise de Nayve est retrouvé sur les récifs de Fusarella.
Accident ? Suicide ? (c'est la thèse soutenue par Maître Danet)
Quelle a été la pensée de la marquise de Nayve ? Est-elle allée au prétoire, se sentant impuissante à conserver le terrible secret dont elle portait le poids depuis tant d'années ? A-t-elle obéi à des suggestions étrangères (un des précepteurs des enfants ? )
Les débats vont s'ouvrir devant la Cour d'assises de Bourges le 28 octobre 1895.
Au banc de la défense Maître Albert Danet, qui compte sur la déposition du Dr Garnier pour appuyer sa thése du suicide de l'infortuné Menaldo. Dans sa plaidoirie Maître Albert Danet commence à rappeler les étrangetés de l'interminable instruction dirigée contre le marquis de Nayve… sous prétexte de "le laisser à ses méditations". Après avoir rappelé les antécédents honorables de son client, l'avocat présente la marquise de Nayve, son épouse, froide, indifférente, sans amour, sans cœur, n'ayant jamais eu pour le petit Menaldo, son fils, ces élans qui eussent, mieux que toutes les paroles, révélé au pauvre enfant que la mère qu'il cherchait c'était elle. L'avocat démontre que l'enfant avait des idées noires. Le marquis lui a fait prodiguer les meilleurs soins. C'est pour le distraire que Monsieur de Nayve a emmené l'enfant en Italie. L'enfant lui a échappé, il s'est précipité dans les eaux du golfe de Naples, comme il avait déjà voulu se jeter dans le Rhône. Et le ministère public est dans l'impuissance d'établir que l'enfant ne se soit pas suicidé. Le rapport médicaln'exclut ni la possibilité d'un accident, ni l'hypothèse d'un suicide.Maître Danet démontre ensuite que la lettre de dénonciation écrite par la marquise Nayve a été inspirée à l'évidence par le précepteur des ses enfants l'abbé Rosselot. Des applaudissements répétés saluent cette plaidioirie.
Après quelques minutes de délibération, le jury rapporte un verdict d'acquittement.
1907 - Affaire de l'abbé Jouin
Comme tous ceux qui ont été mêlés à des polémiques retentissantes, on a retenu de sa vie quelques évènements plus bruyants. Le mot de Jeanne d'Arc "Dieu premier servi" était aussi sa devise.
Son zèle pastoral pour la vérité et pour le bien l'engagea dans une campagne anti-maçonnique, en dépit des contradictions qui ne devaient pas lui manquer.
Ernest Jouin est né en 1844 à Angers, il est ordonné prêtre en février 1868, à Angers, par Mgr Angebault.
En raison d'une santé fragilel'abbé doit se résigner aux fonctions de précepteur du jeune François , fils du Comte et de la Comtesse de la Bouillerie ; l'abbé Jouin est nommé vicaire à Brézé puis à Saint-Etienne du Mont à Paris. En 1882, il est nommé curé de Joinville-le-Pont. Là, il fait face à l'assaut des sectes anti-religieuses déchaînées, depuis Gambetta et Ferry, contre la France catholique. En août 1882, le Conseil Municipal supprimait l'indemnité de logement versée au curé depuis le Concordat. Ayant subi quatre procès et cent articles de journaux en deux ans; il est acquitté
Albert Danet est son avocat, mais il étudie lui-même les dossiers relatifs aux affaires en litige, pour y trouver la Jurisprudence établie. Son bureau est devenu un arsenal où se forgent les armes de la défense. Après trois ans le curé de Joinville est justifié et la municipalité condamnée. Le curé sortait indemne de son combat contre les francs-maçons de la municipalité. Pour mettre fin a à cette lutte, dans une pensée d'apaisement, le diocèse lui demanda sa démission ce qu'il ne fit pas, mais ses supérieurs l'envoyèrent comme second vicaire, puis premier vicaire à Saint-Augustin de 1886 à 1894. Puis curé de Saint-Médard de 1894 )à 1898; enfin curé de Saint-Augustin de 1899 à 1932. De 1912 à 1932 il mène une lutte anti-maçonnique sans merci
Parallèlement à la publication de travaux historiques, Mgr Jouin a écrit de nombreux ouvrages antimaçonniques et antisémites. Dénonciateur de supposés complots ourdis par des sociétés secrètes et des forces occultes, Jouin fut un spécialiste de l'ésotérisme, de l'occultisme et de la franc-maçonnerie
En 1907, l'abbé Jouin est poursuivi devant le Tribunal correctionnel pour infraction à la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l'État pour avoir distribuée le 9 décembre 1906 dans son église, une brochure imprimée contenant l'annonce d'une messe de deuil pour le mercredi suivant. Il décède le le 27 juin 1932.
Le 11 janvier 1909, Me Albert Danet est mort, samedi soir, à l'âge de 62 ans, après une douloureuse maladie; l'une des physionomies les plus connues et les plus sympathiques du Palais de Justice de Paris vient de disparaître.
L'éminent avocat avait débuté, en 1871 par de brillants succès au Conseil de guerre. Des causes célèbres, les affaires Fenayrou, Gouffé, Prado, le procès du marquis de Nayve, lui avaient assuré une très belle carrière d'avocat.
Ses confrères l'avaient élu bâtonnier, et, depuis, toujours avec des majorités plus fortes, il avait été maintenu au Conseil de l'Ordre.
Me Albert Danet avait défendu, non sans conviction, M. l'abbé Jouin, curé de Saint- Augustin, Inculpé dans l'affaire des papiers de la nonciature. Il était chevalier de la Légion d'honneur.
Ses obsèques ont été célébrées en l'église Saint-Thomas-d'Aquin; l'inhumation eut lieu au cimetière Montparnasse.
Sources
- Livre numérisé par Google :" Les avocats d'aujourd'hui"
- Causes Criminelles et Mondaines de 1892, 1893, 1895 par Albert Bataille E. Dentu Éditeur Paris, 1894
- Tribunal correctionnel de la Seine. 9e chambre. Audience du 11 avril 1907. Le procès de l'abbé Jouin, plaidoirie de Me Albert Danet pour l'abbé Jouin, curé de Saint-Augustin, Paris, Impr. de Téqui et Guillonneau, 1907, 41 p.