Charles-Claude Fauriel est né à Saint-Etienne le 21 octobre 1772 de Joseph Fauriel menuisier et Anne Faure qui décèdera peu de temps après sa naissance.
Jeunesse et instruction
Son père le met en nourrice chez ses parents à Saint-Barthélemy-le-Plain. Il fait son apprentissage primaire chez un instituteur nommé Tabourin puis il étudia d'abord au Collège des Oratoriens de Tournon, enfin au séminaire Saint-Irénée à Lyon. C'est là qu'il écrit son premier essai littéraire : Sylvanir. De retour chez son père à saint-Etienne, il se lie avec de jeunes militants qui l'entraînent dans la lutte révolutionnaire. Après 1789, il est nommé commissaire au Puy puis il sert dans l'armée des Pyreénées Occidentales.
De retour à Saint-Etienne 1793 à 1796
En 1793, il revient à Saint-Etienne, rebaptisée commune d'Armes, où il occupe des fonctions administratives de secrétaire général de la mairie de Saint-Etienne. A l'occasion de la fête de l'Etre Suprême de l'An II, il est amené à tenir le rôle de Robespierre et à prononcer un discours depuis la chaire de l'église Notre-Dame. Il essaie de jouer un rôle de modérateur de la Terreur que font règner certains révolutionnaires. Découragé par la violence, il s'engage dans l'armée des Alpes en 1795.
Secrétaire particulier de Fouché
Il revient à la vie civile et se rend à Paris en 1799 où il occupe un emploi au ministère de la Police du Consulat sous le ministère de Fouché, un ex-Oratorien qui lui demande de rejoindre son cabinet en tant que secrétaire particulier. Sous l'empire il démissionne en 1802 par "fierté républicaine". A partir de ce moment il consacre tout son temps à l'étude des Lettres et des Sciences. Il est d'autant plus libre, sur le plan économique, que Madame de Condorcet (1764-1822), veuve du philosophe, l'accueille chez elle. Il se met alors à fréquenter les salons et clubs littéraires de son temps où il rencontre Benjamin Constant, Guizot, Cabanis, Chateaubriand, Madame de Staël, Littré, Manzoni (un écrivain italien qui deviendra son ami).
De 1802 à 1844, l'Homme de Lettres
C'était un grand travailleur, après la maîtrise de l'italien, l'allemand, l'anglais, il s'intéresse aux langues ou aux dialectes grec, le latin, le sanscrit et l'arabe, le provençal, castillan, portugais, sicilien, roumain, basque et breton. Il étudie les civilisations indo-européennes, la Provence du Moyen Age, les poètes scandinaves, etc… Ses recherches lui valent d'être considéré comme un pionnier dans le domaine des sciences historiques. Personnage étonnant, Fauriel avait tellement étonné Guizot par ses dons et ses connaissances que le ministre lui fit presque violence pour l'obliger d'accepter la chaire de littérature étrangère à la Sorbonne, en 1830, créée pour lui. Il y donne des cours mémorables sur des sujets variés comme la poésie provençale ou la littérature italienne.
Six ans plus tard, en 1836, il est élu Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Institut).
C'est lui qui eut le mérite de faire connaître Ossian et Shakespeare au public français et étendre en France la connaissance de la littérature allemande, qui était précédemment considérée comme sans importance. Il fut un des premiers à étudier la littérature romane, et l'originalité de ses vues dans cette matière popularisa rapidement cette nouvelle étude. Il réunit également les restes des langues Basque et Celtique. Les premiers travaux qu'il publia furent une traduction de "La Parthénéide" (Paris, 1811), une épopée idyllique du poète danois Baggesen, et de la tragédie de son ami Manzoni "Il Conte di Carmagnola" (Paris, 1823).
Homme de Lettres, il publie divers ouvrages dont les Chants populaires de la Grèce moderne, , Dante et les origines de la langue et de la littérature italienne, Histoire de la poésie provençale (1846). Claude Fauriel est chargé par Guizot de publier et traduire dans le texte provençal l'Histoire en vers de la Croisade contre les hérétiques Albigeois (1834). Il donnera ultérieurement l'Histoire de la Gaule méridionale sous la domination des conquérants germains, Paris, (1836, 4 vol).
Pour le premier historien romantique de la littérature médiévale, Claude-Charles Fauriel, il n'y avait pas de doute que les chansons de geste, telles que nous les connaissons aujourd'hui, ont évolué à partir de chants populaires et de légendes.
Or Fauriel avait étudié et publié les chants klephtiques grecs, qui sont des ballades héroÏques populaires. Il lui semblait d'autant plus naturel de voir dans la naissance des chansons de geste une évolution ayant pour origine une tradition versifiée et chantée, que la doctrine romantique s'était prononcée de façon générale à ce sujet par la plume de Herder: “La poésie épique se bâtit à partir des romances”.
Il est mort subitement, à Paris le 15 juillet 1844, à son domicile rue des Saint-Pères. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Les nombreuses contributions linguistiques et archéologiques qu'il a écrites pour différents magazines lui firent gagner une grande réputation parmi les universitaires; on disait de lui "qu'il était l'homme du dix-neuvième siècle qui a fait circuler la plupart des idées, a inauguré le plus grand nombre de branches d'étude, et a recueilli le plus grand nombre de nouveaux résultats en science historique" (Revue des Deux Mondes, 15 déc., 1853).