Portraits d'ardéchois

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Jules BASTIDE DE MALBOSC


1782 - 1867


Géologue, naturaliste et poète

Texte rédigé d'après l'article de Gaston Bonpascal dans Cévennes Magazine

Jules de MalboscJules Bastide de Malbosc voit le jour le 16 mai 1782 à Berrias.

Il a dix ans lors des évènements du « Camp de Jalès » en 1792, au cours desquels son père Louis est assassiné et sa mère arrêtée.

Il est alors recueilli par un des siens, M. de Monteil d'Adhémar, en Haute-Ardèche. Ecolier studieux, il devindra un des pensionnaires du collège de Tournon, pendant quatre ans.

Attiré par les aventures et les voyages, il souhaite servir dans la marine française, pour cela il fait des études préparatoires à Uzès. Il est officier. Il se rend à Toulon où il rencontrera en la personne d'un de ses supérieurs, un cousin, le brillant officier M. de Labourdonnais.

La disparition de la plupart de ses camarades de promotion au cours de la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805), le traumatisera énormément.

Retour en terre natale

Par la suite son état de santé lui fait changer d'orientation. Il rejoint sa mère retiré aux Vans (en Ardèche). Bien soigné, passant sa convalescence au grand air en pleine nature, Jules Mabosc retrouve la santé.

Botanique

Avec passion il se penche désormais sur la botanique, et connaîtra par la suite toute la flore de son Ardèche natale. Doué d'une remarquable mémoire, il lit beaucoup, observe et étudie avec passion les plantes et leurs actions bienfaitrices. Ses expériences diverses lui valent quelques notoriétés et il devient un véritable praticien. Il est heureux de fournir gracieusement les plantes médicinales apportant un remède à diverses maladies. Sa générosité, comme la confiance qu'il inspire, lui amènent la visite annuelle de plusieurs centaines de personnes.

Jules de Mabosc épouse le 26 novembre 1810 aux Vans Mademoiselle Anne-Julie Lahondès de la Figère.

Le jeune ménage s'établit à Berrias où Jules de Mabosc s'adonne à l'agriculture.

Jusqu'à un âge avancé , il parcourt à pied la région du Mont Aigoual au Mont Mézenc, ainsi que du Mont du Ventoux au Mont Lozère, tant pour se documenter que pour communiquer les résultats de ses travaux ; il entretient une volumineuse correspondance avec des savants de l'époque, en particulier Léonce Élie de Beaumont, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences.

Jules de Mabosc a également un grand ami alésien, l'académicien Jean-Baptiste Dumas, jeune écrivain, qui deviendra un grand chimiste, puis un homme politique. Les deux chercheurs se rencontreront souvent à Berrias où l'accueil était des plus chaleureux. Anne, l'épouse de Jules cuisinait des plats délicieux et le belle présentation de ses volailles étaient fort appréciés par les convives.

Géologie

Jules de Mabosc complètera ses recherches et ses études en s'intéressant à la constitution géologique du Vivarais, il se constituera une collection minéralogique exceptionnelle ; amassée et enrichie pendant un demi siècle. Les musées de Montpellier et de Lyon avaient proposé de l'accueillir. Il préféra rester en Ardèche et fit un donation à Privas en 1857.

Après de multiples pérégrinations entre les Archives Départementales, autrefois hébergées dans les locaux de la Préfecture, les sous-sols de l'École Normale et les greniers de l'ancien collège, la collection minéralogique, pétrographique, paléontoologique et archéologique appelée "Collection Mabosc" est arrivée dans les réserves du Musée de la Terre Ardéchoise de Privas, enrichie de divers dons et échantillons de minerais. Ce musée n'ayant pas eu les moyens de protéger un tel dépôt, des pièces de valeurs furent pillées et disparurent. Des travaux de sauvegarde du Musée ayant été effectués, entre 1976 et 1986, par la Société de Géologie de l'Ardèche.

Jules de Malbosc effectua des études archéologiques et des explorations souterraines. Il fut un précurseur des recherches préhistoriques en Vivarais. En redingote, sac au dos, carnets, crayons et pioche dans la main, il dresse l'inventaire des dolmens de la région. Dans un mémoire à l'Académie Royale du Gard (1838-1839), Jules Malbosc après avoir décrit les sept principaux dolmens des 73 qu'il a découverts, il entreprend de résoudre l'intéressant problème de l'origine et de la destination de ces monuments antiques. Entre autres sur les communes de Beaulieu, Banne, Saint-Alban, Bourg-Saint-Andéol et Saint-Remèze.

Dolmen de Méjeanne

Jules de Malbosc, dans sa notice sur les Dolmens du Vivarais, en indique 5 assez rapprochés les uns des autres à Lalauze, 11 près du Pouget, 2 à la Roche de Chandolas, 6 à Bourbouillet, 2 au Bouchet, 5 à la Serre, 9 à Dugon et 25 qui se suivent sur un espace de 3 kilomètres de parcours, le long du chemin de Saint-Alban à La Blachère.

Partout, ces blocs, sur lesquels le ciseau n'a pas marqué la plus légère empreinte, affectent des dimensions cyclopéennes : il en est qui mesurent jusqu'à six mètres de long sur trois de large. On se demande avec étonnement, comment nos ancêtres ont pu transporter de pareilles masses à des distances parfois considérables des gisements d'où on les a extraites.

Nous savons aujourd'hui, que l'Ardèche compte pas moins de 800 dolmens dans le département. Ces dolmens étaient en fait des tombes collectives formées de lourdes dalles (calcaires dans le sud), qui ont étés construites à partir de 3000 ans avant notre ère. Il s'agissait en fait de "tombeaux de famille" où les corps des membres d'une même tribue, d'un même clan étaient déposés successivement, certaines tombes ont dû servir des siècles. Ces sites archéologiques ont aussi pu avoir une fonction religieuse.

D'autres spéléologues de  renom réinventeront facilement les grottes ou avens explorés par Jules de mabosc avec une corde et une bougie à la main ( Bourbouillet, Gleysasse, Padelle, Peyraou, , l'aven de la Coquillière ou Cocalière, Peyrejol, Sauvas) pour ne citer que les plus importantes, sans oublier celles qu'il a déjà baptisées, dont l'entrée ressemblait à un goulot de bouteille (Tegoul, Antégoul, Goule de Sauvas). La tradition porte à croire que pendant les guerres de religion un grand nombre de protestants, pris dans un combat furent précipités dans le Tégoul.

Jules de Mabosc fut membre de nombreuses sociétés savantes, comme la Société Géologique de France (1839). Il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur, fait assez rare à l'époque.

A ses collections de plantes et de minéraux, s'en ajoutait une autre toute particulière, celle de cannes qu'il confectionnait lui-même  avec des arbustes ou des branches de différentes essences, sur lesquelles il inscrivait des petits textes en forme d'aphorismes (ainsi sur la canne de Marronier: "Ici-bas, que de gens, mon Dieu retirent les marrons du feu"). Il recueillit ainsi plus de 300 variétés de bois  et confectionna environ 800 cannes !

Ses manuscrits représentent une trentaine de volumes. En 1841, il adressa quatre mémoires au Congrès scientifique de Lyon.

- un mémoire sur les dolmens du Vivarais

- un mémoire sur les cours d'eau et une fontaine intermittente , située dans les terrains balsatiques du Coiron.

- un mémoire sur les formations des roches calcaires du Bas-Vivarais.

- un mémoire sur les ossements de Mastodonte

Jules et Anne eurent quatre enfants : Amélie, Eugène, Paulin et Julie-Françoise.

Jules de Mabosc sera maire de Berrias de 1825 à 1850. Il bénéficia de l'appui de Jean-François Bastide de Malbosc, sous-préfet de l'arrondissement de Largentière qui veilla entre autre à ce que les directives données par les pouvoirs publics pour abattre le loup qui dévora de nombreux enfants en Basse-Ardèche, soient mises en application.

 

Sources

 

- Cévennes Magazine n° 1674 du 11 aôut 2012 par Gaston Bonpascal

- Mémoires de l'Académie Royale du Gard 1835-1836-1837, Durand-Belle Imprimeur à Nismes

- Le Musée de la Terre Ardéchoise de Privas