Portraits d'ardéchois

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Albertine MAURIN

1898 - 1944

Une héroïne de la résistance à Bourg-Saint-Andéol

« Albertine Maurin était la sœur de ma mère Marcelle, qui m’en a toujours parlé et je ne fais que reprendre ce qu’elle m’a dit à son sujet » :
Albertine Maurin était née en 1898 à Saint-Remèze et était l’aînée de cinq enfants (quatre filles, un garçon) ; ouvrière à la broderie du Devés, très appréciée pour la qualité de son travail, elle vint s’installer à Bourg Saint-Andéol comme brodeuse-modiste. Très menue, elle claudiquait légèrement (séquelles d’un accident survenu pendant la guerre de 14/18). La première réunion pour la création du mouvement Cochet eut lieu dans l’arrière salle du café de Pierre Pieri en octobre 1940 ; Albertine s’impliqua aussitôt avec un rare courage dans toutes les actions de Résistance qui pouvaient se présenter. Dès le début de la résistance, elle a intégré le réseau Sabot-Oudinot sous le nom de code "Sarrazin". Agent de liaison, elle distribuait les tracts, assurait les circuits hebdomadaires où elle rencontrait d’autres agents, accompagnait régulièrement les résistants pour rejoindre le maquis, et effectuait aussi le guet lors des actions de sabotage.

Albertine Maurin, réstante bourguésanne
Albertine Maurin

 

C’est le 12 avril 1944 qu’elle fut arrêtée, dénoncée par un collaborateur ; prévenue trop tard pour s’échapper, elle a pu jeter les clés de sa maison (rue Jeanne-d’Arc) ; ses proches parents s’occupèrent de faire disparaître des papiers compromettants.

Dans un premier temps, la Gestapo la conduisit à l’Hôtel Pottier de Viviers où on lui fit subir le terrible interrogatoire de la « baignoire » mais malgré les tortures, elle ne dénonça pas les résistants de son groupe ; transférée ensuite à la Citadelle de Pont-Saint-Esprit, elle fut emprisonnée, mais elle a pu faire passer des messages pour prévenir ses amis résistants bourguésans sur les dangers qu’ils encourraient.

En représailles d’une attaque de jeunes résistants français contre un convoi allemand, la sentence nazie fut de fusiller 10 otages pour 5 soldats tués, otages qui seraient exécutés à l’emplacement même de l’attentat ; seule femme d’une liste de 10 condamnés, Albertine Maurin a été fusillée au Plan-du-Roure, à Sanilhac le 21 avril 1944.

«Ma tante a été une héroïne de la résistance en Ardèche, je suis fière d’avoir reçu en 1952 des mains du préfet, à titre posthume, la médaille militaire et la croix de guerre avec palme, reconnaissance de son courage, de son dévouement et de son patriotisme pour servir son pays.», ainsi s'exprimait sa nièce.

Le 21 avril 1944, avant le lever du jour à Viviers (07), les Waffen SS pénètrent brutalement dans les chambres de l'hôtel Pottier, cellules d'emprisonnement des suspects arrêtés dans la région pendant la durée de leur interrogatoire. Quatre ou cinq détenus sont sortis et jetés dans une camionnette où sont déjà entassés des otages en provenance de la citadelle de Pont-Saint-Esprit.

C'est le départ inconfortable, sous bonne garde, pour une destination inconnue...

Deux heures plus tard, arrêt brutal. Le convoi est arrivé au Plan-du-Roure, sur la commune de Sanilhac (07), où cinq jours plus tôt les Waffen SS ont eu cinq tués dans une embuscade tendue par les Maquisards.

Le lieutenant SS, qui commande, ordonne aux otages de sauter de la camionnette et compte... 7, 8, 9, 10, 11, « Un de trop, raoust ! » Pierre TONNOT, de Viviers, est rejeté dans le véhicule. Pour cinq allemands tués, il faut exécuter dix otages... Du fond du véhicule, Pierre TONNOT entend les salves. Ses dix compagnons s'écroulent au bord du talus.

Les fusillés de Sanilhac sont :
- Arsène CHAUVIÈRE, résistant cheminot arrêté au Teil,
- Louis LACROTTE, résistant cheminot arrêté au Teil,
- Gaston PÉRASSI, résistant cheminot arrêté au Teil,
- Louis REYNAUD, résistant cheminot arrêté au Teil,
- Joseph VERNET, résistant cheminot arrêté au Teil,
- Fernand COULOMB, de Pont-Saint-Esprit,
- Salomon LÉVY, de Montélimar,
- Maurice MEYER, de Montélimar,
- Georges TRIOLLET, d'Annemasse,
- Albertine MAURIN, arrêtée le 12 avril à Bourg-Saint-Andéol.

Dans le cadre des journées du Patrimoine et à l'occasion de la sortie de l'ouvrage " Albertine Maurin, une grande dame de la Résistance", le 18 septembre 2010, une visite a été organisée comprenant : la plaque commémorative de la première réunion (café Pierri), celle d'Albertine Maurin (rue Jeanne d'Arc), la stèle square de l'église, et le monument aux morts.

Sources

- Conseil Général de l'Ardèche : Journées Européennes du Patrimoine 18 et 19 septembre 2010 par Christiane Reynord-Chalias

- Montagnes ardéchoises dans la Guerre, Tome II, 1977 par Louis-Frédéric Ducros

- CD-Rom « La Résistance en Ardéche », Collection AERI (2004) – Commentaire écrit par Raoul GALATAUD

- Musée départemental de la Résistance en Ardèche et de la Déportation. Espace ADEN, 15 rue du Travail 07400 Le Teil, Tél : 04 75 49 18 15