La Famille Tardy de Montravel, branche dite de Joyeuse en Vivarais, descend en droite ligne du Chevalier Richard de Montravel qui s'est illustré à la bataille de Bouvines (27 juillet 1214 sous Philippe-Auguste), fondateur de la dynastie. Deux branches se sont constituées qui relient entre eux les parents,
Branche dite de Joyeuse en Vivarais
Jean-Louis-Damien Tardy de Montravel (1750 - 1840)
Jean-Louis-Damien Tardy de Montravel, né le 2 octobre 1750 à La-Voulte-sur-Rhône. 1er fils de Jean-Fleury de Tardy de Montravel (1717-1798) et de Marie-Louise du Plessis. Il fut décoré du Lis par lettre du ministre de la guerre le 26 juin 1814.
Il était directeur général des gabelles du Languedoc et Roussillon, lorsqu'il vint habiter à Joyeuse en Vivarais, ayant succédé à son père et à son grand-père dans cette charge.
Il avait été éduqué au collège des Pères Jésuites de Tournon, d'où il sortit pour vivre au milieu des siens, adulé par ses frères comme étant le chef de famille ; formé dès le collège à être servi et respecté par ses frères qui ne le tutoyaient pas, lui préparaient le samedi ses vêtements pour le dimanche.
Il assista, ainsi que ses frères, aux dernières assemblées de la noblesse pour les élections aux états généraux de Villeneuve-de-Berg en 1789.
Par une ordonnance du 6 décembre 1814, le Roi Louis XVIII lui accorda le titre de comte héréditaire de Montravel, avec l'autorisation de porter comme armoiries : "D'argent à trois cyprès arrachés de sinople, rangés en pal, au chef de gueules chargé de trois besants d'or". Le 15 décembre 1814, il fut présenté à Sa Majesté au Palais des Tuileries par le Duc d'Aumont.
Pendant la "Terreur" il demeura à Joyeuse et au château de la Bastide-de-Sampzon, où il fut souvent menacé par les révolutionnaires tant à cause de sa qualité de noble, qu'à cause de l'émigration de ses frères. Son beau-père fut enlevé et conduit à Paris et emprisonné ; il fut sauvé par la chute et la mort de Robespierre.
Jean-Louis-Damien Tardy de Montravel épousa par contrat du 5 novembre 1780, à Joyeuse, Demoiselle Marie-Rosalie-Dorothée Pellier de Sampzon (1763- 1832), fille unique et héritière d'Antoine Pellier, seigneur de la Bastide et Sampzon, et d'Anne-Dorothée de Gasque de Combes.
Elle apporta à son mari plus de quarante mille livres de rentes assises sur les terres et château de la Bastide, Sampzon, Sousperret, Arleblanc, La Charve, Auriolles, les moulins à blé de Joyeuse, Rosières, et nombre de terres, vignes prés, bois etc. constituant pour cette époque une fortune considérable.
Femme d'un esprit supérieur, brillante dans le monde, fort instruite, pleine de talents d'agrément, administrant elle-même ses grandes propriétés, elle sut élever et diriger ses enfants pendant les temps difficiles de la Révolution et en faire des hommes distingués.
Homme du monde et d'esprit, très peu au courant des choses matérielles de l'existence, il fut heureux de trouver en la compagne de sa vie, une femme d'un esprit et d'une intelligence supérieurs, qui sut faire l'honneur, l'ornement et le bonheur de sa maison.
Il avait quitté la ville de La-Voulte où il était né, pour aller demeurer dans la maison de sa femme à Joyeuse. Il vendit aussi son château de Fontblachère, ses terres de Bressac, Saint-Lager etc., et acquit à la vente des terres du duché de Joyeuse, celles de la Baume près de Ruoms, consistant principalement en droits seigneuriaux, qui furent perdus à la Révolution, et la terre d'Auriolles, constituée par de grandes et fertiles propriétés au bord de la rivière de Chassezac et de nombreux moulins.
Jean-Louis-Damien Tardy de Montravel mourut à Joyeuse le 16 janvier 1840, à l'âge de 89 ans et trois mois, après avoir procédé au partage de ses biens, le 31 juillet 1832.
Il eut six enfants, dont quatre lui survécurent :
- 1 - Louis Antoine Fleury Tardy de Montravel, né le 23 septembre 1781 à Joyeuse. Brigadier aux chevau-légers du roi Louis XVIII. Capitaine à la négociation de la reddition des places de Longwy et de Thionville en Lorraine.
Marié à Antoinette Marie Christophe de La Rochette. Il habita Lyon pendant les premières années de son mariage ; puis à Saint-Romain-d'Ay chez sa belle-mère. Il acheta la terre de la Mure, à Peaugres, en restaura le château où il mourut le 21 octobre 1861. Il fut inhumé à la chapelle de Notre-Dame d'Ay.
- 2 - Antoine Maurice Tardy de Montravel, premier du nom de la branche dite de Joyeuse-en-Vivarais, deuxième fils de Jean-Louis-Damien de Tardy, Comte de Montravel, il est né à Joyeuse le 8 mai 1784. (voir ci-dessous branche de Joyeuse-en-Vivarais)
- 3 - Marie-Philippe-Adèle Tardy de Montravel, née à Joyeuse le 15 avril 1787, décédée à Joyeuse le 29 août 1788.
- 4 - Louis Victor Eugène Tardy de Montravel, né à Joyeuse le 28 juin 1790. Il a fait ses études au collège de Tournon. Plus tard, il eut l'honneur d'être conduit par les gendarmes, menottes aux mains, au chef-lieu de l'Ardèche, pour avoir refusé la grâce que lui faisait Bonaparte de l'incorporer dans ses gardes d'honneur.
Il resta fidèle au roi Louis XVIII, comme chevau-léger de sa garde.
Marié à Laurence-Anne-Jacqueline de Chaléon de Chambrier. Il eut trois enfants :
- Jacqueline-Marie-Léonie-Élisabeth, née le 4 décembre 1840 à Vif,
- Louis-André-Humbert-Eugène, né le 19 mai 1842 à Vif, Baron de Tardy de Montravel,
- Louis-André-Henri-César, né le 14 janvier 1845 à Vif.
Il est décédé à Grenoble le 22 octobre 1856, en revenant des obsèques de son frère Antoine-Maurice.
- 5 - Marie-Thérèse-Madeleine Tardy de Montravel, née à Joyeuse le 7 nivose an IV (28 décembre 1795), décédée à Tournon le 2 février 1883.
- 6 - Louis-Philippe Tardy de Montravel, né à Joyeuse le 1er ventôse an XII (21 février 1804) décédé le 10 ventôse an XII (1er mars 1804).
Antoine-Maurice Tardy de Montravel, (1784 - 1856)
Antoine Maurice Tardy de Montravel, premier du nom de la branche dite de Joyeuse-en-Vivarais, deuxième fils de Jean-Louis-Damien de Tardy, Comte de Montravel, il est né à Joyeuse le 8 mai 1784.
Il fut élève au collège de Tournon sous la direction des pères de l'Oratoire, et y fit ses études complètes. À l'âge de 24 ans, sa réputation était déjà grande et bien établie, comme savant mathématicien, littérateur et polyglotte. Il fut admis comme membre de la célèbre académie de Mâcon, par diplôme signé Cortembert, le 22 avril 1808. Maire de Joyeuse de 1810 à 1827.
En 1816, il reçut des certificats du Comte de Vogüé pour ses services, soit comme volontaire, soit comme officier des volontaires royaux . En 1823, il est nommé par le roi conseiller général de l'Ardèche. Il refusa de prêter serment au gouvernement de Louis-Philippe.
Lors de la révolution de 1848, il fut sollicité de prendre la direction des comités pour le choix des candidats à envoyer à l'assemblée constituante.
Il a épousé, par contrat du 25 avril 1822, à Saint-Félicien, Demoiselle Marie-Françoise-Suzanne, dite Fanny, du Rouchet de Chazotte-Carrière.
Le vicomte Maurice de Montravel a laissé de nombreux mémoires manuscrits, fruits de ses études, recherches et inventions. Ces écrits traitent de questions physiques, mathématiques et géométriques ; d'autres de moteurs nouveaux (moteur à air comprimé dont il est l'inventeur méconnu).
Il est décédé à Lyon le 19 octobre 1856 et inhumé à Joyeuse.
Il est le père de huit enfants :
- Antoine-Jean-Louis, né à Joyeuse le 7 mars 1823, † en 1909 à Thueyts, qui suit, ci-dessous.
- Louise Marie-Héléne, née à Joyeuse le 25 août 1824.
- Joseph-Philippe, né à Joyeuse le 6 avril 1826. † à Blidah le 29 octobre 1895.
- Amélie-Jeanne-Philippine, née à Joyeuse le 9 février 1828. † à Annonay le 22 avril 1902.
- Maurice-Joseph, né a Joyeuse le 29 novembre 1829. † 21 mai 1900 au Château du Cheyla, près de Bourg-Saint-Andéol.
- Félix-Gabriel-Fleury, né à Joyeuse le 23 octobre 1831. † 18 septembre 1860 à Castelfidardo.
- Eugénie-Marie-Rosalie, né à Joyeuse le 18 novembre 1832. † ?
- Marie-Adélaïde, née à Joyeuse le 8 avril 1834. † 17 août 1835.
- Louis-François Théodore, né à Joyeuse le 9 mars 1837. † ?
Antoine-Jean-Louis Tardy, vicomte de Montravel (1823 - 1909)
Historien et généalogiste
Antoine-Jean-Louis Tardy de Montravel, deuxième du nom de la branche dite de Joyeuse-en-Vivarais, est né à Joyeuse en Ardèche le 7 mars 1823. Il est le fils aîné de Antoine Maurice de Tardy, Vicomte de Montravel (1784-1856) et de Fanny du Rouchet de Chazotte-Carrière (1799-1857). La maison était habitée par son grand-père, sa grand-mère, son grand oncle, le maréchal dit M. de la Brossy, son oncle Eugène et ses parents.
Élevé par son père et par des précepteurs, il alla successivement à Paris, Lyon et Grenoble, pour y suivre des cours de littérature, de droit, d'histoire naturelle et de botanique. Il parcourut pendant deux ans, avec des professeurs, les Alpes dauphinoises et la Savoie, y recueillant les plantes qui devaient former son très complet herbier français. Ses goûts le portaient à toutes les branches de l'agriculture ; plus tard il s'occupa de la gestion de la terre d'Arleblanc. En même temps, il s'occupait des affaires de son oncle Eugène, pour son domaine de Sousperret et de son moulin de Joyeuse. Puis il fallut vendre les biens de cet oncle pour payer l'héritage de sa femme, ce qui ne fut pas une petite affaire ; tout en continuant à surveille le moulin de Joyeuse et le pré du château indivis entre son père, ses oncles et sa tante. Il fallait de plus surveiller la terre de Logères et surtout Arleblanc qui l'intéressait bien davantage.
En 1843, il tira au sort le numéro 60 qui le plaçait dans la réserve ; mais son père qui ne voulait absolument pas qu'il serve sous aucune forme le gouvernement de Louis-Philippe, acheta un remplaçant qui fut le nommé Sévergnié de Rosières, le domestique des Tardy de Montravel, qu'il paya 1 500 francs ; il revint au bout de six mois et songea à se marier pourvu d'un beau magot.
Il commença alors à s'occuper à la rédaction de l'histoire de la noblesse du Vivarais, en écrivant de tous côtés, classant les renseignements en attendant de pouvoir consulter les registres communaux et ceux des notaires.
Revenu à Joyeuse au début de l'année 1848, il fut élu à l'unanimité membre du conseil municipal de cette ville, inspecteur des écoles du canton, membre du Conseil de Fabrique et du bureau de Bienfaisance ; mais il refusa, après le coup d'état, de prêter le serment à Napoléon III et fut, pour cette cause, tenu en suspicion pendant tout le temps de ce règne. Réélu à la chute de l'Empire, mais pour peu de temps, il resta le chef du parti conservateur en qualité de président des comités catholiques et du conseil de fabrique.
Le 12 août 1854, il reçut une lettre de félicitations du ministre de l'agriculture au sujet du mémoire qu'il avait été chargé de faire, sur l'enquête agricole et industrielle, dans le Vivarais.
Il alla rendre visite à son oncle Eugène, à Vif, près de Grenoble ; il y resta deux ans et revint à Joyeuse, à la demande de son père. Il eut le temps et le loisir de prendre des cours de botanique et de taxidermie et fit une belle collection de plantes rares et d'oiseaux empaillés.
De retour à Joyeuse, son père l'envoya à Marseille et à Paris faire les démarchesnécessaires pour déposer des brevets pour son invention de moteur à air comprimé. C'est alors qu'en septembre 1956 survint une inondation considérable qui ravagea la propriété d'Arleblanc : terres, bâtiments et bétail ainsi qu'une plantation de mûriers. Des travaux furent engagés en vue du partage. L'aménagement de la maison qui lui revint fut plus laborieux.
Sollicité par le garde-mite (magasinier) d'acheter la moitié de la mine de charbon de Jaujac, d'un certain André, homme peu estimable, qu'il ne connaissait pas, il engagea 1 500 francs et se retrouva gérant. Cette triste affaire fut la cause de nombreux tourments pendant 40 ans, qui le conduisirent à la ruine.
Le 3 janvier 1861, il avait fait dresser un acte de notoriété du titre de Vicomte.
Il a épousé, à Lyon, par contrat du 10 janvier 1861, Demoiselle Améline-Henriette Vétillard du Ribert, née à Lyon le 11 novembre 1835. Le couple eut six enfants :
- Élisabeth-Françoise-Marie-Louise-Pauline née à Joyeuse le 23 juin 1863.
- Marie-Jeanne-Antonine-Louise née à Joyeuse le 3 juin 1865
- Emmanuel-Marie-Louis-Eugène né à Joyeuse le 25 décembre 1866.
- Jean né à Péronnas le 29 septembre 1868.
- Pierre-Marie-Joseph-Charles né à Joyeuse le 7 mars 1871.
- Jacques-Marie-Antoine-Henry né à Joyeuse le 27 septembre 1873
Il a laissé des études géologiques non publiées, et une "Monographie sur des paroisses du diocèse de Viviers" (Revue du Vivarais, 1893 à 1913).
Il est décèdé en 1909 au château de Blou à Thueyts. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Joyeuse.
Branche dite de La-Voulte-sur-Rhône en Vivarais
- Damien Tardy de Montravel né le 19 mars 1676, fils de Jean Tardy de Montravel (né en 1637, seigneur de Beaufort-de-Plénay, Directeur général des petites gabelles du Lyonnais, Provence, Dauphiné, Languedoc et Roussillon ; décédé à Valence le 5 février 1742.
- Jacques Louis-Damien Tardy de Montravel né le 26 avril 1713 à Paris, fils de Damien Tardy de Montravel, décédé en 1755, seigneur du Plénay et de Beaufort, Directeur général des petites gabelles des provinces du Lyonnais, Provence, Dauphiné et Roussillon. Il épouse Marie-Pélagie du Plessis dont il aura quatre enfants qui suivent :
- Jean-Baptiste de Tardy de Montravel, né à Agde le 29 avril 1738, seigneur de Versilhac, mort à Versilhac le 16 décembre 1818. Adjudant général du génie et chevalier de Saint Louis. A résidé 40 ans à La Voulte.
- Damien Tardy de Montravel, né le 14 février 1744, décédé le 1er mai 1805. Directeur général des petites gabelles des provinces du Lyonnais, Provence, Dauphiné et Roussillon.
- Jacques-Marie Tardy de Montravel, seigneur de Beaufort, né à Valence le 24 décembre 1750. Il mourut en Avignon le 26 avril 1817. Linguiste distingué, fondateur avec son frère Jean-Baptiste de la Société littéraire de Valence.
- Jean-François-Damien de Tardy de Montravel, né à Valence le le 14 février 1744, domicilié à La-Voulte ; écuyer, chevalier de Saint Louis, lieutenant-colonel, commandant l'école d'artillerie de Châlons-sur-Marne. Disciple de Mesmer, il fit de nombreuses expériences et études sur le magnétisme sur lequel il a écrit de nombreux ouvrages. Mort en Arles en 1805. Ses enfants sont tous nés à La Voulte, parmi eux:
- Marie-Alexandre-Auguste de Tardy de Montravel, né à La Voulte le 8 mars 1776, fils de Jean-François-Damien, Baron de l'Empire, chevalier de Saint Louis, officier au 7e régiment d'artillerie, émigra, fit ensuite toutes les campagnes de Russie. Il mourut en Dauphiné le 30 novembre 1848.
- Jean-Fleury Tardy de Montravel, né à Saint-Chamond le 1er juillet 1717, fils de Damien de Tardy de Montravel (1676-1742), seigneur de La Brossy, de Bressac, de Fontblachère, Directeur des petites gabelles, décédé à La-Voulte le 3 janvier 1798. Il épouse Marie-Hélène de Chantereau dont il aura cinq enfants :
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Jean-Louis-Damien de Tardy de Montravel, comte de Montravel (1750 - 1840).
- Jean-Philippe de Tardy de Labrossy-Montravel (1751 - 1831).
- Joseph-Marie de Tardy de Montravel de Labrossy (1762 - 1832).
- Marie-Anne-Josèphe de Tardy de Montravel de Labrossy (1761 - 1830).
- Marie-Hélène-Nicole-Pélagie de Tardy de Montravel de Labrossy (1753 - 1776).
Sources
- Histoire d'une famille ardéchoise de Joyeuse : Les Montravel de Joyeuse, par Jean-Antoine-Louis Tardy, vicomte de Montravel, dans Cévennes Magazine n° 1701 et 1702, samedi 16 février 2013 et samedi 23 février 2013.