Portraits d'ardéchois

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Louis NICOLAS


1634 - 1682


Missionnaire jésuite, grammairien de la Nouvelle France

Le Père Louis Nicolas est né à Aubenas, en France, le 15 août 1634. Il entre à la Compagnie de Jésus en 1654 à Toulouse. Ses supérieurs le jugeront comme étant d'un talent moyen, et ayant plus d'aptitudes pour les choses concrètes que pour les activités intellectuelles. Il est ordonné prêtre en 1663, et il arrive aux colonies le dimanche 25 mai 1664; il est alors âgé de 30 ans. Il doit, dans un premier temps, demeurer à Sillery, pour acquérir quelques connaissances des langues amérindiennes. Puis, en août 1667, il part pour sa première mission, aux Outaouais, en compagnie du Père Claude Allouez. Le Père Allouez venait de passer deux ans à Chagouamigon, sur la rive sud-ouest du lac Supérieur, et il était venu chercher de l'aide. Le premier voyage de Nicolas en territoire indien se fait dans des conditions difficiles; celles-ci sont passées à l'histoire grâce à une lettre (du 18 octobre 1667) de Marie de l'Incarnation à son fils. Après bien des tribulations, le Père Allouez laisse le Père Nicolas à Chagouamigon, surnommé alors "Pointe du Saint-Esprit", quand lui-même continue vers le sud, jusqu'à la "Baie des Puants".

Peuples autochtones Canada

Le Père Nicolas fait allusion à ce voyage et à ce peuple dans son "Traitté des Animaux à Quatre Pieds terrestres et emphibies qui se trouvent dans les Indes occidentales ou Amérique Septentrionnalle". Il y dit que les gens s'y nomment "Nation du Castor et de l'Outarde" (folio 46), aussi, au folio 24: "...les Outaouaks estoient logés au fons du grand lac Tracy à 600 lieues de Québec, sur la pointe de Chagouamigon...ils font gloire de s'appeler Nation de l'Ours, que les Algonquins nomment en leur langue "Makounadué". Et encore, au folio 29 : "Enfin d'autres comme les Outaouaks, Outaouassinagon, Mitchisagué, Maramegouek,..."

L'Outaouais est aujourd'hui une région administrative du Québec (Canada), située sur la rive nord de la rivière des Outaouais, limitrophe de l'Ontario ; Outaouak est le nom donné aux Indiens de l'Outaouais ; le peuple algonquin est un peuple autochtone composé de neuf communautés au Québec et de une en Ontario ; Sept-Îles est une ville du Québec située dans la municipalité régionale du comté des Sept Rivières, sur la côte Nord du golfe du Saint-Laurent ; Batiscan est une ville sur le fleuve Saint-Laurent et la rivière Batiscan, près de Trois-Rivières qui se trouve en Mauricie.

Louis Nicolas est de retour à Québec le 21 juin 1668. D'après une lettre de Marie de l'Incarnation, il est revenu avec des "Sauvages" qui n'avaient jamais vu d'Européens, et qui avaient tous "le nez percé". Il semble, d'après Tremblay (1983) que Nicolas est de retour parce que ses supérieurs sont mécontents de lui. On l'a accusé de négliger l'œuvre d'évangélisation et de faire preuve de brutalité envers les Indiens.

Grâce à son repentir, on accorde à Nicolas de retourner chez les Outaouaks. Son séjour cependant y sera bref. Ses supérieurs, une fois de plus, le rappellent à Québec où il devra remplir des tâches ecclésiastiques pendant toute l'année 1669.

En juin 1670, il repart pour les missions. Il accompagnera cette fois le Père Jean Pierron chez les Agniers de Tionontoguen. Il ne passe tout au plus qu'un an en territoire iroquois, puisqu'en août 1671, il est de retour à Sillery où il signe des actes de baptême.

Sa grammaire algonquine aurait été rédigée pendant les années 1672-73-74, possiblement pendant ces années de sédentarité forcée, alors qu'il était curé.

Au printemps de l'année 1673, il interrompt son oeuvre pour aller fonder une mission aux Sept-Iles. De retour à l'été de la même année, il rédige, pendant les mois de juin et juillet son "Mémoire pour un missionnaire qui ira aux Sept Isles que les Sauvages appellent Manitounagouch ou bien Mantounok".

Pendant les années 1673-74, Nicolas est muté au poste d'économe-procureur à Batiscan.

À partir de 1674, son nom disparaît complètement des registres et tout porte à croire qu'en 1675 il était de retour en France.

Il a vainement tenté alors de faire publier son oeuvre, mais n'obtint jamais l'approbation des censeurs de la Compagnie de Jésus. En 1677, exaspéré et aigri par la trop grande rigidité de l'ordre, il demande son renvoi. On le réprimande vertement, il se repent, et finalement on le renvoie à Albi en 1678.

Une fois sorti des ordres, on perd à peu près sa trace. Certains auteurs situent sa mort en juillet 1682, mais n'appuient leurs dires sur aucune preuve documentaire.

Sources

- Le père Louis Nicolas, grammairien de la nouvelle France , collection "Le Saviez-vous?" par Jean-Marc Gardès, FOL-Editions, Privas-Ardèche.

- Le père Louis Nicolas et la première grammaire de l'algonquin par Diane Daviault de l'Université du Québec à Chicoutimi, Canada.

- Louis Nicolas : sa vie et son œuvre, Thèse inédite par G. Tremblay, département d'histoire, Université de Montréal (1983).