D'après "Hommage à Jean Roure" par Gérard Fongaro (École des mines d'Alès)
Jean Roure est né le 1er décembre 1920 à Vinezac, village traditionnel en Ardèche méridionale. Il fréquenta l’école communale et poursuivit ses études à Bourg-Saint-Andéol puis à Aix-en-Provence. Il fut admis au concours d’entrée à l’École des Mines d’Alès et effectua le stage préliminaire au puits Ricard à La Grand’Combe. Il fut diplômé en 1941.
Durant la période chaotique de la deuxième guerre mondiale, il fut mobilisé en 1942 et incorporé dans les camps de jeunesse, puis affecté à la société des phosphates du Sénégal. Il fut remobilisé en Afrique du Nord et en Afrique Sahélienne.
En 1946, recruté par le service de l’hydraulique de l’AOF, il fut affecté au Niger. De 1947 à 1955, dans des conditions difficiles, cet immense pays étant dépourvu de superstructures, il créa, organisa et dirigea le Service de l’Hydraulique Souterraine. Il fit exécuter de nombreux puits et forages de captage, prospecta et répertoria les nappes aquifères, recensa les points d’eau.
Jean Roure |
En 1955, il fut affecté à Bamako, au Mali (alors Soudan Français). Il réorganisa le Service de l’Hydraulique Souterraine. Il créa une dizaine de sous-secteurs hydrauliques, en particulier dans les cercles et subdivisions Sahéliens. Il y affecta des chefs puisatiers et les dota en matériel pour creuser des puits, jusqu’à une soixantaine de mètres de profondeur, suivant une méthode qu’il avait mise au point et qui permettait d’assurer la sécurité des ouvriers et la pérennité des ouvrages !
Il dressa la carte hydrogéologique du Mali, sur laquelle il fit figurer les emplacements et les principales caractéristiques des points d’eau : puits, forages, éoliennes, puisards, marres permanentes et semi-permanentes.
Il fit prospecter le Gourma, vaste région située dans la boucle du fleuve Niger, entre Gao et Toumbouctou, riche en pâturages sahéliens mais dépourvue de points d’eau permanents. L’élevage était limité aux abords du fleuve et autour de quelques mares d’hivernage. La réalisation d’une étude hydrogéologique et l’exécution de forages de reconnaissance permirent de déceler une importante nappe semi-artésienne à moyenne profondeur, ce qui ouvrait la voie à l’extension du nomadisme pastoral.
En 1960, après l’indépendance des États Africains, il rentra en France et fut engagé par une société française d'ingénierie, ce qui l’amena à effectuer de nombreuses études et des missions à l’étranger : rénovation et renforcement des adductions d’eau de Douala, Yaounde, Ouagadougou, Nouakchott, Addis Abeba… ainsi que la nouvelle adduction d’eau de Nouméa.
Il fut également responsable de l’assainissement des villes côtières touristiques de la Tunisie, de la banlieue Sud de Tunis jusqu’à la frontière libyenne.
Il estimait que l’alimentation en eau potable était une priorité, en particulier au titre de la santé publique et de nombreuses familles de ces pays ont pu ainsi accéder à l'eau potable.
Il prit sa retraite en 1983 et fit des études locales, sur les ressources en eaux souterraines de sa commune, sur la mine de fer de Merzelet et l’impact sur l’environnement de la mine de plomb argentifère de Largentière… Certaines de ces études ont été publiées par l’association Cévennes Terre de Lumière et par la Société Géologique de l’Ardèche dont il était un membre actif.
Il était également passionné d’histoire et rédigea des notes historiques sur sa région.
Sa vie professionnelle fut en harmonie avec ses profondes convictions inspirées par la recherche de l’intérêt général et de la justice sociale.
Il avait épousé Marthe en 1952. Ils eurent deux enfants qu’ils orientèrent vers de hautes études leur permettant ainsi d’accéder à une grande carrière professionnelle.
Ses huit petits-enfants, dont il était fier, ont terminé ou poursuivent de brillantes études : École Polytechnique, Écoles de Commerce, Facultés…
Il s’est éteint le 27 novembre 2011, dans sa 91e année, et fut inhumé à Vinezac, en présence de tous les membres de sa famille, de ses amis, d’Anciens élèves de l’École des Mines et de nombreux habitants de la commune.
Parmi les publications de Jean Roure on peut citer :
- 1989 : "Le volcanisme récent en Ardèche" in Cévennes Terre de Lumière , trimestriel n°3, 1989 ;
- 1995 : "L'olivier" in Revue du Vivarais, n°4, 1995 ;
-2001 : "Les mines de Merzelet - les ateliers métallurgiques artisanaux antiques" in : Bulletin de la Société géologique de l'Ardèche n°19, 2001 ;
- 2003 : "La soie bien de chez nous" in : Bulletin municipal de Vinezac, n°6, juillet 2003 ;
- 2005 : "Mémoires d'école" (étude rappelant les épisodes successifs d'enseignement à Vinezac et en général, extrait du Bulletin municipal de Vinezac n°12, juin 2005 ;
- 2005 : "Ardèche des volcans, volcanisme des vallées cévenoles" in : Cévennes Terre de Lumière n°1, 2005 ;
- 2010 : Notes historiques sur Vinezac;:
- 2011 : Notes historiques sur Vinezac (réédition enrichie).
Sources
- Hommage à Jean Roure, École des Mines d'Alès, Gérard Fongaro ,1953.
- Hommage à Jean Roure, dans Cévennes Terre de Lumière, trimestriel, n°1, 2012.