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Largentière vue
Photo Images et Nature
Superficie: 722 ha; Altitude: 211 m ; Population (en 2009) : 1937 habitants
La ville est située en Basse Cévenne ardéchoise Sud, entre le Bas Vivarais et les contreforts des Cévennes, dans la Vallée de la Ligne, elle est chef-lieu de canton, et voisine des communes de Vinezac et de Montréal. La plus grande ville à proximité de Largentière est la ville d'Aubenas située au Nord-Est de la commune à 11 km. Les rivières la Ligne, et la Lande traversent Largentière.
Les habitants de Largentière s'appellent les Largentiérois et les Largentiéroises.
Un peu d'histoire :
- Antiquité : La ville doit son nom aux mines d'argent découvertes par les Romains, exploitées du XIème au XVème par les comtes de Toulouse et les évêques de Viviers.
- Du Ve au XVe siècle :
• En 950, l'Evêque Thomas de Viviers mentionnait un domaine sur le territoire des mines d'argent possédé par l'église de Viviers.
• L'empereur germanique Conrad accorda en 1146 à l'Evêque Guillaume de Viviers le droit de battre monnaie (exploitation du minerai au Castrum de Sigalière).
• Dès 1170, une longue querelle opposa les évèques de Viviers aux Comptes de Toulouses. En 1198, l'évèque Nicolas dut céder à Raymond V de Toulouse la moitié des mines, En 1207, le Compte de Toulouse devint majoritaire.
• En 1208, le nouvel évèque Burnon inquiet s'attacha définitivement les mineurs par le serment de fidèlité, l'octroi du Consulat, et en 1215, celui d'une charte des libertés et construisit surtout un énorme château, dont les puissantes murailles dominent toujours Largentière. Le comte Raymond VII réussit à prendre la ville en 1223 mais, peu après la victoire capétienne débarrassa le Vivarais des prétentions toulousaines. Le traité de Paris de 1225 consacra, à la suite de la guerre des Albigeois, la domination du Roi de France sur le midi. La paix revenue, l'exploitation des mines reprit, ramenant la prospérité parmis les habitants.
• Jusqu'au XIIIe le lieu s'appelait "Ségualières"
- Les XIVe et XVe siècles :
• Les accords de 1306 détachèrent les terres ou baillies épiscopales de Largentière, Vibiers, Bourg et saint Marcel de l'empire germanique et les rattachèrent à la France.
An 1361, Agnès Bertin céda son moulin, dit la Ferradié, aux consuls.
En 1382, à la mort de l'évèque Bernard d'Aigrefeuille, un inventaire fut dressé du vieux chateau édifié par l'évèque Burnon. la guerre de cent ans commença d'éveiller le sentiment national: contribution à la rançon du Roi Jean Le Bon , prisonnier.
De 1481 à 1497 fut construit le chateau neuf de largentière, au nord et à l'est du chateau vieux. Les travaux commandés par l'évèque Jaen de Montchenu furent l'oeuvre des compagnons de Maitre Renaut.
- Le XVIe :
• La réforme protestante gagna le Bas Vivarais dès le milieu du siècle.
En 1561, des églises réformées étaient dréssées à Largentière, Joannas Taurier et Uzer. Le mouvement explosa en 1562, provoquant des destructions d'églises et de monastères. Le couvent des Franciscains établi à Largentière en 1236, fut alors détruit... La fièvre retomba presque aussi vite qu'elle était montée.
Dès 1564, Largentière redevenue catholique, fut l'un des principaux centres de résistance aux réformés sous la conduite des Seigneurs de Montréal.
• Une trève fut conclue en 1576, à Largentière et à Borie de Balazuc qui ramena un instant la paix.
• En 1581, l'évèque Jean de l'Hostel vint à Largentière établir les pénitents blancs. La chapelle édifiée en 1583 et agrandie par la suite, subsiste dans les batiments du centre Socio Culturel.
Le XVI éme siècle touchait à sa fin quand la peste décima à nouveau la population qui avait fait bon acceuil à l'édit de Nantes (1598).
- Le XVIIe :
• La paix fut troublée au début de ce siècle, à la suite de l'assasinat, en 1610, du Roi Henti IV, puis en 1619, après le mariage de la chatelaine protestante de Privas avec le catholique Seigneur de Boulogne. Largentière, menacée, dut aussi faire face de 1629 à 1630 à la peste qui obligea tous les habitants à déserter la ville pendant l'hiver. Celle-ci remise de ses plaies, reçut en 1632, la visite de l'évèque de Suze qui établit auprès de l'église le couvent-collège des sœurs de Notre Dame.
• Le siècle allait s'achever quand se produisit le soulevement des "Jacques" d'Anthoine Roure, seigneur de la Rande. Le 12 mai 1670, Largentière fut assiégè par eux : il y eu des morts et des maisons pillées.
L'année 1676, Monsieur Monge, émissaire de l'évêque, vint visiter Largentière qui comptait 300 maisons et 1000 communiants, renfermés dans les murs de la ville.
- Le XVIIIe :
• Ce siècle débuta dès 1703 par la répression des Camisards conduite en partie par Julien qui vint par trois fois lever des volontaires.
Le 05 novembre 1716, Martin de Ratabon, évèque de Viviers, vendit au Marquis de Brison le château et la baronnie de Largentière. Avec l'argent de la vente l'évèque fit construire son palais de Viviers.
Quant au Marquis de Brison, en 1730, il acquit le droit envié d'entrer aux Etats du Vivarais, en même temps que le château délabré qu'il entreprit de restaurer au goût du jour, ouvrant de larges fenêtres et édifiant un large escalier sur la façade au levant.
• La révolution vint renverser tout cet ordre des choses : le château fut confisqué, converti en tribunal et en prison pour les opposants aux nouvelles idées qu'embrassérent avec entrain une bonne partie de la population dont les éléments les plus ardents se regroupèrent au sein de la société des Amis de la Liberté et de l'Egalité.
• De nombreux excès furent alors commis et les "Terroristes" de Largentière se suscitérent des haines durables parmi les habitants des communes voisines.
- Entre 1800 et 1850 :
• En 1807, il y avait alors, 1741 habitants dont 25 militaires en activité. Cet important contingent grossissant d'année en année détacha peu à peu la population de l'empereur. Néanmoins le passage de l'Empire à la Monarchie de 1815 faillit se faire dans un bain de sang. Le pire fut évité. La paix revenue, les hommes valident ne demandèrent qu'à travailler. Des moulinages s'établirent et prospèrèrent en amont et aval de la ville.
• En 1832-1833, fut dressé le cadastre de la ville et de la commune de Largentière. Il fait apparaitre 404 propriétaires détenant une ou plusieurs des 491 maisons, caves écuries, jardins renfermés dans les murs de la ville. Le château servait encore de Tribunal et de prison.
La gendarmerie occupait le couvent des Récollets rasé en 1850.
La Mairie était alors à la Poste et la Préfecture au Café des Recollets. La place Paul Mercier était occupée par la Halle. L'adjudication des travaux de construction de l'actuel Palais de Justice se fit en 1840 et il fut inauguré en 1847, un an après la création de la Caisse d'Epargne; la nouvelle Gendarmerie fut inaugurée en 1850.
• A la seconde république, acceuillie avec ferveur grâce à l'important courant républicain animé par le Docteur Victrin Mazon, le Père du Docteur Francus, succéda dans la tristesse et l'accablement le Second Empire .
Le 8 décembre 1851, les Républicains tentèrent vainement de se saisir de Largentière, les représailles furent terribles.
- Entre 1850 et 1900 :
• Sous le Second Empire Largentière connut une ére de relative prospérité grâce à l'industrie de la soie : on construisit et augmenta le nombre de moulinages ou fabriques. Le développement du commerce facilté par l'élargissement et l'amélioration de la nationale 5 amena la construction en 1869 d'une bascule aux Récollets et des abbatoires aux Fourniols en 1872.
De 1863 à 1880, on reprit l'exploitation des mines de plomb argentifères.
En 1872, on compta jusqu'à 125 ouvriers. La fin du Siècle connut la querelle de laïcisation des écoles.
En 1886, la commune fit l'acquisition d'un terrain pour construire l'école supérieure de jeunes filles (ancien L.E.P). En 1896, le chemin de fer arriva à Largentière.
- Le XXe :
• En 1905, Mr Clémentel, ministre des colonies, vint inaugurer la nouvelle Mairie de Largentière qui comptait alors 2472 habitants dont 1996 dans l'agglomération. La vie était alors très animée par les activités commerciales, marchés et foires, les acitivités judiciaires, celles liées à l'industrie de la soie, la présence de la Sous-Préfecture, de deux brigades de gendarmerie dont l'une à cheval sans parler des écoles, de l'hospice, des employés de finances, des eaux et forêts, et puis il y avait des imprimeurs et quatre journaux ou hebdomadaires locaux, sans parler des membres des divers sociétés artistiques ou sportives. Puis peu à peu la vie s'est retirée de nos rues, les services ont émigrés ailleurs.
La réouverture des mines en 1962 et leur exploitation pendant 20 ans ramena un peu la prospérité. Les mines d'argent ne sont plus exploitées depuis le début des années 80.
Architecture :
- Lorsqu'on découvre la ville, tapie dans son creux et recouverte de ses toits brunis comme un capuchon de moine, on pense voir une agglomération d'origine monastique. Il n'en est rien, tant au début de son histoire elle fut un lieu où s'est vivement exprimée la cupidité de nombreux seigneurs, tant elle était riche du métal utilisé pour le négoce.
- Cité médiévale aux maisons anciennes : Hôtel Geoffroy de Valgorge (actuelle poste);
- Nombreux vestiges (fortifications) : Porte des Récollets (1507), et tours carrées dont la tour de l'Argentière, et les tours de Tauriers et de l'Horloge.
- Vestiges du château des Fanjau.
- Château de Tauriers, ainsi appelé car il permettait de contrôler le chemin de Tauriers ainsi que les accès vers Jaujac et la Souche ou Valgorge. À l'origine, la tour carrée dite "Argentaria" élevée au XIIIe siècle par les évêques de Viviers pour à la fois protéger l'exploitation, mettre en sécurité l'argent tiré des mines et aussi affirmer leur propre revendication sur ce revenu attractif face aux prétentions concurrentes d'autres seigneurs, en particulier les puissants comtes de Toulouse dont la forteresse rivale de Fanjau surplombait la ville en rive gauche. Cette tour "argentière" donnera son nom à la ville devenue l'Argentière. Cette tour est devenue le donjon du château. Une seconde tour est construite à proximité de la tour Argentière. Puis deux tours rondes sont édifiées à l'est, en avant de l'enceinte castrale dont elles protègent l'accès. A la fin du XVe siècle les évêques de Viviers seuls possesseurs des mines agrandissent le château. Le château est racheté par le marquis de Brison en 1716 qui effectue de nouvelles transformations. La Révolution et l'Empire vont transformer le château en tribunal et prison jusqu'en 1847. La ville rachète alors le château qui l'agrandit et le transforme en hôpital jusqu'en 1996; c'est actuellement un musée. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 28 septembre 1926.
- Maison Bastide, grande rue (MI)
- Bas-relief les batteurs d'argent (Mairie annexe) (MC)
- Palais de Justice néo-grec
- Hôtel de Ville Renaissance
- Église gothique N.D.-des-Pommiers XIIIe (MC) : sarcophage carolingien et chaire de pierre sculptée flamboyante XVème, statue XVIIème.
Curiosités :
- Maisons à "couradous" ou "laouzos" (terrasses couvertes qui possèdent des fonctions multiples: repos, accueil, ombre et séchage. )
- Vue du pont sur le bourg , Gorges de la Ligne.
- Mines de plomb argentifère, connues des romains, exploitées dès le Moyen Âge (non exploitées depuis le début des années 80).
- Filature du Moulinet : Musée de la soie (route de Valgorge) : présente la filière de la soie en Ardèche au XIXe siècle, depuis l'élevage du ver à soie au moulinage du fil.
- Musée international de la Poste : matériel, uniformes, cachets, timbres-postes.
sources
- Historique de Largentière ( auteur Pierre Exbrayat) 1996