Les mémoires de Charles de Gigord, retrouvées dans une demeure bourguignonne par un de ses descendants, nous font entrer dans l'intimité d'une très ancienne famille ardéchoise pendant la Révolution, l'Empire et la Restauration. Ses mémoires sont intéressants par le regard qu'ils portent sur l'administration à Caen, Troyes et Saintes.
La présence de cette famille ardéchoise est attestée à Joyeuse depuis 1424.
Charles de Gigord, est né à Joyeuse en 1776. Son père est Étienne de Gigord, Chevalier de Saint-Louis et du Lys ; sa mère est Marie-Marguerite de Marcha, de Saint-Pierreville.
Il vécut les violences de la Terreur de 1793 à 1795 puis le soulagement de Thermidor.
Marié le 2 mars 1812 avec Élisabeth-Adélaïde de Thomassin de Balignécourt, le couple aura deux enfants : Pauline et Étienne-Charles.
Grâce au premier préfet de l'Ardèche Charles de Caffarelli, il exerça de hautes fonctions administratives comme sous-préfet de 1814 à 1830, d'abord à Caen puis à Troyes où il négocia avec les alliés en 1814 pour épargner cette ville ; de Marennes en 1816 ; de Saintes en 1818 ; il est démissionnaire en 1830.
Troyes
Au cours de sa carrière, il va rencontrer quelques grands de ce monde, notamment à Troyes, ville assiégée et investie tant par Napoléon que par les armées coalisées en 1814. Il tentera de sauvegarder les intérêts de la cité champenoise en négociant avec le maréchal Berthier, le tsar Alexandre et Louis XVIII.
Du 3 au 6 février 1814, Napoléon est à Troyes, qu’il considère importante par son industrie et son commerce.
Le 8 février, le roi de Prusse (avec son fils le prince royal Frédéric-Guillaume), les empereurs de Russie (avec son frère le grand-duc Constantin) et d’Autriche (avec son fils le prince impérial Ferdinand-Charles) s’installent à Troyes.
Le 24 février, Napoléon rentre victorieux à Troyes, et y établit son quartier général.
Le 14 mars arrive à Troyes, accompagné de toute sa garde, S.M. l’autocrate de toutes les Russies, et le 16 mars l’autrichien François et le prussien Guillaume.
En septembre 1814, Louis XVIII, vient décorer le maire de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis et ses deux adjoints, de la Légion d’Honneur.
Il accompagna ensuite le retour des Bourbons : Louis XVIII…
Chevalier de la légion d'honneur, sous-lieutenant au régiment d'Angoulème,
Louis-René de Gigord son descendant note :
"Certes, il fut témoin de la grand histoire et de tragiques évènements locaux, entre autres l'assassinat à Joyeuse de l'abbé de la Molette et du chevalier d'Entremeaux. Mais il exerça par ailleurs un regard acéré sur la vie quotidienne de cette époque."
Il précise plus loin :
"Mon lointain aïeul, par exemple monta un spectacle relevant de la commedia del Arte avec ses condisciples du couvent des oratoriens devant le château de la cité ducale. Il narre avec précision son voyage de Joyeuse à Paris, en diligence et en coche d'eau."
Sources
- Charles de Gigord, Mémoire d'un gentilhomme ardéchois sous la Révolution, l'Empire & la Restauration, par René-Louis de Gigord, Éditions La Bouquinerie, 26000 Valence, 2013.