Ils sont issus d'une famille de juristes huguenots, originaires d'Annonay en Ardèche. Leur père, maître Antoine, était avocat au Parlement. Il avait acheté les charges de receveur du grenier à sel et des gabelles d'Annonay en 1788. La fortune de la famille était importante.
Antoine Monneron avait envoyé un grand nombre de ses dix garçons aux colonies où ils firent fortune.
Charles-Claude-Ange Monneron, (1735-1804), dit Monneron aîné, débute sa carrière comme sous-marchand de la Compagnie des Indes en 1767. Procureur sous le gouvernement de Dupleix, il fut conseiller au Conseil Supérieur de Pondichéry en 1769. Habitant et négociant, il est promu commissaire général des ports et arsenaux de la Marine et ordonnateur des Etablissements français de l'Inde en 1784. Lorsque le gouvernement général échu à l'Ile de France, il s'y rend comme intendant général dès 1785. Il sera élu député du Tiers-état d'Annonay aux états Généraux le 29 mars 1789. En 1794 il fut nommé membre d'une commission de commerce chargée de surveiller l'approvisionnement de la République.
Jean-Louis Monneron (1742-1805), comme son frère aîné, Jean-Louis s'engage dans la Compagnie des Indes comme agent commercial en 1769. Négociant sur la place de Pondichéry, il fait rapidement fortune et entre en maçonnerie en 1771 à la prestigieuse loge négociante de l'Ile de France, Orient du Port-Louis (BN/Mss/FM580). Député des Etablissements français en Inde (Pondichéry), à la Constituante en 1789, il défend avec conviction le sort de ces possessions coloniales menacées par la dissolution de la Compagnie des Indes de Calonne. Les quatre frères négociants fondèrent une banque à Paris et obtinrent en 1791, le droit de frapper monnaie de cuivre.
Pierre-Antoine Monneron (1747-1811), capitaine de vaisseaux, il s'illustrera lors de missions auprès du gouverneur des Indes néerlandaises. En 1787, il transportera le sultan Tipou Sahib, soutien de la France en Inde, sur le territoire métropolitain. Il fut député en 1789 de l'Ile de France - actuelle île Maurice - , pendant la Constituante.
Joseph-François-Augustin Monneron (1756-1824), après être resté un temps en Ardèche, s'est installé à Paris en 1777 comme négociant puis directeur de la manufacture de tabac. Membre de la célèbre loge négociante des Amis Réunis de 1777 à 1789 (Le Bihan, 1966, p.362), il développe un réseau considérable et tout particulièrement autour du circuit international huguenot. élu député de Paris en 1791, à la Législative, il demanda dès le 21 octobre, l'organisation des écoles primaires et la punition des prêtres qui refusaient de se soumettre aux lois. En janvier 1792, il tenta de défendre la liberté du commerce avec les colonies. Sous le Directoire il devint Directeur de la Caisse des Comptes Courants. Comme son frère Jean-Louis, en 1798 il fut arrêté comme banqueroutier puis relâché, grâce semble-t-il à l'intervention de Barras.
Ce sont ces frères qui obtinrent en 1792 l'autorisation de frapper des pièces de monnaie de cuivre de confiance de deux et de cinq sols; remboursables en assignats, qu'on appelle des "monnerons".
Pièce de deux sols:
- sur une face la Liberté est assise sur un bloc et porte à la main une pique surmontée d'un bonnet de liberté, avec cette inscription "Liberté sous la Loi"
- sur l'autre face on peut lire "Médaille de confiance de deux sols à échanger contre un assignat de sols" et au dessus 1791 , en exergue "Monneron frères, négociants à Paris."
- Pièce de cinq sols:
Les pièces de Cinq sols, deux fois plus nombreuses, à la place de la liberté on avait gravé l'autel de la patrie sur lequel étaient prêtés les serments de la Fédération:
A/ Dans un médaillon oval serment républicain "14 JUILLET 1790-VIVRE LIBRE AU MOURIR"
R/ Dans un filet "MEDAILLE DE CONFIANCE DE CINQ SOLS REMBOURSABLE EN ASSIGNATS 50 ET AU DESSUS. L'AN IV DE LA LIBERTE-MONNERON FRERES NEGOCIANT A PARIS 1792"
Métal : Acier Format : Diam. 40 mm. 1792
En 1790, les bâtiments du château des Célestins à Colombier-le-Cardinal sont vendus comme biens nationaux aux frères Monneron.