Protestant ou catholique, l'Ardéchois a mené un combat
incessant pour affirmer sa foi.
François Régis est né à Fontcouverte dans l'Aude près de Narbonne, le 31 janvier 1597, dans une famille de nobles ruraux assez aisés et profondément chrétiens. Il commence des études au Collège des Jésuites de Béziers. Il est apprécié pour son travail et son esprit de bonne camaraderie. Il devient membre de la Congrégation de la Sainte Vierge.
François Régis entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Toulouse en décembre 1616. Après ses premiers vœux en 1618, il poursuit la longue formation des Jésuites, coupée par des périodes où il se rend à Cahors, à Tournon (de 1622 à 1625), au Puy et à Auch. En 1624, les Jésuites du Collège de Tournon envoyèrent deux religieux pour aider le curé d'Andance. Le plus jeune qui était alors encore élève, se nommait François Régis. Andance fut donc le lieu de sa première Mission. En souvenir, la Confrérie du Saint Sacrement créée par François Régis fit édifier un porche de quatre colonnes où figure la statue du Saint, devant la porte de l'église.
Ses études théologiques terminées à Toulouse il est ordonné prêtre en mai 1630.
Après les sanglantes guerres de religion, c'est l'époque de la Contre-réforme: les évêques envoient à travers leurs diocèses des "missionnaires" chargés moins de convertir les Protestants irréductibles que de ranimer la foi catholique dans les campagnes mise à mal par les calvinistes. Humble et chaleureux, il gagna rapidement les cœurs des habitants.
En 1632, il est envoyé à Montpellier comme missionnaire, il y prêche beaucoup et s'occupe des pauvres, il se rend à Sommières et aux environs. En 1634, il est mis à disposition de l'évêque de Viviers, Monseigneur de la Baume de Suze, dans la visite de son diocèse. Il va de village en village, préparant la venue de l'évêque. C'est dans les rudes montagnes des Boutières qu'il montre particulièrement ses qualités de missionnaire "vivant à l'évangélique".
François Régis, par son humilité et sa flamme, sa grande bonté et sa parole, sait gagner le cœur des populations simples et farouches des Boutières et des hauts plateaux du Vivarais et du Velay. Il remporta un immense succès , sans doute parcequ'il parlait et comprenait, en tant que languedocien, la langue de ses auditeurs.
Entre 1636 et 1640, il est nommé au Puy. Désormais, François fera deux parts dans son apostolat. A la belle saison, il travaille au Puy; pendant l'hiver il reprend ses missions dans les montagnes, car, il sait qu'alors, il peut trouver les gens chez eux.
Au Puy son activité s'est spécialement concentrée sur trois points:
- les catéchismes
- les pauvres
- les pécheurs
Les catéchismes ne s'adressent pas seulement aux enfants mais à tous. Ce sont des exposés solides quoique simples de la foi chrétienne. Ils attiraient beaucoup de monde, religieux et laïcs, pauvres et gens aisés, parfois au nombre de 4.000.
La famine et la guerre civile ont fait affluer les gens au Puy. François regroupe des dames pieuses pour déceler et secourir les misères cachées. Il procure du travail aux dentellières.
Enfin François fut un confesseur patient et bienveillant. Pour faciliter leur changement de vie, il fonde une maison d'accueil pour les "filles perdues", initiative qui lui attire beaucoup de critiques de la part des "bien pensant" et de la jeunesse dorée de l'époque.
Pendant quatre hivers, François Régis visite de nombreux villages des montagnes du Vivarais et du Velay. Il fait la route à pied, loge chez les paysans, prêche dans les églises et à la croisée des chemins. Il est attentif aux besoins spirituels et matériels de tous. On l'appelait le "Saint Père".
En décembre 1640, François termine une mission à Montfaucon où sévit la peste. Il part en bénissant la ville et en annonçant la fin de l'épidémie. Il retourne secrètement au Puy où, pendant trois jours, il fait retraite: "j'ai interrompu mes missions pour me préparer à bien mourir".
Le 23 décembre, il repart avec un compagnon le père Bideau. Lalouvesc n'est encore qu'un humble village quand, à la fin de 1640, l'apôtre vient y confesser et y prêcher une mission la veille de Noël. Le temps est très mauvais, le voyage difficile, à travers neige et congères. égarés sur les pentes de la montagne de Chaix, dans la tempête de neige et la "burle" glacée, les deux moines passent la nuit sous le porche du prieuré de Veyrines, près de Saint-Symphorien-de-Mahun. Il prend froid et contracte une pleurésie.
Au matin du 24 décembre, il se rend à la petite église de Lalouvesc. sans plus attendre, il commence sa mission. Durant trois jours, il travaille sans relâche, prêche sept fois, confesse deux jours et trois nuits, sans penser à prendre de nourriture et de sommeil. Travail harassant pour un malade. Le mercredi 26 décembre, après sa messe dite à deux heures de l'après-midi, il ne peut regagner son confessionnal, tant la foule est dense. Alors, il s'assoit près de l'autel et se remet à confesser, tête nue, sous une fenêtre aux vitres brisées. Soudain dans la soirée il chancelle et s'affaisse, à la grande stupeur des assistants. On le transporte à la Cure. Là, près du feu, il trouve la force d'entendre encore une vingtaine de confessions, puis s'évanouit. Le curé le fait porter dans son lit et congédie la foule consternée. Pendant cinq jours encore François lutte contre la maladie, trois de ses confrères viennent d'Annonay et de Tournon avec un médecin et un apothicaire. Le dimanche, il reçoit les derniers sacrements.
Le lendemain, 31 décembre 1640, peu avant minuit, il dit au frère Bideau qui le veillait "je me trouve plus mal" et tout de suite après: "Ah mon frère, je vois Notre Seigneur et Notre Dame qui m'ouvrent le Paradis". Puis il commence à prononcer les paroles du Christ expirant: "Seigneur, je remets mon âme entre tes mains". Ayant fini, il expira. Il allait avoir 44 ans.
La nouvelle de la mort du Père François Régis se répandit aussitôt dans les montagnes et "quoique le temps fut fort rude et les chemins mauvais, Lalouvesc regorgea bientôt de monde". Le 2 janvier, vingt deux curés se trouvaient à l'enterrement, la foule emporta les objets qui avaient appartenu au Père et même la terre qui venait de recouvrir le cercueil.
De peur qu'on enleva le corps du Père François Régis - les Jésuites voulaient le faire transporter dans leur église du Puy - le cercueil fut placé dans un tronc de châtaignier creusé et cerclé de fer, enterré profond dans la petite église de Lalouvesc qui garda ainsi précieusement son trésor.
L'église mit le Père François Régis au rang des Bienheureux en 1716 et au rang des Saints - canonisé - en 1737.