IV
1. Mise en place des Institutions 1776-1823
Le 4 juillet 1776, le Second Congrès Continental adopte la déclaration d'Indépendance des États-Unis, les treizes colonies se déclarent États souverains, et mènent la guerre, avec la coordination du Congrès qui exerce les fonctions de gouvernement. La plupart des États se dotent de constitutions écrites.
1-Les articles de confédération
L'Indépendance a été proclamée le 4 juillet 1776. Après de nombreux débats, qui ont débuté le 15 mars 1777, le 15 novembre 1777 le Congrès Continental adopte un document qui comprend un préambule et treize articles: les "Articles de Confédération" (The Articles of Confederation) rédigés par une commission présidée par John Dickinson, que tous les États adoptent (excepté le Maryland), ratifiés par tous et entrés en vigueur le 1er mars 1781, jusqu'à la date de son remplacement par la Constitution des États-Unis en 1789.
Il s'agit en fait d'une "ligue d'amitié" (art. 3) où "chaque Etat garde sa souveraineté, sa liberté et son indépendance" (art. 2) ; il n'y a ni exécutif, ni judiciaire, mais un législatif qui contrôle les éléments minimaux de l'existence d'un Etat (guerre, affaires étrangères, défense, ratification des traités, monnaie). Il n'a néanmoins que des pouvoirs expressément délégués et ne peut, par exemple, ni lever l'impôt, ni réglementer le commerce étatique.
A l'issue de la guerre, il s'avère vite que les articles de Confédération fonctionnent mal. Les États sont jaloux de leurs intérêts et de leurs prérogatives, les conflits entre eux sont nombreux, portant notamment sur des questions de commerce et de droits de douane.
Il devenait donc indispensable d'opter pour un gouvernement central fort, appliquant une politique uniforme. Les négociants et les agriculteurs étaient les plus touchés par les difficultés économiques consécutives à la guerre.
Plusieurs Sessions du Second Congrès de Confédération se réunirent, dans huit Capitales différentes avant de s'installer définitivement à Washington DC le 17 novembre 1800:
- à Philadelphie : du 10 mai 1775 au 12 décembre 1776 (Carpenter's Hall) ; puis du 5 mars 1777 au 18 septembre 1777 (State House); puis du 2 juillet 1778 au 21 juin 1783 (College Hall puis State House),
- à Baltimore : du 20 décembre 1776 au 4 mars 1777 au Henry Fite's House
- à Lancaster le 27 septembre 1777 au Court House (un seul jour )
- à York du 30 septembre 1777 au 27 juin 1778 au Court House
- à Princeton du 30 juin 1783 au 4 novembre 1783 au Prospect House et Nassau Hall
- à Annapolis du 26 novembre 1783 au 3 juin 1784 à State House
- à Trenton du 1er novembre 1784 au 24 décembre 1784 au French Arms Tavern
- à New York City du 11 janvier 1785 au 4 novembre 1785 au City Hall; du 7 novembre 1785 au 3 novembre 1786; du 6 novembre 1786 au 30 octobre 1787; du 5 novembre 1787 au 21 octobre 1788; du 3 novembre 1788 au 2 mars 1789 à Fraunces' Tavern
2- La Convention constituante
Un litige éclata entre le Maryland et la Virginie, à propos de la navigation sur le Potomac, qui justifia la convocation d'une assemblée en convention fédérale à Philadelphie le 25 mai 1787, pour "rendre la Constitution du gouvernement fédéral adéquate aux exigences de l'Union".
Onze États sont représentés : le Rhode Island a écrit pour signifier son refus de la convention, et le New Hampshire n'a pas davantage envoyé de délégués. Les délégués du Delaware ont un mandat limité, qui ne les autorise pas à revenir sur l'égalité de suffrage entre les États. La convention réunit au total cinquante cinq délégués.
De nombreuses personnalités de premier plan assistaient à cette assemblée, à l'exeption notable de John Adams et Thomas Jefferson, ambassadeur respectivement à Londres et à Paris. Chaque État conserve sa souveraineté, dispose d'une voix et envoie des délégués: le gouverneur Robert Morris, James Wilson ainsi que Benjamin Franklin étaient les délégués de la Pennsylvanie; James Madison représentait la Virginie; Rufus King et Elbridge Gerry pour le Massachussetts; Roger Sherman pour le Connecticut; Alexander Hamilton pour l'État de New-York. George Washington qui était un des délégués de la Virginie fut élu à sa présidence à l'unanimité.
La Convention avait été autorisée à élaborer des amendements aux Articles de Confédération mais les délégués édifièrent un régime politique nouveau, conciliant deux pouvoirs différents: le pouvoir des autorités locales et celui du futur gouvernement central qui serait habilité à battre monnaie, à réglementer le commerce, à nommer les ambassadeurs, à déclarer la guerre et faire la paix, régler les relations avec les Indiens et les autres États, établir le service postal.
Débats et compromis
Il y a rapidement un accord large sur la nécessité de revoir totalement les Articles de Confédération, et d'accroître fortement les pouvoirs du gouvernement central. La discussion s'engage sur la base d'une proposition initiale faite par John Randolph, de la délégation de Viriginie et dite plan de la Virginie.
• Le principe de la séparation des pouvoirs
- législatif (Congrès composé de la Chambre des représentants et du Sénat),
- exécutif (représenté par le président) et
- judiciaire (représenté par les cours fédérales) fut adopté sans difficultés.
• Le principe d'un parlement comportant deux chambres fut également retenu.
• Le principe de la suprématie des lois de l'Union sur celles des États fut admise.
La mise en application fit apparaître des désaccords, concernant le mode de désignation des parlementaires, et la représentation des États. Les petits États refusaient la représentation proportionnelle aux habitants telle qu'elle était prévue par les Articles de Confédération. La discussion resta bloquée pendant trois semaines, jusqu'à envisger l'échec de la convention. La solution vint de Roger Shermann délégué du Connecticut, dite de "grand compromis" ou compromis du Connecticut, qui proposa une représentation proportionnelle à la Chambre des Représentants et une représentation paritaire au Sénat.
Des compromis furent nécessaires sur de nombreux autres points notamment entre les États esclavagistes et les autres, sur la prise en compte des esclaves dans leur poids à la première chambre. La nature et les droits de l'exécutif, d'autres points sont encore âprement discutés.
La Convention finit par s'entendre sur un document qui définissait l'organisation du gouvernement souverain ayant une compétence limitée et clairement définie.
La Constitution précisait les conditions d'amendement "Le Congrès, quand les deux tiers des deux Chambres l'estimeront nécessaire, proposera des amendements à la présente Constitution ou, sur la demande des législatures des deux tiers des États, convoquera une convention pour en proposer; dans l'un et l'autre cas, ces amendements seront valides à tous égards comme faisant partie intégrante de la présente Constitution, lorsqu'ils auront été ratifiés par les législatures des trois quarts des États, ou par des conventions dans les trois quarts d'entre eux,…" (Art. V)
En outre il fut décidé que le gouvernement devait agir non sur les États, mais sur leur population. "La présente Constitution, ainsi que les lois des États-Unis qui en découleront, et tous les traités déjà conclus, ou qui le seront, sous l'autorité des États-Unis, seront la loi suprême du pays" (Art.VI)
Dès 1775, les milliers de pionniers qui avaient franchi les Appalaches se trouvaient éloignés du pouvoir central situé à l'Est, les habitants mirent donc en place leurs propres administrations.
Le Maryland proposa une résolution qui tendait à transformer les terres de l'Ouest en une propriété commune que le Congrès pourrait décider de partager en Etats libres et autonomes. C'est ainsi, que malgrè quelques réticences passagères, le Congrès allait entrer en possession de milliers d'hectares de terres situées au nord de l'Ohio et à l'ouest des monts Allegheny.
Commencées le 25 mai 1787, les délibérations de la convention constituante de Philadelphie se terminèrent le 17 septembre 1787, par la signature du projet de constitution par trente neuf des quarante deux délégués. Ce projet est transmis au Congrès. Bien que certains soient mécontents que la convention ait si nettement outrepassé son mandat, qui devait se limiter à proposer des améliorations aux articles de confédération, le Congrès transmet le projet de constitution aux États pour ratification.
3- Ratification de la "Déclaration des Droits des États-Unis"
1787-1791
Ordonnance du Nord-Ouest
Le 13 juillet 1787, le Congrès Continental adopte la "Northwest Ordinance" (l'Ordonnance du Nord-Ouest) qui garantit la liberté de religion, subventionne l'enseignement et interdit l'esclavage dans l'ensemble des "Territoires du Nord-Ouest" de l'Amérique. Selon cette disposition l'ensemble des territoires du Nord-Ouest, formant au début un seul district, serait placé sous l'autorité d'un gouverneur et de juges. Par la suite ce territoire devrait être divisé en États, chacun serait admis au sein de l'Union, sur le même pied que les États fondateurs.
Ratification de la Constitution
Il était prévu que la Constitution n'entrerait en vigueur qu'une fois ratifiée par au moins neuf des treize États. Le premier à ratifier est le Delaware, le 7 décembre 1787, le neuvième est le New Hampshire, le 21 juin 1788. Mais la Virginie et l'État de New-York s'étaient abstenus, ce qui pour beaucoup signifiait que sans leur soutien la Constitution ne serait pas observée.
On se mit d'accord sur l'adoption d'une proposition de la convention de Virginie. Quelques jours plus tard, le 25 juin les délégués de la Virginie et le 27 juillet les délégués de New-York apposaient leurs signatures, (suite à une campagne de presse de Alexander Hamilton, James Madison, et John Jay qui ont publié, sous le pseudonyme de Publius, une série d'articles restée célèbre, sous le nom d'articles du fédéraliste ("The Federalist Papers"); l'interprétation qu'ils donnent de la Constitution fait toujours autorité.
Premier Congrès des Etats-Unis
Le premier Congrès des États-Unis se tient le 4 mars 1789, dans la nouvelle capitale New York, et le 30 avril, George Washington devient le premier Président des États-Unis (1789 - 1797).
Un peu plus tard, la Caroline du Nord (21 novembre 1789) et Rhode Island (29 mai 1790), apposèrent leurs signatures.
Ci-contre le célèbre préambule de la Constitution des États-Unis:
"We, the people of the United States, in order to form a more perfect Union, establish justice, insure domestic tranquility, provide for the common defense, promote the general welfare, and secure the blessings of liberty to ourselves and our posterity, do ordain and establish this Constitution for the United States of America."
"Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d'établir la justice, d'assurer la tranquillité intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à nos descendants, ordonnons et établissons la présente Constitution pour les États-Unis d'Amérique."
La Constitution des États-Unis est fondée sur les principes du droit naturel. Cette loi qui gouverne et transcende toute l'activité politique est une théorie de l'état basée sur l'idée de contrat social, le peuple étant à la source et au fondement de l'autorité des gouvernants.
Le peuple ne comprenait ni les Indiens, ni les Noirs, ni les femmes, ni même les serviteurs sous contrat.
La Constitution définit les principes d'une fédération qui reconnaît deux ordres de gouvernement basés sur la séparation et l'équilibre des pouvoirs ainsi que sur le partage des responsabilités entre l'état fédéral (politique extérieure, défense, commerce avec l'étranger et entre états, etc.) et les états fédérés (justice, santé, protection des droits individuels, instruction, etc.).
• L'exécutif est confié à un président, assisté d'un vice-président. Ils sont tous deux élus pour quatre ans et rééligibles une fois. Ils sont assistés de secrétaires (ministres). Les pouvoirs du président sont très étendus, puisqu'il est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement, commandant en chef de l'armée, de la marine et des milices d'États. Il nomme les ambassadeurs, les juges et les officiers, conclut les traités avec l'approbation du Sénat, et promulgue les lois.
• Le pouvoir législatif est confié au Congrès, composé du Sénat et de la Chambre des représentants. Il vote les impôts établit le budget, propose les lois au président qui les signe, approuve les traités, à condition qu'une majorité se soit prononcée au Sénat.
• Le pouvoir judiciaire constitue quant à lui la plus grande originalité de cette Constitution. Il est confié à une Cour suprême qui a pour fonction de garantir les droits des individus, de juger tous les cas relevant de l'équité pouvant se poser entre des citoyens et l'Etat fédéral, ou entre citoyens de divers Etats, et surtout, d'interpréter la Constitution.
Pendant la Révolution française, Benjamin Franklin, inspiré par les bouleversements s'étant produits dans son pays et ceux qu'il voit naître, affirme:
"Dieu veuille que non seulement un pur amour de la liberté, mais une connaissance parfaite des droits de l'homme se répande sur toutes les contrées du globe; de sorte qu'un philosophe, en posant le pied où que ce soit sur la terre, puisse s'écrier: c'est ici mon pays!"
4 - Déclaration des Droits (Bill of Rights)
Le 25 septembre 1789 le premier Congrès propose des amendements qui sont soumis au vote des États. Dix d'entre eux sont ratifiés le 15 décembre 1791.
Les dix premiers amendements forment la "Déclaration des Droits des États-Unis" ("Bill of Rights"). Ils garantissent la sauvegarde des droits individuels et assurent l'inviolabilité des droits existants, sous la forme d'une limitation explicite des pouvoirs de l'État, notamment en matière judiciaire. Il ne s'agit pas de droits positifs que l'État doit garantir au citoyen, mais d'actions dont il doit s'abstenir à son égard.
"E Pluribus Unum" = "From Many, One" = "De la Diversité vient l'Unité "
Au moment de l'élaboration du Sceau des États-Unis, Pierre Eugène du Simitière, qui participait au projet proposa d'ajouter une devise au blason : "E Pluribus Unum". Le 15 septembre 1789, lorsque le Congrès reconnut le Sceau de 1782 comme sceau du pays, la devise fut naturellement adoptée comme devise nationale.
Elle apparut ensuite progressivement sur les sceaux de la Cour Suprême, du Département d'État et selon les années sur les sceaux du Président, du Vice-Président et ceux de certains États.
Dès la fin des années 1790, le Mint américain utilise la devise sur certaines pièces.
Le 12 février 1873, une loi du Congrès impose la devise sur certaines pièces.
Aujourd'hui, la devise nationale des Etats-Unis est "In God We Trust".
5 - Organisation de la vie politique
Deux partis politiques se développent et s'affrontent, les fédéralistes et les républicains :
- les fédéralistes, représentés par George Washington, Alexander Hamilton (1757-1804) et Adams (1735-1826) souhaitent un État fédéral fort pour maintenir les factions. Pour ces derniers, le gouvernement fédéral doit encourager l'économie grâce à des pouvoirs étendus. Les fédéralistes sont des protectionnistes qui veulent consolider la dette publique et créer une Banque Centrale d'État (1790), une monnaie stable (le dollar), et des ressources douanières. Beaucoup plus prompts à défendre les intérêts de l'aristocratie industrielle que ceux du peuple, ils défendent des positions partagées par les États du Nord-Est, par les habitants des villes et ceux de la côte Atlantique.
Les fédéralistes désapprouvent les excès de la Révolution Française et rompent avec le Directoire (1798).
Après la présidence d'Adams, les fédéralistes reculent et laissent place aux républicains Jeffersoniens, devenus républicains démocrates. Ils ne reviendront jamais au pouvoir sous leur appellation ancienne. Les uns vont rejoindre le parti désormais majoritaire, les autres attendre l'accident de 1824 pour soutenir J.Q. Adams (fils de l'ancien président).
- les républicains Jeffersoniens dit aussi républicains démocrates ne croyaient qu'en chaque État pour défendre les libertés antifédéralistes, ils préfèrent une association souple d'États séparés. Thomas Jefferson (1743-1826) est celui qui incarne le mieux les idées des républicains. Proches du monde rural et des sudistes, il désire établir une république agraire décentralisée et souhaite voir renforcer les droits des États. Pour lui, le gouvernement central ne doit être fort qu'en matière de politique étrangère et avoir des pouvoirs limités. Il affirme que "Ce n'est pas le renforcement ou la concentration des pouvoirs qui font un bon gouvernement, mais leur répartition." Jefferson est aussi un partisan de la liberté et des droits de l'homme et, tout particulièrement, un défenseur du droit à l'instruction publique. Les antifédéralistes accèdent au pouvoir avec l'élection de Jefferson à la présidence en 1801 et s'y maintient sous les présidences de James Madison (1809-1817) et de James Monroe (1817-1825). Sous l'influence d'Andrew Jackson et de John C.Calhoun, il devient, à partir de 1828-1830, le Parti démocrate-républicain. Il correspond à l'actuel Parti démocrate.
En 1854, le marché entre le président alors démocrate et les parlementaires du Sud soulève l'indignation dans le Nord. Les ex-whigs, évanescents dans le Sud, les démocrates du Nord hostiles à l'esclavage, et les petits partis abolitionnistes se fédèrent dans un nouveau parti républicain, abolitionniste.
6- Gouvernement des fédéralistes - 1789-1801
Le Congrès de la Confédération avait décidé de l'organisation de l'élection présidentielle. Le 4 mars 1789, le premier Congrès des États-Unis se réunit à NewYork qui est désignée capitale provisoire des États-Unis d'Amérique. Le 30avril, George Washington, élu à l'unanimité, devient le premier président des États-Unis (1789-1797). Le serment qu'il prêta l'engageait à "sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des États-Unis".
En 1790 plus de 120.000 personnes avaient fait route à l'Ouest, vers les fertiles vallées fluviales, les forêts et les prairies sauvages de l'intérieur.
Le Congrès créa le département d'État confié à Thomas Jefferson et le département du Trésor à Alexander Hamilton, le pouvoir judiciaire était mis en place, un secrétaire général à la Guerre ainsi qu'un secrétaire à la Justice. Tandis que Washington mit en place son cabinet en s'entourant des chefs de tous les départements que le Congrès pourrait créer.
Sur le plan de la politique étrangère, le déroulement des évènements de la Révolution Française était suivis avec attention et sympathie; mais en avril 1793 la France se trouvait en guerre contre la Grande-Bretagne, l'Espagne et la Hollande. Le traité d'alliance permanente et d'assistance franco-américain de 1778 devait donc s'appliquer pour la défense des Antilles. Mais les États-Unis, en raison de leur état de faiblesse économique et militaire ne pouvait se risquer dans une autre guerre contre les puissances européennes. Le 22 avril 1793, Washington abrogea les clauses du traité qui avait aidé les américains à conquérir leur Indépendance. Les relations se tendirent entre l'Amérique et la France, alors que celles avec la Grande Bretagne n'étaient pas satisfaisantes. En effet dans l'Ouest des forts étaient encore occupés par des garnisons britanniques, cependant que la marine anglaise arraisonnait les navires américains en route vers les ports français. John Jay fut chargé de négocier à Londres, le traité bien que très favorable aux Anglais fut ratifié par le Sénat à la suite d'une longue controverse.
Affaire Genêt
En 1794, Edmond Genêt, ambassadeur de France à Philadelphie et ami personnel de Jefferson, est révoqué par les américains après de nombreuses maladresses. Ils lui fournissent cependant l'asile et s'opposent à son retour en France alors confrontée à la Terreur, ce qui lui évite la guillotine.
L'immigation se poursuivait en provenance d'Europe, et la population gagnait l'ouest, ainsi trois nouveaux États étaient créés: le Vermont en 1791, le Kentuchy en 1792 et le Tennessee en 1796.
L'aube de la révolution industrielle pointait déjà. Le trafic maritime avait pris une telle extension que les États-Unis tenaient le second rang derrière l'Angleterre.
Lorsque Washington quitta le pouvoir, en 1797 après huit ans de mandat, il conseilla à ses concitoyens de "se tenir à l'écart de toute alliance permanente avec quelque partie que ce soit du reste du monde". John Adams fut élu pour lui succéder. Le parti de ce dernier était divisé par la querelle de John Adams avec Alexander Hamilton.
Traité de Londres
La France n'accepta pas les termes du traité signé par Jay avec la Grande-Bretagne, le 19 novembre 1794, saisit 300 navires américains et rompit ses relations diplomatiques avec les États-Unis. Les négociations avec les agents de Talleyrand, ministre des Affaires étrangères, échouèrent.
Affaire XYZ
En 1797 éclate l'affaire XYZ . Des agents du ministre français des affaires étrangères Charles Maurice de Talleyrand exigent des pots de vin de la part des émissaires américains venus négocier un traité. Ces révélation provoquent un scandale aux États-Unis et le président John Adams doit peser de tout son poids pour éviter une déclaration de guerre formelle contre la France. Le Français ne sera plus enseigné à Harvard.
La quasi guerre
Pendant trois ans, escarmouches, incidents et combats navals vont se multiplier, principalement dans les CaraÏbes. En 1799 la guerre semblait inévitable contre la France. Le Président Adams envoya trois émissaires en France qui furent cordialement reçus par Bonaparte qui venait de prendre le pouvoir. Par la convention de Mortefontaine du 30 septembre 1800 les États-Unis étaient relevés de leur alliance militaire avec la France et prévoit la restitution mutuelle des propriétés capturées, l'acquittement des dettes respectives et l'application de la clause de la nation la plus favorisée en matière commerciale..
Alien and Sedition Acts
Le Congrès vota l'"Alien and Sedition Acts" une série de lois sur les Etrangers et la Sédition, portant la période de résidence de 5 à 14 ans pour obtenir la citoyenneté américaine, donnant le pouvoir au Président d'expulser ou d'incarcérer les étrangers en temps de guerre. Ces mesures se heurtèrent à une vive résistance. Ainsi les assemblées du Kentucky et de Virginie adoptèrent des résolutions donnant le droit de "s'interposer" pour faire obstacle à des initiatives prises par le gouvernement fédéral ou les "déclarer nulles et non avenues".
Les fédéralistes avaient mis en place un gouvernement fort, oubliant parfois de se montrer attentifs aux aspirations du peuple, ce qui leur aliéna une multitude de personnes.
7- Gouvernement des antifédéralistes (républicains-démocrates) - 1801-1817
Jefferson avait su attirer un grand nombre d'électeurs - cultivateurs, petits commerçants, travailleurs - qui le portèrent à la présidence en 1800.
Il prononça son discours d'investiture dans la nouvelle capitale: Washington DC. Il promettait "un gouvernement sage et économe" laissant les citoyens, par ailleurs, libres de régler la poursuite de leurs activités et l'amélioration de leur condition."
Il encourageait l'agriculture et l'expansion vers l'ouest. Dès 1809 la dette publique était réduite à moins de soixante millions de dollars.
En Europe, Bonaparte avait obtenu de l'Espagne la rétrocession de la Louisiane. Les Américains furent affectés, car ils voyaient dans cet empire colonial français à l'ouest des Etats-Unis, une menace pour la sécurité et les droits commerciaux de leurs Etats. Mais Bonaparte qui avait besoin de renflouer les caisses de l'Etat se résolut à mettre la Louisiane hors de portée des anglais en la vendant aux Etats-Unis, pour quinze millions de dollars (détail de la transaction en 1803). C'est le préfet colonial Pierre-Clément de Laussat qui, en compagnie du général Victor, est chargé de se rendre à La Nouvelle-Orléans, afin de recevoir la Louisiane de l'Espagne et de la remettre aux Etats-Unis. Par cet achat, Jefferson ouvre ainsi la voie à l'expansionnisme américain vers l'Ouest : le mythe de la Frontière est né.
La "Louisiane" française couvrait: le Kansas, l'Arkansas, le Nebraska, le Montana, le Wyoming, le Missouri, l'Oklahoma, le Dakota Nord et Sud, l'Iowa, et la Louisiane actuelle.
En 1805, Jefferson entama un second mandat. Il proclama la neutralité des Etats-Unis dans le conflit qui opposait la France et la Grande-Bretagne. La flotte de guerre Britannique était maîtresse des mers, elle isolait les ports français et était en mesure de protéger le commerce avec ses colonies.
Cependant de nombreux matelots anglais désertaient et se réfugiaient sur les bateaux américains, certains marins américains étant enrôler de force. C'est pourquoi, en décembre 1807, Jefferson fit voter au Congrès la loi sur l'Embargo, interdisant tout commerce avec l'étranger (pour contraindre la Grande-Bretagne à faire marche arrière). Cette loi eut pour effet de faire diminuer considérablement les exportations américaines. Les armateurs furent ruinés, les agriculteurs virent leurs prix s'effondrer, leurs excédants n'étant plus exporter.
Le 18 août 1807, le premier des bateaux à vapeur, le Clermont, conçu par l'ingénieur Robert Fulton, navigue sur l'Hudson, entre New-York et Albany.
2. Fin de la traite des noirs 1808
Juste après l'Indépendance (1793), l'égreneuse de coton ("cotton gin" d'Eli Whitney) se répand, et le système des grandes plantations est sauvé. La loi de 1801 maintenait la traite des esclaves au sein des États-Unis, entre les états esclavagistes du Sud et le Sud-Ouest, notamment sur les côtes méridionales du pays. De 1801 à 1808, en prévision de fermer ce commerce, 39.000 Africains sont introduits aux Etats-Unis, la plupart d'entre eux par la Caroline du Sud, légalement.
En 1808 le commerce d'esclaves africains cesse en Amérique; des esclaves ne peuvent plus être importés; mais ceci n'exclut pas les achats et la vente des esclaves dans les Etats-Unis.
Le commerce domestique d'esclaves crée une situation où des Africains sont poussés vers la frontière, car ils ne sont pas assez nombreux. Les Américains cligne de l'oeil au commerce international, et les Africains continuent à entrer. Ils entrent, en Caroline du Sud, en Floride. Ils entrent par les secteurs espagnols. Ainsi quoique le commerce soit supprimé, il reste un "goutte à goutte" d'entrées constant d' Africains. Et ceci a continué jusqu'à la guerre civile
L'esclave est devenu cher : le maître va donc encourager la formation d'un petit monde stable au sein de la plantation, avec encouragement de la famille, à la natalité, à la pratique religieuse visible et soumise: il y aura encore 4 millions d'esclaves en 1860, 90% des esclaves vivent à la campagne, surtout dans les grandes plantations. Environ 10% de l'ensemble sont surveillés, craints pour leur participation aux réseaux d'évasion, ils doivent toujours avoir sur eux la preuve de leur liberté, et peuvent être ré-asservis pour dettes.
Des États tels que le Maryland, la Virginie et la Caroline du Nord se mirent à élever des Noirs pour les vendre aux États exploitant le travail des esclaves. Ces points de la loi de 1808 furent annulés par le projet de loi soumis au Sénat par Charles Sumner le 2 mai 1862. Le transport d'esclaves d'un état à l'autre y fut également interdit.
Le 1er mars 1809, Jefferson fit promulguer une Loi ("Non-Intercourse Act") interdisant les relations commerciales entre les États-Unis et l'Angleterre et la France et leurs dépendances.
La même année Madison succéda à Jefferson. Madison présenta au Congrès un rapport accablant contre les Anglais:
- des milliers de citoyens américains avaient subi un enrôlement forcé dans la marine anglaise;
- des colons du Nord-Ouest avaient subi des attaques indiennes, sans doute sous l'influence d'agents britanniques basés au Canada.
Sources
- Scanned Originals of Early American Documents