VI
2. Mise en valeur du pays : la Marche en avant 1879-1917
C'est entre les deux grands conflits que furent la Guerre de Sécession et la première Guerre mondiale que les États-Unis ont atteint leur maturité.
La période qui commence alors et se prolonge, à peu près sans interruption, jusqu'aux prodromes de la grande dépression, pendant une soixantaine d'années déconcerte les historiens. On ne retrouve pas dans cette période le reflet de l'idéalisme qui paraissait constitutif de l'esprit américain.
Cependant cette période est celle où l'originalité de l'histoire américaine éclate le plus. C'est aussi celle à laquelle s'applique le mieux l'interprétation de certains historiens qui crurent pouvoir en réduire tous les mouvements au jeu des forces économiques et aux combinaisons d'intérêts des principaux groupes de la société américaine.
Cette période est dominée par:
- L'essor démographique par immigration
- La conquête de l'ouest et l'appropriation du sol
- L'industrialisation et le développement économique
Il n'a pas fallu attendre que la période de Reconstruction soit terminée (1877) pour que l'Union reprenne sa marche en avant.
1- Essor démographique et immigration
Le peuplement n'a pas été ralenti par la guerre de Sécession; le gouvernement fédéral ayant tout mis en œuvre pour rattacher étroitement l'Ouest aux territoires restés fédéralistes. Ainsi c'est en pleine guerre que le "Homestead Act" est adopté par le Congrès (20 mai 1862): il accorde gratuitement 160 acres (64 ha) de terre à toute famille qui s'engage à occuper et à mettre en valeur sa propriété, pendant au moins cinq ans. Ce texte favorisa l'immigration et l'occupation du sol.
Ellis Island
En 1892, le bureau d'immigration des Etats-Unis ouvrit un centre destiné à l'accueil d'émigrants qui ne cessaient de débarquer. Ce fut Ellis Island, dans la baie de Manhattan. Jusqu'à sa fermeture en 1943, Ellis Island recevra en moyenne un million de nouveaux venus chaque année.
Durant cette période, le pays connaît une extraordinaire croissance démographique liée à l'immigration, avec:
31 millions d'habitants en 1860
62millions d'habitants en 1890,
75millions d'habitants en 1900 et
105millions d'habitants en 1920
Cette croissance de population doit plus à l'immigration qu'à l'accroissement naturel. Chaque jour plusieurs milliers de nouveaux venus se présentent aux frontières; le volume d'immigrants atteint un million au cours de l'année 1905. Cette croissance démographique touche principalement les villes.
Les États-Unis se réjouissent de cet apport et se félicitent de l'aptitude de leur pays à assimiler autant d'étrangers et à en faire des citoyens. L'origine des nouveaux arrivants opère également un changement: ainsi en 1890, pour la première fois, il entre aux États-Unis autant de Latins et de Slaves que de Britanniques, Scandinaves et Germaniques. Certains craignent que ce renversement des proportions risque d'altérer la composition de la société États-Unienne et préconisent des restrictions à l'immigration.
Cette immigration a des effets bénéfiques en fournissant des occupants pour les territoires restant à conquérir, de la main d'œuvre à l'industrie, des clients à la production nationale; elle entraine souplesse et mobilité de la société américaine.
La première porte va se fermer avec la "Chineese Exclusion Act" de mai 1882 qui interdit toute immigation de main-d'œuvre chinoise. En 1924 un nouvel "Immigration Act" va créer un système de quota, limitant le nombre des immigrants qui pourront être admis en provenance des pays européens à 2% du nombre d'immigrants de ce pays présents aux USA en 1890. L'immigration est libre pour les pays des Amériques. L'immigration est interdite pour tous les Asiatiques.
2- Conquête de l'Ouest et fin de la frontière
Colonisation de la réserve d'Oklahoma
Chickasaw, Choctaw, Cherokee, Creek, Seminoles se partageaient la terre de l'Oklahoma où ils avaient été regroupés. Le 22 avril 1889, des coups de canons lancèrent la "course à la terre" ("Land Run"): deux millions d'acres soit huit cent milles hectares de terres indiennes ( Unassigned Lands) à s'approprier en vertu du "Homestead Act" de 1862, pour 200.000 descendants des colons qui affluèrent pour la ruée la plus sauvage de l'histoire américaine. Les premiers inscrits, candidats à l'acquisistion ont été appelés les "sooners", ceux qui ont participé au "Land Run" sont les "eighty-niners".
Aujourd'hui, 67 tribus indiennes sont représentées dans la population.
"A veritable floodgate is opened as homesteaders make a mad dash to stake their claims in a wild land. They swarmed across in wagons, hacks and carriages, on bicycle, on horseback and on foot. It is estimated that within nine hours every one of the almost two million acres of the Oklahoma District was claimed and settled."
Alimentée en permanence par l'afflux d'immigrants venus d'Europe, la poussée vers l'Ouest que la guerre civile n'avait pas interrompue, reprend de plus belle. Attiré par les facilités d'attribution des terres, puis par la découverte en plusieurs régions des Montagnes Rocheuses de gisements d'or, d'argent et de cuivre, le flot submerge la grande plaine qui s'étend du Mississipi aux premières hauteurs, puis vient battre les Rocheuses. L'achèvement des transcontinentaux, prolongeant la révolution des transports amorcée quarante ans plus tôt, seconde activement le peuplement et rattache solidement les nouveaus établissements aux territoires anciennement organisés.
A cet égard le 10 mai 1869, jour où les deux équipes chargées de la construction du chemin de fer qui traverse les États-Unis d'est en ouest opèrent leur jonction à Promontory Summit dans l'Utah, est une date capitale dans la croissance de l'Union. En réalisant effectivement l'unité de ce vaste continent, elle écarte les risques de sécession. Il n'y a plus désormais ni désert, ni Rocheuses: l'espace est vaincu, les deux océans Atlantique et Pacifique sont reliés.
Les compagnies minières avaient ouvert la voie, construit des agglomérations et jeté les fondations d'une colonie permanente. Absorbés par la recherche de l'or, nombre de pionniers n'en percevaient pas moins les possibilités agricoles et d'élevage de la région. En définitive, bien qu'un petit nombre de localités aient continué à se consacrer presque exclusivement à l'exploitation minière, c'est dans les terres arables et les vastes pâturages que le Montana, le Colorado, le Wyoming, l'Idaho et la Californie devaient découvrir leur véritable richesse.
L'élevage du bétail, depuis longtemps la principale activité économique du Texas, devint encore plus prospère après la guerre de Sécession, des hommes audacieux ayant commencé à mener leurs bêtes à cornes vers le nord, à travers les vastes étendues. Les villes de l'Ouest devinrent des centres florissants grâce aux abattoirs et à l'industrie de préparation de la viande. L'élevage apportait un mode de vie pittoresque dont le personnage central était le cow-boy. L'élevage atteignit son plein essor en 1885. Après les éleveurs arrivèrent les longues files de chariots bâchés des fermiers, au nom du "Homestead Act", qui amenaient avec eux leur famille, leurs chevaux de trait, leurs vaches et leurs porcs
La résistance indienne se désagrège: le dernier des grands chefs Indiens, Sitting Bull, doit s'avouer vaincu. Le 29 décembre 1890 à Wounded Knee, un groupe de plusieurs centaines de Sioux aux intentions pacifiques sous la conduite de Big Foot, est encerclé par l'armée et les soldats ouvrent le feu à la mitrailleuse; 350 seront tués. Les tribus sont refoulées, désarmées, parquées dans des réserves. C'es la fin des guerres indiennes.
L'ouverture à la colonisation de la réserve indienne d'Oklahoma, le 22 avril 1889, vingt ans après l'achèvement du premier transcontinental est un moment plus important encore.
Avec ce dernier acte, après une épopée de quatre siècles, l'homme blanc s'est rendu maitre de tout le territoire. Partout il a introduit ses modes d'activité et ses préoccupations pour mettre en valeur, exploiter et transformer le sol. La civilisation de l'Europe a pris possession de l'Amérique : le chemin de fer passe où l'indien chassait. C'est la fin de l'aventure, la fin de la frontière.
En quelques décennies, tout l'Ouest a été exploré, les nouveaux États créés ont été incorporés à l'Union (Arizona et Nouveau Mexique en 1912).
3- L'industrialisation et le développement économique
Dans le même temps, l'économie américaine a connu une expansion exceptionnelle. A la veille de la guerre de Sécession, elle rattrapait à peine son retard sur l'Europe occidentale.
Une rencontre à New York
Charles Dow avait 29 ans, Edward Jones 24. Tous deux journalistes s'intéressaient aux mouvements boursiers. En 1889, ils fondent unjournal financier: le Wall Street Journal et publient , en 1897, un indice des valeurs boursières: le Dow Jones était né.
Les États-Unis avaient un ensemble d'atouts peu communs:
- variété et abondance des ressources naturelles (minerais, pétrole)
- étendue du marché national
- absences de barrières douanières
- afflux de capitaux et de travailleurs étrangers.
Les changements avaient commencé à se produire pendant les vingt ou trente années précédant la guerre civile. La dernière décennie du XIX e siècle est censée marquer la fin de la frontière; mais la frontière n'a fait que se transférer de l'agriculture à l'industrie, de l'occupation du sol à la transformation des produits et à l'organisation du crédit. Les besoins militaires ont stimulé l'industrie et hâté la marche en avant de la science et des inventions. 36.000 brevets ont été délivrés avant 1860 contre 440.000 entre 1860 et 1890 et près d'un million entre 1900 et 1925.
Le pionnier n'est pas mort, il invente le phonographe, fabrique en série des boites de conserve ou accapare le commerce du pétrole.
Ces architectures industrielles font souvent appel à trois types d'hommes
- l'inventeur
- le capitaliste
- le philanthrope
Les inventeurs
• le 24 mai 1844, Samuel F.B. Morse qui avait mis au point le télégraphe électrique, envoya le fameux message historique: "What hath God wrought?" ("Quelle est l'œuvre de Dieu ?" - verset de la Bible dans les Nombres XXIII, 23), à travers des fils tendus entre Washington et Baltimore. Un réseau de cables soutenus par des poteaux allait bientôt relier les parties les plus éloignées du pays.
• en 1846, l'américain Richard Hoe construit la presse rotative, à Philadelphie; cette presse permet des tirages de 95.000 exemplaires à l'heure;
• en 1868 a été inventé la machine à écrire par un journaliste et imprimeur américain nommé Christopher Latham Sholes;
• en 1868 le frein à air comprimé par George Westinghouse;
• en 1876 Alexander Graham Bell mit au point l'appareil téléphonique, qui révolutionna la vie sociale du pays;
• en 1885 la lynotype est inventée par Ottmar Mergenthaler;
• en 1887 ce fut le tour de la première additionneuse à touches (comptometer de Felt), par Dorr E. Felt de Chicago;
• puis en 1888 la caisse enregistreuse par William Seward Burroughs.
• suivra la rotative plieuse de Jacob Worms en collaboration avec le français Hippolyte A. Marinoni, capable d'imprimer 240.000 journaux de huit pages en une heure;
• Thomas Edison, le Magicien
L'enfant sans le sou qui, à 12 ans, vendait des journaux, rêve d'être journaliste. Télégraphiste , il invente le premier Téléscripteur pour diffuser les cours de la Bourser et fonde, en 1876, son propre centre de recherches à Menlo-Park, New Jersey. La suite de sa carrière d'inventeur se résume par le dépôt de 1.200 brevets. Il envente ainsi le phonographe, l'ampoule électrique à incandescence, présente à l'Exposition universelle de 1889 à Paris, devient très vite un véritable phénomène de société.
Au reste ce sont souvent les mêmes: l'inventeur qui a su tirer profit de sa découverte, use ensuite avec grande libéralité de la fortune acquise.
En eux la société américaine honore le principe de son activité et trouve la justification de son effort tourné vers le gain. Les salariés eux-mêmes ne songent pas à critiquer le système et ne demandent qu'à recevoir une part plus substancielle de ses avantages.
L'empire Carnegie
Dans le même temps l'industrie de base du pays - la métallurgie - prit un essor prodigieux, grâce à l'effet protecteur des droits de douane. Les gisements de la Mesabi Range, au nord du Lac Supérieur, devenaient l'un des plus grands producteurs de fer du monde.
L'immigrant écossais Andrew Carnegie fit fortune et bâtit un empire dans l'industrie de l'acier (acierie "Carnegie Steel Company" à Pittsburg), mais aussi dans l'exploitation de charbon, d'une flotte de bateaux à vapeur sur les Grands lacs, un port sur le Lac Erié et une voie ferrée reliant les diverses parties de son empire. Sa puissance lui permettait d'obtenir des tarifs avantageux des compagnies ferroviaires et maritimes. Il fut racheté par le financier JP Morgan pour 250 millions de dollars, ce qui fit de Carnegie l'homme le plus riche du monde et Morgan, l'homme le plus puissant, l'acier étant pour encore quelques dizaines d'années l'instrument de la construction d'un pays. Carnegie se fit mécène des bibliothèques américaines au début du XX e siècle et créa la Fondation Carnegie pour la paix.
Sociétés anonymes et trusts
- Une nouvelle firme "United States Steel Corporation", issue en 1901, de la fusion de différentes entreprises, marqua la poursuite du regroupement d'entreprises industrielles en sociétés fédérées et centralisées, déja amorcée dès 1870. Afin d'éviter surproduction et chute des prix les hommes d'affaires rassemblèrent les concurents en une seule entreprise, sous forme de "corporation" (équivalent de la société anonyme) ou de "trust" (réunion de plusieurs entreprises exerçant un monopole). Les capitaux considérables dont ils disposaient leur assuraient une meilleure marge d'expansion, une meilleure protection contre la concurence étrangère et une autorité vis à vis des syndicats qui commençaient à s'organiser.
- La fondation par John D. Rockfeller de la "Standard Oil Company", fut suivie par la constitution de trusts dans les secteurs de l'huile, du caoutchouc, du coton, du plomb, du sucre, du tabac, de la viande de bœuf. Cyrus McCormick s'assura la suprématie dans le secteur des moissonneuses. Ainsi près de 300 trusts industriels avaient regroupé quelques 5.000 entreprises.
- La concentration d'intérêts se manifesta également dans le secteur de la communication: "Western Union", "Bell Telephone System" et "American Telephone and Telegraph Company".
- Dans le secteur des transports Cornelius Vanderbilt regroupa treize companies ferroviaires en uns seule ligne de chemin de fer reliant New York et Buffalo, puis ce fut le tour de la "New York Central Railroad System" et d'autres fusions eurent lieu.
Dans cette croissance économique et cette abondance les villages se transformaient en villes et les villes en cités florissantes, attirant les capitaux et les établissements financiers et industriels.
Les compagnies ferroviaires
Les chemins de fer prirent une importance croissante et les compagnies ferroviaires commirent de nombreux abus: ristournes aux gros consommateurs, prix élevés imposés à certains affréteurs, prix excessifs pour les villes desservies par une seule ligne, partage des bénéfices entre compagnies rivales.
En 1887, le président Grover Cleveland fit prendre par le Congrès la Loi sur le commerce entre les États de l'Union ("Interstate Commerce Act") qui proscrivait les cartels, les rabais et tarifs de faveur, les prix excessifs; l' "Interstate Commerce Commission" était chargée de faire appliquer la loi, mais elle fut mise en échec par les puissantes compagnies ferroviaires qui s'appuyaient sur des décisions antérieures de la Cour Suprême.
Le président G. Cleveland se battit pour abaisser les droits de douane qui avaient été adoptés, à titre exceptionnel, par les Républicains, pendant la guerre civile. Il pensait que les droits de douane élevés étaient responsables de l'augmentation du coût de la vie et du développement des trusts. Cette question fut la cause de la défaite de Cleveland aux élections que remporta de justesse le Républicain Benjamin Harrison.
En 1890, devant l'hostilité de l'opinion à l'égard des trusts, la Loi antitrust ("Sherman Antitrust Act") destinée à briser les monopoles, est votée le 2 juillet par le Congrès. La Loi libellée en termes vagues n'eut aucun effet immédiat. C'est le président Theodore Roosevelt qui l'a fit appliquer rigoureusement, ce qui lui valut le surnom de briseur de trusts ("trust-buster").
4- La Révolution agricole
L'agriculture demeurait cependant l'activité fondamentale de l'Union. La révolution industrielle permit le passage du travail manuel à l'exploitation mécanique. Entre 1860 et 1910, le nombre des exploitations agricoles passa de deux à six millions tandis que la surface des terres cultivées passa de 160 à 352 millions d'hectares. Ainsi Cyrus McCormick par la mise au point de sa curieuse machine à moissonner permit de faucher deux hectares par jour en 1840, alors qu'avec sa faucille le cultivateur ne pouvait au mieux moissonner que vingt ares par jour en 1800. Puis apparurent d'autres machines: lieuses, batteuses, moissonneuses-batteuses, planteuses mécanique, écosseuses, décortiqueuses, écrèmeuses, épandeuses, planteuses de pommes de terre, sécheuses de foin, couveuses artificielles, etc
Le 2 décembre 1861, le "Morrill Land Grant College Act", prévoyait la concession de terres aux Etats et Territoires qui se doteraient de Collèges techniques agricoles axés vers la recherche agronomique. Cette politique finit par engendrer d'énormes excédents qui firent s'écrouler les prix du marché.
5- Situation du Sud
Trente ans après la guerre de Sécession le Sud restait pour une grande part une région pauvre, beaucoup trop tournée vers l'agriculture et économiquement dépendante. L'industrie ne s'y était pas développée en dépis des avantages offerts aux investisseurs.
La ségrégation entre Noirs et Blancs était organisée et les violences raciales tolérées. La Cour Suprême conforta les opinions sudistes sur la question de l'équilibre des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et celui des États, mais aussi au sujet du Quatorzième Amendement (selon lequel les droits d'un citoyen ne peuvent être limités), jugeant que celui-ci ne conférait aucune protection aux Noirs, et dans l'arrêt "Plessus vs Ferguson" rendu en 1896, que les Afro-Américains pouvaient être légalement "séparés mais égaux" dans les lieux publics et les transports. La discrémination et la ségrégation raciale devinrent rapidement plus envahissante et les appels à la justice raciale restèrent sans écho.
De nombreux Afro-Américains se ralièrent à Booker T. Washington, ancien esclave devenu directeur du Collège Tuskegee en Alabama qui leur conseillait de se fixer des objectifs économiques modestes.
6- Expansion territoriale hors des Frontières
Après l'achat de l'Alaska à la Russie en 1867
La guerre Hispano-américaine
En 1898, la guerre hispano-américaine marqua un nouveau tournant dans l'histoire des Etats-Unis, qui réussirent à établir leur domination sur certaines îles de la mer des Caraïbes, des archipels de l'océan Pacifique et d'autres proches des côtes de l'Asie.
A la fin du XIX e siècle, Guam, Cuba et Porto Rico étaient tout ce qui restait de l'empire espagnol dans le Nouveau Monde; les îles Philippines la seule base dans le Pacifique, en Asie du sud-est, encore aux mains des espagnols.
Lorsque Cuba se souleva contre la mère patrie, les Américains étaient de cœur avec les Cubains, mais leur président Cleveland, voulut maintenir la neutralité de son pays.
Le 15 février 1898, pendant la présidence de William McKinley, le cuirassé américain USS MAINE explose dans le port de La Havane, alors colonie espagnole, entrainant la mort de 260 marins.
Il avait été dépêché à Cuba afin de protéger les intérêts américains à un moment où les relations commençaient à se détériorer entre Madrid et Washington. En effet, les États-Unis contestaient vivement la politique coloniale de l'Espagne ainsi que la manière dont elle combattait les insurgés Cubains et Philippins.
Les causes de l'explosion demeurent inconnues mais les rumeurs veulent que les Espagnols en soient responsables. En conséquence, l'opinion publique américaine, attisée par de nombreux politiciens et journaux à sensation, presse le président Mckinley de déclarer la guerre à l'Espagne.
La guerre contre l'Espagne ne dura que quatre mois (du 21 avril au 13 août 1898). La US Navy est mise rapidement en état d'alerte : une escadre quitte Hong Kong et met le cap sur Manille où est basée une partie de la flotte espagnole. Les navires espagnols surpris à l'ancre furent détruits sans perdre un seul matelot américain.
Dans le même temps les soldats américains débarquèrent à Santiago de Cuba et anéantirent quatre cuirassés espagnols.
George Dewey pour la Marine et Theodore Roosevelt chef des "Rough Riders" furent les deux héros de cet engagement.
Le traité signé le 10 décembre 1898 avec l'Espagne qui cédait Cuba aux États-Unis, dans l'attente de l'accession à l'indépendance en 1902, cédait également Porto Rico et Guam à titre de dommages de guerre et les Philippines pour 20 millions de dollars qui accéda à l'indépendance en 1946.
Annexion d'Hawaï
Après 1865 les Américains avaient commencer à exploiter certaines ressources de ces îles. En 1893, les Américains obtiennent la déposition de la reine hawaïenne Lilluokalani et la proclamation, le 4 juillet 1894, de la république d'Hawaï. Malgré l'opposition de nombreux citoyens, le nouveau régime fut contraint de demander l'annexion aux États-Unis, laquelle devint effective le 12 août 1898. Hawaï devint un territoire fédéral autonome en 1900. L'utilisation de l'île comme base militaire, et le développement des infrastructures assurèrent ensuite la prospérité d'Hawaï. La base navale de Pearl Harbor fut victime, le 7 décembre 1941, des forces aériennes japonaises qui infligèrent de graves pertes à la flotte américaine. Le 21 août 1959, un référendum permit l'accession d'Hawaï au rang de cinquantième état américain.
La menace que l'Amérique fait peser sur les Britanniques est alors intensifiée par son ascension comme une grande puissance militaire et politique après la Guerre Civile: adoption de barrières douanières protectionnistes, acquisition d'un empire colonial en 1898 et construction d'une puissante flotte militaire la Grande Flotte Blanche par le président Roosevelt, mise en service en 1907. Tout cela sous l'Administration Theodore Roosevelt, successeur de McKinley, plus agressif, raciste, et militariste.
7- Influence en Amérique Latine
Le conflit avec l'Espagne avait ravivé l'intérêt des Américains pour la construction d'un canal à travers l'isthme de Panama, qui relierait l'Atlantique et le Pacifique.
Au début du XX e siècle Panama était une province du nord de la Colombie. En 1903, le parlement colombien refusa de ratifier le projet de traité accordant aux États-Unis le droit de construire et d'administrer un canal.
Un groupe de panaméens aidés par les marines américains proclamèrent l'indépendance de Panama. Le nouveau pays fut aussitôt reconnu par Theodore Roosevelt. Aux termes du traité du 18 novembre 1903, le Panama garantissait aux États-Unis un bail perpétuel sur une bande de terre de seize kilomètres de large reliant l'Atlantique au Pacifique, contre un versement de dix millions de dollars et un loyer annuel de 250. 000 dollars. Le canal, de 80 km de longueur, fut achevé par les Américains en 1914 pour un coût d'environ 387 millions de dollars.
Entre 1900 et 1920, les Étas-Unis intervinrent à plusieurs reprises en Amérique latine: Haïti, République Dominicaine, Nicaragua, Mexique. Puis ils jetèrent les bases d'une coopération entre les différentes nations du continent américain, regroupées au sein de l'Organisation des Etats américains (OEA).
8- "Porte ouverte" avec la Chine
Après que la Chine ait été vaincue par le Japon (1894-1895), pour la question coréenne; la Chine reconnait l'indépendance de la Corée et cède l'île de Taïwan et la péninsule de Liandong au Japon, cette dernière sera finalement rétrocédée. La guerre a mis en évidence la faiblesse de la Chine et déclenche une course aux concessions étrangères exclusives (Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne et Russie): acquisitions de bases navales, location d'enclaves, monopoles commerciaux.
Dans ce contexte, les États-Unis déjà présents aux Philippines, comptaient bien établir des relations commerciales avec la Chine.
En septembre 1899, le secrétaire d'Etat John Hay adressa aux nations concernées une note expliquant que les États-Unis souhaitaient voir appliquer le principe de la porte ouverte en Chine ("The open door"), c'est à dire des chances égales en matière de commerce (tarifs douaniers, tarifs ferroviaires, droits portuaires). Les États-Unis entreprennent également de garantir l'intégrité territoriale et administrative de la Chine. En 1900, une insurrection nationaliste et xénophobe chinoise menée par la secte du "Poing fermé" (Boxers), se retourna contre les légations étrangères et les missions. Un corps expéditionnaire international, prit Pékin et parvint à dégager les légations européennes assiégées.
9- Prospérité économique des années 20
• Pendant les années 1919 à 1929, les États-Unis ont connu une période de grande prospérité économique grâce à une 2e révolution industrielle qui consiste dans l'emploi de nouvelles énergies (hydrocarbures, électricité), et de nouvelles méthodes de production (travail à la chaîne, standardisation et taylorisme). C'est le modèle américain, appelé aussi "american way of life" : publicité et consommation de masse, achats à crédit, nouvelles musiques (jazz) et naissance du cinéma et de la bande dessinée.
La production agricole et industrielle des États-Unis dépasse, au début du XXesiècle, celle des pays européens. À l'abri du protectionnisme (tarif McKinley, 1890), les États-Unis sont devenus en vingt ans la première puissance économique du monde.
Mais ce tableau de prospérité économique a son envers. Si quelque crise vient secouer l'économie, elle ne dure jamais bien longtemps et la marche en avant reprend de plus belle. L'expérience apporte un démenti plus sérieux au postulat libéral qui veut que tout le monde trouve son compte à l'application illimitée de la concurence; en effet dans plusieurs domaines, les plus forts ou les plus habiles s'emparent du monopole de la fabrication ou du commerce d'un produit. Ils peuvent alors en fixer le prix sans aucune autre considération que leur propre intérêt.