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La Famille Kennedy :

Une dynastie de légende

Le 25 août 2009 disparaissait Edward Moore Kennedy, le dernier flambeau politique d'une famille catholique dont trois fils - John, Robert et Edward - avaient brigué la Maison Blanche. "JFK" y était parvenu en 1960, elle tendait les bras à "Bob" quand il a été assassiné en 1968 et "Ted" avait échoué aux primaires de 1980.

Neuf enfants élevés pour la gloire

Le clan Kennedy fut fondé à l'occasion du mariage de Joseph Patrick Kennedy et de Rose Fitzgerald en octobre 1914, tous deux enfants d'immigrés irlandais (les Kennedy étaient originaires du comté de Wexford et les Fitzgerald des comtés de Limerick et de Cavan), et étaient devenus membres du Parti démocrate.

Rose Fitzgerald (22 juillet 1890 - 22 janvier 1995)

Elle est la fille du maire démocrate de Boston, John Francis Fitzgerald. Ayant reçu une bonne éducation, elle voyagea très tôt en Europe.

Joseph Patrick Kennedy Sr, (6 septembre 1888 - 18 novembre 1969)

Joseph Patrick Kennedy, surnommé "Joe", était le fils de Patrick Joseph Kennedy membre de la Chambre des représentants et du sénat du Massachusetts. Il a bâti sa fortune évaluée entre 200 et 400 millions de dollars - entre 1920 et 1930 - dans la construction de bateaux, la banque, le cinéma, et la bourse.

Il fut nommé premier président de la - SEC - Securities and Exchange Commission, « gendarme » des marchés financiers nouvellement créé par le Président Franklin Delano Roosevelt.

Peu avant le début de la Seconde guerre mondiale, il avait été nommé par le président Roosevelt ambassadeur à Londres (de 1938 à 1940). On a dit de lui que son jugement dans les questions politiques internationales était loin d'être aussi sûr que son sens des affaires ; plusieurs de ses déclarations de l'époque ont fait l'objet de controverses, ( il sympathisait avec le mouvement "America First", proallemand, dirigé par Charles Lindbergh ; il supportait une politique d'isolationnisme de la part des États-Unis et appuyait la politique d'apaisement avec Hitler ; étant opposé à la décision de Roosevelt d'impliquer le pays dans la Seconde Guerre mondiale, il démissionne de son poste d'ambassadeur).

Son ambition est tel qu’il décide que l’un de ses fils sera un jour président des États-Unis.

Kennedy Family 1938

Les neuf enfants de Joe Kennedy Sr et de Rose Fitzgerald, un "clan" fortuné catholique et démocrate d'origine irlandaise dont les deux membres les plus éminents, le président "JFK" et son frère "Bob", ont été assassinés dans les années 1960. Seule Jean, 81 ans, est encore vivante.

Joseph Patrick(1915-1944); Décédé accidentellement aux commandes d'un bombardier B-24 en Angleterre pendant la Deuxième guerre mondiale.

John Fitzgerald Kennedy (1917-1963); surnommé "JFK" ou "Jack"; trente-cinquième président des Etats-Unis (1961-1963), est assassiné à Dallas le 22 novembre 1963. Après la mort de son fils John-John dans un accident d'avion en 1999, ne lui survit plus que sa fille Caroline, 51 ans, qui a renoncé en début d'année 2010 à devenir sénatrice de l'Etat de New York après un début de campagne raté.

Rose Marie ("Rosemary") (1918-2005); souffrant d'un léger retard mental, elle subit à l'âge de 23 ans une lobotomie qui la rend profondément handicapée et lui vaut d'être placée en institution.

Kathleen (1920-1948); A l'origine d'un scandale familial pour avoir épousé un protestant, l'héritier du duc de Devonshire. Après la mort de son mari, tué au combat pendant la Deuxième guerre mondiale, "Kick" périt quelques années plus tard en France dans un accident d'avion en compagnie de son amant.

Eunice (1921-2009); Cofondatrice en 1968 des Jeux olympiques spéciaux, réservés aux handicapés mentaux, elle est décédée le 11 août à l'âge de 88 ans. Sa fille Maria Shriver a épousé en 1986 l'acteur autrichien Arnold Schwarzenegger, actuel gouverneur républicain de Californie.

Patricia (1924-2006); Mariée à l'acteur britannique Peter Lawford, ami de Frank Sinatra, dont elle divorce en 1966.

Robert (1925-1968); Ministre de la Justice dans l'administration de son frère, "Bob" est assassiné en juin 1968, moins de cinq ans après JFK, alors qu'il est candidat à la candidature du Parti démocrate pour la Maison Blanche.

Jean (née en 1928); épouse de Stephen Smith, Ambassadrice en Irlande (1993-98), aujourd'hui âgée de 85 ans.

Edward (1932-2009); "Ted", ténor de la vie politique aux Etats-Unis et dernier patriarche de la dynastie Kennedy, était sénateur du Massachusetts (nord-est), le berceau familial, depuis 1962.

 

Le père, Joseph Kennedy est décédé le 18 novembre 1969.

La mère, Rose Kennedy, est quant à elle, décédée le 22 janvier 1995 à l’âge de cent quatre ans. Au cours de sa vie, elle aura vu mourir sa sœur, un fils et un beau-fils durant la seconde guerre mondiale, deux fils qui seront assassinés, son mari, un petit-fils qui succombera à une overdose de drogue, une belle-fille. Elle connaîtra aussi tous les déboires de ses petits-enfants.

 

Entre rivalité et cohésion, par une émulation permanente la fratrie fut vouée à l'ambition

Plus qu'un clan ou une tribu, c'est une maisonnée, voire tout simplement une maison. Le nom des Kennedy est indéfectiblement lié à celui de Hyannis Port sur Cape Cod, à 130 kilomètres au sud de Boston, où se dresse, sur deux hectares et demi léchés par l'océan, la propriété familiale acquise par le patriarche Joseph Sr pour abriter ses nombreux  enfants. Pout toute la famille, ce lieu n'a cessé  d'être un point fixe, une sorte de nord magnétique où tous sont constamment revenus. Dans ses mémoires ("True Pass"), Ted Kennedy décrit ce qu'il appelle la "philosophie de la maison de Cape Cod." La maison de Marchant Avenue était le refuge des Kennedy, écrit-il. Mon père disait : "Nous n'avons rien à redouter de cette maison." Nous comprenions ce que cela signifiait. Nous savions que nous pourrions toujours rentrer chez nous, que nous pouvions faire des erreurs, essuyer des défaites, mais que nous serions toujours respectés et estimés à la maison."

Joe et Rose éduquent leurs enfants  dans un double souci de rivalité et de solidarité. Autour de la table familiale, chacun est censé avoir préparé les sujets de conversation du jour sélectionnés par la mère (qui confectionnait pour ses enfants des panneaux où elle épinglait  des articles de journaux). Ce sera à celui qui brillera le plus devant le pater familias. Mais les chamailleries et les disputes sont rigoureusement interdites : personne n'a le droit de diviser le clan. "Nous montrions une loyauté réciproque malgrè notre esprit de compétition qui, en dépit de sa vigueur, tenait plus de la joie que du désir de dominer, raconte Ted Kennedy. De Joseph et Rose Kennedy nous avons hérité les valeurs qui coulaient dans nos veines. Elles nous ont permis de tisser des liens entre nous, de fonder nos personnalités sur ces liens à un point que les chroniqueurs de la famille ont toujours sous-estimé."

La rivalité tenait de l'obessession familiale. "Nous nous lancions des défis en toute occasion : au foot-ball américain sans placage, à la voile, à l'escalade, en faisant des ricochets sur la mer, se souvient Ted kennedy. Tout servait de prétexte : avoir de l'esprit, de la culture ou savoir débattre. Au dîner , il s'agissait de capter l'attention, ce qui exigeait du travail : participer aux conversations nécessitait de maîtriser son sujet." Ted Kennedy assure que cette discipline intellectuelle acquise dès l'enfance a servi de base à son travail politique ultérieur. "Jamais je ne défendrai une cause ou un projet de loi sans les avoir  suffisamment compris de façon à répondre aux critères établis par mon père pour nos échanges de table", affirme-t-il.

Rose stimulait l'ambition des enfants

Joseph Kennedy Sr ne supportait pas les conflits entre ses enfants. "Notre père nous avait élevé pour que nous nous entraidions, pas pour que nous nous disputions", écrit Ted kennedy, qui dévoile le stratagème paternel. Pour mettre fin aux querelles, il servait de paratonnerre et détournait la colère de ses enfants  vers lui. "Mère ne comprenait pas toujours son truc, se souvient-il, et elle s'inquiètait  lorsque l'un de nous se disputait avec Papa. "S'ils ne se disputent pas entre eux, lui expliquait-il, à condition qu'ils le fassent avec d'autres, mais pas avec leurs frères et sœurs, je peux m'en contenter. Qu'ils puissent ne pas être d'accord et qu'ils s'affrontent m'est insupportable."

Si Joseph jouait le juge de paix, le patriarche, Rose, elle, tenait le rôle du professeur attentif, de l'aiguillon toujours là pour stimuler l'ambition de ses enfants. Selon Ted Kennedy, son père était capable de dire à un de ses enfants qu'il n'était pas obligatoire de viser les sommets. "Mais si c'est le cas, sache que j'aurai moins de temps pour toi", l'avait-il  averti un jour. Sa mère, en revanche, inculquait l'excellence à chacun. Il la compare au joueur de flûte de Hamelin, un "guide dans le monde du savoir". Elle leur organisait des sorties dans les musées de Boston, improvisait des problèmes de calcul, martelait les leçons de grammaire et veillait au langage de sa progéniture. "Une fois, raconte-t-il, ma mère m'a écrit : "J'ai constaté qu'on te cite parmi ceux qui utilisent le mot "cul" dans différentes expressions. Je pense que tu ne devrais pas utiliser ce vocable. Tu te rends compte, j'en suis persuadée, qu'il est tout à fait déplacé dans un texte imprimé." J'avais 40 ans et j'étais sénateur lorsqu'elle m'a envoyé ce billet. Il est encore accroché au mur de mon bureau."

Cette famille si particulière vivait dans une osmose quasi parfaite. Les aînés s'occupaient des cadets au point d'être désignés comme parrains lors des baptême. JFK était devenu le parrain de Ted à sa propre demande. Ce dernier, neuvième et dernier enfant de la fratrie, était donc l'objet de la sollicitude de ses huit frères et sœurs, et tout particulièrement de celui qui allait être élu président.

Entre 1953 et 1956, cinq membres de la fratrie se marient. Ted écrit : "Jamais je n'avais songé qu'aucun de nous se marierait."

Ted admire son frère John, héros de guerre.

"J'ai toujours eu du respect pour mes frères aînés, écrit Ted Kennedy. Presque un "culte du héros". Très tôt j'ai désiré un bateau pour pouvoir naviguer comme eux. Ils ont été mes premiers moniteurs. J'ai navigué la première fois en solo sous leurs regars attentifs."

En 1941, quans Franklin D. Roosevelt lance l'Amérique dans la guerre, ses frères Joe et "Jack" (surnom de JFK) s'engagent - le premier dans l'armée de l'aire, le second dans la marine - alors que leur père JOE Sr, ancien ambassadeur à Londres, s'était vigoureusement opposé à la participation des Etats Unis dans ce conflit mondial. Ted est béat d'admiration pour eux.

Joe y perdra la vie dans une mission au dessus de la Manche en août 1944. JFK, lui, en reviendra couvert de gloire après avoir été  présumé mort dans les combats du Pacifique. Dans ses mémoires, Ted Kennedy dresse un portrait de lui débordant d'éloges et d'amour fraternel. " Il avait indéniablement des traits de caractère que certains trouvaient énigmatiques. C'était, de nous tous, le plus grand lecteur, et les idées qu'il puisait dans les livres devenaient des sujets de méditation… Plus qu'un aîné respecté, il était mon parrain, rôle qu'il avait demandé à ma mère dans une lettre écrite à Choate en 1932 peu avant ma naissance… Près de quinze ans nous séparaient; l'enfant que j'étais considérait Jack  comme une grande personne et, en réalité, cette perception n'a jamais changé… Jack a revendiqué son ascendant sur moi. Il a été mon mentor, mon protecteur, mon conseiller avisé et ami fidèle."

Ted Kennedy raconte combien il était heureux de le revoir lors d'une permission. "Bronzé, amaigri, arborant un grand sourire, il est arrivé dans la maison de Palm Beach avec son copain Paul "Red" Fay Jr. Quans le premier matin, je me suis aventuré dans sa chambre pour le réveiller, il m'a serré dans ses bras, puis il a sorti de son sac marin quelques souvenirs de guerre qu'il m'a donnés : des épées et des massues des indigènes du Pacifique Sud." En contravention avec toutes les règles de l'U.S. Navy, le futur Président fit même embarquer son frère cadet sur un patrouilleur. "C'était incroyable. J'avais à peine 12 ans et mon frère, ce héros, allait me faire monter à bord d'un bateau. Ce que j'ignorais, c'est que les civils, et notamment les très jeunes, n'étaient pas censer monter sur un navire de guerre et encore moins faire une promenade. Mais mon frère savait combien ceci compterait pour moi. (…) Ce jour-là, nous avons rôdé dans les eaux territoriales pendant deux heures, et j'ai gardé précieusement ce souvenir toute ma vie."

Être un Kennedy était donc avant tout affaire de solidarité familiale. Mais selon le témoignage de Ted, cela exigeait aussi une bonne dose de stoïcisme et de discrétion. Dans la maison de Hyannis Port, on apprenait à ne jamais geindre. "C'était l'une des règles auxquelles Papa tenait et que nous-mêmes avions adoptée. " De même Joe Sr  interdisait que l'on fasse étalage de la fortune familiale. " Je n'ai pas eu le droit d'avoir une bicyclette tant que mes copains n'ont pas eu la leur, écrit le dernier des fils. Plus tard, je n'ai eu une voiture que lorsque la plipart de mes amis ont eu la leur. la même règle s'était appliquée à mes frères et sœurs. Sur le moment, nous en avions été un peu chagrinés. Des années plus tard, nous en avons compris toute l'importance. Le principe voulait que l'on se distingue par la réussite et non par l'ostentation. "

Pour le reste de sa vie Ted se figera au son des détonations.

Le 12 août 1944, une première mort violente avait frappé les Kennedy : Joe Jr, l'aîné des enfants, avait péri dans l'explosion du bombardier expérimental qu'il pilotait au dessus de la Manche. Ted Kennedy n'avait pas 13 ans. Dans ses Mémoires , il décrit le visage de son père, déformé par la douleur, quand deux aumôniers militaires sont venus jusqu'à Hyannis Port annoncer l'horrible nouvelle.

Comme on le sait, la mort violentefrappera à nouveau le clan Kennedy, au point de ressembler à une malédiction. Quand JFK est assissiné à Dallas en 1963, Ted est déjà à 31 ans, sénateur du Masschusetts. Dans ses Mémoires, il raconte cette journée tragique. "Je présidais la séance, un honneur qui incombait aux sénateurs nouvellement élus, écrit-il. Vers 13 heures 40, j'ai entendu un cri dans le hall. Richard Riedel, le responsable des relations avec la presse, est allé voir ce qui se passait. Quand il est revenu, son expression était bizarre; Il s'est précipité vers moi. Le cri venait de quelqu'un qui avait lu une dépêche de l'Associated Press sur un téléscripteur. "Vous devriez venir voir", m'a dit Riedel. (…) J'ai vu le bulletin cliqueter. On avait tiré sur le Président qui était grièvement blessé. "

Incrédule, figé quelques instants, il se précipite pour appeler son frère Robert, alors Ministre de la Justice. Qyand il parvient à le joindre? Bobby lui confirme que Jack est mort. "A cet instant le monde sembla s'effondrer, raconte Edward Kennedy. Je me sentais partir à la dérive. Pourtant, je savais que la vie devait continuer. Des gens dépendaient de moi. Et il fallait parler à mes parents."

Ted Kennedy appelle sa mère, qui était déjà au courant. En revanche Joe Sr se repose dans sa chambre et n'a pas été informé. Il dit à sa mère qu'il s'en chargera de vive voix. Il ne parvindra à Hyannis Port que dans la soirée et ne préviendra son père, déjà couché, que le lendemain matin. "Jusqu'à ce jour, écrit-il, mes yeux s'inondent de larmes quand je repense à ce moment."

Ted s'inquiéta pour Bobby qui mit longtemps à se remettre de l'assassinat du Président. "Je pensse souvent à la douleur qu'éprouva Bobby à la mort de Jack; elle faillit devenir une tragédie dans la tragédie. Ethel et ma mère craignaient pour sa propre survie; sa survie psychique , du moins (…) Il restait des heures sans un mot (…) L'espoir semblait être mort avec Jack. Suivirent alors des mois de mélancolie."

Ted Kennedy revient sur les travaux de la commission Warren qui enquêta sur l'assassinat de son frère. Il rejette l'ensemble des théories du complot qu'ils ont fait naître au fil des années. "Selon moi, la commission Warren ne s'était pas trompée et j'en étais content. Cela reste le cas aujourd'hui."

La mort de Bobby, fauché en juin 1968 par les balles d'un tueur dans un hôtel de Los Angeles, a affecté encore davantage Ted kennedy. Les primaires démocrates battaient leur plein. Teddy était le plus fervent supporter de son frère et faisait campagne avec lui. Martin Luther King avait été abattu deux mois plus tôt. Robert Kennedy témoignait une compassion qui bouleversait ses auditoires. "Pour Bobby, ces soixante et un jours ont été inondés de lumière, écrit Edward Kennedy. Des dizaines de milliers d'Américains étaient dans les rues ou le regardaient à la télévisionet finissaient par le connaître, au moins dans sa personnalité pleine et entière, celle que je connaissais et aimais depuis mon enfance."

Le 4 juin, la Californie donne la victoire à Bobby. Tef Kennedy savoure le triomphe devant la télévision à San Francisco. "Je regardais mon frère, avec Ethel souriante à côté de lui, acclamé dans la salle de bal de l'Ambassador Hotel à Los Angeles. Il était ^près de minuit. Et puis j'ai quitté la soirée pour aller me coucher dans ma chambre du Fairmont Hotel. J'ai rallumé le téléviseur. Le trou noir."

Le meurtre commis par Sirhan Sirhan plonge Edward Kennedy dans le chagrin et l'angoisse. Dans ses Mémoires, il avoue la détresse qui l'envahit après la mort de Bobby. "J'ai passé les mois et les années qui suivirent à essayer d'échapper aux abîmes, à conduire comme un fou, à bosser, à épuiser les autres, à boire comme un trou." Cet assassinat après celui de JFK, lui a également laissé une crainte des coups de feu. "En mars 1969, alors que je participais à un défilé de la Saint-Patrick, raconte-t-il, des pétards éclatèrent : je me figeai, prêt àme jetter à terre. (…) Encore aujourd'hui, les détonations me font sursauter. Je tressaille à chacun des vingt et un coups de feu tirés à Arlington en l'honneur des soldats morts en Irak. C'est une réaction inconsciente, je sais que je ne risque rien, mais à chaque fois ces bruits me déchirent."

Au nom de la solidarité familiale, telle qu'il l'avait vécu enfants et adolescents, c'est tout naturellement que Ted a assuré la tutelle des enfants de ses frères.

 

Succession de coïncidences ou malédiction

De nombreux drames ont touché la famille Kennedy, ce qui peut donner l'impression d'une sorte de malédiction

Elle perdra aussi, pour alcoolisme, deux frères irlandais, de 21 et 25 ans.

• 1858 : le 22 novembre, Patrick Kennedy, l'arrière-grand-père paternel de John Fitzgerald Kennedy, après avoir quitté son Irlande natale en 1848 pour les Etats-Unis en raison d'une terrible famine, décède à l'âge de 35 ans du choléra.

• 1873 : Mary Josephine (Josie) Hannon, la grand-mère maternelle de John Fitzgerald Kennedy, est responsable, à l'âge de 8 ans, de la mort par noyade de sa soeur Elizabeth, âgée de 4 ans, et d'une amie.

• 1881 : Michael Hannon Jr, un grand-oncle maternel de John Fitzgerald Kennedy, décède à l'âge de 21 ans, d'alcoolisme, maladie portant le nom de "Malédiction des Irlandais" dans la famille.

• 1889 : le 3 octobre, James (Jimmy) Hannon (frère de Michaël Hannon Jr), un grand-oncle maternel de John Fitzgerald Kennedy, décède à l'âge de 25 ans de la "Malédiction des Irlandais", après avoir été démis de ses fonctions de receveur des postes.

• 1905 : le 19 juillet, Lawrence M. Kane, l'époux de Mary L. Kennedy (grand-tante paternelle de John Fitzgerald Kennedy), décède à l'âge de 46 ans d'une insolation à East Boston (Massachusetts).

• En 1920 : le 16 septembre, Joseph Patrick (Joe) Kennedy Sr, le père de John Fitzgerald Kennedy, échappe de justesse à un attentat, jamais revendiqué, contre le siège de la compagnie JP Morgan dans le quartier de Wall Street à New York qui fera plus de 200 blessés et 38 morts.

• 1928 : le 25 août, Humphrey Charles Mahoney, l'époux de Joanna L. Kennedy (grand-tante paternelle de John Fitzgerald Kennedy), décède à l'âge de 80 ans, lors d'une cure thermale à Saratoga Springs (New York), fauché par une voiture.

• 1929 : le 18 mai, Patrick Joseph Kennedy, le grand-père paternel de John Fitzgerald Kennedy, décède à l'âge de 71 ans d'un cancer du foie.

• 1936 : le 17 septembre, Mary Agnes Fitzgerald Gargan, une tante maternelle de John Fitzgerald Kennedy, âgée de 43 ans, est retrouvée morte par son fils de 6 ans, Joe Jr. Ses trois enfants, Joe Jr, Mary Jo et Ann seront élevés par Joseph Patrick (Joe) et Rose, les parents de John Fitzgerald Kennedy.

• 1942 : Rosemary Kennedy, la sœur de John Fitzgerald Kennedy, subit, à l'âge de 24 ans, une lobotomie pour un léger trouble mental. L'opération, souhaitée par Joseph Patrick (Joe Sr) Kennedy, son père, est un échec, et Rosemary sera "cachée" jusqu'à la fin de ses jours en 2005.

• 1943 : le 2 août, John Fitzgerald Kennedy échappe de justesse à la mort lorsque le lance-torpilles PT-109 qu'il commande est coupé en deux par le destroyer Japonais Amagiri en plein Pacifique. Deux hommes de l'équipage perdront la vie et les survivants attendront plusieurs jours les secours.

• 1944 : Le 12 août, Joseph Patrick (Joe Jr) Kennedy, le frère aîné de John Fitzgerald Kennedy, trouve la mort à l'âge de 29 ans dans l'explosion de son avion, au-dessus de la Manche en Europe, au cours d'une mission secrète durant la seconde guerre mondiale.

• 1944 : le 10 septembre, l'anglais William Cavendish, Marquis d'Hartington, 26 ans, marié à Londres (Grande-Bretagne) le 6 mai 1944 à Kathleen (Kick) Kennedy, la soeur de John Fitzgerald Kennedy, Capitaine dans les Coldstream Guards, est tué par un tireur allemand embusqué à Heppen (Belgique) durant la seconde guerre mondiale.

• 1948 : le 13 mai, Kathleen (Kick) Kennedy, la soeur de John Fitzgerald Kennedy, trouve la mort à l'âge de 28 ans en compagnie de Lord Peter Wentworth-Fitzwilliam, du pilote et du co-pilote dans le crash de leur avion au-dessus de Sainte-Bauzille en Ardèche (France).

• 1955 : Jacqueline Kennedy, la femme de John F. Kennedy, fait une fausse couche.

• 1955 : le 3 octobre, George Skakel et Ann Brannack, les parents d'Ethel Skakel et beaux-parents de Robert Fitzgerald (Bobby) Kennedy, trouvent la mort dans le crash de leur petit avion près d'Union City (Oklahoma).

• 1956 : le 23 août, Jacqueline (Jackie) Bouvier, l'épouse de John Fitzgerald Kennedy, donne naissance, après une césarienne, à une fille mort-née, Arabella.

• 1956 : Ted, le frère de John, est sorti miraculeusement de l'avion crashé qui l'emmenait à un meeting. Il n'aura que quelques vertèbres brisées.

• 1958 : le 11 février, Francis Michael Medaille, 15 ans, fils de Betty Skakel - cousine d'Ethel Skakel, l'épouse de Robert Fitzgerald (Bobby) Kennedy -, étrangle Kathleen Hegmann, 7 ans, jusqu'à sa mort, dans un appartement de New York.

• 1961 : le 20 décembre, Joseph Kennedy Sr. est victime d'une attaque cérébrale qui limitera ses mouvements et rendra difficile la communication avec les autres jusqu'à son décès en 1969.

• 1962 : Joan Patricia Corroon, l'épouse de George Skakel Jr - frère d'Ethel Skakel et beau-frère de Robert Fitzgerald (Bobby) Kennedy -, surprend son mari dans les bras d'une autre femme dans leur maison de vacances. Elle mettra le feu à la maison remplie d'antiquités d'une valeur inestimable.

• 1962 : Le 5 août, Norma Jean Baker, plus connue sous le nom de Marilyn Monroe, amie très intime de John Fitzgerald Kennedy et Robert F. (Bobby) Kennedy, décède d'une overdose de barbituriques à l'âge de 36 ans dans sa maison de Los Angeles (Californie). Certains diront que les Kennedy sont impliqués dans la mort de l'actrice, d'autres que ce "suicide" est l'oeuvre du F.B.I. et de la C.I.A. dans le but de nuire aux Kennedy.

• 1963 : le 7 août, Jacqueline (Jackie) Lee Bouvier, l'épouse de John Fitzgerald Kennedy, donne naissance, à la base Otis Air Force de Falmouth (Massachusetts), à un fils, Patrick, 6 semaines avant terme. Il décédera deux jours plus tard.

• 1963 : le 22 novembre, John Fitzgerald Kennedy et son épouse Jacqueline ("Jackie") Bouvier, accompagnés du Gouverneur du Texas John Connally et son épouse Nelie, traversent les rues de Dallas (Texas) à bord de la limousine présidentielle décapotée dans un bain de foule, escortés par des motards. Ils doivent se rendre à un déjeuner. Arrivés sur Dealey Plaza, des coups de feu éclatent. Le Président et le Gouverneur sont touchés. Quelques dizaines de minutes plus tard, le Président John Fitzgerald Kennedy, âgé de 46 ans, sera déclaré mort.

• 1966 : George, le beau-frère de Bob, aura moins de chance, lui, car il sera tué dans un accident d'avion, dans l'Ohio. Peu de temps après, un enfant de 6 ans est éjecté de la voiture de la fille de ce même George et meurt.

• 1968 : Robert Kennedy est assassiné à Los Angeles. Il a 42 ans.

• 1969 : Edward Kennedy effectue une sortie de route, et sa passagère sera tuée  lLa carrière politique de Edward ne survécut pas aux spéculations entourant l’accident.

• 1973 : Edward Kennedy Jr. est amputé du bras droit à cause d'un cancer.

• 1973 : Joseph Kennedy III, le fils de Robert est le conducteur lors d'un accident de voiture qui laissera une des passagères paralysée à vie.

• 1984 - David Kennedy, fils de Robert, meurt d’une overdose de cocaïne dans un hôtel de Palm Beach, Floride.

• 1991 – Le fils de Jean Ann Kennedy, William Smith, neveu de JFK, est acquitté d’une accusation de viol à Palm Beach.

• 1997 - Michael Kennedy, un des fils de Robert, décède après un accident de ski à Aspen, au Colorado. Il avait alors 39 ans.

• 1999 - Le fils de John F. Kennedy, John Kennedy Jr., né quelques jours après l'élection de son père JFK en 1960, il fut très médiatisé pendant le mandat de celui-ci. Etudiant en droit, il crée, en 1995, l'éphémère magazine George. Le 16 juillet 1999, alors qu'il se rend au mariage d'une de ses cousines avec sa femme Carolyn Bessette et sa belle-soeur Lauren, il perd le contrôle de l'avion qu'il pilotait, dans l'Océan Atlantique. Ils meurent tous les deux.

 

John F. Kennedy Jr et Carolyn Bessette
John F. Kennedy junior, surnommé "John-John", au côté de sa femme, le mannequin Carolyn Bessette, lors d'un dîner au musée Witney, à New York. Abaca

• le 11 Septembre 2001, Robert, le beau-fils du compagnon de Jackie, figure parmi les passagers du vol 77 d'American Airlines qui s'est écrasé sur le Pentagone.

Ethel Skakel, la belle-fille de Joe Sr et Rose, épouse de Robert Fitzgerald (Bobby) Kennedy a également été très touchée par cette malédiction. Elle a vu ses parents se tuer dans un accident d'avion, son beau-frère se faire assassiner, un frère se tuer dans un accident d'avion, une belle-soeur s'étouffer en mangeant, son mari se faire assassiner, un fils mourir d'une overdose de drogue, un autre fils se tuer dans un accident de ski et un neveu perdre la vie dans un accident d'avion. Elle a également deux autres neveux qui ont été accusés de meurtre. L'un deux est d'ailleurs aujourd'hui en prison.

La dynastie la plus célèbre des États-Unis eut son lot de malheurs. Peut-on en déduire qu’elle est maudite ?

Mais on peut méditer la Bible :
" …je suis un Dieu à la passion jalouse, qui fais rendre des comptes aux fils pour la faute des pères, jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me détestent" ( Exode 20-5)
et alors se demander : la descendance doit t’elle payer pour les écarts de conduite de leur patriarche, Joseph Kennedy ?

 

Sources

- Jean-Marc Gonin , Le Figaro du 2 janvier 2010