John Griffit "Chaney" est né à San Francisco, le 12 janvier 1876, de père inconnu – il s'agit selon sa mère de William Chaney, un astrologue itinérant. Sa mère, Flora Wellman, tente alors de se suicider, avant d'épouser John London, le 7 septembre suivant. Celui-ci est un agriculteur en faillite, vétéran de la guerre civile, veuf et déjà père lui-même de deux enfants. Il donne son nom à l'enfant, dont le prénom, John Griffit, se transforme rapidement en Jack, pour marquer la différence d'avec ce beau-père, qui assumera par la suite le rôle de père adoptif pour l'enfant. L'espace de six mois, il est confié à Virginia ("Jennie") Prentiss, une nourrice noire.
En 1878, Jack réchappe d'un accès de diphtérie. Pour fuire l'épidémie la famille se réfugie à Oakland.
En Californie, dans ce monde nouveau et bouillonnant qui se construit, Jack London ne connaît alors que l'instabilité, celle des changements de logement tout d'abord. En 1881, la famille London s'installe dans une ferme à Alameda, Jack commence sa scolarité, puis en 1883, la famille s'installe dans une nouvelle ferme à San Mateo County, enfin en 1885 dans la vallée de Livermore avant de revenir à Oakland.
L'enfant est dans la rue dès son plus jeune âge. Il doit travailler pour amener quelque argent au foyer familial. A dix ans, Jack London est vendeur de journaux à la criée. Et il exercera par la suite tous les métiers, licites et illicites, pour un salaire de dix cents à l'heure le plus souvent: ouvrier dans une conserverie, docker, pillard dans les parcs ostréicoles… Dans les environs de San Francisco, l'adolescent fréquente les voyous du port d'Oakland.Mais il lit aussi avec passion pour échapper à ce quotidien, grâce notamment à la complicité d'Ina Coolbrith, bibliothécaire de la ville à la Oakland Free Library.
Entre 1888 et 1893 il fait quelques compétitions de navigation dans la baie de San Francisco et rejoint quelques temps la patrouille de contrôle de pêche.
À l'âge de dix-sept ans, le 20 janvier 1893, Jack London embarque sur une goélette de trois-mâts, la Sophia-Sutherland, qui part chasser le phoque au large du Japon. Il en tirera la matière de son premier récit : "Story of a Typhoon off the Coast of Japan" ( Un Typhon au large du Japon), publié dans San Francisco Morning Call.
A son retour, sept mois plus tard, il est employé dans une centrale thermique. Mais la crise économique le met au chômage. Le 6 avril 1894, il se joint alors à une marche collective de protestation vers Washington, la capitale fédérale, s'initiant aux théories socialistes, il lit Nietzche, Darwin, Spencer. Il écrit mais ne publie rien. Le jeune homme vagabonde ensuite à travers le Canada et les États-Unis. Il est arrêté pour vagabondage le 29 juin 1894, détenu un mois durant à la prison de Erie County, Jack London découvre les dures conditions de la vie carcérale.
De retour à Oakland, il travaille dans une fabrique de jute, puis dans divers ateliers. A peine âgé de vingt ans, il a déjà pleinement conscience d'être exploité. Pour Jack London désormais, l'American way of life, ce rêve américain pour lequel des millions d'immigrants traversent les Océans, lui apparaît comme une imposture. Celui qui commence à militer dans les rangs des socialistes est connu sous le nom de “Boy Socialist” d'Oakland , il rejoint le Socialist Labor Party puis est bientôt arrêté pour prise de parole en public sans autorisation, il sera relâché. Aussi reprend-il ses études à l'université de Berkeley en 1895, qu'il termine en 18 mois.
Prospecteur d' 'or
Dans les années qui suivent, il va alors vivre une expérience qui le marquera à jamais. Au printemps 1897, Jack London quitte la civilisation, pour participer au Gold Rush, à la nouvelle ruée vers l'or dans la région du Klondike. Il voyage en Alaska et dans le Yukon, accompagné de son beau-frère et James Shepard. Le 30 août, il franchit ainsi la terrible Childhood pass et parvient à descendre le Yukon avant la fonte des neiges. Le 16 novembre suivant, le jeune prospecteur enregistre sa concession, un bout de terrain qu'il n'exploitera en fait que trois jours durant... Le 8 juin 1898, souffrant du scorbut, il quitte ainsi Dawson city et est de retour de cette aventure, comme beaucoup, sans avoir fait fortune. Dans le Grand Nord canadien cependant, au contact des trappeurs, des indiens et de la nature sauvage, Jack London, qui s'est déjà essayé par le passé à l'écriture, a enfin trouvé sa source d'inspirations
La mémoire riche de ces souvenirs épiques, il se lance dans la littérature, rédigeant des nouvelles, des histoires courtes, pour les grands magazines. En 1899, commence ainsi une fructueuse collaboration avec The Overland Monthly. Ces récits d'aventures, cruels et héroÏques à la fois, sont alors du goût du grand public.
Ses mariages
La même année, il se marie avec Elizabeth ("Bessie") Mae Madern. Le couple part en lune de miel en bicyclettes à Santa Cruz, ils auront deux filles, Joan en 1901 et Bess en 1902, avant qu'ils ne se séparent.
Le 7 avril 1900, Jack London publie son premier roman, intitulé Wolf's son (Le Fils du loup). Il est alors devenu un écrivain à succès. A Daughter of the Snows (La Fille des neiges) parait en 1902.
En 1905, Jack London se remarie à Chicago avec Charmian Kittredge.
Voyage à Londres
En 1902, alors qu'il vient d'être engagé par un journal californien comme correspondant pour couvrir la guerre des Boers, Jack London, en route vers Afrique australe, s'arrête à Londres. Dans la capitale anglaise, il se déguise en clochard et passe alors trois mois au milieu des ouvriers démunis, des sans logis et des miséreux. De cette plongée dans les ignobles bas-fonds de l'East End, Jack London tire The People of the Abyss, (Le Peuple de l'abîme), un pamphlet dramatique dénonçant la misère croissante provoquée par le capitalisme .
En 1903, The Kempton-Wace Letters (Rien d'autre que l'amour), est un un dialogue épistolaire sur la nature de l'amour, co-écrit avec la militante socialiste Anna Strunsky. Toujours en 1903, The Call of the Wild (L'Appel de la forêt), l'histoire de Buck, un chien de traîneau qui retourne à l'état sauvage, lui donne la célébrité.
White-Fang (Croc Blanc)
En 1904, Jack navigue pour Yokohama et la Corée pour couvrir la guerre Russo-Japonaise pour l'association Hearst. En Californie de nouveau, London rédige The Sea Wolf (Le Loup des mers) et The Faith of Men en 1904. Plus que jamais militant, l'écrivain se présente sans succès comme candidat socialiste à la mairie d'Oakland. Il parcoure ensuite le pays, multipliant les conférences à scandale. Au mois d'octobre 1906, est publié White-Fang (Croc-Blanc), l'histoire d'un chien sauvage du Yukon, martyrisé puis domestiqué et finissant ses jours en Californie. C'est de nouveau un énorme succès d'édition.
Le Marin
Repris par la soif de l'aventure et grâce à ses gains d'écrivain, Jack London fait construire à grands frais le sloop Snark. En avril 1907, il entreprend, avec sa femme Charmian, un voyage autour du monde qui devait duré sept ans. Après avoir navigué dans les îles du Pacifique - HawaÏ et ThaÏti, l'écrivain tombe malade à Sydney, en Australie, il est soigné pour une double fistule et plusieurs maladies tropicales et rentre en Amérique vingt-sept mois plus tard, sans avoir réalisé son projet.
Le fermier
Jack London est devenu alcoolique et déjà usé par cette vie frénétique. Au cours de ces années, il poursuit son œuvre romanesque. En 1907, dans Before Adam (Avant Adam), le narrateur s'imagine en homme préhistorique aux prises avec des tribus ennemies et des fauves. Avec Iron heel (Le Talon de fer) l'année suivante, Jack London présente une anticipation militante. Il fait ainsi la description d'une société de castes, née du capitalisme, qui s'impose aux États-Unis, avant que des résistants socialistes ne parviennent à installer le communisme. En 1909, Martin Eden est une sorte de parabole négative de sa propre réussite où le héros, déçu par le côté superficiel de sa réussite, se noie volontairement dans les mers du Sud. A cette époque, le romancier s'est installé en Californie, à Glen Ellen près d'Oakland, où il s'occupe à l'exploitation de sa ferme, Beauty Ranch. Celle-ci, dont la construction a englouti 80.000 $, est bientôt détruite dans un incendie.
Avec Burning Daylight (Radieuse Aurore) en 1910, l'écrivain retrouve le Grand Nord. L'année suivante, ce sont ses voyages en mer qui l'inspirent avec The Cruise of the Snark (La Croisière du Snark). En 1913, paraissent également The Abysmal Brute (La Brute des cavernes) ainsi que The Valley of the Moon (La Vallée de la Lune). Un nouveau voyage en mer le mène autour du Cap Horn. La même année, John Barleycorn (Le Cabaret de la dernière chance) raconte l'itinéraire d'un ivrogne repenti, une sorte d'autobiographie. Le livre sera par la suite utilisé par les tenants de la prohibition. En 1915, vient ensuite The Star Rover (Le Vagabond des étoiles). Au total, pendant les seize années que dure cette activité littéraire sans relâche, une cinquantaine d'ouvrages ont paru. En 1915, avec son épouse Charmian, il séjourne cinq mois à HawaÏ, y cherchant le repos. Surmené, l'écrivain est atteint d'urémie et de rhumatismes, insomniaque sa santé s'effondre.
Mais sa foi en l'idéal socialiste américain s'érode progressivement avec le temps. Son combat s'achève, après vingt années de loyaux services, par une amère lettre de démission le 16 mars 1916 (l'épisode du Snark sera déterminant : ce bateau lui coûte une véritable fortune et les camarades s'indignent de le voir partir pour une croisière, délaissant momentanément le combat, sur un yacht de milliardaire)
Le 22 novembre 1916, Jack London décède à l'âge de quarante ans, après avoir absorbé une trop forte dose de médicaments et de morphine.