Sa jeunesse
Louis Daniel Armstrong est vraisemblablement né le 04 août 1901, dans un secteur pauvre de La Nouvelle-Orléans, "the Battelfied" (le champ de bataille). Cette date est communément admise parmi les spécialistes de la vie d'Armstrong. En effet Armstrong a toujours affirmé qu'il n'était pas certain de sa date de naissance, bien qu'il la célébrât habituellement le 4 juillet. En public, il citait généralement l'année 1900 bien qu'il mentionnât l'année 1901 sur ses papiers officiels. Le chercheur Tad Jones, spécialiste de la musique de La Nouvelle Orléans, a établi, d'après des documents de baptême catholique en l’église du Cœur Sacré de Jésus, à La Nouvelle-Orléans, que sa véritable date de naissance est le 4 août 1901. Ce qui paraît certain, c’est qu’il vit le jour dans Jane Alley Street qui menait de Gravier Street à Perdido Street.
L'enfant est confié à sa grand-mère qui lui inculquera un semblant d’éducation. Grâce à elle il entre dans la chorale de l’église. C’est ce qui lui donnera l’idée de former un groupe vocal avec quelques copains de son âge. Le groupe parcourt les rues et ramasse quelques piécettes qui seront bien accueillies.
Le coup d'envoi
son père, William Armstrong abandonna sa famille quand Louis était encore tout jeune. Il grandit dans un quartier difficile et fut envoyé plusieurs fois dans un foyer pour enfants de couleur abandonnés, le Home for Colored Waifs, en raison de plusieurs actes de délinquance. Il y fit notamment un long séjour suite à un coup de feu tiré en l’air avec un pistolet à l’occasion des célébrations de la Saint-Sylvestre du 31 décembre 1912. Peter Davis, un des surveillants, y fait office de professeur de musique, il l’autorise cependant à participer à la chorale et l’admet ensuite dans l’orchestre-maison. Louis deviendra le chef de la fanfare. On peut imaginer que dans l’état de misère où il se trouvait alors, l’acquisition d’un instrument n’étant pas envisageable, il aurait peut-être poursuivi sa carrière à la tête d’un groupe vocal. Après avoit été relâché en juin 1914, il achète son premier instrument grâce à l’argent prêté par les Karnofsky, une famille juive d’origine russe.
Les brass-bands
Alors que, dès sa libération quelques mois plus tard, il se considère déjà comme un vrai musicien. Son enfance lui vaudra également d'assister très souvent aux parades des brass-bands d'alors, ces fanfares qui préfigurèrent le jazz. Le grand cornettiste Joe "King" Oliver le prend sous sa protection, et joua presque le rôle du père qui avait manqué au jeune Louis. Il joua plus tard dans les brass-bands et sur les bateaux de La Nouvelle-Orléans et commença à voyager avec le fameux orchestre de Fate Marable qui se produisait sur un "riverboat" à vapeur qui naviguaient sur le Mississippi. Il acquit de l'expérience, en travaillant sur des arrangements écrits et prit la place de Joe Oliver dans l’orchestre de Kid Ory, considéré alors comme le meilleur orchestre de hot jazz de La Nouvelle-Orléans.
Début de carrière
Départ pour Chicago et Hott jazz
Joe « King » Oliver après lui avoir trouvé ses premiers engagements, l'invite à rejoindre son Creole Jazz Band à Chicago pour l’intégrer à son propre orchestre. L’orchestre d’Oliver était le meilleur et le plus influent orchestre de hot jazz de Chicago au début des années 1920, au moment où Chicago était le centre du jazz. En 1923, Armstrong fait ses premiers enregistrements, parmi lesquels des soli et des improvisations, en tant que second trompettiste.
Une maîtresse femme
Sa rencontre avec la pianiste Lillian Hardin sera, par la suite, déterminante. Il l’épouse le 5 février 1924. Devenue Madame Armstrong, elle va l'engager vivement de quitter "King" Oliver pour lancer sa carrière personnelle. Ayant réussi à le convaincre, elle fera de lui le premier grand soliste de jazz. Il se sépara donc amicalement de Joe Oliver en 1924 et partit pour New York pour jouer avec l’orchestre de Fletcher Henderson, l’un des groupes afro-américains les plus en vue à l’époque.Là, il enregistre avec un de ses amis de La Nouvelle-Orléans, le pianiste Clarence Williams, parmi lesquels des morceaux pour orchestres de jazz restreints (notamment des duos avec Sidney Bechet, un de ses rares rivaux en matière de technique); il accompagne également quelques chanteurs de jazz comme Ella Fitzgerald.
En novembre 1925, il revint à Chicago et commença à enregistrer sous son propre nom avec les célèbres Hot Fives (dont sa femme est la pianiste) et Hot Sevens, produisant des succès comme Potato Head Blues, Muggles et West End Blues. C'est à cette époque qu'il passe du cornet à la trompette. Ces morceaux établirent une nouvelle référence dans le domaine du jazz pour de nombreuses années. L’introduction d’Armstrong à la trompette dans West End Blues reste une des plus célèbres improvisations de l’histoire du jazz.
On notera qu’après leur séparation elle demeurera toujours fidèle à celui qu’elle avait lancé comme soliste. Au point qu’elle mourut à son piano (1971) en plein milieu d’un concert dédié à la mémoire de Louis Armstrong.
Satchmo
Les surnoms Satchmo ou Satch proviennent de Satchel Mouth (bouche en forme de sacoche, qui décrivait son embouchure). En 1932, Percy Brooks, qui était alors rédacteur au magazine Melody Maker, accueillit Louis Armstrong à Londres par un "Bonjour Satchmo", raccourcissant Satchel Mouth (certains disent que c'était involontaire), et ce surnom est resté.
Big bands
Après son passage chez Fletcher Henderson, en 1925, la renommée de Louis Armstrong n’a cessé de s’accroître.
En février 1927, créa son propore orchestre "Louis Armstrong and His Stompers", au Sunset Café à Chicago.En navril il rentre dans le hit-parade avec son premier enregistrement vocal: "Big Butter and Egg Man"un duo avec May Alix. En mars 1928, il devient le soliste principal dans le Carroll Dickerson's band.
Il repartit pour New York en 1929 (au Connie's Inn de Harlem et l'orchestre des 'Hot Chocolates', à Broadway), puis alla à Los Angeles en 1930 où il restera dix mois au Sebastian's Cotton Club; avant d'effectuer une tournée à travers l’Europe, en 1934 il est à Paris. En 1935, il se rompt l'orbicularis oris, un muscle labial et est obligé de mettre sa carrière de trompettiste en parenthèse pendant un an. Les lèvres meurtries, il ne retrouvera jamais sa virtuosité. Après avoir passé de nombreuses années sur la route, il s'installe de façon permanente dans le district de Queens incorporé administrativement à New York, en 1943.
A partir de 1947, il s’entoure d’une petite formation de forme (sinon de fond) néo-orléanaise. Celle qui se présentait au festival de Nice en 1948 frisait la perfection. On y trouvait Earl Hines au piano, Jack Teagarden son vrai frère tromboniste, Barney Bigard et l’immense Sidney Catlett. D'autres musiciens étaient moins prestigieux, le tout jeune Arvell Shaw balbutiant à la basse et la piètre vocaliste Velma Middleton, Marty Napoleon, McCracken ou Barrett Deems. Un batteur encore plus mauvais que l’inconsistant Sonny Greer.
Louis Armstrong ne s’est jamais soucié ni de son entourage, ni de la conduite de sa carrière. Alors qu’il aurait pu exiger des partenaires dignes de lui, il a toujours laissé à d’autres le soin d’en décider. C’est ainsi que son dernier manager, Joe Glaser, allait même jusqu’à prendre en charge sa comptabilité et à lui verser une mensualité, sorte de salaire rassurant qui lui convenait parfaitement.
Puis, les goûts du public évoluant en même temps que la concurence de la télévision, il devint impossible de soutenir et de financer un orchestre de tournée de 16 musiciens; il est obligé de se produire en sessions réduites.
Le Groupe "The All Stars"
Vers 1950, Louis Armstrong divisa son groupe en 6 formations restreintes, revenant donc au style Dixieland qui le rendit célèbre à ses débuts. Ce groupe fut appelé "The All Stars", auquel participèrent des musiciens tels que Barney Bigard, Jack Teagarden, Trummy Young, Arvell Shaw, Marty Napoleon, Big Sid Catlett ou Barrett Deems. À cette époque, il enregistra beaucoup et apparut dans plus de 30 films. En 1964, il enregistra son titre le plus célèbre et le plus vendu : Hello, Dolly, un morceau qui doit beaucoup à son accident labial puisqu'à cause de lui, Armstrong s'est lancé depuis quelques années dans le scat, une forme de chant syncopé dont les meilleurs moments préfigurent le rap actuel.
Pour beaucoup, Louis Armstrong joue le rôle du sympathique Oncle Tom, le noir humble, chaleureux et peu revendicatif. Cela lui vaudra d'être malmené par ses coreligionnaires afro-américains durant le combat pour les droits civiques des années 60.
Louis Armstrong continua ses représentations sur un rythme effréné Il connut également des tournées à succès en Afrique, en Europe et en Asie avec le soutien du Département d'État américain et fut bientôt surnommé "Ambassador Satch", et continua à jouer autant que son état le lui permettait jusqu’à son dernier jour.
Louis Armstrong meurt le 06 juillet 1971, à New York, à l'âge de 69 ans, d'une crise cardiaque la nuit suivant son célèbre concert à l'Empire Room du Waldorf Astoria. Il repose au cimetière Flushing à New York.
Sa maison (34-56, 107e rue (entre la 34e et la 35e avenue), Corona, NY 11368 ), transformée en musée, a ouvert ses portes au public le 15 octobre 2003.
Le virtuose prince de la trompette, improvisateur de talent et chanteur de jazz, Louis Armstrong sut mieux que tout autre, et ce, tout au long de sa carrière, marier art populaire et esprit aventureux.