Situation
La région du Nord-Est comprend les Grands Lacs, les forêts de l'est, le sud du Saint Laurent, la côte nord atlantique et les actuelles provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse. Au sud elle s'étend de la Virginie jusqu'à la Caroline du Nord.
Pour définir les cultures indiennes avec plus de précision, cette vaste région est généralement subdivisée en trois zones géographiques : la zone riveraine des Grands Lacs, les Basses Terres du Saint Laurent, et la zone côtière.
Les grandes tribus associées à cette région appartiennent principalement aux souches linguistiques algonquienne (ou algonquine) et iroquoienne.
Zone des Grands Lacs
Tribus
• Au nord-ouest, regroupés autour du Lac Supérieur vivaient les Chippewas (Ojibways); au sud de cette importante tribu ( qui comptait quelque 25.000 membres aux environs de 1760) se trouvaient les Menominees (sur un territoire indéterminé), au bord du Mississippi les Illinois et les Winnebagos, ces derniers étant en fait de souche linguistuique siouenne; au nord du lac Huron les Ottawas et les Nipissings; au bord de l'Ohio les Shawnees. Entre les Grands Lacs on trouve également les Hurons, les Pétuns, les Neutres.
Basses Terres du Saint-Laurent et zone côtière
• Au nord-est on rencontrait les Abenakis (appelés aussi les Maliseet-Passamaquoddys) et les Micmacs. Au sud du Lac Ontario et jusqu'à l'embouchure du fleuve Saint Laurent se trouvait la terre des Iroquois. Les tensions entre les Algonquiens et les Iroquois augmentant, cinq tribus iroquoises s'associèrent pour former au XIVe siècle la Ligue des Cinq Nations Iroquoises, composée de six tribus vaguement unies - les Mohawks ( ou Agnierronnons ou encore Agniers), Oneidas (ou Onneiouts), Onondagas (ou Onontagués), Cayugas (ou Goyogouins), Senecas (ou Tsonnontouans) en sont les nations fondatrices. Les Tuscaroras, enfin, se joignent à l'alliance au dix-huitième siècle (1726) et forment ainsi la sixième nation. Ces derniers étaient souvent désignés sous le nom de "Peuple de la longue maison", car leurs demeures traditionnelles, dont beaucoup mesuraient jusqu'à tentre mètres de long, servaient à héberger huit à dix familles. Etablie pour faire la paix, la Ligue se révéla une formidable machine de guerre mobilisant tous les guerriers des tribus. Elle domina le Nord-Est et, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, tint une place essentielle aux côtés des Anglais contre les Français.
Au sud-est de l'Ontario, au Canada, il y avait neuf tribus principales qui toutes parlaient une langue de la famille Iroquoienne. Les Hurons vivaient entre le Lac Simcoe et la Baie de Georgie. La Nation Tobacco (également appelé Petun) qui vivaient au sud et à l'ouest étaient leurs alliés. Encore plus au sud sur la Péninsule du Niagara (entre les Lacs Érié et Ontario) vivaient les Neutres. Les villages de la tribu Erié situés au bord du lac dont il a tiré son nom.
• Le long du littoral, de Terre Neuve à la Baie de Chesapeake, vivaient (du nord au sud) les Micmacs, les Abénaquis déjà cités au nord, les Pequots, les Wampanoags, les Delawares, les Powhatans, et les Tuscaroras qui rejoignirent la Ligue des Cinq Nations Iroquoises.
Les terres fertiles de la grande vallée de l'Ohio et de ses affluents offrirent, entre 1500 av. J.-C. et 500 de notre ère, un environnement généreux à deux civilisations indiennes préhistoriques : celles des Adenas puis celle des Hopewell. Ces derniers édifièrent de grands tumulus ; d'ailleurs, tout ce que nous connaissons de cette tribu provient des fouilles réalisées dans ces tertres funéraires. Ils disparurent aussi vite qu'ils étaient apparus.
La famille linguistique Algonquine
Les nombreux groupes qui habitaient la région située entre les territoires des Montagnais et des Chippewas (ou Ojibwas), ainsi que celle au sud de l'actuelle ville d'Ottawa, furent nommés Algonquins par Champlain et d'autres auteurs du XVIIe siècle. Avec les Montagnais, ils s'allièrent aux Français dans les conflits avec les Iroquois.
Les Algonquiens sont alors dispersés d'un bout à l'autre du continent nord-américain. Le terme Algonquien est utilisé pour désigner un ensemble de nations amérindiennes apparentées par la langue, le plus large et le plus dispersé, regroupant à l’origine plusieurs centaines de tribus parlant près de 200 langues. À l'époque de la Nouvelle-France, les Français vont surtout établir des contacts soutenus avec les Algonquiens du nord-est de l'Amérique (Appalaches et Bouclier Canadien) : Micmacs, Innus (Montagnais), Algonquins, Attikameks, Cris, Abénaquis, Naskapis, Mohicans, Etchenins, Népissingues, Outaouais et Ojibwés. Ils occupent la côte atlantique, de la Caroline du Sud au Labrador, et étendent leur territoire jusqu'aux Rocheuses. Ils étaient ce qu'on appelle une société patrilinéaire (société dont le père est le chef et dont l'héritage matériel et social se transmettait de père en fils). La chasse et la traite des fourrures était leur mode de vie traditionnel. Ils devinrent les alliés des Français.
La famille linguistique Iroquoienne
Leur nom est dérivé d'un mot algonquien signifiant " vipère ". Au XVIIe siècle, les cinq tribus membres de la Ligue des Iroquois de la Confédération des Cinq-Nations (Kayanerenh-kowa, " la grande paix "), également appelés " Kanonsionni " ("les gens de la longue maison"), habitaient le territoire au sud du Saint-Laurent et du lac Ontario, s'étendant à peu près de la rivière Richelieu et du lac Champlain jusqu'à Rochester, dans ce qui est aujourd'hui l'État de New York. D'est en ouest, la Confédération comprenait les Mohawks, les Oneidas, les Onondagas, les Cayugas et les Sénécas. L'histoire militaire de la Nouvelle-France, des années 1630 jusqu'à l'arrivée du régiment Carignan-Salières, durant l'été de 1665, fut largement marquée par la lutte des Iroquois contre les Hurons pour le contrôle de la traite des fourrures
La famille iroquoienne est constituée de six confédérations, chacune regroupant de nombreuses nations amérindiennes. Les Hurons, les Pétuns, les Neutres, les Ériés, les Susquenhannocks et les Iroquois forment les six confédérations. Chacune d'elles regroupe un certain nombre de nations. Les Hurons-Wendat et les Iroquois sont les deux nations les plus connues de cette famille, ainsi que les Tobaccos, qui en comptait toutefois plusieurs autres à l'arrivée des Européens. Au sein de cette grande famille, deux sous-groupes se distinguent, qui s'étalent sur un territoire de plusieurs centaines de kilomètres carrés: les tribus sédentaires de la côte est, qui vivent surtout d'agriculture et de pêche, et les tribus de chasseurs migrateurs, qui sont dispersées entre la côte nord-est, le centre et le nord du Québec, autour des Grands Lacs Érié, Ontario et Huron, au nord du lac Supérieur et la vallée du Saint Laurent. Les confédérations sont des alliances politiques et stratégiques entre plusieurs nations qui, ainsi regroupées, peuvent assurer la défense de leur territoire. Ils formaient une société matrilinéaire (société dont la mère est le chef et dont l'héritage matériel et social se transmettait de mère en fille).
• La confédération huronne, fondée en 1440, comprend cinq nations : les Attignawantans ("peuplade de l'Ours"), les Attigneenongnahacs ("peuplade de la Corde"), les Arhendaronons ("peuplade du Rocher"), les Tahontaenrats ("peuplade du Cerf") et les Ataronchronons ("peuplade des Marais"). Des Iroquoiens, seuls les Hurons furent les alliés des Français.
On ne peut cependant pas établir de séparation claire entre les tribus de type algonquien et les tribus de type iroquoïen : d'abord parce que ces regroupements sont surtout linguistiques et non politiques, et ensuite parce que les conflits peuvent éclater entre deux tribus de même type; ainsi la Ligue des Nations combattait autant les Hurons et les Neutres que les Algonquiens.
Organisationn Sociale, habitat, costume
L'habitat et le costume variaient considérablement d'autres familles - celles qui n'habitaient pas les longues maisons - s'abritaient dans des wigwams couverts d'écorce de bouleau ou d'orme, mais tous portaient des mocassins à semelle souple. Beaucoup de ces groupes pratiquaient la broderie de piquants de porc-épic et de crins d'orignal - et plus tard de perles de verre. Le canoë était un moyen de transport vital pour ces tribus, et toutes utilisaient les raquettes de neige pour se déplacer sur la neige. Des poteries crues, en plus des nattes, des étoffes et des sacs, en général finement tissés à partir d'écorce de cèdre ou de fibre d'ortie, composaient l'artisanat commun à toute cette région.
Mythologie
Il n'était pas rare de retrouver sur le devant et sur le dos des sacs, des motifs représentant l'Oiseau du Tonnerre et un monstre sous-marin - évocations des puissances du Ciel et du Monde Intérieur, l'intérieur du sac symbolisant la terre qui séparait ces deux grandes puissances. Malgrè la diversité de ses nombreux traits culturels, cette région tirait en fait son unité de croyances cosmologiques communes, dont la plus affirmée était la reconnaissance de trois grandes zones cosmiques - le Monde Inférieur, la Terre et le Monde Supérieur du ciel et du soleil. Ces croyances se manifestaient dans les diverses cérémonies, telles la cérémonie du renouveau célébrée au cœur de l'hiver par les Iroquois - qui la nommaient "Fête des Rêves". Ils croyaient conformément à la volonté du "Détenteur des Cieux", que cette cérémonie soit exécutée sur la terre comme elle s'accomplissait dans le monde céleste. L'association de ce monde céleste avec les pouvoirs et les dons reçus par leur peuple constitue la base des mythes Passamaquoddy, Abenaki, Onondaga et Chippewa. De même le pouvoir du "Donneur de Vie" auquel font allusion les mythes Chippewa du premier homme et de la première femme, et celui relatant les dons de la lumière, du feu et de l'eau inspire la cérémonie Midewiwin ou cérémonie de la "Grande Société de Médecin" de cette tribudéveloppé par une puissante société secrète de guérisseurs. Son but était de soigner et d'enseigner la meilleure conduite possible pour conserver une bonne santé. Ce pouvoir est illustré par une série complexe de pictogrammes gravés dans l'écorce de bouleau, soulignant la possibilité pour chacun de prolonger sa vie par une conduite vertueuse conforme aux décrets du Grand Manitou, l'ami indéfectible de l'homme.